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Platon, critique du matérialisme: le cas de l'Hippias majeur

Published online by Cambridge University Press:  27 April 2009

Raphaël Arteau McNeil
Affiliation:
Boston College

Abstract

The aim of this article is twofold: first, to show that, in Plato's Hippias Major, Hippias is the mouthpiece of a materialist ontology; second, to discuss the critique of this ontology. My argument is based on an interpretation of Hippias Major 300b4–301e3. I begin by revealing the shortcomings of P. Woodruff's and I. Ludlam's interpretations. Next, I define the concept of materialism as it was understood in ancient Greece (Democritus) in order to outline the specificity of Hippias' materialism. Finally, I argue that the opposition between the two characters of the Hippias Major represents in fact an ontological opposition between two conceptions of what a unity is, i.e., Hippias' elementary corporal unities and Socrates' “formal unity.”

Type
Articles
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References

Notes

1 Platon, , Hippias MajorGoogle Scholar, translated, with Commentary and Essay by Paul Woodruff, Cambridge, Hackett Publishing Company, 1982.

2 Ludlam, Ivor, Hippias Major: An Interpretation, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1991.Google Scholar

3 En ce qui concerne la question de l'authenticité de l'Hippias majeur, nous nous appuierons ici sur les résultats de Woodruff qui nous semblent satisfaisants (voir Woodruff, , Hippias Major, p. 93105).Google Scholar Comme le souligne Woodruff, notons que ceux qui remettent en question l'authenticité du dialogue reconnaissent néanmoins, à l'instar de Moreau, que «le contenu de l'Hippias majeur est intégralement et adéquatement platonicien» (Moreau, Joseph, «Le platonisme de l'Hippias majeur», Revue des études grecques, 1941, vol. 54, p. 41).CrossRefGoogle Scholar Pour un recensement des ouvrages qui concernent ce débat, voir Hoerber, H. G., «Plato's Greater Hippias», Phronesis, 1964, vol. 9, p. 143CrossRefGoogle Scholar et la récente édition de l'Hippias majeur par Pradeau, Jean-François et Fronterotta, Francesco (Paris, GF-Flammarion, 2005, p. 1522 et 209210).Google Scholar

4 Les interprétations de l'Hippias majeur qui se rapprochent le plus de celle que nous entendons avancer ici sont, à notre connaissance, celles de de Renéville, Jacques Rolland (L'Un-Multiple et l'attribution chez Platon et les sophistes, Paris, Vrin, 1962, p. 8386)Google Scholar et Morgan, de Michael L.The Continuity Theory of Reality in Plato's Hippias Major», Journal of the History of Philosophy, 1983, vol. 21, no 2, p. 133158).CrossRefGoogle Scholar Ni l'une ni l'autre ne se propose toutefois d'associer la position d'Hippias au matérialisme et d'en expliquer sa critique par Platon.

5 Compte tenu de leur grand nombre, les citations de l'Hippias majeur seront toutes suivies de leur référence entre parenthèses dans le texte. Précisons que nous avons traduit chacune de ces citations à partir du texte établi par Alfred Croiset dans l'édition des Belles Lettres. L'édition critique la plus récente de l'Hippias majeur est cependant celle de Bruno Vancamp (Platon, , Hippias Major-Hippias Minor, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1996).Google Scholar

6 La traduction d'Alfred Croiset, par exemple, ne relève cette difficulté de traduction ni dans la notice qui précède le texte ni dans le corps du texte. Néanmoins, afin de souligner la difficulté réelle que pose ce terme, notons ces irrégularités à même cette traduction: Croiset traduit habituellement le mot grec kalos (et ses dérivés) par «beau» (et ses dérivés), mais dans certains contextes, il traduit kalos (et ses dérivés) par «sagement» (282b1), «grands» (282d6), «clairement» (283a4), «mieux» (284a3), «plus habile» (284a4), «magnifique» (286a5), «à propos» (286d8), «plus long» (287d10), «bien» (288d8, 288e7, 291a6, 291a7 et 304e1), «à merveille» (291d4), «à son avantage» (294a5), «pour le mieux» (295b4), «à souhait» (296b2), «parfait» (297b8 et 297b9), «juste» (297c1), «admirable» (297d3), «fort bien» (299b7), «un moyen sûr» (300d5) et il ne le traduit pas en 286b1, 286c5, 298c6, 298e2 et 304c8; donc, sauf erreur de notre part, Croiset n'a pas traduit kalos par «beau» 28 fois sur 255. On pourrait rétorquer que le mot kalos implique en lui-même une polysémie, mais il faudrait au moins spécifier que la question: «qu'est-ce que le beau (ti esti to kalon)?» (Hip. maj., 286d1–2) renvoie à cet éventail de significations. Car comme le dit Paul Friedländer, «what is at stake [in the Hippias Major] is not only an “aesthetic” problem. This is also a moral and political problem, and, ultimately, it is a matter of existence» (Friedländer, Paul, «Hippias Major», Hamilton, dans Edith et Cairns, Huntington, dir., Plato II, New York, Bollingen Foundation, 1964, p. 115).Google Scholar Pour une généalogie du concept de beauté dans le monde grec, voir Grube, G. M. A., «Plato's Theory of Beauty», Monist, 1927, vol. 37, p. 269271.CrossRefGoogle Scholar

7 Tout au long de cet article, nous utiliserons deux mots français pour traduire le mot grec kalos (et ses dérivés), soit «beau» et «admirable» (et leurs dérivés). En règle général, quand le terme kalos est appliqué à la personne d'Hippias, il sera traduit par «admirable», mais lorsque le terme kalos revoie au thème du dialogue et à sa nature ontologique, il sera traduit par «beau».

8 Le prologue constitue presque le quart de l'Hippias majeur, soit plus de cinq pages sur 23 selon la pagination d'Henri d'Estienne (Stephanus).

9 Voir, par exemple, Tarrant, Dorothy, The Hippias Major Attributed to Plato; With Introductory Essays and Commentary, New York, Arno Press, 1973, p. xxviiixxix.Google Scholar

10 Voir Ludlam, , Hippias Major: An Interpretation, p. 23Google Scholar, et Woodruff, , Hippias Major, p. 3536.Google Scholar

11 Voir Woodruff, , Hippias Major, p. 127Google Scholar; voir aussi p. 35–36, 115, 128–131.

12 Ibid., p. 125; voir aussi p. 128.

13 Cf. ibid., p. 131–132.

14 Ibid., p. 128. En 298d10 Socrate identifie le personnage qu'il a créé: c'sest «le fils de Sophronisque».

15 Voir Ménon, 82a7–85b9. Le parallèle entre Ménon et Hippias est d'autant plus intéressant si, comme le pense Woodruff, Hippias fut un élève de Gorgias (voir Woodruff, , Hippias Major, p. 121Google Scholar, note 12). Il nous semble que ce parallèle structurel entre l'Hippias majeur et le Ménon aurait aussi pu être exploité par Woodruff pour répondre à ceux qui, avançant que cette utilisation de l'alter ego est atypique chez Platon, rejettent l'Hippias majeur du corpus platonicien (voir ibid., p. 97–98; Tarrant, Harold, «The Hippias Major and Socratic Theories of Pleasure»Google Scholar, dans Vander-Waerdt, Paul, dir., The Socratic Movement, Ithaca, Cornell University Press, 1994, p. 110Google Scholar; et aussi Tarrant, Dorothy, «The Authorship of the Hippias Major», Classical Quarterly, 1927, vol. 21, p. 8384).Google Scholar

16 Voir Ludlam, , Hippias Major: An Interpretation, p. 4246.Google Scholar

17 Cf. ibid., p. 53.

18 Ibid., p. 50 et p. 44.

19 Ludlam montre très bien ce point même si on pourrait être tenté de le rejeter compte tenu qu'Hippias reconnaît en 284e5 que la majorité (hoi polloi) est ignorante. Ludlam explique que toutes les techniques de réfutation d'Hippias sont basées sur le fait que personne ne pourra réfuter sa définition sans paraître ridicule aux yeux de la majorité (voir ibid., p. 66–72).

20 Cette distinction entre convention (nomos) et nature (phusis) est pourtant reprise par Hippias dans le Protagoras, en 337d1–3.

21 Dupréel, Eugène, Les sophistes, Neuchâtel, Éditions du Griffon, 1948.Google Scholar

22 Guthrie, W. K. C., Les sophistes, traduction de J.-P. Cottereau, Paris, Payot, 1976, p. 286.Google Scholar

23 Dupréel, , Les sophistes, p. 202Google Scholar; voir aussi Untersteiner, Mario, Les sophistes, vol. 2, Paris, Vrin, 1993, p. 124.Google Scholar

24 Dupréel, , Les sophistes, p. 281Google Scholar. Bien que nous soyons tout à fait en accord avec Dupréel pour rétablir l'importance et le sérieux de la pensée d'Hippias, ne serait-ce que pour parvenir à une meilleure intelligence de l'Hippias majeur, il nous semble cependant que Dupréel pousse un peu trop loin la note. Faire d'Hippias d'Élis l'interlocuteur privilégié, mais toujours secret, du Politique, du Phèdre, du Cratyle, du Théétète, du Sophiste, du Parménide, du Philèbe, du Timée et de La République nous semble au contraire ruiner la thèse de Dupréel: à trop vouloir réhabiliter Hippias, il en fait «éclater» le personnage.

25 Untersteiner, , Les sophistes, p. 115.Google Scholar

26 Sophiste, 246b1: «tauton sôma kai ousian horizomenoi», traduction de Goldschmidt, Victor, Les dialogues de Platon, structure et méthode dialectique, Paris, Presses Universitaires de France, 1963, p. 172173Google Scholar. Dans Le Sophiste, l'Étranger parle des «Fils de la Terre» («autochthones», 247c5, trad. Léon Robin), mais on identifie généralement la doctrine dont il est question au matérialisme.

27 Salem, Jean, Démocrite, grains de poussière dans un rayon de soleil, Paris, Vrin, 1996, p. 150.Google Scholar

28 Ibid., p. 128.

29 Ibid., p. 73.

30 Collobert, Catherine, Aux origines de la philosophie, Turin, Le Pommier-Fayard, 1999, p. 122.Google Scholar

31 Ces difficultés ontologiques ont été mises en scène par Platon dans le dialogue du Parménide où Parménide démontre les apories qui découlent des deux hypothèses: «s'il est un et s'il n'est pas un» (Parménide, 137b4).

32 «adunaton gar einaiphêsin ek duo hen ê ex henos duo genesthai» (les références notées DK 68 renvoient bien sûr à Diels, H. et Kranz, W., Die Fragmente der Vorsokratiker, vol. 2, Zürich, Weidmann, 1996Google Scholar; ce fragment provient d'Aristote, Métaphysique, Z, 13Google Scholar, 1039a9); voir aussi Salem, Démocrite, p. 4546.Google Scholar

33 Nous suivons la traduction de Salem, Démocrite, p. 150.Google Scholar

34 Salem, Démocrite, p. 40Google Scholar; voir aussi p. 47.

35 Cf. ibid., p. 176–178.

36 Ibid., p. 92.

37 Cf. ibid., p. 163 et p. 32–34.

38 Cf. Bernhardt, Jean, Platon et le matérialisme ancien. La théorie de l'âme harmonie dans la philosophie de Platon, Paris, Payot, 1971, p. 3132Google Scholar. Pour le caractère corporel et atomique de l'âme chez Démocrite, voir Salem, Démocrite, p. 187199.Google Scholar

39 En cela, nous suivons la division de Ludlam (cf. Hippias Major: An Interpretation, p. 103 et p. 114)Google Scholar. Toutefois, une autre division qui s'appuie sur l'importance du nombre trois (3), les «triplets», dans la construction de l'Hippias majeur est défendue par Hoerber (voir «Plato's Greater Hippias», p. 146147).Google Scholar

40 On pourrait objecter le fait que les atomes de Démocrite ne possèdent pas de qualités, ce qui, comme nous l'avons vu, est fort juste. Toutefois, les composés d'atomes tirent leurs qualités de trois causes: 1) la position des atomes, 2) l'arrangement des atomes et 3) les atomes eux-mêmes, car les atomes démocritéens, s'ils ne possèdent pas de qualités, possèdent cependant deux attributs: la grandeur et la forme (et leur corollaire: la matérialité). Or, il est indéniable que les qualités que l'on retrouve dans les composés d'atomes sont dues en parties à la forme et à la grandeur des atomes. Plus encore, dans un cas au moins, le cas de l'âme, les qualités de l'ensemble (l'âme) dépendent essentiellement des «qualités» (c'est-à-dire de la forme sphérique) des atomes (cf. Salem, Démocrite, p. 187).Google Scholar

41 Cf. Salem, Démocrite, p. 40.Google Scholar

42 Le Sophiste, 246b1; voir aussi 246b9–c2 et Hip. maj., 301b4–5, 304a5–6 et 304b4.

43 Voir cependant Morgan («The Continuity Theory in Plato's Hippias Major», p. 143144)Google Scholar qui défend que la notion de continuité qu'avance Hippias témoignerait de sa filiation à Empédocle.

44 DK 67A19; ce fragment provient d'Aristote, Traité du ciel, 275b32–a1.

45 C'est aussi l'avis de Dupréel, , Les sophistes, p. 203.Google Scholar

46 En ce sens, Daniel Tanguay écrit: «Au système de la religion et du mythe qui se fonde sur le discontinu, le soudain, l'exceptionnel, Démocrite oppose une nature continue, permanente, où l'exceptionnel s'explique par des mouvements cachés de la nature» (Léo Strauss. Une biographie intellectuelle, Paris, Grasset, 2003, p. 65)Google Scholar. D'ailleurs, Jean Salem écrit que, selon Démocrite, «tous les étants manifestent, au bout du compte, l'universelle identité d'une matière dont ils constituent les combinaisons transitoires» (Démocrite, p. 128Google Scholar, les italiques sont de nous).

47 Le cas de la somme paire est assez évident: 6=5+1, 6=3+3 ou 6=2+4; l'exemple des parties irrationnelles l'est cependant moins. Louis Guillermit l'explique de cette façon: «Le double de la diagonale du carré, somme de deux longueurs irrationnelles, est lui-même incommensurable au côté, tandis que le double du côté, longueur rationnelle par hypothèse, peut être divisé en deux longueurs irrationnelles, l'une celle de la diagonale, l'autre la différence entre la diagonale et le double côté» (L'enseignement de Platon, vol. 1, Nîmes, Éditions de l'éclat, 2001, p. 122)Google Scholar. Selon E. de Strycker toutefois, le vocabulaire mathématique qu'emploie Socrate dans ce passage (sunamphotera, Hip. maj., 303b8) ne signifierait pas l'addition, mais plutôt la multiplication de deux nombres irrationnels; il offre alors la solution suivante: «Soient donc les éléments “inexprimables” √3/1, √6/2. Le résultat de leur composition, l'intervalle composé √18/2 ou 3√2/2 reste lui aussi un intervalle irrationnel. Si nous prenons au contraire les éléments irrationnels √3/1, √12/2 nous obtenons l'intervalle composé rationnel √36/3 = 6/3 = 2/1, c'est-à-dire l'octave» («Une énigme mathématique dans l'Hippias majeur», Annuaire de l'Institut de Philologie et d'Histoire orientales et slaves de l'Université libre de Bruxelles, 1937, vol. 5, p. 324).Google Scholar

48 Voir le témoignage de Proclus (DK 84B12 et B21); voir aussi Jaeger, Werner, Paideia. La formation de l'homme grec, Paris, Gallimard, 1964, p. 366.Google Scholar

49 Klein, Jacob, Greek Mathematical Thought and the Origin of Algebra, Cambridge (MA), MIT Press, 1968, p. 10.Google Scholar

50 Soulignons que ces «“hylic” monads» sont, conceptuellement, fort similaires aux atomes de Démocrite. Tout comme les atomes démocritéens, il s'agit d'unités élémentaires numériquement distinctes qui ne sont pas perceptibles par les sens. De plus, les néoplatoniciens leur attribuent l'adjectif «matérielles».

51 Il existe un débat sur la place de l'Hippias majeur dans le développement de l'ontologie platonicienne. Trois positions sont possibles. Premièrement, considérer que des éléments présents dans l'Hippias majeur présupposent une élaboration ontologique qu'on ne retrouve que dans des dialogues tardifs. Cette position est soutenue par ceux qui remettent en question l'authenticité de l'Hippias majeur (Moreau, Voir, «Le platonisme de l'Hippias majeur», p. 4142Google Scholar, Tarrant, «The Authorship of the Hippias Major», p. 87Google Scholar et The Major, HippiasAttributed to Plato, p. xxxiilxviii)Google Scholar. Deuxièmement, considérer que l'Hippias majeur présente les premiers acquis ontologiques qui conduiront à l'élaboration de la théorie des Idées par Platon (voir Malcolm, John «On the Place of the Hippias Major in the Development of Plato's Thought», Archiv für Geschichte der Philosophie, 1968, vol. 50, p. 189195CrossRefGoogle Scholar et Plato on the Self-Predication of Forms, Oxford, Clarendon Press, 1991Google Scholar; voir aussi Morgan, , «The Continuity Theory in Plato's Hippias Major», p. 152158)Google Scholar. Enfin, considérer que le Socrate de l'Hippias majeur n'aborde pas le terrain de l'ontologie, mais, par sa façon de poser ses questions, prépare ce qui permettra à Platon de faire «[the] ontological turn» (Woodruff, P., «Socrates and Ontology: The Evidence of the Hippias Major», Phronesis, 1978, vol. 23, p. 113CrossRefGoogle Scholar et Hippias Major, p. 161180Google Scholar; voir aussi Grube, G. M. A., «On the Authenticity of the Hippias Major», Classical Quarterly, 1926, vol. 20, p. 140142)CrossRefGoogle Scholar. Notons que ces trois positions s'accordent toutefois pour dire que ce n'est pas tant les positions ontologiques dernières de Platon qui sont difficiles à comprendre mais leur genèse.

52 Bien que certains commentateurs réservent le terme «Dyade» pour les «Nombres idéaux» (voir par exemple Dumoncel, Jean-Claude, «La théorie platonicienne des idées-nombres», Revue de philosophie ancienne, 1992, vol. 10, p. 7)Google Scholar, nous utilisons quant à nous le terme «dyade» simplement pour signifier l'existence de cette unité du deux.

53 DK 68A42, selon la traduction de Salem, Démocrite, p. 4546.Google Scholar

54 Socrate pose le même problème dans le Phédon, 96e6–97b4.

55 Salem, Voir, Démocrite, p. 176.Google Scholar

56 Ibid., p. 73.

57 DK 68A49, selon la traduction de Salem, Démocrite, p. 150.Google Scholar

58 L'explication qui va suivre est, pour l'essentiel, une reprise de l'analyse que propose Victor Goldschmidt dans Les dialogues de Platon; dans le cas qui nous concerne, on lira avec intérêt les pages 34 à 75.

59 C'est le propos de tout le développement de Hip. maj., 287c2–e2.

60 Voir Hip. maj., 288d1–3.

61 Ludlam, Voir, Hippias Major: An Interpretation, p. 9094.Google Scholar

62 Goldschmidt nomme les trois étapes de cette réfutation: l'argument et alia, l'argument et oppositum et l'argument et idem non (Les dialogues de Platon, p. 39).Google Scholar

63 À ce sujet, voir ibid., p. 40 et 42, Nehamas, d'Alexander, «Confusing Universals and Particulars in Plato's Early Dialogues», The Review of Metaphysics, 1975, vol. 29, p. 303Google Scholar et aussi Gadamer, Hans-Georg, L'éthique dialectique de Platon. Interprétation phénoménologique du Philèbe, traduit par Vatan, Florence et von Schenck, Véronika, Arles, Actes Sud, 1994, p. 111.Google Scholar

64 Socrate affirme que la discussion vise «le beau lui-même (auto to kalon), ce par quoi toute chose s'embellit (kosmeitai) et paraît belle, quand sa forme (to eidos) s'y joint (prosgenêtai)» (Hip. maj., 289d2–4).

65 On peut aussi poser ce problème en le transposant dans la physique démocritéenne. Si les atomes sont insécables matériellement, il n'en demeure pas moins qu'ils le sont abstraitement, puisqu'ils possèdent tous une forme géométrique et, par conséquent, des parties. Dès lors, s'ils possèdent des parties, il est possible de leur attribuer une qualité, soit la beauté ou la laideur, selon la convenance et l'harmonie des parties. Mais ce faisant, on quitte Démocrite et on aborde Platon.

66 On en viendra donc à parler de la distinction entre monde sensible et monde intelligible, mais comme le soulignent Luc Brisson et Jean-François Pradeau, la notion de «monde intelligible» est plutôt tardive (Le vocabulaire de Platon, Paris, Ellipse, 1998, p. 33).Google Scholar