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L'a priori kantien et sa postérité selon Jean Grondin*

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Dominique Leydet
Affiliation:
Université d'Ottawa

Extract

La vocation de la philosophie comme connaissance fondamentale fait l'objet de doutes insistants depuis plus de deux siècles. La première mise en cause de cette vocation date du développement de la science moderne expérimentale, de l'empirisme qui lui est solidaire. La seconde remise en cause est la grande affaire de notre siècle. L'affirmation de l'essentielle finitude de l'homme requérait qu'à nouveau soit interrogée, reniée la métaphysique dans son refus de la temporalité, dans son désir d'assurer son universalité dans un arrière-monde intetnporel. Ainsi, le problème que se pose Kant face à la critique radicale de la métaphysique contenue dans la pensée de Hume se redouble depuis Nietzsche. Il convient alors d'interroger la possibilité de la philosophie comme savoir des fondements, à la fois vis-à-vis des sciences empiriques et vis-à-vis de cette critique de la culture à laquelle devrait se ramener une philosophie déchue au statut de simple doxa.

Type
Critical Notices/Études critiques
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1992

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References

NOTES

1 Verneaux, Roger, Le vocabulaire de Kant, t. 1, Paris, Aubier-Montaigne, 1973, p. 851.Google Scholar

2 Ibid.

3 Voir, , entre autres, les belles pages de Ernst Cassirer dans son article «Kant und das Problem de? Metaphysik», Kant-Studien, vol. 36 (1931), p. 13 sqq.Google Scholar

4 Voir la remarque à la troisième antinomie, voir aussi la solutio? des idées cosmologiques dans Kant, , Critlque de la raison pure, trad. Tremesaygues et Pacaud, Paris, Presses Universitaires de France, 1944, p. 394Google Scholar sqq. Sur les difficultés à pouvoir con-sidérer le Canon de la Raison pure comme I'introduction de la seconde critique, voir I'article de Guéroult, Martial, «Canon de la Raison pure et Critique de la Raison pra-tique», Revue internationale de philosophie, vol. 8 (1954), p. 331358. M. Guéroult note, par ailleurs, reprenant en cela les analyses de M. Albert Schweitzer, que la Métho-dologie constitue une des parties les plus anciennes de la première critique, par rapport notamment à la Dialectique. M. Grondin, dans le chapitre intitulé «Vers une métaphy-sique des intérêts de la raison», note cet élan transcendant de la raison pratique, mais souligne qu'il s'attache aux intérêts de I'humanité. Nous ne pouvons qu'abonder dans le sens de cette analyse en insistant toutefois sur cette volonté kantienne — précisément parce qu'en son essence I'homme participe de I'intelligible — de ne pas emprisonner I'être humain dans les strictes limites de sa sensibilité, sans lui faire au moins aper-cevoir I'horizon de ce monde intelligible auquel il appartient pour une part au moins de son être, sans toutefois qu'il lui soit donné ni de connaître ni de coraprendre cette appartenanceGoogle Scholar.

5 Sur ce débat je me permettrai de référer simplement à I'excellente bibliographie qui ac-compagne I'ouvrage de M. Grondin.

6 Kant, Grondinet leproblème de la philosophie, p. 8Google Scholar; Grondin, voir aussi J., «La conclu-sion de la Critique de la Raison pure», Kant-Studien, vol. 81, n°2 (1990), p. 129145CrossRefGoogle Scholar.

7 Ce parallèle Kant/Heidegger a fait I'objet de plusieurs études. Citons pour mémoire et dans le désordre les auteurs suivants: Kockelmans, J., «Heidegger's Fundamental On-tology and Kant's Transcendental Doctrine of Method», dans Kant and Phenomenology, sous la direction de Seebohm, Th. et Kockelmans, J., Washington, DC, Center for Advanced Research in Phenomenology et University Press of America, 1984Google Scholar; Sherover, C. M., «Heidegger's Ontology and the Copernican Revolution», dans Kant'S -studies Today, sous la direction de Beck, L. W., Lasalle, IL, Open Court, 1969;Google ScholarDufrenne, Mikel «Heidegger et Kant», Revue de métaphysique et de morale, vol. 54 (1949), p. 129Google Scholar.

8 Mikel Dufrenne, «Heidegger et Kant», p. 2.

9 «Die Seinsfrage zielt daher [… ] auf die Bedingung der Möglichkeit der von den on-tischen Wissenschaften liegenden und sie fundierenden Ontologien selbst» (Heidegger, , Sein undZeit, Tübingen, Max Nierrieyer, 1953, p. 11)Google Scholar.

10 Husserl exprima pour sa part des doutes sérieux quant à la méthode choisie par Heidegger pour mettre au jour les structures essentielles du Dasein, soit I'analyse de la quotidienneté. Voir les notes écrites par Husserl en marge d'Être et temps et reproduites dans I'étude de Dreyfus, H. et Haugeland, J., «Husserl and Heidegger: Philosophy's Last Stand», dans Heidegger and'Modern Philosophy, sous la direction de Murray, M., Haven, New et London, Yale University Press, 1978, p. 231 sqqGoogle Scholar.

11 Heidegger, Voir, Kant und das Problem der Metaphysik, 4e éd., Main, Frankfurt a., Klostermann, V., 1973.Google Scholar

12 Jean Grondin met en lumière chez Gadamer, tout comme chez Heidegger, un mouvement de pensée similaire par sa régressivité à la pensée de Kant. Jean Grondin le souligne (p. 169): I'historicité fonctionne chez Gadamer comme un «concept transcendantal», comme «condition de possibilité de la compréhension». Par ailleurs, on retrouve ici encore une volonté de concentrer I'a priori dans la finitude en faisant de I'his-toricité I'a priori de toute expérience possible. On pourrait reprendre à I'endroit de Gadamer I'essentiel des critiques formulées envers Heidegger.

13 Kant, Critique de la raison pure, p. 562.

14 Kant, , Critique de la raison pratique, trad. , Picavet, Paris, Presses Universitaires de France, 1943, p. 129.Google Scholar

15 Je pense notamment à Gadamer auquel on pourrait reprocher, pour reprendre la remarque de K. O. Apel dans sa recension de Warheit und Methode, de ne pas s'être sérieusement attaqué à la question des conditions transcendantales de possibilité de son propre philosophe? ( Hegel Studien, vol. 2 [1963], p. 322). Voir aussi les remarques de Hans Albert concernant rherméneutique philosophique dansGoogle ScholarTraktat über kritischen Vernunft, Tübingen, J. C. B. Mohr, 1968Google Scholar.

16 Pensons à la tentative si contestée de K. O. Apel de procéder à une fondation ultime de l'éthique en ayant recours à un argument de type transcendantal. À ce sujet, voir sa dis-cussion du trilemme de Münchhausen dans «Das A priori der Kommunikationsgemein-schaft und die Grundlagen der Ethik», , Transformation der Philosophie, vol. 2, Frank-furt a. Main, Suhrkamp, 1973, p. 405 sqqGoogle Scholar.