Au Début dela décennie 1960–1970 on pouvait légitimement croire que la planification dans les pays sous-développés était en train d'accomplir un progrès décisif. Plusieurs dizaines de pays ont établi des plans pluri-annuels et, le plus souvent, il ne s'agissait pas là de plans ou programmes sectoriels mais de plans embrassant toute l'économie d'un pays donné. La voie bloquée par l'attitude des États-Unis fut en apparence ouverte par L'Alliance pour le progrés; la planification qui, en Amérique latine, pendant des années, se réduisait à un travail en chambre, grâce a la nouvelle position du président Kennedy devait devenir – semblait-il – une réalité. La planification française s'offrait comme modèle à la plupart des ex-colonies françaises. L'exemple de la planification indienne, dont les faiblesses n'ont été perçues que plus tard, constituait un encouragement pour les ex-colonies anglaises. Les economistes occidentaux (dont on ne saurait surestimer l'influence puisque c'est à l'Occident que furent formés les techniciens de l'économie des pays du tiers monde) se sont prononcés unanimement pour la planification dans ces pays même s'ils en etaient adversaires dans leur propre patrie. Plus diffuse, et somme toute moins importante, fut l'influence de la planification socialiste, peu connue, souvent mal interprétée et ne trouvant pas de faveur auprés de toutes les tendances politiques. Néanmoins, même pour ses adversaires, cette planification, à l'époque, était parée d'un prestige indéniable. En effet, pendant la décennie précédente, les cadences élevées de croissance de l'URSS et de la plupart des démocraties populaires contrastaient avec la quasi-stagnation de l'économie britannique ou de celle des États-Unis, tandis que le programme soviétique à long terme (dont on a cessé de parler depuis) promettait un rattrapage rapide du niveau de production américain.