Published online by Cambridge University Press: 28 July 2009
(1) On trouvera en tête de cet article la liste des publications de M. I. Finley et l'indication des abréviations utilisées.
(2) Ancient Greeks, p. 35.Google Scholar
(3) Seminar (1951), p. 82.Google Scholar
(4) Political Science Quarterly (1948), 281.Google Scholar
(5) British Journal of Sociology (1954), 254.Google Scholar
(6) Land and Credit, p. 8Google Scholar. Cette orientation délibérée rapproche l'œuvre de Finley de celle du Français Louis Gernet.
(7) Je me permets de renvoyer ici à ma mise au point: Homère et le monde mycénien, Annates E.S.C., XVIII (1963), 703–719Google Scholar. Ajouter à la bibliographie mentionnée le livre désormais fondamental de Kirk, G. S., The Songs of Homer (Cambridge, U.P., 1962)Google Scholar; et, sur un point particulier mais important, la très bonne étude de Lencman, J. A., Rabstvo n mikenskoj i gomerovskoj Grecii [L'esclavage dans la Grèce mycénienne et homérique] (Moscou, Acad, des Sc., 1963).Google Scholar
(8) Whitman, C. H., Homer and the Heroic Tradition (Cambridge, Harvard U.P., 1958), p. 45.CrossRefGoogle Scholar
(9) Ces problèmes sont posés dans le débat qui ouvre le Journal of Hellenic Studies de 1964.Google Scholar
(10) Historia (1957), p. 159.Google Scholar
(11) A quelques nuances près cependant. Ainsi le τέμενος, qui à l'époque classique est toujours le domaine réservé aux dieux, et dans les tablettes toujours le domaine réservé au roi ou aux grands personnages, est chez Homère tantôt divin tantôt humain; cela nous oblige à admettre soit que la société homérique est intermédiaire entre la société mycénienne et la société classique, les institutions anciennes s'étant défaites moins rapidement qu'on ne pourrait le croire, soit que le vocabulaire homérique conserve des traces du vocabulaire ancien. La réponse dépend de ce que l'on entend par monde homérique. En tout cas il m'est difficile de suivre M. I. Finley dans son effort pour disqualifier les exemples homériques de τέμενος au sens de terre royale (loc. cit. pp. 148–150).
(12) Les documents essentiels sont les tablettes de la série E à Pylos: or on ne peut encore déterminer de façon certaine s'il s'agit d'un registre de remise de semence par l'État aux différents occupants du sol, d'une matrice fiscale énumérant les impôts en nature dus par chaque catégorie de terre ou d'un cadastre dans lequel les superficies sont évaluées en récoltes possibles. Le vocabulaire qui désigne les diverses tenures semble être le résultat d'une longue évolution.
(13) Odyssée, xiv, 96–104Google Scholar; trad. V. Bérard.
(14) Loc. cit. p. 134.
(15) Et ceci même si l'on admet, comme je l'admets moi-même (cf. Annales E.S.C., XVIII (1963), 712–713)Google Scholar, que la société mycénienne est atypique par rapport à la société orientale classique; le domaine royal par exemple est à Pylos seulement d'une superficie triple par rapport à celui du second personnage de l'État, le lawagetas (chef de l'armée). Nous devons au demeurant toujours rappeler que nous ne possédons qu'une année de comptes, la dernière, et que l'évolution historique nous échappe pour l'essentiel.
(16) World of Odysseus, p. 45.Google Scholar
(17) Ibid. p. 89.
(18) R.I.D.A. (1955), p. 172.Google Scholar
(19) Mais qui peut s'appuyer sur l'autorité d'Aristote: «Autrefois […] les Grecs ne se déplaçaient que bardés de fer et s'achetaient mutuellement leurs femmes» (χα τς γυναῖχας ωνοντο παρ᾽λλήλων) Politique, II, 1268 b 40.Google Scholar
(20) Ibid. p. 485 n. 62. P. Mazon, victime du préjugé dénoncé par M. I. Finley, donne un sens passif à πολύδωρος et traduit «l'épouse qu'il a jadis payée de si riches présents»; cf. aussi Odyssée, XXIV, 294Google Scholar où V. Bérard commet la même erreur, ce qui est d'autant moins admissible qu'en II, 132–133; IV, 736; XXIII, 227–228, il est formellement indiqué que Pénélope avait apporté une «dot».
(21) R.I.D.A. (1955), p. 180.Google Scholar
(22) Ibid. p. 179.
(23) Sur ce mariage, cf. Gernet, L., Mélanges Lucien Febvre (Paris, A. Colin, 1954), p. 51.Google Scholar
(24) Cf. par exemple les remarques passablement exaspérées de Starr, C. G., An overdose of slavery, Journal of Economic History (mars 1958), 17–32CrossRefGoogle Scholar. M. I. Finley, lui-même fort éloigné de ces outrances, après avoir écrit «without hesitation, that slavery was a basic element in Greek civilization», note cependant «perhaps it would be best to avoid the word «basic» altogether, because it has been preempted as a technical term by the Marxist theory of history», in Historia (1959), p. 161Google Scholar, et Slavery, p. 69Google Scholar. L'historien américain W. L. Westermann a consacré une œuvre importante à réfuter ou à tenter de réfuter ce postulat marxiste.
(25) Le dialogue de la majorité des écrivains occidentaux avec les historiens marxistes a longtemps été un dialogue de sourds; on en trouvera encore une preuve recente dans la polemique instructive qui a opposé Oliva, P. et Finley, M. I., in Acta Antiqua Academiœ Scientiarum Hungaricœ, IX (1960), 309–319Google Scholar; X (1961), 285–286; XI (1962), 417. Ce qui a long-temps envenimé le débat, c'est qu'il portait sur un problème en réalité secondaire, celui du nombre des esclaves. Les remarques de Finley, M. I. à ce propos (in Historia (1959), 151–152Google Scholar, ou Slavery 59–60)Google Scholar, jointes à l'évolution des historiens soviétiques, ont contribué au dégel. Cf. à ce sujet les indications de Pečirka, J., Mélanges G. Thomson (Prague 1963), p. 183Google Scholar, n. 2 (où sont critiquées les positions de P. Oliva) et p. 186, n. 8. Le livre de Lencman, cité plus haut, est un bon exemple de l'évolution de la science soviétique; cf. pp. 80–86 son jugement — dans l'ensemble très positif — sur les travaux de M. I. Finley touchant le problème de l'esclavage.
(26) Clerc, Michel, Les métèques athéniens (Paris, Thorin, 1893), p. 328.Google Scholar
(27) Cf. Klio (1962), pp. 51–59Google Scholar, sur le rôle de la mer Noire et des régions danubiennes dans le commerce des esclaves.
(28) Deux fois exactement et au féminin (Iliade, in, 404Google Scholar; Odyssée, IV, 12)Google Scholar désignant dans les deux cas les conditions limites de la femme par rapport à l'homme. Ajoutonsy des expressions telles que δούλιον μαρ «le jour de l'esclavage» (Ilade, VI, 463)Google Scholar. qui désigne la fatalité qui pèse sur Andromaque. Cf. aussi Odyssée, XIV, 340Google Scholar et XVII, 323, ces deux derniers cas concernant des hommes; mais c'est toujours aux femmes qu'on enlève «le jour de la liberté» (λεύθερον μαρ); cf. Iliade, VI, 455Google Scholar; XVI, 831; XX, 193.
(29) N° 28 du recueil de Chadwick, J. et Ventris, M., Documents in Mycenaean Greek (Cambridge, U.P., 1956).Google Scholar
(30) En fait, l'ambiguïté du statut du doero est telle que Lencman, J. A. a pu écrire (op. cit. p. 181)Google Scholar que, n'était le terme lui-même, nous n'aurions pas de raison sérieuse de considérer le doero comme un esclave. Constatation remarquable sous la plume d'un historien qui reproche précisément (p. 85) à M. I. Finley d'avoir, dans son article de la R.I.D.A. (1960)Google Scholar, abandonné l'opposition entre libres et esclaves comme catégorie fondamentale de la société antique.
(31) L' «esclavage» homérique et le vocabulaire qui désigne «libres» et «non-libres» a fait l'objet d'études récentes qui ont considérablement renouvelé la question. Dans le cadre de la grande enquête sur l'esclavage antique qu'anime J. Vogt, Gisela Micknat a publié d'intéressantes «Studien zur Kriegsgefangenschaft und Sklaverei in der griechischen Geschichte. Erste Teil: Homer», in Akad. der Wiss. und der Liter., Mainz, Abhandlungen der Geistes und Sozialwiss. Kl., (1954) n° 11, 563–624Google Scholar, où elle met en relation l' «esclavage» homérique et le mouvement de la colonisation ionienne; Beringer, W. a publié (Athenaeum, XXXVIII (1960), 65–97Google Scholar, et Historia, X (1961), 259–291)Google Scholar des recherches de vocabulaire où le raisonnement est malheureusement constamment pousse jusqu'à l'absurde; l'étude la plus récente et la plus complète est celle de Lencman, J. A., op. cit. p. 227–245Google Scholar; celle de Gschnitzer, F., Studien zur griechischen Terminologie der Sklaverei, I: Grundzüge des vorhellenistischen Sprachgebrauchs, Akad. der Wiss. und der Liter., Mainz, Abh. des Geistes und Sozialwiss. Kl., (1963), n° 13, 1283–1310Google Scholar, a une portée plus large, mais intéresse aussi le lecteur d'Homère. On a rapproché δμώς et δμῳή de la racine de δαμζω «faire violence» d'où «dompter», mais on ne peut exclure un rapprochement avec la racine désignant la maison; cf. Benveniste, E., in Bulletin de la Société de linguistique, LI (1955), 15–29Google Scholar; δόμος représente étymologiquement une unité plus étroite que οχος (latin vicus).
(32) Le poète ajoute qu'il a fait cette acquisition en l'absence d'Ulysse, sans consulter ni Pénélope ni Laërte (Odyssée, XIV, 450–451)Google Scholar; estimant sans doute que cette précision était une rectification apportée par un poète postérieur choqué de voir un esclave en user si librement, divers éditeurs, dont V. Bérard, ont déclaré ces vers interpoles.
(33) Odyssée, XI, 478–487Google Scholar; cf. World of Odysseus, p. 54.Google Scholar
(34) Ibid.
(35) Telle est du moins l'hypothèse developpée par Benveniste, E., Liber et Liberi, Revue des études latines, XIV (1936). 51–58Google Scholar, qui estime que le sens premier d'λεύθερος s'est conservé dans Euripide, , Alceste, 678Google Scholar, Démosthéne, , Contre Aristocratès, 55Google Scholar; mais le déchiffrement des tablettes mycéniennes n'a pas, pour l'instant, apporté la confirmation attendue; ereutero y apparaît avec le sens de «doté de la franchise fiscale» (Lejeune, M., loc. cit. p. 130)Google Scholar. Ce qui est au contraire bien établi, c'est l'absence d'une opposition de vocabulaire ancienne entre les «libres» et les «esclaves».
(36) Le mot a été formé à partir du pluriel τετράποδα, les quadrupèdes. L'étude citée plus haut de F. Gschnitzer et qui est consacrée à l'analyse sémantique des mots δολος, οἰχέτης, θεράπων et υδράποδον montre bien comment, à l'époque classique, les sens convergent. Δολος le «nonlibre», νδράποδον la «chose», οἰχέτης le «serviteur», c'est-à-dire l'esclave dans la vie quotidienne, et θεράπων l'homme de la «suite», s'emploient presque indifféremment l'un pour l'autre dans la langue du ve siècle; mais, ce que n'a pas vu F. Gschnitzer, c'est que, comme nous le montrons ci-dessous, on commence à se rendre compte au IVe siècle que cette convergence est confusion.
(37) Cf. R.I.D.A. (1960), 168–170Google Scholar. Il semble que δλος corresponde à l'aspect juridique et Fοιχεύς à l'aspect social de la condition servile; cf. Van Effenterre, H., La Crète et le monde grec de Platon à Polybe (Paris, de Boccard, 1948), p. 92Google Scholar. A côté du δλος-Fοιχεύς un personnage offre des traits distinctifs, meme s'il re-joint à certains égards la condition servile, le χατχχείμενος, celui qui a engagé sa personne comme garantie d'une dette. Je n'aborde pas ici la question du statut assez proche du νενιχαμένος, celui qui a été condamné en justice, sur lequel cf. R.I.D.A. (1960), p. 173Google Scholar. On trouvera l'historiographie, vue par un marxiste, du problème de la servitude en Crète, dans l'étude de Willetts, R. F., The Servile System of Ancient Crete: a Reappraisal of the Evidence, Mélanges G. Thomson (Prague 1963), 257–271Google Scholar, et celle, parallèle, des hilotes, dans l'article de Oliva, P., On the problem of the Helots, Historica (Les sciences kistoriques en Tchécoslova-quie), III (1961), 5–34.Google Scholar
(38) Cf. Comparative Studies (1964), p. 235.Google Scholar
(39) Que Platon distingue formellement «des autres esclaves» dans un de ses premiers dialogues (Alcibiade, I, 122 d).Google Scholar
(40) Photius, , Lexique et Souda, s.v.Google Scholar
(41) Quelle est la source de Pollux? On dit habituellement: Aristophane de Byzance, mais on peut être plus précis; son disciple Kallistratos (IIe siècle av. J.-C.) s'exprime ainsi: «Les habitants d'Héraclée appelèrent [leurs dépendants] δωροφόροι pour ôter l'amertume du mot esclave; ainsi firent les Spartiates avec les hilotes, les Thessaliens avec les penestes, les Crétois avec les clarotes» (fr. 4 in Athénée, VI, 263 e). Naturellement il y aurait beau-coup à dire sur la valeur de ces listes.
(42) Outre R.I.D.A. (1960) et Comparative Studies (1964)Google Scholar, cf. Lotze, surtout D., Μεταξὺ λευθέρων κα δούλων (Berlin, Akademie Verlag, 1959)Google Scholar et «Zu den Fοιχέες von Gortyn», Klio, XL (1962), 32–43Google Scholar. La décevante étude de Westermann, W. L., Slavery, Between and Freedom, , American Historical Review, L (1945), 213–227CrossRefGoogle Scholar, est surtout consacrée à la παραμονή hellénistique (condition de certains affranchis astreints à service).
(43) Ainsi Éphore (fr. 29) explique le nom des clarotes crétois (ceux qui travaillent sur le χλρος des hommes libres) «d'après le tirage au sort (χλρος) qui se fait d'eux».
(44) Fr. 4 (Edmonds) in Athénée, , VI, 263Google Scholar c, le personnage ajoute cependant que bien des esclaves parviennent à s'inscrire sur le registre déun dème.
(45) Cf. Mossé, Claude, Le rôle des esclaves dans les troubles politiques du monde grec à la fin de l'époque classique, Cahiers d'histoire, VI (1961), 353–360, p. 358.Google Scholar
(46) L'étude de C. Mossé, mentionnée ci-dessus, permet de faire à ce propos d'intéressantes généralisations. Il reste évidemment à savoir si la clause du pacte de Corinthe (338) interdisant «les afiranchissements d'esclaves en vue de révolution» visait consciemment ce type de revendication. Ce n'est vraisemblablement pas un hasard si une Δουλόπολις nous est signalée en Crète par l'historien hellénistique Sosikratès (fr. 2) à une date malheu-reusement inconnue.
(47) L'expression se rencontre dans Strabon, VIII, v, 4, après une longue citation d'Éphore, mais il n'est pas absolument certain que la phrase en question se rattache à cette citation. Le meilleur commentaire de cette formule est celui qu'en a donné Jeanmaire, H. dans Couroi et Courètes (Lille, Bibl. univers., 1939)Google Scholar; voir en dernier lieu Lotze, D., op. cit. pp. 40 sq.Google Scholar
(48) Je rapproche Sosikratès (fr. 4) in Athénée, , VI, 263Google Scholar f, et Hermonax, auteur d'un glossaire crétois, Athénée, , VI, 267Google Scholar c. Si les données sont contradictoires (cf. Van Effenterre, H., op. cit. pp. 92 sq.Google Scholar) l'opposition est nette entre esclaves de la communauté et esclaves privés.
(49) Comme le suggère Van Effenterre, H., op. cit. p. 92.Google Scholar
(50) Historia (1959), p. 164Google Scholar, et Slavery, p. 72.Google Scholar
(51) Cf. les remarques de Gernet, L. in Annates d'histoire économique et sociale, X (1938), 36–38Google Scholar, et Mélanges U.E. Paoli (Florence 1955), 345–348.Google Scholar
(52) Cf. Comparative Studies (1964), p. 235.Google Scholar
(53) Sur ce texte, cf. Lévêque, P. et Vidal-Naquet, P., Clisthène l'Athénien (Paris, Belles-Lettres, 1964), p. 45.Google Scholar
(54) Le fait n'est pas douteux à Rome; cf. Lévy-Bruhl, Henri, Théorie de l'es-clavage, in Quelques problèmes du très ancien droit romain (Paris, Domat-Mont-Chrétien, 1934), 15–33Google Scholar, et Slavery, pp. 151–170Google Scholar. Cf. aussi Benveniste, E., Le nom de l'esclave à Rome, Revue des études latines, X (1932), 429–440.Google Scholar
(55) Sur la «démagogie» athénienne, comme institution témoignant de la participation populaire À la vie de la cité, et des limites de celle-ci, cf. Past and Present (1962), pp. 3–24.Google Scholar
(56) Cf. Classical Philology (1951), pp. 252–253Google Scholar, où sont rappelées les énormes erreurs qu'entrîne cette traduction et la subtilité que doit avoir un traducteur — et qu'eut effectivement P. Chantraine — pour rendre le vocabulaire économique des Grecs.
(57) Cf. Études archéologiques, recueil de travaux publiés sous la direction de P. Courbin (Paris, S.E.V.P.E.N., 1963).Google Scholar
(58) Courbin, P. in Annales E.S.C., XIV (1959), 209–233Google Scholar. Notre citation est tiree de la page 229.
(59) Tillion, G., Dans l'Aurès, le drame des civilisations archaiques, Annates E.S.C., XII (1957), 393–402.Google Scholar
(60) Cf. Éd. Will, , De l'aspect éthique de l'origine de la monnaie, Revue historique, CCXII (1954), 209–231Google Scholar (je cite la page 225); Réflexions et hypothèses sur les origines du monnayage, Revue numismatique, XVII (1955), 5–23Google Scholar; Korinthiaka (Paris 1955), 495–502Google Scholar. Cf. aussi Gernet, L., La notion mythique de la valeur en Grèce, Journal de psychologie, XLI (1948), 415–462Google Scholar. Ce problème vient d'être entièrement renouvelè par la magistrale étude du numismate anglais Kraay, C. M., Hoards, small change and the origin of coinage, Journal of Hellenic Studies, LXXXIV (1964), 76–91CrossRefGoogle Scholar. Partant de l'analyse des plus anciens trésors, l'auteur montre que la fonction première de la monnaie n'est ni le grand commerce — car si l'on fait exception des zones productrices d'argent, elle ne circule guère en dehors de son lieu d'émission — ni le petit commerce — car souvent la monnaie divisionnaire n'apparaît que tardivement. La conclusion de C. M. Kraay (qui a ignoré les études d'Éd. Will) est que la monnaie primitive est essentiellement un instrument commode au service des États.
(61) En procédant à une mutation monétaire, en l'espèce à une « dévaluation » de la drachme attique, Solon n'agit pas comme un ministre des finances soucieux d'adapter la monnaie de son pays à l'état du marché mondial, il allège les dettes dans la mesure, probablement très restreinte (cf. Cook, R. M. in Historia, VII (1958), p. 259Google Scholar), où elles pouvaient être libellées en monnaie, et surtout il met à la disposition des citoyens un instrument plus souple, et adapté aux besoins d'un nombre d'Athéniens plus important, que la drachme primitive.
(62) Annales E.S.C., IX (1954), 7–27Google Scholar; cf. aussi Pearson, H. W., The Secular Debate on Economic Primitivism, in Polanyi, K., Trade and Market in the Early Empires (Glencoe, The Free Press, 1957), 3–11.Google Scholar
(63) La méfiance à l'égard des concepts est fort répandue; quand fut publiée, en 1927, la traduction anglaise de la Wirt schaftsgeschichte de Max Weber (1923)Google Scholar on en supprima soigneusement l'introduction, intitulée « Begriffliche Vorbemer kung ».
(64) Staat und Handel im alten Griechen land (Tübingen, Mohr, 1928)Google Scholar et Griechische Wirtschafts – und Gesellschafts geschickte bis zur Perserzeit (ibid. 1931), J. Hasebroek est un symbole, à cause du « scandale » qu'ont provoqué ses thèses, mais il faudrait rappeler qu'il a subi profondément l'influence de Max Weber, et que, dès 1909, étudiant « L'approvisionnement d'Athènes en blé », L. Gernet se plaçait sur le terrain qui sera celui de J. Hasebroek. Il a du reste donné de ses livres à peu près le seul compte rendu compréhensif qui ait été publié en France, in Annales d'histoire économique et sociale, V (1933), 561–566.Google Scholar
(65) Je résume ici, et sur certains points corrige, Staat und Handel, p. 13.Google Scholar
(66) Op. cit. p. 14. M. I. Finley reprend à son compte cette formulation in Rapport, p. 12.Google Scholar
(67) Le texte essentiel est Politique, 1256 b 40 sq.
(68) Cf. les remarques de Hasebroek, J., op. cit. p. 9Google Scholar, qu'il faut d'ailleurs compléter et corriger sur plusieurs points, et Rapport, pp. 26–27.Google Scholar
(69) II faut bien distinguer la « liturgie » de l᾽εὐεργεσα. Le liturge remplit une tâche qui relève certes en un sens de l'économie de don, mais qui se situe entièrement dans le cadre de la vie civique. Chorège d'Eschyle, Périclès peut mettre une particulière splendeur dans l'accomplissement de sa charge, celle-ci ne lui en est pas moins imposée. Un εὐεργτης est au contraire en dehors de la cité. Un acte comme celui d'Andocide se situe très précisément à la limite des deux notions.
(70) Cf. Tod, M. N., A selection of Greek Historical Inscriptions2 (Oxford, University Press, 1946). n08 86 et 91.Google Scholar
(71) Andocide, , I, 38Google Scholar. Il s'agit bien entendu d'un cas limite et un Athénien comme Nicias a pu mettre à la disposition d'un concessionnaire du Laurion jusqu'à 1000 esclaves; cf. à ce sujet la récente mise au point de Mossé, C., La fin de la démocratie athénienne (Paris, P.U.F., 1962), pp. 85–95Google Scholar. Vers 355, Xénophon a pu dans Les Revenus développer un plan d'exploitation minière par des esclaves d'État, mais en 415, en tous les cas, la concurrence n'était pas assez forte pour obliger l'Athénien dont parle Andocide à employer son esclave ailleurs.
(72) Cf. dans ce sens les remarques de G. Vallet et F. Villard, in Courbin, P., op. cit. pp. 213–214.Google Scholar
(73) On citera aussi l'exposé nuancé de Roebuck, C., Ionian Trade and Colonization (New York, Archeological Institute of America, 1959)Google Scholar; malheureusement la seule histoire récente de la vie économique d'Athènes aux époques archaïque et classique, celle French, d'A., The Growth of the Athenian Economy (London, Routledge and Kegan Paul, 1964)Google Scholar ne s'inspire guère de ces exemples et utilise bien mal à propos des concepts créés pour l'étude des sociétés modernes. Elle reste ainsi dans la ligne des travaux bien connus d'E. Meyer ou de F. Heichelheim.
(74) Cf. Rapport, pp. 33–35Google Scholar; voir aussi les remarques complémentaires de C. Mossé, ibid. pp. 36–40.
(75) On citera comme exemple, parmi les innombrables remarques méthodologiques que J. et L. Robert ont dispersées dans leur œuvre, ce qu'ils disaient dans le Bulletin épigraphique de la Revue des études grecques, LXXI (1958), n° 320, pp. 270–276Google Scholar, sur Byzance, à propos d'un travail de l'historienne soviétique W. P. Newskaya.
(76) Michel Rostovtzev insiste beaucoup sur l'importance de cette dernière œu vre dans les premières pages de sa grande Economie and Social History of the Hellenistic World; voir l'édition commentée qu'en a donnée Van Groningen, B. A. (Leyde, Brill, 1932)Google Scholar. Sur Aristote et les problèmes économiques, cf. les remarques, à mon sens un peu forcées, Polanyi, de K., Aristotle discovers the economy, op. cit. pp. 64–96Google Scholar.
(77) Encore dernièrement Cawkell, G. L., in Journal of the Hellenic Studies, LXXXIII (1963), p. 64.Google Scholar
(78) Éd. Will, in Courbin, P., op. cit. p. 156, n. 1.Google Scholar
(79) Thucydide, I, 11, 1 et VI, 6. Sur l'Archeologie, cf. de Romilly, J., Histoire et raison chez Thucydide (Paris, Belles-Lettres, 1956), pp. 240–298.Google Scholar
(80) Cf. République, VIII, 547Google Scholar b–548 b, 550 d e, 555 b sq., 546 b sq.
(81) Xénophon, , Économique, VI, 6–7.Google Scholar Cf. sur tous ces problèmes les remarques capitales de Vernant, J. P., Travail et nature dans la Grèce ancienne, Journal de psychologie, XLVIII (1955), 1–29.Google Scholar
(82) Sur l'absence de concurrence et de solidarité entre hommes libres et esclaves, cf. Historia (1959), pp. 154Google Scholar sq. et Slavery, pp. 154 sq.Google Scholar
(83) Sur la signification de ce schéma, cf. Clisthène l'Athénien, pp. 124–128.Google Scholar Le texte essentiel est Aristote, Politique, 1267b 22 sq.
(84) Les classes censitaires de Solon organisent une répartition du corps civique selon la richesse foncière, non selon la place dans la production. Au chapitre VII de la Constitution d'Athènes, Aristote affirme que l'archontat fut partagé entre les Eupatrides, les cultivateurs et les artisans. On a pu soutenir (Gernet, L. in Revue de philologie, XII (1938), 216–227)Google Scholar qu'il ne s'agissait pas d'un événement authentique mais d'une fabrication du IVe siècle, à partir du modèle hippodamien. Comme le fait remarquer M. I. Finley, peut-être avonsnous eu tort, P. Lévéque et moi-même, de ne pas nous rallier à la démonstration de Gernet, L. (Clisthène l'Athénien, p. 74, n. 3).Google Scholar
(85) R. Goossens a baptisé ainsi divers projets de réorganisation de l'État à la fin du ve siècle; cf. Mélanges De Visscher (Bruxelles 1950), III, pp. 551 sq.Google Scholar; Euripide et Athènes (Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1962), pp. 556–558Google Scholar et 645–646; et Mossé, C., op. cit. pp. 251–253.Google Scholar
(86) Cf. sur l'institution des δχαι µποριχαι, l'étude de Gernet, L., Sur les actions commerciales en droit athénien, Revue des études grecques, LI (1938), 1–44CrossRefGoogle Scholar, ou Droit et société dans la Grèce ancienne (Paris, Recueil Sirey, 1955), pp. 173–200Google Scholar, à compléter par les remarques de Préaux, C., Note sur les contrats à clause exécutoire, Chronique d'Égypte, LVIII (1958), 102–112CrossRefGoogle Scholar, et de Salviat, F. in Bull. corresp. hell., LXXII (1958), 209–212.Google Scholar
(87) Cf. Gernet, L., Sur le droit athénien de l'esclavage, Archives d'histoire du droit oriental, V (1950), 159–187Google Scholar, ou Droit et Société, pp. 151–177; je cite la page 163.Google Scholar
(88) Excellent résumé in Political Science Quarterly (1953), p. 259.Google Scholar L'étude fondamentale est celle de Calhoun, G. M., Risk in sea loans in ancient Athens, Journal of Economic and Business History, II (1929–1930), 561–584.Google Scholar
(89) Ibid. p. 265.
(90) Contre Timarque, 101Google Scholar; cf. Land and Credit, pp. 54, 246–247Google Scholar, et Gernet, L., Choses visibles et choses invisibles, Revue philosophique, CXLVI (1956), 79–86.Google Scholar
(91) Le texte le plus souvent invoqué est Denys d'Halicarnasse, Sur les discours de Lysias, 32Google Scholar, reproduit généralement comme argument du discours 34 de Lysias. Un oligarque nommé Phormisios avait proposé en 403 de réserver le droit de cité aux seuls propriétaires terriens; cette proposition qui s'insère dans la campagne pour une « république de paysans » (cf. supra n. 85) aurait abouti, dit Denys, à priver de leurs droits 5000 citoyens; cf. la discussion de ces chiffres in Land and Credit, pp. 56–58 et 248–249.Google Scholar
(92) Sur les rares données chiffrables pour Athènes, , cf. Land and Crédit, p. 58Google Scholar; Political Science Quarterly (1953), p. 253Google Scholar; la mise en œuvre la plus riche de la documentation littéraire et épigraphique est celle de V. N. Andreev, Razmery zemel' nykh učastkov v Attike v IV v. do n. e. [Les dimensions des lots de terre en Attique au IVe siècle avant notre ère], Vestnik Drevnej Istorii, LXVIII (1959), 121–146.Google Scholar
(93) Aristote déclare simplement que l'aliénation du χλρος à Sparte était οὐ χαλν (Politique, II, 1270 a 20).Google Scholar
(94) Fine, J. V. A., Horoi, Studies in Mortgage, real Security, and Land Tenure in Ancient Athens, Hesperia, supplément, IX (1951) (American School of Classical Studies at Athens), pp. 167–208.Google Scholar Les arguments de Fine sont tenus pour valables par Gernet, L., Mélanges U.E. Paoli, pp. 348–350Google Scholar; contra cf. par exemple Pouilloux, J., Antiquité classique, XXI (1952), pp. 513–514Google Scholar; le problème a été récemment réexaminé par J. Pečirka, Land Tenure and the Development of the Athenian Polis, , Mélanges G. Thomson (Prague 1963), 183–2O1Google Scholar, qui insiste, beaucoup plus que ne le faisait J. V. A. Fine, sur les conditions qui, bien avant 431, ont mis fin à l'inaliénabilité des terres.
(95) Political Science Quarterly (1953), p. 251.Google Scholar Qu'il n'y ait pas encore à Athènes, au IVe siècle, un véritable marché de la terre, c'est ce que tend à démontrer l'étude un peu aventureuse, mais suggestive, de V. N. Andreev, Cena zemli v Attike IV veka do n. e. [Le prix de la terre en Attique au IVe siècle avant notre ère], Vestnik drevnej Istorii, LXXII (1960), 47–57.Google Scholar
(96) Cf. Land and Credit, pp. 13 sq.Google Scholar Le cadastre n'était pas entièrement inconnu dans le monde grec.
(97) On comparera avec cet ouvrage, cité ici sous la forme Land and Credit, l'étude de J. A. V. Fine mentionnée plus haut et publiée quasi simultanément.
(98) Gernet, L., Iura, IV (1953), p. 366Google Scholar (dans une recension de Land and Credit).
(99) Land and Credit, p. 27.Google Scholar
(100) Das Griechische Pfandrecht (Munich, Ackermann, 1895).Google Scholar
(101) Gernet, L., Archives d'histoire du droit oriental, II (1938), p. 271.Google Scholar
(102) Cf. Land and Credit, pp. 114–117Google Scholar, et Mélanges Arangio Ruiz, p. 487.Google Scholar
(103) Cf. le contrat in Démosthéne, Contre Lacritos, 12.Google Scholar
(104) Land and Credit, pp. 38–52.Google Scholar
(105) Mentionnée par Démosthène, Contre Spoudias, 7, 10. Au contraire, dans les contrats « à la grosse », la vente se fait au cours.
(106) Cf. Land and Credit, pp. 107–117Google Scholar, et surtout Mélanges Arangio Ruiz, pp. 473–491Google Scholar, commentant l'inscription Hesperia, X (1941), p. 14, n° 1.Google Scholar
(107) Cf. Land and Credit, pp. 21–27.Google Scholar
(108) Op. cit. pp. 79–88, et, mieux encore, Political Science Quarterly (1953)Google Scholar, où les idées sont dégagées avec une particulière netteté.
(109) Démosthène, , Contre Polyclès, 7.Google Scholar
(110) Dans quelle mesure cependant le commerce des vases peut-il être considéré comme caractéristique de l'activité économique d'une cité antique? La question est d'autant plus importante que ces vases, ou leurs tessons, sont souvent notre seule source. Villard, F., La céramique grecque de Marseille, VI-IVe siècle; essai d'histoire économique (Paris, de Boccard, 1960)Google Scholar, a montré que l'on pouvait, eu procédant avec une infinie prudence, et en usant de la méthode statistique, tenir la présence de céramiques comme un signe de l'activité d'une cité importatrice. Mais qu'en est-il des cités exportatrices et singulièrement de Corinthe et d'Athènes? La conclusion de Cook, R. M., Die Bedeutung der Bemalten Keramik für den Griechischen Handel, Jahrbuch des Deutschen Archäologisches Instituts, LXXIV (1959), 114–123Google Scholar, est qu'il faut être d'autant plus prudent que la poterie de luxe n'a jamais employé plus de cinq cents personnes à la fois, à la plus belle époque d'Athènes. Le problème est évidemment différent quand il s'agit de documents comme les timbres des amphores à vin. La publication récente par A. M. et A. Bon d'un corpus de ces timbres pour l'île de Thasos montre ce qu'on peut en espérer pour l'histoire économique de l'île, mais ce recueil montre aussi combien l'exploitation est difficile, puisque la seule datation des timbres pose souvent des questions insolubles.
(111) Il ressort du livre de Labarbe, J., La loi navale de Thémistocle (Paris, Belles-Lettres, 1957)CrossRefGoogle Scholar que cette décision fut prise notamment parce qu'elle ouvrait une solution aux problèmes nés de l'expansion démographique d'Athènes à la fin du VIe siècle et au début du ve: la flotte permet à des citoyens incapables d'assumer les frais de l'équipement hoplitique, de servir la cité menacée par les Perses, elle protégera les exportations d'hommes (les clérouquies) beaucoup plus que les exportations de marchandises.
(112) Cf. Bodin, L., Autour du décret mégarien, Mélanges littéraires (Faculté des lettres de Clermont-Ferrand, 1910), 169–182.Google Scholar
(113) Il s'agit du décret de Clearchos mentionné dans un décret postérieur, cf. Tod, M. N., op. cit. n° 67.Google Scholar On a récemment beaucoup discuté de sa date, les uns le plaçant à l'époque de Cléon, précisément pour le mettre en relation avec l' « impérialisme commercial »; cf. Mattingly, H., The Athenian Coinage Decree, Historia, X (1961), 148–188Google Scholar, particulièrement pp. 184–187; les autres maintenant une date antérieure d'une quinzaine d'années; cf. B. D. Meritt et Wade-Gery, H. T., The dating of documents to the mid-fifth Century, Journal of Hellenic Studies, LXXXII (1962), 67–74.Google Scholar
(114) Cf. Rapport, pp. 22–23.Google Scholar
(115) Finley, M. I. cite (Rapport, p. 19)Google Scholar cette formule de Lord Keynes: « [When] the kings of Lydia first struck coins, it may have been […] a mere act of ostentation appropriate to the offspring of Croesus and the neighbours of Midas. The stamping of pieces of metal with a trademark was just a piece of local vanity, patriotism or advertisement, with no far reaching importance » (A Treatise on Money (London, Macmillan, 1930), I, 12).Google Scholar Que ce soit Keynes qui ait compris les choses ainsi n'est évidemment pas le fait du hasard
(116) Cf. Rapport, pp. 18–28.Google Scholar
(117) Encore ne faut-il pas confondre l'activité commerciale, le Pirée, et l'empire; on lit dans Ehrenberg, V., The People of Aristophanes3 (New York, Schocken, 1962), p. 118Google Scholar: « Sea-trade, supported by the political power of Athens, and reaching from the Black sea to Sardinia was the cause of special pride. » Mais on lit simplement dans le texte cité en référence (Guêpes, 700–701Google Scholar [c'est Bdélycléon qui parle à son père]): « Tu règnes sur une quantité de villes, depuis le Pont jusqu'à la Sardaigne. Qu'en retires-tu? Rien que ce misérable salaire. »
* Les traductions d'auteurs grecs sont en général celles de la Collection des Universités de France, parfois légèrement modifiées. Les fragments des historiens sont cités d'après la numérotation de l'édition de F. Jacoby.
J'ai pu prendre connaissance des travaux en langue russe cités dans les notes 7, 92, 95, grâce à l'amitié de Joseph Modrzejewski et d'Irène Sorlin. Mon ami Manolis Papathomopoulos m'a évité bien des erreurs en relisant les épreuves de cet article.