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Le rôle de l'imagination dans le mouvement animal et l'action humaine chez Aristote
Published online by Cambridge University Press: 13 April 2010
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Depuis maintenant plus d'un siècle, soit depuis la parution en 1863 de la monographie de J. Freudenthal (Über den Begriff des Wortes øαντασια bei Aristoteles, Göttingen), la tendance générale des interprèetes qui se sont intéressés à l'imagination chez Aristote aura été, sans conteste, de privilégier l'examen du De anima III 3 et de certains textes des Parva naturalia afin de rendre compte de son rôle à l'intérieur de la psychologie aristotélicienne. Ce faisant, on a laissé quelque peu dans l'ombre, consciemment ou non, peu importe, la fonction de l'imagination dans l'explication du mouvement animal et de l'action humaine qu'Aristote nous a léguée essentiellement dans le De motu animalium et le De anima III 7, 9–11. Certes, étant donné l'importance de l'imagination en ces questions, certains exégètes n'ont pas manqué de s'y arrêter, mais la rareté des commentaires sur ces sujets, tout spéecialement le premier, et la possibilité d'apporter de nouveaux éclaircissements nous incitent àen reprendre l'examen. Nous traiterons d'abord du rôle de l'imagination dans l'explication du mouvement animal, puis dans celle, plus complexe, de l'action proprement humaine où l'imagination, de prime abord, pourrait sembler avoir une fonction préjudiciable à l'action réfléchie. Pour effacer ce soupçon à l'égard de la pensée du Stagirite, que bien des philosophes auront manifesté dans l'histoire, il nous faudra, notamment, discuter la question du bien apparent et du bien comme tel en regard de l'imagination délibérative.
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 29 , Issue 1: Aristotle , Winter 1990 , pp. 65 - 78
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- Copyright © Canadian Philosophical Association 1990
References
Notes
1 Skemp, J. B., «Orexis in the De anima, III, 10», dans G. E. R. Lloyd et G. E. L. Owen, dir., Aristotle on Mind and the Senses, Cambridge, Cambridge University Press, 1978, p. 181–189; cf. p. 182–183.Google Scholar
2 Cf. De motu animalium VII 700b17 sqq., 701a29–31 et 35–36 : «[L]a cause dernière du mouvement étant le désir, et celui-ci se formant sous l'influence de la sensation ou de l'imagination et de la pensée [di' aisthêseôos ê dia phantasias kai noêseôs].»
3 Ibid., VIII 702a17–19.
4 Dean. III 9, 432b15–16.
5 Parmi les derniers éditeurs du texte, Smith, Barbotin, Tricot et Apostle optent pour ê, alors que Ross et Hamlyn privilégient kai.
6 De an. III 10, 433b27–29.
7 Nous excluons ici, pour l'instant, l'action humaine qui suppose l'intelligence comme condition suffisante.
8 Nous négligeons ici l'apport de Malcolm Schofield, «Aristotle on the Imagination», dans G. E. R. Lloyd et G. E. L. Owen, dir., Aristotle on Mind and the Senses, p. 99–140 (article repris dans Barnes, J., Schofield, M. et Sorabji, R., dir., Articles on Aristotle, vol. 4: Psychology and Aesthetics, Londres, Duckworth, 1979, p. 103–132)Google Scholar. II se concentre essentiellement sur De an. III 3, oú l'image désignerait «a sceptical, cautious or noncommittal phainethai». Conscient que cetteinterprétation ne s'applique pas à I'analyse du mouvement animal, il suggère, au passage, que «the point of making phantasia a necessary condition of movement is to require that the moving animal positively fix [par la visualisation] some object of desire» (cf. [1978], p. 104, ou [1979], p. 108). On souhaiterait plus de détails.
9 Demot. an. VII 701b20 –21; 11, 703b19.
10 Nussbaum, M., Aristotle's. De motu animalium, Princeton, Princeton University Press, 1978, p. 257.Google Scholar
11 Ibid.
12 Ibid., p. 265.
13 Ibid., p. 261. Nous laissons de côté le deuxiéme volet de son interprétation de la phantasia qui vise à prouver que la perception est inseparable de Interpretation (cf. p. 261–266). Notons cependant que cette démonstration, qu'aucun texte ne vient appuyer, tend étrangement à faire d'Aristote un hermeneute contemporain.
14 De som. et vig. II 455a15 sqq.
15 C'est le moment de rappeler que le concept d'instinct est absent de la pensée aristotélicienne.
16 De mem. et rem. 1450a22–25.
17 Mét. A 1, 980b26. Cf. également Éth. Nic. VII 5, 1147b5; De mot. an. VIII 702a5–6; De mem. et rem. I 449b28–450a25; 450b24–27; 451al–2; etc.
18 Hist. anim. VII 1, 581b20–21.
19 Mét. A 1, 980a27–29.
20 An. post. II 19, 99b37–39. Cf. également Hist. anim. I 1, 488b24–26; VIII 1, 589al–2; De mem. et rem. 1450a 17–18.
21 De an. III 11, 434al–2.
22 Ibid., 434a3–5.
23 Rodier, G., Commentaire du Traité de l'âme d'Aristote (Reprise), Paris, Vrin, 1985, p. 552.Google Scholar
24 Cf. De mot. an. VIII 702a19; De an. III 10, 433b30; 11, 434a6.
25 II est intéressant de voir qu'aujourd'hui encore, on prête aux premières formes animales la mémoire. Cf. Hempelmann, F., «Psychology, Comparative», Encyclopaedia Britannica, 14e éd, Londres, 1970, vol. 18, p. 694: «Memory is present in all branches of the animal kingdom, even in the Protozoa.»Google Scholar
26 Hist. anim. V 1, 539b7 –14.
27 De an. III 9, 432b23–25.
28 D'autant plus que «Ia nature ne fait rien en vain ni ne néglige aucune nécessité sauf chez les etres incomplcts et imparfaits.» Cf. ibid., III 9, 432b21–23.
29 Hist. anim. VIII 1, 588b4 sqq.
30 De som. et vig. II 455a22–25.
31 De an. III 9, 432b15–17.
32 De mem. et rem. I 450a20–21.
33 Ibid., 449b28.
34 Cf. 451a14–17.
35 Cf. Phys. IV 11, 219bl–2. Cf. Verbeke, G., «La perception du temps chez Aristote», dans Aristotelica. Mélanges offerts à Marcel De Corte, Bruxelles, Ousia; Liège, Presses universitaires de Liège, 1985, p. 351–377.Google Scholar
36 De mot. an. VIII 701 b37, 702a7.
37 Cf. De mem. et rem. II 453a6 sqq.; Hist. anim. I 1, 488b24–26.
38 Cf. De an. III 11, 434a6 sqq.
39 M. Nussbaum, Aristotle's De motu animalium, p. 263. Si l'on songe que l'instinct n'existe pas dans la pensée aristotélicienne, on peut se demander comment 1'animal fait pour survivre bien longtemps si cette thèse est vraie.
40 Hist. anim. VIII 1, 588a29–31.
41 Cf.Ind.ar., 311a59.
42 Cf. De mot. an. VI 700b 19–22; De an. III 3, 428a2; b 16.
43 Cf. Éth. Nic. VI 2, 1139a 19–20; X 8, 1178b20.
44 Ibid., VII 9, 1150b25–28. Cf. également De mem. et rem. II 453a 19, et Probl. XXX 1, 953a10–955a40.
45 Cf. De som. et vig. III 460b2 sqq.
46 De an. III 3, 429a5–8. Cf. également ibid., 10, 433a9–13.
47 D. Ross, Aristotle's De anima, Oxford, Clarendon Press, 1961, p. 39.
48 Cf. Éth. Nic. I 13, 1102a27–1103a3.
49 Voir, sur cette question, Bodéüs, R., «Aristote et la condition humaine», Revue philosophique de Louvain, vol. 81 (1983), p. 189–203; cf. p. 196.CrossRefGoogle Scholar
50 De an. III 8, 432a4–5 et 9.
51 C'est du moins ainsi que nous interprétons De an. III 8, 432a9–10, où l'image est dite immatérielle. Cf., dans le même sens, Moreau, J., Aristote et son École, Paris, Presses universitaires de France, 1962, p. 175.Google Scholar
52 Cf. De an. III 7, 431a14–17; b2–5.
53 Cf. Rees, D. A., «Aristotle's Treatment of Phantasia», dans J. P. Anton et G. L. Kustas, dir.,Essays in Ancient Greek Philosophy, Albany, State University of New York Press, 1971, p. 491–504Google Scholar; p. 493: «In general phantasia and allied notions seem in Plato to have a clear implication of error, not least in metaphysical contexts.»
54 Dean. III 10, 433a26–29.
55 Éth. Eud. II 10, 1227a21–23.
56 Cf. De int. I 16a2; De an. III 9, 432a10–12; etc. On trouvera un exemple de ce reproche, formulé surtout par les commentateurs anglo-saxons, chez D. A. Rees, «Aristotle's Treatment of Phantasia», p. 498.
57 De an. III 3, 428b18–19; pour la faculté intellective, cf. ibid., 6, 430a26–27.
58 Éth. Nic. VIII 2, 1155b23–27.
59 De mot. an. VI 700b28–29.
60 Éth. Nic. X 10, 118b14–15‥
61 Cf. ibid., I 4, 1096a 12 sqq.; Éth. Eud. 17, 1217a39 sqq.
62 Éth. Nic. III 6, 1113a29–33. Cf. également ibid., IX 9, 1170a15; a21–22; X 5, 1176a9 sqq.; Mag. mor. II 9, 1207b31–34; Pol. VII 13, 1332a21 sqq.
63 Ibid., VI 13, 1144a34.
64 Ibid., VI 5, 1140b18–21.
65 Ibid., VI 13, 1144b31–32.
67 Cf. ibid., III 5, 1112b12; Éth. Eud. II 10, 1226blO; etc.
68 Cf. ibid., I 13, 1102b30.
69 Cf. ibid., II 2, 1104b9 sqq.
70 Cf. ibid., II 1, 1103a17 sqq.
71 Cf. ibid., VI 13, 1144a36–37; b31–33; X 8, 1178a18–19; etc.
72 Cf. ibid., VI 13, 1144a24 sqq.
73 Cf. Pol. I 13, 1260a31 sqq.: «L'enfant étant un être imparfait, sa vertu manifestement ne peut se rapporter à sa propre personne, mais à sa fin et à l'autorité qui le dirige […].» Cf. également Éth. Eud. VIII 3, 1249b6 sqq. et Éth. Nic. I 3, 1095b20–22.
74 Éth. Nic. III 6, 1114a31–b3.
75 De an. III 3, 427b18. Ces textes montrent à l'évidence qu'il est exagéré de dire avec K. Lycos et D. J. Allan que l'imagination n'est jamais active ou volontaire chez Aristote. Lycos, K., «Aristotle and Plato on “Appearing”», Mind, vol. 73 (1964), p. 496–514CrossRefGoogle Scholar; cf. p. 496; Allan, D. J., The Philosophy of Aristotle, Londres, Oxford University Press, 1951, p. 75Google Scholar. Engmann, Voir J., «Imagination and Truth in Aristotle», Journal of the History of Philosophy, vol. 14 (1976), p. 259–265; cf. p. 264.CrossRefGoogle Scholar
76 Éth. Nic. III 6, 1113a26–27.
77 Cf. De an. III 3, 428b2–3.
78 Cf. De insom. III 462a2–8.
79 Cf. Mét. A 1, 980b28 sqq.; An. post. II 19, 100a5 sqq.
80 Éth. Nic. VI 9, 1142a13–15.
81 Cf. ibid., VI 12, 1143bll–17.
82 De an. III 10, 433b7–10.
83 Cf. Éth. Nic. VI 5, 1140a26 sqq.
84 De an. III 7, 431b6–8.
85 Ibid., III 11, 434a7–10.
86 Cf. Éth. Nic. III 5, 1112b17.