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L'arrière-plan de l'intentionnalité selon John Searle

Published online by Cambridge University Press:  27 April 2009

Denis Sauvé
Affiliation:
CÉGEP de Saint-Hyacinthe

Abstract

John Searle upholds the idea of a “background” of intentionality. In his view there is an ensemble of non-representational (or non-intentional) mental capacities that make every form of intentionality possible (that is to say, without these mental capacities there would not be any beliefs, desires, intentions, etc.). I examine both his reasons to believe that there are non-representational mental capacities and the arguments he gives in support of the most important claim (according to him) that an intentional state cannot be this particular state unless the said “background” existe.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 2006

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References

Notes

1 Comme Searle, j'écris, dans ce qui suit, «Arriere-plan» (et plus loin «Réseau») avec une majuscule.

2 Les références aux trois écrits de Searle que je cite le plus souvent sont données entre parenthèses dans le texte. J'utilise les abbréviations suivantes: «IN» pour Intentionality, Cambridge, Cambridge University Press, 1983Google Scholar (Intentionnalité, trad. Pichevin, de C., Paris, Éditions de Minuit, 1985Google Scholar); «RE» pour The Rediscovery of the Mind, Cambridge, Mass., MIT Press, 1992Google Scholar (Redécouverte de l'esprit, trad. Tiercelin, de C., Paris, Gallimard, 1995Google Scholar); «CRS» pour The Construction of Social Reality, New York, Free Press, 1995Google Scholar (Construction de la réalité sociale, trad. Tiercelin, de C., Paris, Gallimard, 1998Google Scholar). J'indique ensuite le numéro de page du texte original suivi du numéro de page de la traduction française. J'ai modifié la traduction de la plupart des passages cités.

3 Searle, John, «The Background of Intentionality and Action», Lepore, dans E. et Van Gulick, R., éds., John Searle and His Critics, Oxford, Blackwell, 1991, p. 294.Google Scholar

5 Il existe une certaine similitude entre l'argument de ce paragraphe et un argument de A. C. Danto en faveur de l'idée d'«action de base» qu'il présente dans son article, «Basic Action», American Philosophical Quarterly, vol. 2 (1965)Google Scholar, reproduit dans White, A. R., éd., The Philosophy of Action, Oxford, Oxford University Press, 1973, p. 51.Google Scholar

6 L'Arrière-plan peut être selon Searle activé soit par une «intention préalable» (prior intention), soit par une «intention durant l'action» (intention in action). Sur cette distinction, voir l'Intentionnalité, chapitre 3. Pour simplifier mon exposé, je ne tiens pas compte de la distinction dans la formulation de la secondé these (je trouve d'ailleurs obscure la notion d'«intention in action»).

7 Wakefield, J. et Dreyfus, H., «Intentionality and the Phenomenology of Action», Lepore, dans E. et Van Gulick, R., eds., John Searle and His Critics, Oxford, Blackwell, 1991, p. 264.Google Scholar

8 Ibid., p. 265.

9 Searle, , «The Background of Intentionality and Action», p. 294.Google Scholar

10 Voici un passage de la Redécouverte de l'esprit (cité en partie au paragraphe précédent) qui avance cet argument en faveur de l'Arrière-plan, de façon explicite, bien qu'un peu allusive: «Il est important pour comprendre ce qu'est l'Arrière-plan de voir que l'on peut accepter la vérité d'une proposition sans avoir le moindre état intentionnel ayant cette proposition pour contenu. Je peux par exemple accepter la vérité de la proposition que les objets sont solides sans avoir, explicitement ou implicitement, une quelconque croyance ou conviction à cet effet. En quoi donc consiste le fait d'accepter une telle chose? Au moins en ceci: je ne peux pas, d'une façon qui s'accorde avec mon comportement, nier la proposition. Je ne peux pas, tout en étant assis sur cette chaise, en m'appuyant sur ce bureau et en posant mes pieds sur ce sol, nier de façon cohérente que les objets sont solides, parce que mon comportement présuppose la solidité de ces objets. C'est en ce sens que mon comportement intentionnel, qui est une manifestation de mes capacités d'Arrière-plan, démontre mon acceptation de [commits me to] la proposition que les objets sont solides, même si je n'ai jamais formé de croyance quant à la solidité des objets» (RE 185/249–250). Il est clair que Searle veut dire ici que c'est mon comportement intentionnel en tant que manifestation de mes capacites d'Arrière-plan qui démontre mon acceptation de la proposition (tout comportement intentionnel manifestant une capacité d'Arrière-plan ou une autre).

11 Searle a d'abord introduit la notion d'assomption d'Arrière-plan dans un article intitule «Literal Meaning» dont la publication précède de quelques années celle de 1'intentionnalité. L'article a été repris par la suite dans un ouvrage qui réunit quelques-uns de ses textes portant sur des questions de philosophie du langage (Expression and Meaning, Cambridge, Cambridge University Press, 1979Google Scholar; trad. Proust, de J., Sens et expression, Paris, Éditions de Minuit, 1982Google Scholar, chap. 5). Il est intéressant de noter qu'il y soutient la thèse de la sousdétermination du sens par la signification littérale, mais les assomptions d'Arrière-plan ou, comme il les nomme également à cet endroit, les «assomptions contextuelles» ne sont pas, comme dans l'Intentionnalité, des assomptions préintentionnelles renvoyant à un Arrière-plan de capacités non représentationnelles; elles semblent plutôt constituer un sous-ensemble des croyances des locuteurs (voir par exemple Expression and Meaning, p. 134Google Scholar). Sur l'usage que l'on peut faire de la notion d'assomption contextuelle en philosophie du langage sans se prononcer sur la question de savoir si une assomption contextuelle doit être considérée ou non comme préintentionnelle, voir Récanati, François, «Déstabiliser le sens», dans le numéro consacré à Searle de la Revue internationale de philosophie (vol. 55, 2001/2002, pp. 197208)Google Scholar. voir également, du même auteur, Literal Meaning, Cambridge, Cambridge University Press, 2004Google Scholar, en particulier le chapitre 9.

12 Searle le présente comme un argument à l'appui de la première thèse, bien qu'il s'agisse plus précisément de montrer que la compréhension linguistique (la capacité d'attribuer à un certain contenu telles ou telles conditions de satisfaction) présuppose un Arrière-plan de capacités préintentionnelles.

13 Voir également «Skepticism about Rules and Intentionality» dans Searle, John R., Consciousness and Language, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 264.CrossRefGoogle Scholar

14 Anscombe, G. E. M. et von Wright, G. H., éds., Zettel (Fiches), Berkeley et Los Angeles, University of California Press, 1967Google Scholar, §234. (Je traduis les passages des écrits de Wittgenstein cités dans ce paragraphe et le suivant.)

15 Ibid., §235.

16 Wittgenstein, Ludwig, Bermerkungen über die Grundlagen der Mathematik (Remarques sur les fondements des mathématiques), Anscombe, G. E. M., Rhees, R. et von Wright, G. H., éds., Francfort, Suhrkamp, 1989, VIGoogle Scholar, §38.

17 Wittgenstein, Ludwig, Philosophische Untersuchungen (Recherches philosophiques), Anscombe, G. E. M. et Rhees, R., éds., Francfort, Suhrkamp, 1969, §201.Google Scholar

18 Ibid., § 146.

19 Wittgenstein, , Remarques sur les fondements des mathématiques, VI, §30.Google Scholar

20 Wittgenstein, , Recherches philosophiques, §198.Google Scholar

21 J'ai défendu cette interprétation dans «La source du paradoxe de Wittgenstein à propos des règles» (Canadian Journal of Philosophy, vol. 28, n° 1 [1998], pp. 5179)Google Scholar et dans «Wittgenstein et les conditions d'une communauté linguistique» (Philosophiques, vol. 28, n° 2 [2001], pp. 411432).Google Scholar

22 Penfield, Voir W., The Mystery of the Mind, Princeton, Princeton University Press, 1975Google Scholar, §§10 et 11.

23 Je tiens à remercier les deux évaluateurs de Dialogue pour leurs remarques critiques.