Published online by Cambridge University Press: 28 July 2009
L'organisation sociale des sociétés peul, sociétés distribuées dans toute l'Afrique occidentale, offre au sociologue á la fois un difficile problème théorique et les moyens de le résoudre.
Un difficile probléme de théorie, d'abord, dans la mesure oú ces sociétés manifestent paradoxalement trois traits peu compatibles entre eux: l'endogamie accusée du patrilignage y contredit d'une part une nomenclature de parenté de type iroquois (confusion des freres, sceurs et cousin(e)s paralleles) et d'autre part les types de comportement observes entre parents. La fréquence des manages avec la fille de Poncle paternel et les parentes agnatiques va de pair avec une préférence matrimoniale secondaire pour la cousine croisée matrilatérale. Cette endogamie agnatique des Peul n'a pas la meme coherence institutionnelle que celle des Arabes, ou du moins de certaines sociétés arabes. Chez ces derniéres, le mariage préférentiel avec la fille de l'oncle paternel se refléte dans la nomenclature de parenté, le cousin a un droit sur sa cousine et Ton rencontre parfois un modéle conscient traduisant la réalité des faits: dans une famille composée de deux fréres, le premier se marie é l'intérieur — mariage endogame — et le second á l'extérieur — mariage exogame — (I), l'endogamie systématique étant théoriquement impossible. Rien de tel chez les Peul oú il n'existe ni trace de cette endogamie dans la nomenclature, ni droit, ni modele conscient.
(1) Cuisenier, Jean, Endogamie et exogamie dans le mariage arabe, L'Homme, II (1962) 2, p. 104Google Scholar.
(2) Une telle analyse a été développée dans Dupire, M., Organisation sociale des Peul (Paris, Plon, 1970), dont cet article expose schématiquement le développement et les conclusions principalesGoogle Scholar.
(3) Id., Peuls nomades (Paris, Institut d'ethnologie, [1962), Travaux et mémoires de l'lnstitut d'ethnologie, LXIV.
(4) C'est un trait que partagent d'autres sociétés sété sénégambiennes et soudanaises qui ne sont pas toutes patrilinéaires, et qui ont pratiqué ou pratiquent le mariage préféentiel avec la cousine croisée matrilaqui térale.
(5) Cf. Goody, J. R., The classification of double descent systems, Current Anthropology, II (1961), 3–26CrossRefGoogle Scholar.