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Interprétation, signification et «usage» chez Wittgenstein
Published online by Cambridge University Press: 13 April 2010
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Wittgenstein écrit dans les Recherches philosophiques: «Pour une large part des cas d'emploi du mot “signification” — bien que ce ne soit pas pour tous les cas — on peut l'expliquer ainsi: la signification d'un mot est son usage dans le langage» (PU, §43). Le slogan «La signification, c'est l'usage» a servi de signe de ralliement à toute une génération de philosophes (les praticiens de l'«analyse linguistique» ou de la «philosophie du langage ordinaire»), mais la question de savoir quel sens lui donne Wittgenstein — mise à part celle de savoir quel sens il avait pour ces philosophes — pose encore un problème aujourd'hui.
- Type
- Articles
- Information
- Dialogue: Canadian Philosophical Review / Revue canadienne de philosophie , Volume 35 , Issue 4 , Fall 1996 , pp. 735 - 752
- Copyright
- Copyright © Canadian Philosophical Association 1996
References
Notes
1 J'utiliserai pour les références aux ouvrages de Wittgenstein les abréviations suivantes: PU pour les Recherches philosophiques (Philosophische Untersuchungen), sous la dir. de G. E. M. Anscombe et de R. Rhees, Francfort, Suhrkamp, 1969; BB pour The Blue and Brown Books, 2e ed., Oxford, [Blackwell] 1969;Google ScholarWLC pour Wittgenstein's Lectures, Cambridge 1932-35, sous la dir. de A. Ambrose, Chicago, University of Chicago Press, 1982;Google ScholarPG pour la Grammaire philosophique {Philosophische Grammatik), sous la dir. de R. Rhees, Francfort, Suhrkamp, 1969;Google ScholarZ pour les Fiches (Zettel), sous la dir. de G. E. M. Anscombe et de G. H. von Wright, Berkeley-Los Angeles, University of California Press, 1967.Google Scholar
2 Goldfarb, W., «I Want You to Bring Me a Slab: Remarks on the Opening Sections of the Philosophical Investigations», Synthese, vol. 56 (1983), p. 279.Google Scholar
3 Ibid.
4 Voici un autre passage du Cahier brun que Ton pourrait citer à l'appui de Interprétation d'après laquelle ce sur quoi s'appuie l'explorateur pour traduire les paroles d'un utilisateur d'une langue étrangère est constitutif de leur signification. À propos d'un jeu de langage au cours duquel les membres d'une tribu rapportent des événements passés, Wittgenstein écrit: «[Les membres de la tribu] ont une forme de communication que nous [les interprètes de leur langue] devrions appeler la narration d'événements passés en raison des circonstances dans lesquelles elle est employée» (BB, p. 103). Et il ajoute un peu plus loin: «[…] les circonstances dans lesquelles une expression est employée constituent sa signification [make its meaning]» (BB, p. 104).
5 Cf. aussi Moore, G. E., Wittgenstein's Lectures in 1930-33, dans Ludwig Wittgenstein. Philosophical Occasions, sous la dir. de J. C. Klagge et A. Nordmann, Indianapolis, Hackett, 1993, p. 51.Google Scholar
6 Certains parleraient ici d'une forme d'«externalisme» sémantique. À propos de l'externalisme, cf. par exemple, McGinn, C., Mental Content, Oxford, Blackwell, 1989Google Scholar, en particulier le chapitre 1. Heil, J. (The Nature of True Minds, Cambridge, Cambridge University Press, 1992, p. 25–30)CrossRefGoogle Scholar prête un tel point de vue à Wittgenstein.
7 Cf. Fodor, J. et Lepore, E., Holism: A Shopper's Guide, Cambridge, Blackwell, 1992, p. 5.Google Scholar
8 J'ignore ce que dirait Wittgenstein sur ce que j'ai appelé la troisième composante du holisme de l'interprétation (cf. section 1), mais il semble que celleci implique effectivement le holisme de la signification au second sens. Si, pour traduire le mot «cinq» dans l'énoncé «Cinq pommes rouges», on doit au préalable avoir traduit correctement le substantif «pommes» (ou au moins savoir que c'est un substantif), alors il semble que, pour que le mot «cinq» ait la signification qu'il possède, «pommes» doive également en avoir une (bien qu'il soit aussi plausible de soutenir qu'il est possible d'identifier dans certains cas les noms de nombres en dehors du contexte d'une phrase — lorsque par exemple ils sont employés pour compter des choses — encore que ce ne soit pas le cas pour toutes les catégories syntaxiques).
9 Follesdal, D., «lndeterminacy and Mental States», dans Perspectives on Quine, sous la dir. de R. B. Barrett et de R. F. Gibson, Cambridge, MA, Blackwell, 1990, p. 103.Google Scholar
10 Le caractère public de la signification entraine, selon Follesdal, 1'indétermination de la signification.
11 Les recherches en vue de la rédaction de cet article ont été rendues possibles grâce à une subvention du fonds FCAR.
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- Cited by