Hostname: page-component-586b7cd67f-dlnhk Total loading time: 0 Render date: 2024-11-27T00:30:56.102Z Has data issue: false hasContentIssue false

La philosophie morale depuis la mort de Dieu*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Jocelyne Couture
Affiliation:
Université du Québec à Montréal

Extract

L'avènement de la modernité a privé la morale de ses sources traditionnelles et l'a laissée devant une dichotomie dont les termes sont également inacceptables: d'un côté l'historicisme avec son cortège de relativisme et de scepticisme et de l'autre, la raison impérative, universelle et vide de contenu moral. Entre les certitudes des Anciens, les dilemmes de la modernité et les abîmes du postmodernisme, la philosophie morale et politique contemporaine ne serait pourtant pas condamnée à l'impotence. La conviction de Charles Larmore est en effet que les diverses conceptions philosophiques qui nous ont successivement menés à pareille impasse nous offrent aussi les moyens d'en sortir. Cette conviction œcumenique est elle-même ancrée dans une ethique de la pensee qui devrait, comme l'auteur s'en explique dans l'introduction de Modernité et morale, nous détourner du dogmatisme et du monisme traditionnels de la philosophie. Sur cet arrière-plan métaphilosophique, l'auteur prétend done faire, des problèmes de la morale contemporaine, l'objet d'une discussion ouverte où il convie les philosophes de toutes tendances et de tous les temps.

Type
Critical Notices/Études critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1997

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1 Larmore, Charles, Patterns of Moral Complexity, Cambridge, Cambridge University Press, 1987, p. ix.CrossRefGoogle Scholar

2 Je veux réserver l'espace dont je dispose ici pour la discussion des thèses qui sont reliées de façon plus fondamentale aux positions philosophiques de Larmore, mais je m'en voudrais de ne pas souligner le caractère extreêmement problématique de celle-ci. Si l'existence d'un conflit requiert la suspension du jugement, alors aucune action, dans ces circonstances, ne peut être rationnelle. Contrairement à ce que recommande la raison pratique en général et le raisonnement moral en particulier, la décision de ne pas agir serait done préférable à celle d'agir au meilleur de sa connaissance. Je partage plutôt, sur ce point, les vues d'Isaac Levi (Hard Choices, Cambridge, Cambridge University Press, 1986Google Scholar) et je me permettrai de renvoyer le lecteur à son «Conflict and Inquiry» (Ethics, vol. 102 [juillet 1992], p. 814834CrossRefGoogle Scholar), où Levi critique précisément la position de Larmore.

3 Larmore écrit indifféremment «anticognitivisme» et «non-cognitivisme». Je m'en tiendrai à la première dénomination sauf, bien entendu, pour respecter le texte des citations.

4 Rawls, John, Political Liberalism, New York, Columbia University Press, 1993Google Scholar, trad. franç. Audard, Catherine, Libéralisme politique, Paris, Presses Universitaires de France, 1995.Google Scholar

5 Le lecteur enclin à croire que ce verdict est trop implacable pourra consulter Gibbard, Allan, Wise Choices, Apt Feeling: A Theory of Normative Judgments, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1990.Google Scholar

6 Cette stratégie est clairement exposée dans «The Ideology of Social Contract», dans Gauthier, David, Moral Dealing: Contract Ethics and Reason, Ithaca-Londres, Cornell University Press, 1990, p. 325354.Google Scholar

7 Rawls, John, A Theory of Justice, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1971Google Scholar, trad, franç. Audard, Catherine, Théorie de la justice, Paris, Éd. du Seuil, 1987.Google Scholar

8 J'inscris en passant mon désaccord avec cette critique. À mon avis, Larmore ne tient pas compte du fait qu'en vertu de l'approche cohérentiste — du moins dans les versions que je connais, mais Larmore n'identifie pas ses cibles — aucune proposition ou famille de propositions n'est tenue pour plus fondamentale que les autres. C'est le cas, par exemple, des versions qu'en retiennent Nielsen, Kai («À la recherche d'une perspective émancipatrice: l'équilibre réfléchi large et le cercle herméneutique», dans Éthique et rationalité, sous la dir. de Jocelyne Couture, Liège, Mardaga, 1992, p. 5171Google Scholar) et Daniels, Norman («Reflective Equilibrium and Archimedian Points», Anns Equality and Liberty, sous la dir. de J. Angelo Corlett, Londres, Macmillan, 1991, p. 90109).CrossRefGoogle Scholar

9 Voir, par exemple, Gray, John, Post-Liberalism: Studies in Political Thought, New York, Routledge, 1993.Google Scholar

10 Voir par exemple Hampton, Jean, «Should Political Philosophy Be Done without Metaphysics?», Ethics, vol. 99, no4 (1989), p. 791814.CrossRefGoogle Scholar