¹ Hervieux-Léger, Danièle. 1994. «Catholicisme et politique. Un objet sociologique à construire». Dans Projet, n^o 240, 38. Texte pertinent à plus d'un escient pour notre propos puisqu'il montre les trois voies d'analyse contemporaines de l'explication de cette tendance lourde, oscillant entre i. l'idée d'une socialisation à un certain christianisme conservateur, ii. d'un christianisme nécessairement conservateur iii. à un conservatisme propre à toute religion. Alors que la première explication nuance le pluralisme contemporain, le dernier type voit dans ce pluralisme le déclin de la prégnance sociale du religieux.

² Il entend par intégration, «… l'adhésion à un groupe (…) plus ou moins forte, plus ou moins revendiquée, plus ou moins contraignante en fonction de la volonté personnelle du membre ou de la contrainte sociale extérieure». Talin, Kristoff. 2006. Valeurs religieuses et univers politiques. Amérique du Nord et Europe. Québec : PUL, 46.Google Scholar

³ Ibid., p. 194. De fait, les différentes sections s'inspirent, parfois en grande partie, des articles précédemment publiés par l'auteur, tels que : Talin, Kristoff, «Les religieuses catholiques en France : deux systèmes de représentation du monde», 1995, dans Social Compass, vol. 42, n^o1, 35–46CrossRefGoogle Scholar; «Les ordres religieux féminins et le compromis catholique : esquisse d'une recherche comparative France-Québec», 1997, dans Social Compass, vol. 44, n^o4, 579–594CrossRefGoogle Scholar; «Les amants maudits : heurts et malheurs du coupe religion et politique en Europe à l'aube du troisième millénaire», 1999, dans Cahiers de recherche sociologique, n^o33, 119–144Google Scholar; ou encore «L'Europe de Bruxelles en ligne de mire : les virtuoses du catholicisme au cœur de la modernité politique», 2001, dans Social Compass, vol. 48, n^o2, 249–262CrossRefGoogle Scholar.

⁴ Malheureusement, aucune comparaison diachronique n'est fournie, limitant à la fois la corrélation entre pratique et valeurs de droite. Plus encore, sachant qu'existent de fortes disparités régionales entre le reste du Canada et le Québec, il est à se demander si une telle étude, qui utilise la pratique religieuse, aurait le même résultat si elle avait été ventilée par aires géographiques.

⁵ À titre indicatif, 64 % des Canadiens et 55 % des Québécois catholiques de la génération des post baby boomers (ou la deuxième génération post Vatican II, âgée en 2006 de 18 à 39 ans) qui se rendent moins d'une fois par mois à la messe souhaitent s'impliquer davantage dans l'Église. Le fossé entre l'importance attribuée à la religion et la pratique se creuse, puisqu'il n'est pas improbable que pour ces individus la religion soit importante, mais la pratique pour le moment inadaptée, c'est-à-dire incompatible avec les demandes plus permissives des individus. C'est d'ailleurs la thèse défendue par Reginald W. Bibby, qui a compilé ces chiffres. Bibby, Reginald W. 2006. The Boomer Factor. What Canada's Most Famous Generation is Leaving Behind. Lethbridge : Bastian Books, Canada, 202.Google Scholar

⁶ Voir notamment Meunier, E.-Martin, Warren, Jean-Philippe. 2002. Sortir de la ‘Grande noirceur’ : l'horizon ‘personnaliste’ de la Révolution tranquille. Sillery : Éditions du Septentrion, Québec, 207 pagesGoogle Scholar; Gauvreau, Michael. 2008. Les origines catholiques de la Révolution tranquille. Fides, Montréal, 457 pages.Google Scholar

⁷ 83 % des Québécois francophones et catholiques ont voté soit pour le BQ ou le PL en 2000, selon les votes reconstitués à partir du World Values Survey de 2000. Ibid. p. 97.

⁸ «La modernité et ses conséquences – la sécularisation, l'individualisation et l'autonoisation du politique par rapport au religieux – ont atteint un groupe social fortement intégré à l'Église catholique et ayant prononcé des vœux de pauvreté, d'obéissance et de chasteté. L'existence de trois groupes de religieuses, différemment marqués par cette modernité, témoigne du pluralisme de cette relation.» Ibid., p. 158.

⁹ Notons que Talin s'inspire explicitement de ces trois types wébériens dans son article «Les religieuses catholiques en France : deux systèmes de représentation du monde», 1995, dans Social Compass, vol. 42, n^o1, 35–46CrossRefGoogle Scholar.

¹⁰ Que l'on peut résumer de la sorte, Vatican II : producteur ou moment du pluralisme? Et ce pluralisme, est-il le résultat d'une hétérogénéité générationnelle, le résultat de la socialisation religieuse, ou le fruit d'une conscience individuelle plus développée? Et lorsque demeure une relation forte entre religion et pratique, est-ce à mettre au compte d'une socialisation particulière, du catholicisme en soi, ou de la religion en soi?