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L'objectivité dans les théories logiques de la signification

Published online by Cambridge University Press:  05 May 2010

Suzanne Leblanc
Affiliation:
Katolicke Universiteit Leuven et Université du Québec à Trois-Rivières

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Il existe en philosophie du langage une distinction relativement récente qui, pour être devenue paradigmatique, n'en demeure pas moins source de perplexités, à savoir celle qui se trouve marquée dans la trilogie «syntaxe-sémantique-pragmatique». Sa premiére apparition achevée figure dans l'ouvrage de Charles William Morris intitulé Foundations of the Theory of Signs et publié en 1938 dans le premier volume de l'Encyclopedia of Unified Science. La syntaxe y est définie comme l'étude du rapport des signes entre eux, la sémantique comme l'étude du rapport entre les signes et les objets, et la pragmatique comme l'étude du rapport entre les signes et leurs utilisateurs. L'originalité de la trilogie morrissienne ne consiste pas dans le fait d'introduire les notions de sujet, de signe et d'objet. Ces trois sortes d'entités ont en effet étè invoquées de longue date dans la réflexion philosophique sur la signification. Elle réside plutôt dans le fait de constituer comme objets distincts d'étude les rapports signe-signe, signe-objet et sujet-signe.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1984

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References

1 Nous accordons à cette thèse suffisamment de généralité pour qu'elle énglobe egale-ment ce que l'on a coutume d'appeler les ‘laquo;contextes linguistiques ». Le contexte linguistique d'une phrase, par exemple, peut étre le paragraphe dans lequel elle s'in-sère. Le paragraphe en question n'est cependant pas une partie de ce que signifie linguistiquement la phrase en question. II faudrait une hypothèse (pragmatique?) tout à fait étrangère à celle de Morris pour considerer qu'il en est autrement.

2 L'hypothèse que nous venons de formuler présente une certaine analogie avec la définition de la notion de contexte proposée par Lee, D. S. dans un article intitulé «Pragmatic Ultimates: Contexts and Common Sense», Southern Journal of Philoso-phy 15 (1977), 493503CrossRefGoogle Scholar. Selon Lee, un contexte est une fonction constitutive d'un «champ», fonction qui prend pour arguments un principe organisateur P, une base de sens commun S et un ensemble de concepts dérivés S+ obtenus par application de P à S. Lee donne l'exemple d'un champ Fn de nombres dont la base de sens commun est formée des entiers positifs Si, le principe d'organisation étant le principe de succession Ps, et l'ensemble des concepts dérivés l'ensemble S+ des nombres et des opérations générés par application de Ps à S1. Le contexte Cn est l'arithmétique. L'analogie entre cette définition et notre hypothése se manifeste si l'on compare, à un niveau suffisam-ment général, la notion de champ à celle de phénomene, et corrélativement la notion de fonction contextuelle à celle de contextualité. Dans l'un et l'autre cas, une notion d'objectivite est introduite, qui coincide avec une relation de nature contextuelle: un champ ne peut être pensé sans une fonction contextuelle puisqu'il est prećisément identique à cette dernière, etun phénomène ne peut être pensé dans sa matérialité sans une relation de contextualité articulant les propriétés identificationnelles et les traits complémentaires qui le constituent. II y a toutefois une différence significative entre la definition de Lee et notre hypothése: chez Lee, un contexte est assimilé à la totalite du champ constitué par une fonction contextuelle, alors que dans notre hypothése, un contexte est identifié, non pas à la totalité d'un phénoméne, mais à ses traits com-plémentaires. Nous préférons notre hypothése à la définition de Lee principalement pour les deux raisons suivantes. D'une part l'hypothése en question, dans lamesure où elle ne fait pas d'un objet une partie de son contexte, préserve l'idee qu'un objet n'est pas nécessairement de la même nature que cela qui forme son contexte. D'autre part, la dite hypothése nous permet d'économiser les notions d'«avant-scène » (« foreground »)et d'«arriére-fond »(«background» ) que Lee sevoit forcé 'introduire, en supplément des arguments de la fonction contextuelle, pour partager ce que nous distinguons déjà au moyen des notions de propriétés identificationnelles et de traits complémentaires d'un phénomène.

3 Voir les deux articles suivants de Gottlob Frege, «Sens et dénotation » et «Concept et objet», dans Ecrits logiques et philosophiques, traduction de Tallemand par Claude Imbert (Paris: Editions du Seuil, 1971), respectivement. 102126 et 127–141Google Scholar.

4 Frege, , «Sens et denotation», 104Google Scholar.

6 Russell, Bertrand, «The Philosophy of Logical Atomism», dans Marsh, R. C., ed., Bertrand Russell—Logic and Knowledge (London: Allen & Unwin, et New York: Macmillan, 1956), 187Google Scholar.

7 Ibid., 196 et 198–199.

8 Gottlob Frege, «Fonction et concept », dans Ecrits logiques et philosophiques, 84–85.

9 Russell, «The Philosophy of Logical Atomism », 196.

10 Russell, Bertrand, Principia Mathematica (to *56) (Cambridge: Cambridge University Press, 1962), 3841Google Scholar.

11 Frege, Gottlob, «La pensee», dans Ecrits logiques et philosophiques, 174–176Google Scholar.

12 , Russell, Principal Muthemutica, 43Google Scholar.

13 Pour une version plus élaborée des interprétations ici proposées, voyez les deux premiers chapitres de la thése de doctorat de I'auteure, intitulée «Contexte et signification logique des énoncés élémentaires»(Université du Québec à Trois-Rivières, 1983).