Les critères qui ont cours dans les milieux de l'enseignement et de la recherche scientifique pour mesurer et jauger la « valeur » de la philosophie ne sont peut-être pas essentiellement différents ni tellement plus critiques que ceux, inaperçus mais non moins efficaces, que secrète notre vie journalière et anonyme, modelée et transie par un monde avili, intolérant, techniciste, axé principalement sur la consommation et l'accumulation du profit. La société postindustrielle dans laquelle nous vivons, soutenue toute entière par une volonté de puissance, c'est-à-dire par une recherche incontrôlée de rendement maximum, d'efficacité cumulative, peut difncilement accueillir, à l'intérieur de ses coordonnées habituelles basées sur des évidences palpables, une pensée qui, par essence, s'éloigne et de l'immédiateté et de l'efficacité et de l'évidence elle-même.