Hostname: page-component-586b7cd67f-2plfb Total loading time: 0 Render date: 2024-11-25T06:15:44.081Z Has data issue: false hasContentIssue false

Théories de la pensée, de ses objets et de son discours chez Guillaume d'Occam*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Élizabeth Karger
Affiliation:
CNRS — Paris

Extract

On sait qu'au debut de sa carriére, Occam a admis, comme une hypothése au moins probable, qu'en plus des choses réelles, toutes singuliéres, il y a de purs objets généraux d'intellection, dépourvus de tout être réel, qu'il appelle des «ficta». Les ficta étant posés, il leur identifiera à la fois les universaux et les concepts. Mais on sait aussi que c'est là une hypothése qu'aprés une période d'hésitation, il finira par abandonner. Ne pouvant désormais recourir aux ficta, il choisira d'identifier les concepts à des actes d'intellection et les universaux aux concepts généraux.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1994

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Notes

1 C'est surtout Ph. Boehner qui a contribué à établir ces faits, notamment dans «The Relative Date of Ockham's Commentary on the Sentences», Franciscan Studies, vol. 11 (1951), p. 305316CrossRefGoogle Scholar; réimprimé dans Collected Articles on Ockham, Saint-Bonaventure, NY, The Francisan Institute, 1958, p. 96110Google Scholar.

2 Le texte auquel je puiserai la premiere théorie, celle qui contient l'hypothése des ficta, est essentiellement le Commentaire des Sentences et ceux auxquels je puiserai la seconde, qui n'admet pas cette hypothese, sont les Quodlibets, la Somme de logique et les Questions sur la physique. Les références à ces textes et a d'autres textes d'Occam seront toutes à l'edition critique des œuvres philosophiques et theologiques d'Occam, publiée par le Franciscan Institute à Saint-Bonaventure, NY, dont les différents volumes sont parus entre 1967 et 1988 et dont on m'excusera de ne pas citer, pour chaque volume, le nom du ou des éditeurs. L'abréviation «OTh.» sera employee pour «Opera Theologica» et «OPh.» pour «Opera Philosophical». Les textes d'Occam et des autres auteurs latins qui seront cités le seront en français, traduits par moi.

3 Cf. Commentaire du livre I des Sentences [Ordinatio] (dorénavant «Ord.»), dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 271, lig. 16. Au sujet de la notion, chez Occam, d'existence objective d'une chose dans un intellect, voir ci-dessous la note 30.

4 Cf. Ord., dist. 30, quest. 5, dans OTh. IV, p. 393, lig. 16-p. 394, lig. 4.

5 Cf. Ord., dist. 3, quest. 6, dans OTh. II, p. 520, lig. 14–19.

6 Dans les Questions sur le livre IV des Sentences [Reportatio IV] (dorénavant «Rep.»), quest. 14, dans OTh. VII, p. 295, lig. 5–6, Occam écrit que «un acte est complexe qui se termine à un complexe», d'oú il s'ensuit qu'il est simple s'il se termine à un incomplexe.

7 Cf. Ord., dist. 3, quest. 2, dans OTh. II, p. 401, lig. 15–18. L'intellect humain est naturellement capable d'appréhender ainsi une chose si elle est réelle et il Test par assistance divine spéciale si, n'ayant «ni présence, ni existence», elle n'est que possible (cf. Questions variées, quest. 6, art. 11, dans OTh. VIII, p. 290, lig. 90–91).

8 Cf. Ord., Prol., quest. 1, dans OTh., I, p. 31, lig. 8–9.

9 Ibid., p. 31, lig. 10–14 et p. 32, lig. 4–9.

10 Ibid., p. 31, lig. 4–5.

11 Ibid., p. 31, lig. 17–22 et p. 32, lig. 10–15.

12 Cf Ord., Prol., quest. 1, dans OTh. I, p. 72, lig. 3–5.

13 Cf. Rep. II, quest. 12–13, dans OTh. V, p. 263, lig. 7–16.

14 «Je connais d'abord quelques choses singuliéres en particulier intuitivement ou abstractivement […] et, ayant cette connaissance, aussitôt […] si rien ne l'empêche, suit naturellement un autre acte, distinct du premier, qui se termine à un certain etre objectif qui est tel que Test dans son être subjectif la chose que j'ai vue d'abord. Et cet acte second produit ces universaux et intentions secondes» (Questions variées, quest. 5, dans OTh. VIII, p. 175, lig. 404–411).

15 Cf. Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 272, lig. 2–13.

16 Dans un texte ou il est présupposé que les concepts sont des ficta, Occam ecrit en effet:«[…] il n'y a pas d'inconvénient [… ] à ce que soit, dés le premier instant, causé à la fois une connaissance d'un [concept] tout à fait général et d'un [concept] d'espece spécialissime» (Ord., dist. 3, quest. 5, dans OTh. II, p. 478, lig. 1–3).

17 Dan s Ord., dist. 8, quest. 2, dans OTh. Ill, p. 190–194, où il présuppose que les concepts sont des ficta, Occam admet, comme une opinion recevable, que quelqu'un, voyant des boeufs et des ânes, puisse abstraire d'eux un concept qui leur est commun, soit qu'il ne soit commun qu'à ces deux espéces (p. 190, lig. 12–17), soit qu'il doive en inclure aussi d'autres (p. 194, lig. 15–25).

18 Cf. Rep. II, quest. 12–13, dans OTh. V, p. 307, lig. 20–24.

19 Cf. Ord., Prol., quest. 1, dans OTh. I, p. 30, lig. 12–15 et p. 31, lig. 4–6.

20 «Un fictum [… ] est ce qui termine immédiatement un acte d'intellection quand aucune chose singuliere n'est appréhendée» (Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 274, lig. 13–16).

21 Cf. Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 268, lig. 14–15.

22 «Aucun concept, si ce n'est peut-être un concept institué au gré du sujet (on verra plus loin à quoi il est ici fait allusion) ne peut etre [… ] propre à une seule chose» (Ord., dist. 2, quest. 9, dans OTh. II, p. 307, lig. 21–22).

23 Comme il le fait dans Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 274, lig. 9–10 et dans le texte cité à la note 14.

24 C'est en ce sens que les «anciens» prenaient la distinction entre «intention premieré» et «intention seconde», si l'on en croit Wodeham (Lectura secunda in librum primum sententiarum, dist. 23, ed. Wood, R., assistee de G. Gal, Saint-Bonaventure, NY, The Franciscan Institute, 1990, vol. Ill, p. 304, lig. 2529)Google Scholar.

25 Ord., Prol., quest. 2, dans OTh. I, p. 110, lig. 5–7.

26 Dans Ord., Prol., quest. 9, dans OTh. I, p. 270, lig. 1–2, s'agissant de la théologie des bienheureux, Occam admet qu'elle inclut «des verites dans lesquelles Dieu lui-meme est sujet parce qu'il est appréhendé [par le bienheureux] en lui-même et non pas dans un concept seulement».

27 Cf. Rep. II, quest. 12–13, dans OTh. V, p. 280, lig. 21-p. 281, lig. 4.

28 Ord., Prol., quest. 1, dans OTh. I, p. 49, lig. 16–18.

29 Une exception notable etant celle de Voir, E. P. Bos. son «William of Ockham and the “Predication of a Thing”», dans Bos, E. P. et Krop, H. A., dir., Ockham and Ockhamists, Nimégue, Ingenium Publishers, 1987, p. 7179Google Scholar.

30 Ainsi, si l'on en croit l'un de ses meilleurs interprétes, Marilyn Adams, Occam n'aurait jamais pensé qu'une chose extra-mentale put constituer un terme d'une proposition mentale «en tant que cette chose existe en réalité», mais seulement en tant qu'elle a, dans l'intellect qui l'appréhende, un mode d'existence propre aux objets de pensée, mode «non reel» d'existence que, selon elle, Occam entendait désigner en parlant d'existence «objective» (cf. «Ockham's Nominalism and Unreal Entities», Philosophical Review, vol. 86 [1977], p. 144176; p. 149, note 16; etCrossRefGoogle ScholarWilliam Ockham, Notre Dame, IN, University of Notre Dame Press, 1987, p. 7778)Google Scholar. Mais c'est la attribuer à Occam une doctrine, admise certes par nombre de ses aînés, qu'il a toujours combattue. Dire d'une chose extra-mentale reellement existante qu'elle «existe dans un intellect» — fût-ce l'intellect divin — «objectivement», c'est, de la part d'Occam, comme l'a bien compris Wodeham, Adam (cf. Lectura secunda…, dist. 8, quest. 2, éd. citée, vol. III, p. 44, lig. 5–10)Google Scholar, recourir a une expression mitaphorique dont le sens est seulement que cette chose est appréhendée par cet intellect, sans qu'elle doive pour autant acquérir en lui aucun mode d'existence {cf. Ord., dist. 36, quest. 1, dans OTh. IV, p. 534, lig. 7–8 et p. 550, lig. 8–15).

31 Lectura secunda…, Prol., quest. 6, éd. citee, vol. I, p. 148, lig. 23–36 et p. 149, lig. 9–10. Le fait que, dans le premier texte, ce soit Occam qui est cité, confirme que c'est bien lui qui, dés ses premieres lignes, est visé.

32 Cf. Quodlibets (dorénavant «Quod») IV, quest. 35, dans OTh. IX, p. 472–474, lig. 65–128.

33 Cf. Commentaire du Peri Hermeneias, I, Proœmium, OPh. II, p. 362–363, lig. 10–19, et Ord., Prol., quest. 3, dans OTh. I, p. 134, lig. 5–7. II existe même un texte où Occam envisage la possibilité d'une proposition dont non seulement chacun des extrêmes mais même la copule, qui serait en ce cas u n respectus d'inhérence, serait une chose singuliére extra-mentale. Comme il le reconnaît lui-même, le complexe propositionnel dont tels seraient les composants aurait alors tout entier une existence extra-mentale (Rep. II, quest. 1, dans OTh. V, p. 22, lig. 21-p. 23, lig. 2).

34 «Un fictum [… ] peut être un terme d'une proposition et supposer pour toutes les choses dont il est une image ou une similitude» (Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 279, lig. 6–11).

35 S'agissant, dans un texte déja cité {cf. note 26), de propositions vraies appartenant à la théologie des bienheureux, propositions dont le sujet est Dieu luimême, Occam affirme en effet que leur sujet «suppose pour luimême» (Ord., Prol., quest. 9, dans OTh. I, p. 270, lig. 4).

36 La signification «naturelle» s'oppose à la signification «ad placitum», qui est accordée à une chose par la volonté de celui ou de ceux qui l'utilisent comme signe, telle la signification accordee a une certaine production de la voix par ceux qui l'utilisent comme un terme du discours oral.

37 Dans le Commentaire des Sentences, ce principe est affirmé, entre autres, aux endroits suivants: Ord., Prol., quest. 3, dans OTh. I, p. 134, lig. 17–18; Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 282, lig. 17; et Ord., dist. 27, quest. 2, dans OTh. IV, p. 208, lig. 11–12.

38 C'est là une conception de la copule mentale contenue dans Rep. II, quest. 12–13, dans OTh. V, p. 280, lig. 17–21.

39 «[L'esprit] abstrait de mots oraux signifiant d'une certaine facon des concepts généraux prédicables de ces mots et impose ces concepts à signifier les choses extra-mentales elles-mêmes que ces mots signifient et [à les signifier] de la meme maniere qu'eux» (Ord., dist. 2, quest. 8, dans OTh. II, p. 286, lig. 6–9, supprimant le point que les éditeurs ont inséré à la ligne 8). Sur cette doctrine occamiste, on consultera l'intéressant article de Gelber, Hester: «I Cannot Tell a Lie: Hugh of Lawton's Critique of William of Ockham on Mental Language», Franciscan Studies, vol. 44 (1984), p. 141179, particuliérement aux pages 146–153CrossRefGoogle Scholar.

40 «Aucun des concepts “syncatégorématique”, “connotatif” ou “négatif ” [… ] ne peuvent convenir á certains concepts plutôt qu'à d'autres par eux-mêmes, mais seulement en vertu de la volonté des utilisateurs» (Ibid., p. 285, lig. 15–20).

41 Cf note 6.

42 Dans un acte de jugement, «l'intellect non seulement appréhende un objet [notamment un “complexe”, c'est-à-dire ici une proposition mentale], mais lui accorde ou lui refuse son assentiment» (Ord., Prol., quest. 1, dans OTh. I, p. 16, lig. 12–14).

43 Cf. Gál, G. «Gualteri de Chatton et Guillelmi de Ockham controversia de natura conceptus universalis», Franciscan Studies, vol. 5 (1967), p. 191212CrossRefGoogle Scholar.

44 Sur cette doctrine des actes intellectifs et sur celle du discours mental qui en dépend, nous avons déjà la tres intéressante étude de Panaccio, C. «Intuition, abstraction et langage mental dans la théorie occamiste de la connaissance», Revue de metaphysique et de morale, vol. 97, n0 1 (1992), p. 6181Google Scholar.

45 Cf. Quod. V, quest. 5, dans OTh. IX, p. 496, lig. 17–19.

46 Voir le texte cite plus bas a la note 50.

47 Selon Quod. I, quest. 13, dans OTh. IX, p. 74, lig. 46–48, «la connaissance abs-tractive qui est premiére par priorité de génération et qui est simple n'est pas une connaissance propre à une chose singuliére, mais est parfois, et meme toujours, une connaissance générale» et selon les Questions sur la physique (dorénavant «Phys.»), quest. 6, dans OPh. VI, p. 408, lig. 53–54, «par une telle connaissance confuse [qui est elle-même une connaissance générate], des choses singuliéres extra-mentales sont appréhendées».

48 «Quand l'objet est convenablement situé [par rapport au sujet], un concept spécifique et le concept d'être sont causés en même temps par la chose singuliere extra-mentale» (Quod. I, quest. 13, dans OTh. IX, p. 78, lig. 146–148), les concepts étant identifiés ici à des actes d'intellection.

49 «Dans ce cas [ou un individu venant de loin est intuitivement appréhendé] la connaissance abstractive que j'ai en premier par une priorité de génération est une connaissance de l'être et de rien qui en soit une partie propre» (cf. Quod. I, quest. 13, dans OTh. IX, p. 74, lig. 53–55).

50 «La connaissance d'un genre est causee dans l'esprit par des individus de différentes especes, et ce en même temps que les connaissances propres de ces individus» (Phys., quest. 7, dans OPh. VI, p. 411–412, lig. 33–35).

51 Ce en quoi il est sûrement victime d'une illusion (Wodeham, Lectura secunda…, dist. 8, quest. 1, éd. citée, vol. Ill, p. 31, lig. 9–18).

52 «Avoir cette intellection confuse d'un homme n'est rien d'autre qu'avoir une intellection par laquelle un homme n'est pas appréhende plutôt qu'un autre […], mais [par laquelle] un homme est appréhendé plutôt qu'un âne» (Phys., quest. 6, dans OPh. VI, p. 408, lig. 54–60).

53 D'aprés Phys., quest. 7, dans OPh. VI, p. 411, lig. 9–11 en effet «un concept général est une connaissance confuse done un concept propre [singulier] est une connaissance propre», la connaissance propre d'une chose étant la connaissance intuitive de celle-ci (lig. 13–16).

54 Comme le rappelle Occam dans Quod. V, quest. 7, dans OTh. IX, p. 506, lig. 63–68, il est absolument impossible que nous ayons un concept singulier d'une chose donnee (autre que Dieu) qui soit une connaissance abstractive simple de cette chose. Cela n'empêche nullement, comme il le reconnait dans Ord., dist. 2, quest. 9, dans OTh. II, p. 308, lig. 5–8, que si l'on identifie les concepts non à des ficta, qui sont toujours généraux, mais à des actes d'intellection, il y ait des concepts singuliers simples. Ceux-ci seront toutefois non des actes d'intellection abstractive, comme l'a supposé C. Panaccio dans Les mots, les concepts et les choses (Montreal, Bellarmin; Paris, Vrin, 1992) aux pages 122–123, mais des actes d'intellection intuitive. Ces deux textes d'Occam sont done parfaitement compatibles.

55 Cf. Quod. IV, quest. 35, dans OTh. IX, p. 471, lig. 60–64.

56 «De même qu'un son vocal suppose par institution pour son signifié, de même cette intellection [à savoir l'appréhension intuitive d'une chose donnée] suppose naturellement pour la chose dont elle est [une intellection]. Mais en plus de cette intellection d'une chose singuliére, l'esprit forme d'autres intellections qui ne sont pas de cette chose plutot que de cette autre, de même que le son vocal “homme” ne signifie pas Socrate plutot que Platon et par suite ne suppose pas pour Socrate plutôt que pour Platon» (Phys., quest. 7, dans OPh. VI, p. 411, lig. 22–27).

57 Du moins à une occasion d'emploi donnee. Voir à ce sujet l'article de C. Panaccio cité a la note 44.

58 Quod. IV, quest. 17, dans OTh. IX, p. 386, lig. 142–146.

59 Ibid.Mg. 136–142.

60 Cf. Somme de logique, I, chap. 10, dans OPh. I, p. 35–38.

61 Étant constitué par un concept dont il n'y a aucune raison de douter qu'il soit un concept simple, ce terme sera lui-même simple. Selon la seconde théorie occamiste du discours mental comme selon la premiére, il existe done des termes simples de ce discours qui sont connotatifs. Je rejoins ainsi la conclusion de C. Panaccio dans son etude «Connotative Terms in Ockham's Mental Language», Cahiers d'épistémologie, n0 9016, Montréal, Université du Québec à Montréal, 1990.

62 Cf. Quod. IV, quest. 35, dans OTh. IX, p. 471, lig. 44–48.

63 Cf. Somme de logique, I, chap. 1, dans OPh. I, p. 7, lig. 19–21.

64 Cf. Somme de logique, III–4, chap. 10, dans OPh. I, p. 798, lig. 197–200.

65 Dans, «Ockham on Mental Language» (Smith, J. C., dir., Historical Foundations of Cognitive Science, Dordrecht, Kluwer Academic Publishers, 1990, p. 5370), Calvin Normore formule plusieurs hypothéses ingénieuses pour tenter de combler cette lacune (p. 60)Google Scholar.

66 Cf. Quod. V, quest. 6, dans OTh. IX, p. 501, lig. 20–21.

67 Cf. Phys., quest. 6, dans OPh. VI, p. 409–410, lig. 110–114:«[…] la proposition dans l'esprit “un homme est un animal” est un acte d'intellection par lequel est appréhendé tout homme et un acte par lequel est apprehendé tout animal confusément et qu'un homme et un animal sont numériquement identiques — car cela est signifié par la proposition — de sorte que par cette proposition plusieurs choses sont apprehendées, et non une chose composée ni une chose simple».

68 Cf. Quod. V, quest. 7, dans OTh. IX, p. 501, lig. 26–28: «[…] l'acte d'assentiment [… ] différe de la premiére apprehension d'une proposition, qui en est la formation».

69 Cf. Quod. III, quest. 8, dans OTh. IX, p. 234, lig. 25–27: «Quoiqu'il [l'homme fruste] accorde et sache qu'il en est, ou qu'il n'en est pas, de telle ou telle maniére en réalité, et ce au moyen d'une proposition formée par son intellect, cependant cela il ne le perçoit pas».

70 Peu aprés le texte cité à la note précédente, on lit en effet:«[…] si tu demandes si quelque chose est su par cet acte [consistant à accorder qu'une pierre n'est pas un âne au moyen d'une proposition mentale non elle-même appréhendée], je dis qu'à proprement parler il ne convient pas de dire que quelque chose est su par cet acte, mais que par cet acte il est su qu'une pierre n'est pas un âne» (Ibid., lig. 30–32).

71 «L'acte d'assentiment, comme l'acte de savoir est double, l'un par lequel il est su que quelque chose est ou n'est pas, comme je sais qu'une pierre n'est pas un âne, et pourtantje ne sais ni une pierre ni un âne, mais je sais qu'une pierre n'est pas un ane [… ] l'autre par lequel quelque chose est su, de sorte que l'acte de savoir se rapporte à quelque chose» (Ibid., p. 233, lig. 13–17). Voir aussi Quod. V, quest. 6, dans OTh. IX, p. 500, lig. 16–18.

72 Notamment par Nuchelmans, Gabriel (cf. Theories of the Proposition, Amsterdam, North-Holland, 1973, p. 198, etGoogle Scholar«Adam Wodeham on the Meaning of Declarative Sentences», Historiographia Linguistica, vol. 7, no 1–2 [1980], p. 177187, 185), et parCrossRefGoogle ScholarTachau, Katherine (cf. Vision and Certitude in the Age of Ockham, Leyde, Brill, 1988, p. 304305, note 99)Google Scholar.

73 Cf. Lectura secunda…, dist. 1, quest. 1, éd. citée, vol. I, p. 186, lig. 19–25, où l'auteur explique que, dans l'un des sens dans lesquels on peut la comprendre, a l thése qu'une proposition est précisément l'objet d'un acte d'assentiment implique qu'on ait «posé que le sujet ou le predicat est cela qui est appréhendé, que ce soit une chose ou un fictum» de sorte que l'acte d'assentiment aura «la chose même pour objet immédiat partiel mais le tout complexe dont elle est une partie pour objet total». C'est, poursuit-il (lig. 29), en ce sens qu'Occam a admis cette thése. Wodeham a en cela parfaitement raison s'agissant de l'Occam du Commentaire des Sentences, auquel il renvoie d'ailleurs, mais il est surprenant qu'il n'indique pas que Guillaume a, plus tard, souscrit a une tout autre doctrine.