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Claude Tresmontant et la preuve cosmologique*
Published online by Cambridge University Press: 13 April 2010
Abstract
This paper examines Claude Tresmontant's attempt to provide a philosophical argument in favour of God's existence using the results of modern science. Like many contemporary theists, Tresmontant believes that discoveries in the field of astrophysics, rightly interpreted, lead to the postulation of a deity. This paper challenges the philosophical presuppositions of Tresmontant's argument and the thesis that current cosmological theories can be used to construct a valid proof of the existence of God.
- Type
- Articles
- Information
- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 37 , Issue 2 , Spring 1998 , pp. 271 - 290
- Copyright
- Copyright © Canadian Philosophical Association 1998
References
Notes
1 Voici un passage caractéristique : «[…] la métaphysique n'est pas morte […], bien au contraire, elle ne s'est jamais imposée avec autant de force et d'urgence, parfois même de clarté, à partir de ce que nous découvrons au sujet de l'Univers, de la matière, des êtres vivants. Les problèmes métaphysiques ne se sont jamais imposés d'une manière aussi vive. Les scientifiques les aperçoivent, mais ils ne savent pas les traiter» (Tresmontant, Claude, Sciences de l'univers et problèmes métaphysiques, Paris, Seuil, 1976, p. 8).Google Scholar
2 Voir, par exemple, Tresmontant, Claude, Les métaphysiques principales, Paris, OEIL, 1989, p. 63–79.Google Scholar
3 Tresmontant, Claude, Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu, Paris, Seuil, 1966, p. 8.Google Scholar
4 Ibid.
5 Ibid., p. 32.
6 Ibid.
7 Ibid., p. 31.
8 Ibid., p. 77–78. Passage souligné par l'auteur.
9 Ibid., p. 75.
10 Ce que Tresmontant appelle «la théologie des Hébreux» c'est avant tout la doctrine de la création ex nihilo. Pourtant, ainsi que l'écrit J. Fantino, «l'Ancien Testament ne connaît pas la notion de création à partir de rien». Ce n'est qu'au deuxième siècle de notre ère, chez Théophile d'Antioche et saint Irénée de Lyon, que cette doctrine commence à se constituer. Voir Fantino, Jacques, «L'origine de la doctrine de la création ex nihilo. À propos de l'ouvrage de G. May», Revue des sciences philosophiques et théologiques, vol. 80, no4 (1996), p. 589–590.Google Scholar
11 Claude Tresmontant, Comment se pose…, p. 77.
12 Ibid., p. 79.
13 Ibid., p. 110.
14 Ibid.
15 Ibid., p. 112.
16 Ibid., p. 110–111.
17 Il s'agit des pages 725 à 747 dans l'«Édition du Centenaire» (2e edition) des Œuvres, Paris, PUF, 1963Google Scholar. Toutes les citations de Bergson renvoient à cette édition. L'analyse présentée dans L'Évolution créatrice (1907) avait été publiée en 1906 dans la Revue philosophique. Bergson y est revenu par la suite dans un article publiée en 1930 dans la revue suédoise Nordisk Tidskrift et compris dans un recueil d'articles et de conférences publié en 1934 sous le titre de La pensée et le mouvant (Œuvres, p. 336–1338). Le sujet est abordé une dernière fois dans Les deux sources de la morale et de la religion (1932) (Œuvres, p. 1188–1189).
18 Henri Bergson, La pensée et le mouvant, dans Œuvres, p. 1336.
19 On en trouvera une évocation au chapitre 3 du livre de Maritain, Jacques, La philosophie bergsonienne, Paris, Téqui, 1948.Google Scholar
20 Claude Tresmontant, Comment sepose…, p. 87–88.
21 C'est ce qu'a bien compris un Charles Hartshorne qui, tout en soutenant qu'il y a un être nécessaire, reconnaît que prouver qu'il est nécessaire que quelque chose existe n'est pas la même chose que prouver qu'il y a un existant nécessaire. Voir Creative Synthesis and Philosophical Method, Londres, SCM Press, 1970, p. 245 et passim.Google Scholar
22 de Tonquédec, Joseph, «Monsieur Bergson est-il moniste?», Études, vol. 130, no18 (1912), p. 514Google Scholar. Pour les autres pièces du dossier, voir les lettres de Bergson du 12 mai 1908 et du 20 février 1912 à J. de Tonquédec publiées dans Ibid., (p. 516 et 514–516), reproduites dans Bergson, Henri, Écrits et paroles, Paris, PUF, 1959, t. II, p. 296 et 365–366.Google Scholar
23 Claude Tresmontant, Les métaphysiques principales, p. 60.
24 Claude Tresmontant, Sciences de l'univers et problemes métaphysiques, p. 41.
25 Claude Tresmontant, Comment se pose…, p. 107.
26 Augustin d'Hippone, Les Confessions, XI, XIII, 16, dans Œuvres de saint Augustin, 14, Paris, Desclée de Brouwer (Bibliothèque augustinienne), 1962, p. 297.Google Scholar
27 Objection déjà formulée par Boèce et rapportée par les médiévaux dans leurs discussions topiques sur la question de la création. Voir, par exemple, de Thomas d'Aquin, De potentia, quest. 3, art. 1, arg. 7.
28 Voir ci-dessous le passage indiqué à la note 33.
29 Leibniz, G. W. F., Principes de la nature et de la grâce, fondés en raison, §7, dans Die Philosophischen Schriften, vol. 6, éd. Gerhardt, , Hildesheim, , Olms, Georg, 1961 p. 602Google Scholar. L'être n'est un problème que parce que le néant n'en est pas un. C'est ce que Grünbaum («Some Comments on William Craig's “Creation and Big Bang Cosmology”», Philosophia Naturalis, vol. 31, no2 [1994], p. 230Google Scholar et passim) a appelé la thèse de la spontanéité du néant. Est-il besoin de dire que l'idee selon laquelle le néant irait de soi, loin de constituer quelque évidence métaphysique, est un postulat indémontré de la métaphysique.
30 Voir ci-dessus, n. 25.
31 Maritain (La philosophie bergsonienne, p. 35–36), pour justifier sa critique de l'analyse bergsonienne, écrivait ceci: «On pourrait dire que dans la démonstration de l'existence de Dieu, notamment dans la tertia via, l'idée du néant absolu intervient bien, puisqu' on s'appuie précisément sur le principe : “qu'à un moment rien ne soit, et éternellement rien ne sera”. De plus et surtout, la manière dont M. Bergson essaie d'établir que l'idée du néant absolu est contradictoire, détruit la véritable nature de l'idée du néant et signifie, en réalité, que le contingent existe par lui-même. C'est pourquoi il faut examiner de plus près cette argumentation».
32 Dans le même ordre d'idées, William Lane Craig écrit ce qui suit («The Origin and Creation of the Universe: A Reply to Adolf Grunbaum», British Journal for the Philosophy of Science, vol. 43, no2 [1992], p. 238Google Scholar), en réponse à une critique particulièrement acerbe que lui avait adressée Grünbaum : «Je ne vois pas quelle est la raison de l'objection qu'adresse Grünbaum à mon affirmation que l'univers vient à l'être (comes into being) ou que son origine est “soudaine”. Un objet physique vient à l'être (comes into being) s'il existe à l'instant t et s'il n'existe aucun instant antérieur à t où il existe; un événement est soudain s'il se produit sans avertissement». Cette dernière proposition peut prêter à sourire : quel sens cela peut-il avoir de parler du commencement de l'univers comme se produisant «sans avertissement»?
33 H. Bergson, L'Évolution créatrice, p. 728–729.
34 C'est déjà le reproche que Théophile adresse à la preuve de Philalèthe dans : Leibniz, G. W. F., Nouveaux essais sur l'entendement humain, livre IV, chapitreX, §6, Paris, Garnier-Flammarion, 1990, p. 344Google Scholar. Le désaccord de Théophile porte sur l'expression «quelque chose a existé de toute éternité». Il explique ainsi: «J'y trouve de l'ambiguïté. Si cela veut dire qu'il n'y a jamais eu un temps où rien n'existait, j'en demeure d'accord […]. Car si jamais il y avait eu rien, il y aurait toujours eu rien, le rien ne pouvant point produire un être; done nous-mêmes ne serions pas, ce qui est contre la première vérité d'expérience. Mais la suite fait voir d'abord que, disant que quelque chose a existé de toute éternité, vous entendez une chose éternelle. Cependant il ne s'ensuit point, en vertu de ce que vous avez avancé jusqu'ici, que s'il y a toujours eu quelque chose, il y a toujours eu une certaine chose, c'est-à-dire qu'il y a un être éternel».
35 Craig, William Lane, «Creation and Big Bang Cosmology», Philosophia Naturalis, vol. 31, no2 (1994), p. 219.Google Scholar
36 «Le vieil argument d'une finalité dans la nature, comme le présente Paley, qui me semblait autrefois si concluant, est tombé depuis la découverte de la loi de la sélection naturelle. Désormais nous ne pouvons plus prétendre que la belle charnière d'une coquille bivalve doive avoir été faite par un agent intelligent, comme la charniére d'une porte par l'homme» (Darwin, Charles, Darwin, 1809–1882 :l'autobiographie, Paris, Belin [Un savant, une époque], 1985, p. 72).Google Scholar
37 C'est le cas de John Maddox qui allègue les travaux d'une équipe de l'Université de Cambridge qui tente de montrer que l'hypothèse d'une singularité punctiforme est incompatible avec les données expérimentales; aussi ces auteurs proposent-ils de substituer un Big Bang à structure linéaire à celui, de structure punctiforme, de la théorie classique. Voir Maddox, John, «Down with the Big Bang», Nature, vol. 340 (1989), p. 425CrossRefGoogle Scholar. Soulignons par ailleurs que, comme le signale John Earman qui renvoie à un article de R. A. Johnson, selon la conception dominante, l'»evenement» Big Bang est conçu comme un point pour lequel la séparabilité de Hausdorff par rapport aux points intérieurs n'est pas vérifiée, ce qui revient à dire que la singularité n'est pas isolable de manière nette des points-événements qui «l'environnent». Et John Earman d'expliquer : «En raison de l'absence d'une technique donnant des résultats intuitivement acceptables permettant de rattacher des points singuliers à l'espace-temps, il est peut-être préférable de renoncer à parler de singularités de l'espace-temps—langage qui laisse entendre que l'on a affaire à des objets localisables — pour parler plutôt d'espaces-temps singuliers — qui ne comportent pas cette connotation». Earman, J., Bangs, Crunches, Whimpers, and Shrieks, New York, Oxford University Press, 1995, p. 36.Google Scholar
38 C'est le cas de Stephen Hawking. Voir notamment son best-seller : A Brief History of Time, Toronto, Bantam, 1988Google Scholar; trad, franç. : Une breve histoire du temps, Paris, Flammarion, 1989.Google Scholar
39 Voir par exemple la suggestion de Tryon, E., «Is the Universe a Quantum Fluctuation?», Nature, vol. 246, (1973), p. 396–397CrossRefGoogle Scholar, reprise et radicalisee par Vilenkin, A., «Creation of Universes from Nothing», Physics Letters B, vol. 117 (1982), p. 25–28CrossRefGoogle Scholar. Voir également la suggestion de Hartle, J. B. et Hawking, S. W., exposée dans «Wave Function of the Universe», Physical Review D, vol. 28, no12 (1983), p. 2960–2975CrossRefGoogle Scholar. Ces différentes propositions ont suscité une abondante littérature et de vives critiques, notamment de la part de la communauté scientifique. Nous les évoquons ici dans le seul dessein de montrer que d'autres hypothèses que celle du Big Bang sont envisagées par les savants.
40 Claude Tresmontant, Comment sepose…, p. 35–38.
41 Voir Dawkins, R., The Blind Watchmaker, Londres, Penguin, 1988Google Scholar; trad, franç. : L'horloger aveugle, Paris, Laffont (La fontaine des sciences), 1989.Google Scholar
42 C'est d'ailleurs l'ambition de la proposition de Hawking et Hartle. Il nous semble que les auteurs de vulgarisation ont fait un grand tort à l'intelligence de cette suggestion en parlant à son sujet de «creation de l'univers à partir de rien». Voir Davies, P., The Mind of God, New York, Touchstone, 1993Google Scholar, et Isham, Chris, «Creation as a Quantum Process», dans Physics, Philosophy and Theology: A Common Quest for Understanding, sous la dir. de Robert J. Russell, William R. Stoeger et George V. Coyne, Cité vaticane, 1988, p. 375–407Google Scholar. Ce dernier auteur écrit pourtant (p. 405), à propos de la différence entre la théorie du Big Bang et la «fonction d'onde de l'univers» de Hartle et Hawking: «There is no doubt that, psychologically speaking, the existence of this initial singular point is prone to generate the idea of a Creator who sets the whole thing rolling. The new theories would appear to plug this gap rather neatly». Voir également les remarques de Misner, Charles, «Cosmology and Theology», dans Cosmology, History, and Theology, New York-Londres, Plenum Press, 1980, p. 91 et passim.Google Scholar
43 d'Aquin, Thomas, Scriptum super Sententiis, livre II, d. 1, quest. 1, art. 4 solutio, éd. Mandonnet, Paris, Lethielleux, 1929, p. 25–26.Google Scholar