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Aristote a-t-il fait l'hypothèse de pulsions inconscientes à l'origine du comportement humain?*
Published online by Cambridge University Press: 13 April 2010
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J'aborde, ici, une question que personne, à ma connaissance, n'a soulevée sous cette forme en lisant Aristote et, en même temps, le commentaire d'un passage qui, toujours à ma connaissance, n'a reçu l'attention qu'il mérite chez aucun interprète.
Deux remarques préliminaires s'imposent, afin de préciser mon propos.
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- Articles
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- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 26 , Issue 4 , Winter 1987 , pp. 705 - 714
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- Copyright © Canadian Philosophical Association 1987
References
1 Green, A. parle des «obscurités que recèle ce concept» et de «l'ignorance dans laquelle on demeure à ce sujet sur plus d'un point» (dans Encyclopaedia Universalis [6e éd.; Paris: Encyclopaedia Universalis, 1975], vol. 13, 811).Google Scholar
2 Les partisans de la théorie de la suggestion (cf. «Ecole de Nancy») ont soutenu, contre «l'Ecole de Paris», que l'état d'hypnose, quoique produit artificiellement, n'est pas un état pathologique, mais s'apparente à une situation naturelle et normale.
3 Schopenhauer, A., Die Welt als Wille und Vorstellung, Hersg. O. Weiss (Leipzig: Hesse und Becker, 1919)Google Scholar, suppl. au deuxième livre, chap. 27, 430.
4 A cet égard, précisons que si le phénomène de suggestion posthypnotique a pu être jugé révélateur de la manière dont les mobiles inconscients peuvent régir nos comportements ordinaires, le phénomène analogue que décrit Aristote ne témoigne pas, selon lui, en faveur d'une thèse quelconque. Le naturaliste ne confère aucune portée au fait qu'il décrit. Seul l'interprète s'interroge là-dessus.
5 Les textes des Parva naturalia (donénavant PN), a-t-on dit, «ont été retravaillés plusieurs fois» par Aristote (cf. I. Düring, Aristoteles. Darstellung und Interpretation seines Denkens [Heidelberg: Carl Winter Universitätsverlag, 1966], 560). Sur le sujet qui nous occupe ici, cette supposition n'a aucune espèce d'incidence.
6 La recherche d'une explication«naturelle», qui conduit Aristote à rejeter la croyance à une intervention divine dans les rêves, est l'attitude qui a le plus frappé S. Freud chez le Stagirite: cf. Die Traumdeutung (8e éd.; Leipzig: Deuticke, 1930), 2.Google Scholar
7 Car il se borne à dire: «il n'est pas irrationnel que» (De divinatione per somnum [dorénavant DD], 1, 463 a 3).
8 DD, 1, 463Google Scholar a 23–30. Nous traduisons ici le texte de l'excellente édition de H. J. Drossaart Lulofs (Leyde: Brill, 1947) que n'amendent pas celles, plus récentes, de R. Mugnier (Paris: Les Belles Lettres, 1953), D. Ross (Oxford Classical Texts [Oxford: Clarendon Press, 1955]) ou P. Siwek (Rome: Desclée, 1964). Ce passage a été négligé par les commentateurs, sauf H. Wijzenbeek-Wijler (Aristotle's Concept of Soul, Sleep and Dreams [Amsterdam, 1978], 237Google Scholar) qui se borne à écrire à son propos: «In this explanation of dreams or causes of action, Aristotle's psychological insight is revealed at its best. Today we say that certain unconscious drives are translated into dreams and vice».
9 De insomniis, 459 b 7 sqq.; 461 a 13 sqq.
10 Autres allusions au «mouvement» dans le DD: 463 a 8, 26, 27, b 18, 25; 464 a 6, 16, 18, 24, 25, 31, 32, b 5, 10 et 16.
11 Cf. DD, 464 a 16 sqq.; b 9; De ins., 461 a 13 sqq.; b 4.
12 De ins., 459 b 7–20.
13 Ibid., 461 b 22 sqq.
14 Cf. ibid., 461 a 13–30.
15 Cf. Shofield, M., «Aristotle on the Imagination», dans Aristotle on Mind and the Senses. Proceedings of the Seventh Symposium Aristotelicum (Cambridge: Cambridge University Press, 1978), 99–140Google Scholar (partie. 121).
16 Cette continuité, cependant, ne doit pas masquer le fait que l'imaginaire tombe, durant le sommeil, en dehors du contrôle du jugement ou de l'intelligence volontaire. Il revient, par ailleurs, sous son contrôle au réveil (cf. De ins., 461 a 26 sqq.). Nous reviendrons sur ce point tout à l'heure quant il sera question de déterminisme.
17 Aristote ne signale pas expressément cette autre image. Et, à la rigueur, l'explication pourrait en faire l'économie, si on se représente que le mouvement de la pensée est le prolongement du mouvement nocturne «de même longueur d'onde». Mais c'est une autre façon de parler. Et il faut bien supposer une image au principe de la réflexion intelligente, qui doit être nourrie d'imagination et ne peut fonctionner, selon Aristote, «à vide».
18 Nous ne considérons ici que la relation entre l'image (A ou A') et l'action. Car l'image onirique (A) est, par ailleurs, cause motrice ou efficiente de l'agitation physiologique et A' de la réflexion de la pensée.
19 DD, 463 b 1. Ajoutons que ces rêves, pour Aristote, sont eux-mêmes une minorité. Car «la plupart des rêves ne se réalisent pas» (ibid., b 9–10).
20 Eth. à End., VIII, 2, 1248Google Scholar a 20–21 et 27. Cf. Phys., VIII, 2, 253Google Scholar a 15–20 et 6, 259 b 8 sqq.
21 Cf. Aristoteles Werke in Deutscher Ubersetzung, bd. 7: Eudemische Ethik, übers, von F. Dirlmeier (Berlin: Akademie Ausg., 1962)Google Scholar, comm. ad locum.
22 Platon, , Rép., IX, 571, B-D.Google Scholar
23 En fait, Aristote ne laisse entendre nulle part à quelles conditions une image serait, selon lui, suggestive.
24 Exemple cité par Aristote en DD, 464 a 27–32.Google Scholar
25 Autre exemple cité par Aristote en DD, 463 a 15.Google Scholar
26 De ins., 460 b 3 sqq.Google Scholar
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