Hostname: page-component-586b7cd67f-rcrh6 Total loading time: 0 Render date: 2024-11-26T08:54:02.841Z Has data issue: false hasContentIssue false

Le Problème ontologique

Published online by Cambridge University Press:  09 June 2010

Stanislas Breton
Affiliation:
Institut Catholique de Paris

Extract

La philosophie parle de nouveau le langage de l'être. Plus précisément une certaine philosophic Quelques titres retentissants ont conjugué l'être et le temps, l'être et le néant, le problème et le mystère de l'être. On pourrait croire que nous sommes entrés, après un intermède d'abstention et de rupture, dans un nouvel âge de l'ontologie. Ce nouvel âge serait-il une simple réminiscence? Ou bien imposerait-il un nouveau style, une mutation brusque qui secoue les vieilles habitudes et nous oblige à retrouver, par une conversion radicale, les forces neuves d'un premier orient? Je n'ai point à en décider. Remarquons, en passant, que la réminiscence ne s'oppose pas à l'invention; que la creation la plus merveilleuse n'est peut-être qu'une reprise de contact avec un présent déjà-là. Et que l'originalité du philosophe est moins dans la construction d'un monde que dans le retour, à effectuer sans cesse, vers une origine. Dans cette perspective, les questions que nous posons perdent de leur intérêt. Il s'agit moins de savoir si l'on fait du neuf ou de l'ancien que de savoir avec quelque netteté ce que l'on dit et ce que l'on fait.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1967

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1 Je ne prétends pas que toute interrogation vérifie, en fait, ces trois moments. Selon l'accent et les possibilités de l'interrogeant, la question insistera sur l'un ou sur l'autre. Je dégage une logique, non une psychologie de la question. Toute interrogation, en acte de l'un de ses moments, est « puissance » des deux autres. Cette logique d'implication, lorsqu'elle se traduit dans un processus psychologique, ouvre un horizon de conscience qui ne s'actualisera pas nécessairement. D'où la nécessité de distinguer les deux plans, sans les opposer comme deux « incommunicables ».

2 La nécessité de cet a priori transparait dans les thèses mêmes du réalisme thomiste sur la connaissance sensible. La théorie de l'objet formel ne peut avoir un sens que si chaque puissance sensible dispose d'un a priori, constitutif d'un horizon où doit nécessairement apparaître tout objet « matériel », et concret, de perception. C'est une nécessité d'essence pour la vue que ses objets soient du « coloré ».

3 Les deux termes ne sont pas synonymes, bien que la réalité qu'ils désignent soit identique. On pourrait, à la rigueur, en écho à la distinction proposée par Frege entre Sinn et Bedeutung, distinguer leur sens de leur signification. L'usage français ne permet guère ces subtilités. L'étymologie suggérerait une distinction entre ce qui est origine et ce qui est soutien. Je ne suis point certain que ces nuances soient perceptibles dans le langage courant des philosophes contemporains. On m'a fait remarquer que « principe » se réfère à l'ordre du réel, tandis que fondement a une acception moins large qui le confine au domaine gnoséologique ou épistémologique. Je ne puis en décider. La Grundlagenforschung inviterait à réserver « fondement » au langage d'une réflexion qui s'interroge sur l'origine logique, psychologique etc… des concepts dits fondamentaux dans le domaine des sciences. Quoi qu'il en soit, il ne faut point que la diversité des perspectives fasse oublier leur convergence.

4 Je me limiterai dans cette esquisse au premier « moment » de l'interrogation. L'élaboration que j'en propose laissera deviner la forme du second et du troisième moment.

5 Les logiciens parlent de propositions non de jugements; le jugement comme acte est de la seule compétence du psychologue. Le terme freghien « Gedanke », dont la proposition serait l'expression, me semble être l'équivalent du « verbum mentis » des médiévaux, considéré non comme acte mais comme produit ou construction d'un acte. C'est ce verbe mental qui s'objective dans la proposition, dont la phrase, sous ses différentes formes, est la traduction. La proposition est vraie ou fausse. L'acte, comme tel, n'est ni vrai ni faux. Il ne l'est qu'indirectement, comme reconnaissance de la vérité ou de la fausseté propositionnelles.

6 Ceci, bien entendu, ne contredit pas le principe logique selon lequel « a implique a », e'est-à-dire une proposition s'implique elle-même.

7 On m'objectera que j'oublie le cas des propositions simples attributives qui ne component qu'une seule détermination, celle que désigne le prédicat. Mais je ne puis nommer, ou désigner le sujet, sans inclure dans le nom prope un certain type de sujet, susceptible de figurer dans une proposition sous tel prédicat. Un sujet absolument indistinct ou indéterminé se confond avec la matière, premier substrat, passible, lui, de toutes les déterminations.

8 Je ne puis discuter ici la question des propositions négatives. Je ne crois pas que la negation soit passible d'une exégèse exclusivement psychologique ou sociologique. Je l'assimilerai plutôt à l'Hétérotès platonicienne.

9 Je me place dans l'optique de la logique classique.

10 Pour être exact, désignons par les lettres : S, P, D, les trois sous-ensembles en question; et par x l'élément générique qui les décrit. Si je les définis en compréhension nous aurons :

en d'autres termes, chacun des éléments doit satisfaire aux propriétés respectives : « susceptible de synthèse », « susceptible de position », « susceptible de doxa ». Si par contre, je les prends en extension, je dirai qu'ils sont constitués par les mêmes éléments et, par là même, égaux entre eux.

11 Je parle d'un groupe d'opérations à propos du jugement. Je ne prétends pas pour autant aligner la philosophic sur les mathématiques. Il me semble que certains concepts mathématiques peuvent être d'une grande utilité pour le philosophe.

12 Je m'inspire, pour ces precisions, Dupont, d'E., Apprentissage mathématique, I, Paris, 1965.Google Scholar

13 Je réserve à une autre étude cet « ultérieur» dont j'ai tenu à marquer la place dans le cours de ces réflexions.

14 On peut y ajouter l'opposition de la forme et du fond en Gestaltpsychologie.

15 Anté-prédicatif peut signifier soit expérience pré-scientifique soit expérience pré-judicative. En ce dernier sens, qui permettrait de distinguer de la perception les jugements de perception, il faudrait admettre, ce qui me paraît exorbitant, un substrat d'expérience spontanée préalable — de nature non de temps — à tout jugement. Cette thèse extrême me paraît impliquée dans certains textes « phénoménologiques ».

16 Je me permets de renvoyer à mon étude Monde et Nature, in Recherches de philosophic, Paris, 1966, pp. 9 svGoogle Scholar. On y trouvera l'ébauche d'une théorie qui sera développée dans l'ouvrage, prochainement à paraître, Être et Monde. La familiarité avec l'idée de monde tend à masquer d'une évidence commune l'extrême complexité de la problématique. J'ai tenté de restituer tout d'abord la question en toute son ampleur.

17 Nous aurions ainsi, si nous pensons les choses au niveau du langage, un champ sémantique qui organise les divers sens du terme « monde » autour d'un pôle d'identité et de gravitation. L'être du monde renvoie à un être-au-monde qui s'appuie à son tour à un être soi comme le devant-être d'un acte de Selbstsetzung, pour reprendre une terminologie fichtéenne. Je me permets de renvoyer à mon article « Substance et Existence », Giornale di Metajisica, Janvier 1967.