Le retour désabusé à la statique sociale, dont le structuralisme n'est qu'une variante, s'explique sans doute en grande partie par le refus de l'évolutionnisme des vastes constructions sociologiques du siècle dernier. En raison de la simplification outrée qu'il imposa à l'intelligence des processus sociaux, de l'exclusion dont il frappa tout autre modèle de changement, et de sa prétention non fondée à l'universalité, le paradigme évolutionniste fut à l'origine d'une réaction contre l'analyse dynamique, qui marqua profondément le développement ultérieur de la sociologie. Cette conversion fut d'autant plus radicale qu'une fois le schéma linéaire écarté, on se découvrait impuissant à comprendre la complexité des phénomènes sociaux dans leur temporalité, a réduire leur désordre apparent, et à mettre au jour les modéles du changement qui les sous-tendent. On renonça à penser dans le temps pour imaginer dans l'espace, on chercha partout l'invariant dans le mouvant, on préféra l'être au devenir (1). En dépit de l'intérêt croissant que suscite l'étude du changement, les effets de cette réaction se font sentir aujourd'hui encore comme en témoignent les résultats incertains des recherches conduites dans ce dernier domaine (2).