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L'Instant, le temps, et l'éternité dans le Parménide (155 e – 157 b) de Platon

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Luc Brisson
Affiliation:
Paris

Extract

L'Examen de la participation de Pun au temps reprend, au sein de la seconde hypothèse du Parménide, sous une troisième forme (τò τρpèτoν). Platon a déjà étudié ce qui se passe pour l'un et pour les autres, lorsque l'un est dans le temps et lorsqu'il devient dans le temps. Il faut maintenant qu'il analyse la temporalité elle-même. Ce qui le ménera à la conclusion que le temps, n'ayant pas sa raison d'être en lui, trouve son fondement dans l'éternité par l'intermédiairé de l'instant qui est à fois la limite horizontale du passé et du futur, et le point de jonction vertical entre le temps et l'éternité.

Type
Discussions/Notes
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1970

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References

1 Le fait de ne pas considerer ce passage du Parménide (155 e - 157 b) comme une troisième hypothèse distincte est tributaire d'une interprétation générale de ce dialogue et meme de la dernière philosophie de Platon. II serait beaucoup trop long d'expliquer cela dans le détail. Voilà pourquoi, en ce qui concerne l'antiquité, nous renvoyons à Proclus (In Parm., I, col. 630.37 ss, Cousin) qui decrit brièvement les trois grands courants d'interprétations alors en cours. Retraçant les prolongements de cette tradition à la fin de l'antiquité et durant le moyen âge, l'étude de Klibansky, R. (Ein Proklos-Fund und seine Bedeutung, Heidelberg, 1929, 41 p.)Google Scholar est tout à fait essentielle. Enfin, pour ce qui est du XIXe et du XXe siècle, il faut s'en remettre à Cornford, F. M. qui, dans son Plato and Parmenides (London, 1939, pp. VX)Google Scholar, retrace les prises de position des interprètres les plus sèrieux du Parménide de Platon.

2 Parm., 151e-154a.

3 Id., 1543-1556.

4 Id., 155e-157b.

5 Cf. V. Brochard, « La Théorie platonicienne de la participation d'après le Parménide et le Sophiste », dans Etudes de philosophie ancienne et de philosophie modeme, Paris, 1926, pp. 121132Google Scholar

6 Soph., 237a-241b; et surtout 238c.

7 Id., 254d-258c; et surtout 258b.

8 Parm., 155c

9 Ibid.

10 Tim., 49a-51b.

11 Id., 57c.

12 Id., 54d-55c

13 Id., 58b.

14 Id., 58a-b.

15 Id., 58b-c.

16 En effet, il est remarquable que, dans ce bref passage (Parm., 155c-156b), on trouve le couple τoτ τoτ (155e-8-g; 156a 2-3); le couple wore πoτ πoτ (155e 75; 156a3); le couple ŏτε ŏτε (156a 1-2; 155c 8-9); le couple ŏταν ŏταν (156b 1-2, 5-6, 7-8; 156c 1); et même le couple μν δ qui revient sans cesse.

17 Parm., 155e 10.

18 Id., 152b 4.

19 τò ξαíφνης est, comme le maintenant, un μεταξύ (Id., 157a 1). C'est le point de départ absolu de deux changements en sens inverse (156d 4, e 4). D'ailleurs Natorp, P. (Platos Ideenlehre, Leipzig, 1921 (2e ed.), pp. 253–6)Google Scholar semble faire correspondre l' ;ξαίφνης, par le biais se l'analyse de la continuité, au concept de la différentielle. C'est d'une certaine façon aussi, la position de Cherniss, H. (Parrnenides and the « Parmenides» of Plato, Am. journ. of philol., 53, 1932, p. 132, n. 35)Google Scholar qui part de l'exemple d'Antiphon cherchant à découvrir une solution à la quadrature du cercle (Diels, Vorsokr., frag. 13). Cependant une telle interprètation, tout à fait justifiée et convainquante à l'intérieur de ses limites, demande à être complétée, puisqu'on lit plus bas que l'instant n'est pas dans le temps.

20 τò ξαίφνης ést echappe au temps. Et l'importance de ce fait est marquée par l'insistance qu'implique la répétition : cf. Parm., 156c 2, 6; d1 ; e1, 6.

21 Tim., 37c-e Cette traduction est celle dej. Moreau. En dépit des multiples difficultés qui se trouvent dans ce texte, l'une des plaques tournantes du dialogue, nous nous abstenons de commencer une discussion technique interminable et étrangère au propos de cet article. Il faut cependant remarquer que le problème du temps et de sa liaison avec l'éternité trouve son origine et sa solution dans le nature et le mouvement de l'âme du monde qui est précisément ce niveau intermédiaire de réalité permeitant la participation des choses sensibles aux formes intelligibles. Mais contrairement aux Neo-platoniciens qui faisaient de ce passage du Parménide une troisième hypothèse décrivant comme sous un voile l'âme du monde, il faut comprendre ici que, étant donné la seconde hypothèse et ses conséquences, l'un recoit tous les contraires non seulement dans le temps, e'est-à-dire au niveau des choses sensibles, mais même dans l'éternité à laquelle nous introduit Pinstant comme nous le verrons plus loin, e'est-à-dire au niveau des formes intelligibles.

Par ailleurs, les interprétations néo-platoniciennes d'Amélius, de Porphyre, de Jamblique, de Théodore d'Asiné, du philosophe de Rhodes (?), de Plutarque d'Athènes et de Syrianus (Proclus, In Parm., VI, col. 1052.31 ss, Cousin) dérivent de la doctrine plotinienne des trois hypostases (Enn., V, 1, 10) dont la dernière est celle de l'ême (Enn., IV, 2, 2). E. R. Dodds (« The Parmenides of Plato and the origin of the neoplatonic ‘One’ », Class, quart., 22, 1928, pp. 129-142) a d'ailleurs tenté de prouver que le néo-pythagoricien Modératus (2e moitié du ier siècle A.J.-C.) avait une doctrine de l'un préfigurant l'interprétation néo-platonicienne; quelques-uns des traits de cette doctrine remonteraient, selon lui, jusqu'à Speusippe. Sur ce dernier point, quoique d'accord pour l'essentiel avec les hypothèses de Dodds, J. M. Rist“The Neoplatonic One and Plato's Parmenides”, Trans, and proc. of the Am. Philol. Ass., 93, 1962, pp. 189401)Google Scholar fait quelques réserves. Il est impossible de prouver dans le détail la faussete de l'interpretation néo-platonicienne qui cependant par certains côtés se révèle à la fois intéressante et féconde. Qu'il suffise de faire remarquer que l'identification faite notamment par Damascius (De principiis, par. 399, pp. 248.25-249.13, Ruelle II) entre la première phrase du passage étudié dans cet article (Parm., 155e) et le texte du Timée (35a-b) décrivant la fabrication de l'âme du monde ne repose sur aucun fondement et sollicite le sens de termes fondamentaux pour en réaliser l'amalgame.

22 Parm., 156d 2, 3, 6 (?).

23 ξαίφνης non substantivé signifie : tout à coup (Théeet., 162c 3; Lois, IX, 866e 1; 867b 7); soudain (Crat., 396a 4; Rép., V, 472a 1; VIII, 553a 11; IX, 584b 7 : Lois, VI, 758d 5); à l'improviste (Lois, IV, 7i2e 4; IX, 867a 3), au premier abord (Crat., 396d 1); d'abord (Crat., 396d 1); aussitôt (Gorg., 523c 4); à pied levé (Rép., V, 453c 8); sur l'heure (Crat., 391a 11).

24 Banquet, 210e 4.

25 Lettre VII, 341 d.

26 Rép., VII, 515c.

27 Rép., VII, 516c

28 Parm., 156e-157b.