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Systémes de représentation des intérêts et configurations politiques: les sociétés occidentales en perspective comparée
Published online by Cambridge University Press: 10 November 2009
Abstract
To characterize the institutions that have accompanied Fordism, we start from the relative presence or absence of corporatism in industrial relations. A specification of the relationships between corporatist arrangements and social and political factors suggests four specific models can account for the 12 countries considered. The model allows us to make sense of the various arrangements linking institutional forms and the social and political forces that generate and sustain these forms. Two domains are considered specifically, industrial relations and politics.
Résumé
Pour caractériser les formes institutionnelles politico-étatiques qui ont accompagné le fordisme, nous partons de la présence, à un degré ou un autre, de formes corporatistes qui ont caractérisé les institutions et les pratiques des principaux acteurs collectifs qui se définissent à partir des rapports de travail. Le repérage des relations les plus établies entre les formes corporatistes et les facteurs sociaux et politiques permet de dégager quatre modéles politico-institutionnels des 12 pays considérés. Ces modéles permettent de condenser une information faisant la jonction entre certaines formes organisationnelles et la configuration des forces sociales et politiques qui les supportent. Deux sphères de pratiques sont mises à contribution, celles du travail et de la politique.
- Type
- Research Article
- Information
- Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique , Volume 27 , Issue 2 , June 1994 , pp. 309 - 343
- Copyright
- Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1994
References
1 Cette recherche a re¸u l'aide financière du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada et du Fonds FCAR du Québec. Je tiens à souligner l'apport de David Rolland à la réalisation de la recherche; qu'il en soit remercié. Mes remerciements s'adressent aussi tout spécialement aux collègues Pierre Martin et Alain Noël qui ont commenté les premières versions de cet article. Enfin j'ai puédnéficier des échanges durant les séminaires portant sur cette recherche qui ont eu lieu au CEPREMAP (Paris) au cours de l'année 1993; je pense aux lectures attentives de Bruno Théret, Pascal Petit, Christine André, Robert Delorme, Henri Nadel, Danielle Leborgne et Robert Boyer.
2 Le fordisme, par l'analyse duquel l'approche de la régulation s'est d'abord fait connaître du public, se veut une certaine caractérisation du mode de régulation et du régime d'accumulation qui aurait encadré I'évolution dynamique des sociétés occidentales au cours des trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Pour les seules fins de I'investigation empirique proposée dans cet article, nous retiendrons du fordisme les éléments suivants: 1) un modéle d'industrialisation marqué par le prolongement de l'organisation taylorienne du travail qui engendra des gains de productivity du travail sans préce'dent dans l'histoire; 2) des formes de rapport salarial qui permettent un partage des gains de productivité plus favorable au travail ainsi qu'une extension du revenu salarial indirect; 3) une massification des interventions de l'État qui agit comme garant des compromis fordistes et qui joue un rô1e majeur tant dans la progression du salaire indirect que dans la stabilisation du rythme d'accumulation des principales variables macro-économiques; 4) la généralisation de la monnaie de crédit qui assure un relâchement progressif de la contrainte monétaire et financière. Sur la notion de rapport salarial et de fordisme, voir notamment, Aglietta, M., Régulation et crises du capitalisme (Paris:Calmann-Lévy, 1976)Google Scholar; Boyer, R. et Mistral, J., Accumulation, inflation, crises (Paris:PUF, 1983Google Scholar [1978]); Lipietz, A., Mirages et miracles. Problémes de I'industrialisation dans le tiers monde (Paris:La Découverte, 1985)Google Scholar; Boyer, R., dir., Capitalismes fin de siécle (Paris:PUF, 1986)Google Scholar; Boyer, R., dir., La flexibilité du travail en Europe (Paris:La Découverte, 1986);Google Scholar et Cassiers, I., Croissance, crise et régulation en économie ouverte (Bruxelles:De Boeck Université 1989).Google Scholar
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4 Nous avons évité d'alourdir inutilement l'échantillon. Les seules absences qui nous semblent significatives sont celles du Japon et de la Suisse. Ces deux pays semblent atypiques et demanderaient une attention particuliere, ce qui pourrait faire l'objet d'un autre travail.
5 Pour une discussion de certains aspects méthodologiques, voir Boismenu, G. et Jalbert, L., «Configurations institutionnelles et facteurs socio-politiques», Cahiers de recherches sociologiques 17 (1991), 199–212.CrossRefGoogle Scholar
6 Pour une application au Canada, voir Boismenu, G., La vraisemblance de la problématique de la régulation pour saisir le réalité canadienne: étude des indicateurs économiques en moyenne période (Montréal:Cahiers du GRÉTSÉ, 1989);Google ScholarBoismenu, G., «L'État et la régulation du rapport salarial depuis 1945», dans Politique et régulation. Modéle de développement et trajectoire canadienne (Montréal: Méridien; Paris:L'Harmattan, 1990), 155–203;Google Scholar G. Boismenu N. Gravel et J. G. Loranger, «Régime d'accumulation et approche de la régulation : un modèle à équations simultanées», Département de sciences économiques, Université de Montréal, 1992; et J. Jenson, «“Different” but Not “Exceptional” : Canada's Permeable Fordism », Revue canadienne de sociologie et d'anthropologie 26 (1989), 69-94.
7 Pour plus de commodité dans l'exposé nous utilisons le terme «corporatisme» comme synonyme de néo-corporatisme; on peut avoir recours aussi dans les travaux à l'expression corporatisme sociétal.
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12 Calmfors et Driffill, «Bargaining Structure», 53.
13 Voir, entre autres, Boyer, dir., Laflexibilité travail en Europe.
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17 Classifications juxtaposées dans Calmfors et Driffill, «Bargaining Structure », 18; voir aussi Blyth, C. A., The Interaction between Collective Bargaining and Government Policies in Selected Members Countries, Collective Bargaining and Government Policies, (Paris:OECD, 1979);Google Scholar et Bruno, M. et Sachs, J., The Economics of Worldwide Stagflation (Oxford:Basil Blackwell, 1985).CrossRefGoogle Scholar
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20 Lijphart et Crepaz, «Corporatism and Consensus Democracy», 237.
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23 Crouch, «Corporative Industrial Relations», 143. Cameron, voulant se démarquer de la notion de corporatisme, qui a été identifiée à des comportements «condamnables» tels que la passivité, la cooptation et la collaboration de classe, préfére utiliser l'expression de puissance organisationnelle des travailleurs bien qu'il avoue qu'au fond il s'agit d'une seule et même chose (Cameron, «Social Democracy, Corporatism», 168).
24 Les équations sont pré'sentées en annexe à la fin du texte, 342.
25 W. Merkel, «After the Golden Age: Is Social Democracy Doomed to Decline? », dans Maravall, J. M. et al., Socialist Parties in Europe (Barcelona:Institut de Ciencies Politiques i Socials, 1992)Google Scholar, 216. L'échelle est la suivante: parti de gauche dans l'opposition (0 point), partenaires minoritaires dans un gouvernement de coalition (1 point), partenaires à part égale dans une coalition gouvernementale (2 points), partenaire principal dans un gouvernement de coalition (3 points), dirigeant exclusif d'un gouvernement sans majority parlementaire (4 points), dirigeant exclusif d'un gouvernement avec majority parlementaire (5 points).
26 Manfred Schmidt avait aussi proposé un indice comparable. II propose de qualifier les situations de la fa¸on suivante: hégémonie bourgeoise, prédominance bourgeoise, équilibre, prédominance de la gauche et hégémonie de la gauche. À noter que si nous avions retenu l'indice de Schmidt pour les années 1960-1974, la relation aurait été plus étroitement établie (r2 = 0,457) (M. Schmidt, «The Role of the Parties in Shaping Macroeconomic Policy», dans Castles, F. G., dir., The Impact of Parties: Politics and Policies in Democratic Capitalist States [Beverly Hills:Sage Publications, 1982]Google Scholar, 109, 165).
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29 Lijphart et Crepaz, «Corporatism and Consensus Democracy», 236.
30 II faut remarquer qu'il y une bonne dose de colinéarité entre l'ouverture de I'éco-nomie et l'indice de consensus. Au-delà du fait que c'est l'indice de consensus qui a la relation la plus forte avec le corporatisme, nous sommes ponés à croire que l'ouverture agit indirectement comme facteur qui favorise les formes politiques consensuelles et les formes de concertation centralisée dans les relations de travail.
31 Merkel, «After the Golden Age», 217-18.
32 A noter que ce qui est en question ici ce sont les relations entre le partisocial-démocrate et le mouvement syndical et non la physionomie des organisations syndicales. En cela, il s'agit d'une donnée tout à fait nouvelle par rapport à ce qui avait été pris en compte dans la constitution de la typologie des systemes de représentation d'intérêts dans le milieu du travail.
33 Crouch, «Corporative Industrial Relations», 139-66.
34 Goldthorpe, J. H., «The End of Convergence: Corporatist and Dualist Tendencies in Modern Western Societies», dans Roberts, B., Finnegan, R. et Gallie, D., dirs., New Approaches to Economic Life (Manchester:Manchester University Press, 1985), 124–153.Google Scholar
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