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L'Éthique de Spinoza dans l'œuvre de Gilles Deleuze

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Alain Beaulieu
Affiliation:
Université McGill

Abstract

Deleuze calls Spinoza the “Prince” of philosophers. He devotes two books to him, Spinoza et le probleme de l'expression and Spinoza. Philosophie pratique But Deleuze's entire body of work also gives him an opportunity to work on Spinoza's conceptuality. Deleuze does not arrive at Spinoza by making a leap from the principle of reason to reconquer an original and forgotten past. The immanence of Spinoza is more like an arrow found inadvertently and shot again into the immensity of the universe. We propose to define this timelessness by highlighting the main points of convergence between Deleuze's thought and that of Spinoza. These convergences will be examined using excerpts selected from the five parts of the Ethics in which the following themes will be broached: the principle of reason, panpsychism, experimentation of the body, notion of power, and liberty. We will see how Deleuze gives a new and yet strangely faithful spin to Spinozist thought on which he establishes his notions of pluricosmism, non-human becomings, ethology, deterritorialization, and escape lines.

Type
Articles
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Copyright © Canadian Philosophical Association 2003

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References

Notes

1 Respectivement dans Deleuze, Gilles et Guattari, Félix, Qu'est-ce que la philosophie?, Paris, Minuit, 1991, p. 49 et 59Google Scholar; Gilles Deleuze, Pourparlers, Paris, Minuit, 1990, p. 191; et Gilles Deleuze, Critique et clinique, Paris, Minuit, 1993, p. 162. Si Deleuze accorde une priorité à l'Éthique dans le corpus de Spinoza, c'est d'abord parce que la théorie générale de l'État (développée par Spinoza dans son Traité théologico-politique et son Traite politique) n'a pas pour lui un statut d'indépendance vis-à-vis de l'éthique. Deleuze établit plutôt une connexion directe entre les affaires individuelles et la politique pensee en termes d'«agencements collectifs d'énonciation». Cf. Deleuze, Gilles et Guattari, Félix, Kafka. Pour une littérature mineure, Paris, Minuit, 1975, p. 33Google Scholar. Sur l'éthique deleuzienne comme micropolitique, cf. Mengue, Philippe, «Gilles Deleuze et la grandeur du mineur», Il particolare, no 1 (1999), p. 4174Google Scholar. L'intérêt de Deleuze pour l'Éthique s'explique en outre par sa radicalisation de l'antijuridisme de Spinoza. Contre la tradition politique ouverte par Hobbes, la socialisation ne renvoie pas à l'hypothèse contractualiste, mais elle concerne Plutôt la capacité à opérer des agencements d'affects et des compositions spontanées de forces. Sur cette question de l'antijuridisme, nous renvoyons à Armstrong, Aurelia, «Some Reflections on Deleuze's Spinoza. Composition and Agency», dans Keith Ansell Pearson, dir., Deleuze and Philosophy. The Difference Engineer, Londres, Routledge, 1997, p. 4557.Google Scholar

2 D'abord présenté comme thèse complémentaire, puis publié à Paris aux Éditions de Minuit en 1968.

3 D'abord publié à Paris chez PUF en 1970, puis repris dans une version modifiée et augmentée à Paris aux Éditions de Minuit en 1981.

4 L'abécédaire de Gilles Deleuze (entretiens filmés), avec Parnet, Claire, réalisation par Pierre-André Boutang, Paris, Vidéo Éditions Montparnasse, 1996, lettre C.Google Scholar

5 Deleuze, Gilles et Parnet, Claire, Dialogues, Paris, Flammarion, 1996, p. 22Google Scholar. L'engouement de Deleuze pour la philosophie spinoziste se démarque des préoccupations de la philosophie contemporaine. Spinoza est considéré par Husserl comme moins déterminant que Descartes pour la téléologie de la rationalité occidentale (cf. Husserl, Edmund, La crise des sciences européennes, Paris, Gallimard, 1976, §11 et 21Google Scholar), et Heidegger détruit le rationalisme classique en exhortant la pensée à «rompre avec la représentation courante de l'homme comme d'un animal rationales», cf. Heidegger, Martin, Questions I–II, Paris, Gallimard, 1968, p. 266.Google Scholar

6 Gilles Deleuze et Claire Parnet, Dialogues, p. 22. Ces passages ne doivent bien entendu pas faire oublier l'importance de Nietzsche, Hume et Bergson dans le développement de la pensée deleuzienne. Mentionnons également la parution récente (2001) d'un document audio sur double CD intitulé Spinoza : immortalité et éternité dans la collection «À haute voix», à Paris et chez Gallimard, qui reprend un cours de 1981 consacré par Deleuze à Spinoza. Les éditions Phronésis ont présenté en 1998 un CD-ROM hypertexte dédié à Gilles Deleuze comportant plusieurs versions de l'Éthique, cf. infra, note 68.

7 Gilles Deleuze, Pourparlers, p. 15. Sur les rapports de Deleuze à l'histoire de la philosophie et pour une présentation des monographies deleuziennes consacrées à Hume, Nietzsche, Bergson, Kant, Spinoza et Leibniz, cf. Antonioli, Manola, Deleuze et l'histoire de la philosophie, Paris, Kimé, 1999.Google Scholar

8 Spinoza, Éthique, I, prop. 29 (G II, 70, 17–19). Les extraits de l'Éthique de Spinoza sont empruntés à la traduction d'A. Guérinot (Paris, Pelletan, 1930; Paris, Ivréa, 1993). Il s'agit de la version utilisée par Deleuze. Nous indiquons entre parenthèses les références dans l'édition princeps : Spinoza, Opera (4 vol.), édition Carl Gebhardt, Heidelberg, Carl Winter Universitätsverlag, 1925. Cette version latine est citée selon la manière usuelle au sein des études spinozistes. Ainsi «G II, 70, 17–19» signifie le volume 2 de l'édition Gebhardt, page 70, lignes 17 à 19.

9 Leibniz, , La monadologie, §32, Paris, LGF, 1991Google Scholar, trad, franç. É. Boutroux.

10 Deleuze, Gilles, Logique du sens, Paris, Minuit, 1969, p. 13sqq.Google Scholar

11 Ibid., p. 34. En pages 14–16 du même ouvrage, Deleuze appuie sa logique du sens langagier sur l'interprétation du Stoïcisme proposée par Bréhier, Émile dans La théorie des incorporels dans l'ancien Stoïcisme, Paris, Vrin, 1997.Google Scholar

12 Gilles Deleuze, Logique du sens, p. 46; voir aussi la «quatorzième série», au sujet «de la double causalité», p. 114–121.

13 Spinoza, Ethique, II, prop. 7, scolie (G II, 90, 14–18). Ce qui contredit les positions de Hegel pour qui la surdétermination spinoziste du théologique (la substance infinie) supprime l'existence du particulier et des choses finies. Puisque le monde requiert la dialectisation du fini et de l'infini, alors le spinozisme est pour Hegel un acosmisme. Cf. Hegel, , Encyclopédie des sciencesphilosophiques. La science de la logique, traduction par B. Bourgeois, Paris, Vrin, 1986, p. 586.Google Scholar

14 Le Lexicon Spinozanum d'Giancotti, Emilia (La Haye, Martinus Nijhoff, 1970, vol. 1, p. 401411Google Scholar) recense trente occurrences pour la forme du verbe «exprimere» dans l'Éthique.

15 Marks, John, Gilles Deleuze. Vitalism and Multiplicity, Londres, Pluto Press, 1998, p. 66.Google Scholar

16 Gilles Deleuze «L'éepuisé», dans Beckett, Samuel et Deleuze, Gilles, Quad et autres pièces pour la télévision, Paris, Minuit, 1992, p. 59.Google Scholar

17 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que laphilosophie?, p. 49.

18 Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 110.

19 Deleuze, Gilles, L'image-temps, Paris, Minuit, 1985, p. 334.Google Scholar

20 Spinoza, Éthique, II, prop. 7, scolie (G II, 90, 6–8).

21 Ces trois éléments de la critique de Descartes sont omniprésents dans Spinoza et le problème de l'expression. On les retrouve sous forme condensée aux pages 301–302. Un quatrième argument est mentionnè au passage par Deleuze qui fait grief à Descartes de «dévaloriser la Nature en lui retirant toute virtualité ou potentialite» (p. 207). Nous reviendrons sur la question de la puissance dans la section suivante.

22 Spinoza, Éthique, V, preface (G II, 279, 24).

23 Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 92.

24 Ibid., p. 93–94 pour les trois dernieres citations.

25 La critique radicale de tout psychologisme est le thème principal du livre de Deleuze, Gilles et Guattari, Félix, L'anti-Œdipe, Paris, Minuit, 1972.Google Scholar

26 Thèse explicite chez Erwin Strauss (cf. Du sens des sens, Grenoble, Millon, 1989, p. 183Google Scholar) et chez Paul Ricoeur (cf. Changeux, Jean-Pierre et Ricœur, Paul, Ce qui nous fait penser. La nature et la regie, Paris, Odile Jacob, 1998, p. 25).Google Scholar

27 Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?, p. 197–198.

28 Ibid.,.p. 198.

29 Leibniz, La monadologie, §66.

30 Spinoza, Éthique, II, prop. 13, scolie (G II, 96, 26–28).

31 Deleuze, Gilles, Le pli. Leibniz et le baroque, Paris, Minuit, 1988, p. 1516.Google Scholar

32 Gilles Deleuze et Felix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?, p. 200.

33 Le debat entre Paul Ricoeur et Jean-Pierre Changeux (cf. supra, note 26) résume bien l'opposition entre les thèses phénoménologiques/spiritualistes et neurologiques/materialistes.

34 Sur les devenirs non humains de l'homme, cf. entre autres Deleuze, Gilles et Guattari, Félix, Mille plateaux, Paris, Minuit, 1980, p. 628Google Scholar; Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?, p. 60, 173; et Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 99. Cf. aussi Pearson, Keith Ansell, «Becomings-Animal of the Human», dans Keith Ansell Pearson, dir., Germinal Life. The Difference and Repetition of Deleuze, Londres, Routledge, 1999, p. 179185Google Scholar. La reactivation deleuzienne des philosophies postcartésiennes sur fond de critique de l'anthropocentrisme a un équivalent chez Hans Jonas; cf. Jonas, Hans, Le phénomène de la vie, Bruxelles, De Boeck Université, 2001, p. 5168Google Scholar; et Frogneux, Nathalie, Hans Jonas ou la vie dans le monde, Bruxelles, De Boeck Université, 2001, p. 192212Google Scholar. Whitehead assume également de manière originale l'héritage des pensées postcartésiennes; cf. Whitehead, Alfred N., Process and Reality (1929), New York, Macmillan, 1960Google Scholar. Whitehead est pour Deleuze l'un des plus grands representants des philosophies de l'événement aux cotes des stoïciens et de Leibniz; cf Gilles Deleuze, Lepli. Leibniz et le baroque, p. 103–112.

35 Massumi, Brian, «The Autonomy of Affect», dans Paul Patton, dir.,Deleuze: A Critical Reader, Oxford, Blackwell, 1996, p. 217239.Google Scholar

36 Spinoza, Éthique, III, postulat 1 (G II, 139, 21–24).

37 Spinoza, Éthique, III, prop. 6 (G II, 146, 7–8).

38 Deleuze, Gilles, Le bergsonisme, Paris, PUF, 1966, p. 99Google Scholar; Deleuze, Gilles, Différence et répétition, Paris, PUF, 1969, p. 269, et ailleurs.Google Scholar

39 Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 164–175.

40 Ibid., p. 166.

41 Respectivement Gilles Deleuze et Felix Guattari, Milleplateaux, p. 401; Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?, p. 174; et Deleuze, Gilles, Francis Bacon. Logique de la sensation, Paris, Éditions de la différence, 1981, p. 15 et 100.Google Scholar

42 Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 168. Cette formulation renvoie de manière implicite à l'Éthique de Spinoza, et aux premiers axiomes qui suivent la proposition 13 de la deuxième partie (G II, 97, 20 et 22–23), ainsi qu'à la scolie de la proposition 39, quatrième partie (G II, 240, 15–17).

43 Gilles Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, p. 248. La problématique du corps intensif a donné lieu à l'étude deleuzienne du Corps sans Organe. Cf. à ce sujet Gilles Deleuze, Logique du sens, p. 108, 220 (note), 230, 231, 237 et 261; Gilles Deleuze et Felix Guattari, L'anti-Œdipe, p. 15–21 et 26; Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, p. 185–204; Gilles Deleuze, Francis Bacon. Logique de la sensation, p. 33–35; Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 164. Deleuze et Guattari en viennent à se demander: «Finalement le grand livre sur le corps sans organe (CSO) ne serait-il pas l'Éthiquel», cf. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, p. 190–191.

44 Spinoza, Lettre XIX à Blyenbergh. Sur la critique de la morale par Spinoza, cf. Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 27–43. La lutte contre la morale menée par Spinoza et Nietzsche constitue l'un des principaux motifs en faveur de «la grande identité Spinoza-Nietzsche». Cf. Gilles Deleuze, Pourparlers, p. 185.

45 Ibid., p. 137.

46 Spinoza, Éthique, III, prop. 2, scolie (G II, 142, 4–5).

47 Spinoza, Éthique, IV, prop. 4, démonstration (G II, 213, 5–8).

48 La distinction établie par Spinoza entre la puissance et le pouvoir est particulièrement visible à la préface de la cinquième partie de l'Éthique. En de nombreux autres passages cependant, Spinoza néglige la distinction entrepotentia et potestas (cf. I, prop. 34; IV, dféinition 8; V, prop. 29, démonstration et V, prop. 42, démonstration). Sur cette question, nous renvoyons à Ramond, Charles, Le vocabulaire de Spinoza, Paris, Ellipses, 1999, p. 5052.Google Scholar

49 L'abécédaire de Gilles Deleuze, lettre J.

50 Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 134.

51 Spinoza, Éthique, I, prop. 34. (G II, 76, 36).

52 Gilles Deleuze, Spinoza. Philosophie pratique, p. 69.

53 Spinoza, Éthique, III, définition 3 (G II, 139, 13–15).

54 Spinoza, Éthique, I, définition 5 (G II, 45, 20).

55 Nietzsche, Ainsiparlait Zarathoustra, II, «De la victoire sur soi-même». Cette vie correspond chez Deleuze à la vie des forces non organiques et non organisées. Cf. Gilles Deleuze, L'image-temps, p. 109; Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu'est-ce que la philosophie?, p. 172.

56 C'est un thème omniprésent dans Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux. Sur la question du despotisme de l'État, Deleuze ne partage évidemment pas la confiance de Spinoza pour le souverain qui est dit ne commander que rarement des choses très absurdes (cf. Spinoza, Traité théologicopolitique, XVI). Les régimes totalitaires du XXe siècle semblent avoir définitivement désillusionné Deleuze quant à la «bonne volonté» de l'État. Sur l'anti-étatisme de Deleuze, cf. Colson, Daniel, Petit lexique de l'anarchisme. De Proudhon à Deleuze, Paris, LGF, 2001.Google Scholar

57 Spinoza, Éthique, V, prop 36, scolie (G II, 303, 2–4).

58 Spinoza, Éthique, I, prop. 32 (GII, 72, 19–20). Sur la notion de libre-nécessité, cf. aussi la Lettre LVIII de Spinoza à Schuller.

59 Spinoza, Éthique, II, prop. 35, scolie (G II, 117, 12–16).

60 Spinoza, Éthique, III, prop. 2, scolie (G II, 144, 29–30).

61 Spinoza, Éthique, V, prop. 10, scolie (G II, 289, 5–8).

62 Spinoza, Éthique, V, prop. 32, corollaire (GII, 300, 22–25).

63 Gilles Deleuze et Felix Guattari, Mille plateaux, p. 279.

64 Ibid., p. 146.

65 Ibid., p. 247.

66 Ibid., p. 280.

67 Ibid., p. 632. Contrairement à Deleuze, Spinoza n'adopte pas une vision stoïcienne de la mort. Spinoza associe d'ailleurs l'autodestruction à une forme d'impuissance. Cf. Spinoza, Éthique, IV, prop. 18, scolie (G II, 222, 31–33).

68 Gilles Deleuze, Spinoza et le problème de l'expression, p. 318. La «version souterraine » composée à partir de l'idée de Deleuze qui attribuait une vie autonome à «la ligne brisée ou la chaîne volcanique des scolies» de l'Éthique de Spinoza est incluse dans un CD-ROM hypertexte intitulé Lire l'Éthique de Spinoza, dédié à Gilles Deleuze, et qui comporte plusieurs autres versions de l'Éthique de Spinoza. Ce CD-ROM a été construit à partir de l'outil Daedalus qui permet notamment d'obtenir des renvois multiniveaux et un double affichage synchronisé. Cf. http://perso.wanadoo.fr/phronesis/.

69 Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 172–187.

70 Gilles Deleuze, Pourparlers, p. 223–225.

71 Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 187.

72 Ibid., p. 184–185.

73 Voir la série d'exemples dans Gilles Deleuze, Critique et clinique, p. 186–187.

74 Hardt, Michael et Negri, Antonio, Empire, Paris, Exils, 2000Google Scholar, respectivement p. 92, 393, 495, 488 et 489. Cf. aussi Hardt, Michael et Virno, Paolo, dir., Radical Thought in Italy: A Potential Politics, Minneapolis, University of Minnesota Press, 1996Google Scholar; Antonio Negri, Anomalie sauvage. Puissance et pouvoir de Spinoza, Paris, PUF, 1982 (copréfacé par Deleuze); Antonio Negri, Spinoza subversif. Variations (in)actuelles, Paris, Kimé, 1994; et Antonio Negri, «Pour Althusser. Notes sur l'évolution de la pensée du dernier Althusser», Futur antérieur (1993), p. 73–96, où on peut lire : «C'est au corps, à ce qui est vécu dans l'immédiat, que la pensée doit aller, de façon toute spinozienne […] Il faut s'en remettre, contre l'état, contre le capital, contre les partis, aux mouvements de masse, à la forme créative de leur expression (coordinations exemptes de domination hiérarchique) mdash; eux seuls sont capables de susciter la libération, d'unifier des résistances insulaires et de puissantes marginalités, contre la logique du pouvoir» (p. 82–83). Mentionnons enfin que la revue culturelle et politique Multitudes, constituée par une aile dissidente de la revue Futur antérieur, entend également assumer l'héritage de l'interprétation deleuzienne de Spinoza en plus de prolonger les réflexions politiques de Foucault. Le comité responsable de la revue souhaite donner la parole à une résistance créative qui ne se fonde plus sur la triste épreuve du désenchantement, sur la nostalgie d'un passé meilleur, et sur la critique simplement réactionnaire des formes de domination.