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Cournot et la mathématisation de l'économie selon Claude Ménard

Published online by Cambridge University Press:  05 May 2010

Maurice Lagueux
Affiliation:
Université de Montréal

Extract

C'est un ouvrage remarquable à bien des égards que Claude Ménard, qui est né au Québec en 1944 et a étudié en France l'histoire des sciences et l'économie avant d'enseigner l'histoire aux Pays-Bas, a récemment publié chez Flammarion sous le titre La formation d'une rationalité économique: A. A. Cournot. L'épistémologue des sciences sociales y trouvera une analyse intelligente et documentée d'une contribution qui occupe, par rapport à la formation de l'économie moderne, une place qui n'a probablement d'équivalent dans aucune autre discipline. L'historien de la philosophie, tout autant que celui de l'économie, y appréciera l'éclairage neuf jeté sur l'œuvre d'un penseur dont l'importance a toujours été méconnue malgré le fait – ou peut-être plutôt à cause du fait – qu'au milieu du XIXe siècle, il se consacrait à des questions théoriques qui souvent n'allaient devenir importantes que pour les hommes du XXe siècle. L'historien des idées saura gré à l'auteur d'avoir su situer son analyse de la contribution de Cournot dans le contexte plus large des institutions et des idées qui ont fait du XIXe siècle le moment décisif de la reformulation moderne des idéologies. L'analyste des idéologies y trouvera donc aussi matière à réflexion puisque le rapport des sciences sociales et des idéologies y est abondamment discuté encore que, comme je chercherai à le montrer, le traitement proposé risque davantage, sur ce point, de laisser le lecteur sur sa faim.

Type
Critical Notices/Études critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1981

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References

1 Ménard, Claude, La formation d'une rationalité économique: A.A. Cournot, Paris, Flammarion, 1978, 327 pp.Google Scholar, désigné ici par le sigle F.R.E.C.

2 Cournot, A.A., Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses, avec notes et complements Lutfalla, de M. Georges, Paris, Marcel Riviere, Nouvelle édition 1938 (edition originale 1838).Google Scholar

Une édition de cet ouvrage est récemment paru (1974) à Paris chez Calmann-Lévy, avec une préface de Henri Guitton, dans la collection « Les Fondateurs » (voir cependant note 3). On pourra aussi se référer à la traduction anglaise (voir note 3): COURNOT, A.A.,

Researches into the Mathematical Principles of the theory of Wealth, trad. Bacon, T., avec notes et bibliographic par Irving Fisher, New York, Augustus M. Kelley (reprint i960), édition originale 1897, 209 pp.Google Scholar

3 II est malheureux qu'aujourd'hui encore, plus de cent quarante ans aprés la partition des Recherches, le lecteur francophone ait, jusqu'à un certain point, intérêt à se reporter a la traduction anglaise, s'il veut lire cet ouvrage sans être importuné par les nombreuses incorrections typographiques qui se sont glissées dans le texte de Cournot et en particulier dans ses notations algébriques. II y trouvera aussi, en introduction à une sorte d'édition revue et corrigée du texte traduit, l'ensemble des notes sur les mathematiques de Cournot par Irving Fisher qui examine en détail la démarche implicite aux precédés algébriques souvent assez elliptiques de l'auteur. Fisher fait aussi etat, dans une préface, des deux erreurs mathématiques plus substantielles de Cournot, erreurs qu'il discute ailleurs (voir note 14) et que Ménard à son tour examine avec attention.

L'édition française, chez Riviére, a par contre le mérite de restituer le texte original en reportant aux notes de Lutfalla, á lafinde l'ouvrage, la mention d'une bonne part des corrections qu'il fallait faire. Le lecteur se méfiera cependant de l'édition récente, chez Calmann-Lévy, quiest aisément accessible en librairie, mais qui ajoute généreusement de nouvelles erreurs typographiques (principalement dans les notations algébriques encore une fois) à celles de l'édition originale, lesquelles ne sont nullement soulignées, pas plus d'ailleurs que les deux erreurs substantielles abondamment discutées dans la littérature durant les trois quarts de siecle antérieurs. Cette édition, de plus, supprime la numérota-tion des paragraphes et, surtout, ne reproduit pas en annexe les graphiques auxquels le texte se réftre abondamment et que Cournot a le mérite d'avoir introduit décisivement dans la littérature économique.

4 F.R.E.C.pp. 8,278,301.

5 ibid, p. 183.

6 ibid, p. 257. Voir, à ce sujet, l'attention assez exceptionnelle que le premier numéro de la revue Econometrica (1933) sernble porter à Cournot et à sa contribution à l'économie mathématique.

7 voir à ce sujet, F.R.E.C., pp. 150–151.

8 voir ibid, pp. 131 á 135.

9 cf ibid, p. 144.

10 Cournot, A.A.Principes de la théorie des Richesses, Paris, Hachette, 1863, 523 pp.Google ScholarCournot, A.A.Revue sommaire des doctrines économiques, Paris, Hachette, 1877, 339 PP.Google Scholar

11 F.R.E.C., p. 196.

12 ibid, p. 222.

13 ibid, p. 257.

14 Fisher, I., «Cournot and Mathematical Economics », Quarterly Journal ofEconomics, Janvier 1898, pp. 129 à 132Google Scholar.

15 F.R.E.C.p. 64.

16 ibid, p. 209.

17 ibid, p. 302.

18 ibid, pp. 220-221, le souligné est de Ménard.

19 ibid, p. 223, le souligné est de Ménard.

20 ibid, p. 302.