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Communiquer avec l'Autre monde: limites et trous dans l'espace habité. Quelques exemples roumains

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

Radu Dragan
Affiliation:
(Paris)
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Abstract

In this analysis of elements which break the continuity of natural spaces (gullies, forests, rivers, hills) or constructed spaces (bridges, paths, crossroads, borders, milestones) we see that they are primarily considered as crossover places between different worlds. Places where spirits and ‘experts in exstasy’ circulate. Among these are the Calusari, esoteric groups whose practices recall those of shamanism. The analysis of their rituals reveals the importance for traditional societies of the notion of ‘limits’.

L'analyse des éléments qui interrompent la continuité de l'espace naturel (ravins, foréts, riviéres, tertres) ou construit (ponts, sentiers, carrefours, fronti`eres, pierres de bornage) démontre qu'ils sont considéres comme tout autant de lieux de passage entre les mondes, par où circulent les esprits et les « spécialistes de l'extase ». Parmi ceux-ci sont les Càlusari, sociétés ésotériques dont les pratiques sont apparentées au chamanisme. L'analyse de leurs rituels fait apparaître l'importance de la notion de limite pour la société traditionnelle.

Die Studie jenere Elmente, die die Fortsetzung des natürlichen (Böschungen, Wälder, Flüsse Hügel) oder bebauten Raumes (Brücken, Wege, Kreuzungen, Grenzen, Grenzsteine) durchbrechen, durchbrechen, zeigt auf, daß sie als Grenzgänge zwischen den Welten begriffen werden, durch die Geister und Spezialisten der Ekstase sich bewegen. Unter diesen befinden sich die Càlusari, esotherische Gesellschaften, deren Praktiken dem Chamanismus gleichzustellen sind. Die Untersuchung ihrer Riten verdeudicht die Bedeutung des Begriffes Grenze für die traditionelle Gesellschaft.

Type
Présences de l'au-delà
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1998

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References

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(2) Il était interdit de balayer la maison pendant la veillée. On ramassait souvent les saletés sur la table sur laquelle le mort reposait, car on met la mort en relation avec la souillure : si le mort est pur, la mort est souillée.

(3) À ce sujet, voir Gernet, L., Boulanger, A., Le génie grec dans la religion (Paris, La Renaissance du livre, 1932), 192193.Google Scholar

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(11) Ibid., p. 86.

(12) Il n'acceptait pas l'idée qu'il aurait pu s'agir d'une transe chamanique ; voir M. Eliade, « Chamanisme » chez les Roumains, in De Zalmoxis à Genghis Han (Paris, Payot, 1970), 186–187 ; Ginzburg, p. 196 et 208 n. 28.

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(16) Van Gennep, Manuel…, p. 736 ; Deux problèmes…, p. 8.

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(19) Ibid., 108–109.

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(22) MacCulloch, Encyclopedy of Religions and Ethics, s. v. Cross-roads.

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(26) Il n'y a pas de terme approprié pour traduire ce que les Roumains appellent « zmeu » : un être fantastique doté de pouvoirs surnaturels, qui habite dans l'Autre monde. On l'a traduit le plus souvent par « dragon » mais ce n'est pas la même chose. Le « zmeu » peut avoir des ailes et plusieurs têtes, mais ce n'est pas obligatoire et le dragon, qui est appelé « Balaur », a contaminé la figure du géant qui n'était probablement que la représentation des âmes des méchants défunts.

(27) P. Sébillot, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne, t. 1, p. 65.

(28) Je dois à P.H. Stahl l'observation qu'il s'agissait souvent d'un chêne ; A. Van Gennep affirme aussi que c'était à un arbre qu'on accrochait la croix aux carrefours dans les départements du Nord de la France (voir : Deux problèmes folkloriques).

(29) A. Van Gennep, Manuel de folklore, t. 1, 2, p. 739.

(30) S. F. Marian, Nasterea…, 263–264. La clôture est souillée : il est défendu d'y mettre les langes de l'enfant pour les sécher et d'y jeter l'eau avec laquelle on l'a lavé.

(31) Ibid., p. 94.

(32) Mauss, M., Essais de sociologie (Paris, éd. de Minuit, 1969), 227228Google Scholar ; Eliade, M., Traité d'histoire des religions (Paris, Payot, 1949), chapitre X.Google Scholar

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(34) Ibid., 252–253.

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(36) Aristote, De Caelo, II, 13, 293 a 30.

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(38) I. Muslea et O. Bîrlea, Tipologia folclorului, 140, 365, Ch. Laugier, Contributii…, p. 64, S. F. Marian, Inmomintarea…, p. 33.

(39) Cf. A. Fochi, Datini si eresuri…, 66–67.

(40) Cf. Harva, Uno, Les représentations religieuses des peuples altaïques (Paris, Gallimard, 1959), p. 30Google Scholar. Voir aussi A. Fochi, 64–65 pour les croyances chez les Roumains.

(41) Revue des traditions populaires, t. IX 1894), p. 11.Google Scholar

(42) Ibid., t. VIII (1893), 611–612.

(43) Ibid., t. VI (1891), p. 726 ; P. Sébillot, Traditions…, t. I, 2, p. 37 ; Niculita-Voronca, E., Studii de folclor (Bucarest, G.A. Lazareanu, 1908), p. 52.Google Scholar

(44) Bouché-Leclercq, t. IV, p. 132.

(45) Cette croyance est commentée par Schuhl, P.M., Essai sur la formation de la pensée grecque (Paris, PUF, 1949), p. 253Google Scholar, suivant le commentaire de Delatte, A., Etudes sur la littérature pythagoricienne (Paris, Librairie H. Champion, 1915), p. 38.Google Scholar

(46) Cumont, F., LUX perpetua (Paris, Librairie orientaliste Paul Geuthner, 1949), p. 263.Google Scholar

(47) M. Eliade (Traité…, p. 325) donne la bibliographie des recherches de la première moitié du siècle. Pour les études plus récentes, voir la bibliographie de D. Briquel, dans Tracés de fondation (sous la direction de M. Détienne, Peeters, Louvain-Paris, s.a., p. 179). Le texte le plus récent à ce sujet est le livre de Grandazzi, A., La fondation de Rome (Paris, Les Belles Lettres, 1991).Google Scholar

(48) Cf. Cumont, ibid., 61–63.

(49) Cf. Bouché-Leclercq, Hist. de la divination, t.3, p. 367 ; voir aussi Rohde, , Psyché (Paris, Payot, 1929).Google Scholar

(50) Cf. S.F. Marian, Inmormântarea…, p. 156.

(51) Cf. A. Cremene, ibid., p. 192.

(52) À ce sujet, pour un regard général, voir : M. Eliade, Traité…, p. 313 ; sur le village roumain, P. H. Stahl, L'organisation magique…, 151–155. Voir aussi Paul-Lévy, F., Segaud, M., Anthropologie de l'espace (Paris, Centre G. Pompidou, 1983), 3750.Google Scholar

(53) Voir à ce titre : A. Becque, Vivre l'espace au Japon, in F. Paul-Lévy et M. Ségaud, Anthropologie de l'espace, 95–96.

(54) Voir à ce point les considérations de M.L. Roncayolo sur le dehors et le dedans dans la civilisation moderne dans Territoires 1 (1983), p. 12 ; P. Ariès, L'enfant et la rue, Urbi no. 2 (1979), 3–14.

(55) Saineanu, L., Ielele, Vîntoasele, frumoasele, studiu de mitologie comparativa (Bucarest, 1886), p. 37.Google Scholar

(56) L. Saineanu, o.c, 9–10 ; S.C. Golopentia, Dràgus, 36–37, I. Muslea et O. Bîrlea, Tipologia folclorului, 210–213 ; A. Fochi, Datini si eresuri, 60–61, 140–141 ; Vulpesco, M., Les coutumes roumaines périodiques (Paris, Librairie E. Larose, 1927), p. 177.Google Scholar

(57) Cf. A. Fochi, p. 145.

(58) Cf. S. C. Golopentia, 36–37 ; A. Van Gennep, Manuel de folklore.… t. 2, p. 725.

(59) Ibid., p. 145.

(60) Gaster, Th., Les plus anciens contes de l'humanité (Gallimard, 1949).Google Scholar

(61) Cf. Van Gennep, , Les rites de passage (Paris, Picard, 1909), 2829, 35–36.Google Scholar

(62) C. Ginzburg, Storia notturna, éd. roum. p. 130 et p. 148, n. 1. Il cite l'étude de G. Henniggsen, The Ladies for Outside: Fairies, Witches and Poverty in Early Modern Europe, conférence de Stockholm sur la sorcellerie, 1985, que malheureusement je n'ai pas pu consulter.

(63) C. Ginzburg cite d'ailleurs les Rusalii avec lesquelles les Iele sont le plus souvent identifiées ; voir 195–200.

(64) H. de Charencey, Affinités de quelques légendes américaines avec celles de l'Ancien Monde, Bulletin du Comité d'archéologie américaine s.a. Il cite le « Voyage pittoresque dans le désert du Nouveau Monde » du père Domenech, p. 214.

(65) La bibliographie des recherches sur les Càlusari est considérable ; elle débute avec Descriptio Moldaviae du prince D. Cantemir (1716) qui leur a dédié quelques pages dans son XVIIe chapitre. L'essentiel de ce qu'on sait sur les Càlusari est là et les études récentes n'ont fait qu'approfondir et confirmer les dires de ce premier (et extraordinaire) ethnologue que fut l'érudit prince de Moldavie. L'étude de 1927 de M. Vulpesco, Les coutumes roumaines périodiques, garde une certaine valeur. R. Vuia leur a dédié une trentaine de pages (Studii de etnografie si folclor, Bucarest 1975, I, 110–140). Eliade, M. a synthétisé les données dans son Histoire des croyances et des idées religieuses (Paris, Payot, 1978), ch. 305Google Scholar. (Je n'ai pas réussi à me procurer son étude plus ancienne : Notes on the Calusari, Journal of the Ancient Near-Eastern Society, no 5/1973, introuvable dans les bibliothèques françaises). On trouvera des pages à ce sujet dans la thèse de doctorat (inédite) de Buhociu, O., Le folklore roumain de printemps (Paris, 1956)Google Scholar et C. Ginzburg, Storia Notturna, 195–200 de la traduction roumaine. On doit à Gail Kligman un ouvrage entièrement consacré à ce sujet : Calus. Symbolic Transformations in Romanian Ritual (The University of Chicago Press, 1981).

(66) Cf. G. Kligman, 17–118.

(67) Cf. R. Vuia, p. 112 ; G. Kligman, p. 17sq. Le rituel de la rosée rappelle certaines pratiques alchimiques.

(68) Cf. G. Kligman, p. 55.

(69) Cf. A. Cremene, p. 88 ; Ragon, N., L'espace de la mort (Paris, éd. Albin Michel, 1978) p. 29.Google Scholar

(70) Cf. R. Vuia, p. 113.

(71) Cf. A. Fochi, 38–54, passim.

(72) Ibid.

(73) Cf. G. Kligman, 17–18.

(74) Elefterescu, E., Originea si istoricul jocului Càlusarilor, Sezatoarea 18 (1922), 296303Google Scholar, cité par Kligman et A. Fochi, p. 53.

(75) Cf. M. Vulpesco, 217–218.

(76) Cf. G. Kligman, p. 182 note 26.

(77) Cf. A. Fochi, 48–49.

(78) M. Pop, E. Bernea, Calusul, lectura unui text, Revista de etnografie si folclor, 20 (1975), 15–32 (cf. Kligman, p. 17).

(79) Cf. G. Kligman, 39–43.

(80) Cf. A. Fochi, 40–41.

(81) Cantemir, D., Descriptio Moldaviae (Bucarest, Societatea Academica Româna, 1872), chap. XVIIGoogle Scholar ; voir aussi Gonta, A., Satul în Moldova medievalà. Institutiile (Bucarest, 1986), p. 361Google Scholar ; il supposait qu'en punissant le coupable on s'attirait la haine des Iele. L'explication est peu convaincante.

(82) Pour plus de détails, voir les chap. III–IV du livre de Ginzburg.

(83) G.L. Kligman notait que le chef (vàtaf) était élu et initié par le vàtaf précédent qui lui révélait, avant sa mort, les secrets que nul autre ne pouvait connaître.

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