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La structure de classes québécoise au 19e siècle et le problème de l'articulation des modes de production*
Published online by Cambridge University Press: 10 November 2009
Abstract
The study of social classes in the nineteenth century requires the development of conceptual tools able to explain the impact of the Conquest on the pre-existant social structures in determining transformations of the class structure during the subsequent decades.
This article examines the work done on this question by Marxist writers. The author criticizes certain conclusions which have been drawn and which suggest deficiencies at a theoretical level. The objections relate to the marked tendency of these conclusions to perceive the structural effects of the Conquest in terms of the formation of a double-class structure characterized by “ethnic origins.” Specifically, the author challenges the notion of the division itself, as well as the criterion on which the division is based.
The author proposes that an analysis centred upon the concepts relating to a problem of the transition and linkage of different modes of production permits a more satisfying interpretation, if accompanied by a certain number of considerations of the “upside” and “downside” of the Conquest. To this end, the argument is based on a characterization of New France in terms of the domination of the relations of production of the feudal type and on an analysis of metropolitan centres with intent to evaluate their level of capitalist development at the moment of their respective colonial penetration in Canada. The results of this approach permit one to posit the existence of a single-class structure, characterized principally by the existence of elements connecting diverse modes and forms of production, whose origin reflects the unequal state of economic development in the two metropolitan centres.
The empirical demonstration rests on the census data of 1851–1852 and on the complementary information drawn from the works of historians.
- Type
- Research Article
- Information
- Canadian Journal of Political Science/Revue canadienne de science politique , Volume 14 , Issue 3 , September 1981 , pp. 487 - 518
- Copyright
- Copyright © Canadian Political Science Association (l'Association canadienne de science politique) and/et la Société québécoise de science politique 1981
References
1 Parmi les études consacrées exclusivement à la structure de classes au 19e siècle, on consultera: Alfred Dubuc, « Problems in the Study of the Stratification of the Canadian Society from 1760 to 1840 », Canadian Historical Association Report (1965), 13–29Google Scholar; Wallot, Jean-Pierre et Paquet, Gilles, « Groupes sociaux et pouvoir: le cas canadien au tournant du XIXe siècle », Revue d'histoire de l’ Amérique française 27 (1974), 509–64Google Scholar; Fernand Ouellet, « Mgr Plessis et la naissance d'une bourgeoisie canadienne (1797–1840) », Société canadienne d'histoire de l'Eglise catholique, Rapport 1955–56, 83–99; du même auteur, « Structure des occupations et ethnicité dans les villes de Québec et de Montréal (1819–1844) », in Eléments d'histoire sociale du Bas-Canada (Montréal: HMH, 1972), 177–202Google Scholar; Bernard, Jean-Paul, Linteau, Paul-André et Robert, Jean-Claude,« La structure professionnelle de Montréal en 1825 », Revue d'histoire de l'Amérique française 30 (1976), 383–407CrossRefGoogle Scholar; Robert, Jean-Claude, « Les notables de Montréal au XIXe siècle », Histoire Sociale 8 (1979), 54–76Google Scholar. On trouve également depuis quelques années certaines monographies portant soit sur une région, soit sur une classe en particulier. Parmi les travaux plus généraux à l'intérieur desquels on trouvera des considérations intéressantes sur les classes sociales, signalons entre autres: Ouellet, Fernand, Histoire économique et sociale du Québec, 1760–1850 (2 tomes; Montréal: Fides, 1971)Google Scholar; plusieurs articles de cet auteur touchent également aux classes sociales; Ryerson, Stanley B., Le capitalisme et la confédération (Montréal: Parti Pris, 1972)Google Scholar.
2 Nous faisons ici allusion aux travaux suivants qui seront analysés plus loin dans le texte: Bourque, Gilles, Classes sociales et question nationale au Québec, 1760–1840 (Montréal: Parti Pris, 1970)Google Scholar; Bourque, Gilles et Frenette, Nicole, « La structure nationale québécoise », Socialisme Québécois 21–22 (1971), 109–56Google Scholar; Monière, Denis, « L'utilité du concept de mode de production des petits producteurs pour l'historiographie de la Nouvelle-France », Revue d'histoire de l’ Amérique française 29 (1976), 483–502CrossRefGoogle Scholar. Ce texte est repris et développé dans le cadre de la problématique plus élargie de l'ouvrage Le Développement des idéologies au Québec (Montréal: Québec-Amérique, 1977)Google Scholar. A ces travaux où la question nationale est au centre des interrogations nous ajouterons Particle de Savaria, Jules, « Le Québec est-il une société périphérique? », Sociologie et sociétés 7 (1975), 115–27CrossRefGoogle Scholar, qui, à certains égards, s'intéresse lui aussi à l'évaluation de l'impact structurel de la Conquête.
3 Tel qu'employé dans cet article, le concept d'articulation de modes de production s'appuie sur l'utilisation qui en est faite dans les travaux de Pierre-Philippe Rey. Cet emploi dérive lui-même de la formulation althussérienne où le concept d'articulation est cependant réservé aux échanges entre les diverses instances (ou structures régionales) d'un même mode de production. Voir, Les Alliances de classes (Paris: Maspero, 1973)Google Scholar. L'auteur se livre à une étude empirique dans Colonialisme, néo-colonialisme et transition au capitaliste (Paris: Maspero, 1971)Google Scholar.
Sur la problèmatique de la transition du féodalisme au capitalisme et de l'articulation de modes de production en général, voir les travaux de Hindess, Barry et Hirst, Paul Q., Pre-capitalist Modes of Production (Londres: Routledge & Kegan Paul, 1975)Google Scholar; Mode of Production and Social Formation (Londres: Macmillan, 1977)Google Scholar; CEREM, , Sur les sociétés précapitalistes (Paris: Editions sociales, 1978)Google Scholar; Dobb, Maurice et Sweezy, Paul M., Du féodalisme au capitalisme: problèmes de la transition (2 tomes; Paris: Maspero, 1978)Google Scholar; Althusseret, LouisBalibar, Etienne, Lire le capital Tome 2 (Paris: Maspero, 1975)Google Scholar; Anderson, Perry, L'Etat absolutiste, Tome 1: L'Europe de l'Ouest (Paris: Maspero, 1978)Google Scholar; Boccara, Paul, Sur la mise en mouvement du « capital » (Paris: Editions sociales, 1978)Google Scholar; Dhoquois, Guy, Pour l'histoire (Paris: Anthropos, 1971)Google Scholar; Meillassoux, Claude, Femmes, greniers et capitaux (Paris: Maspero, 1975)Google Scholar; Lipietz, Alain, Le capital et son espace (Paris: Maspero, 1977)Google Scholar.
4 Faute de place on peut aborder seulement un aspect de la problématique des classes sociales au 19e siècle, soit le repérage des éléments constitutifs de la structure des classes. Il serait du ressort d'une étude ultérieure de procéder à l'analyse de la dynamique des rapports entre les classes (luttes et alliances).
5 Voir la note 2.
6 A la décharge de certains (Bourque notamment), on se doit de préciserqu'au moment de la partition de leurs travaux, cette problématique n'était pas encore largement diffusée. Les principales thèses sur la transition et l'articulation ont été formulées au cours des années 1970.
7 Le développement. La thèse de l'articulation est introduite au début de l'ouvrage sans être explorée par la suite.
8 Bourque, Classes societies, 37–53.
9 Il est certain qu'en choisissant de qualifier la Nouvelle-France de capitaliste, on ne peut que rester médusé devant l'apparente absence de transformation des structures dans les lendemains immédiats de la Conquête, d'où la tentation de porter aussitôt l'analyse sur le terrain de la dimension nationale.
10 Dechêne, Louise, « L'évolution du régime seigneurial au Canada. Le cas de Montréal au XVIIe et XVIIIe siècles », Recherches sociographiques 12 (1971), 143–84CrossRefGoogle Scholar.
11 L'Angleterre de 1760 amorçait les temps forts du procès d'expropriation de la paysannerie—facteur essentiel pour la constitution d'un prolétariat—tandis qu'à la même époque l'agriculture française restait fortement imprégnée par des rapports de production féodaux. « Dans l'ensemble de l'agriculture française regnait encore le plus authentique féodalisme médiéval, et seule la révolution de 1789 lui porta un coup mortel » (Porchnev, Boris, Les soulèvements poputaires en France au XVIIe siècle [Paris: Flammarion, 1972Google Scholar]). Qui plus est, la Révolution française, même si elle eut pour effet d'affranchir la paysannerie, favorisa l'expansion de la petite production et de la paysannerie parcellaire qui s'y rattache.
Par ailleurs, plusieurs auteurs—dont Landes et Nef—confirment la nette avance de l'Angleterre au 17e siècle dans la plupart des secteurs d'activité économique: industrie, technologie, commerce et finance. La situation de l'économie française s'améliora nettement au 18e siècle sans jamais cependant parvenir à combler ce retard. La Révolution française et les vingt années de perturbation qui y firent suite « allaient aggraver ce décalage et le rendre irrémédiable ». Voir François Crouzet, « Angleterre et France au XVIIIe siècle. Essai d'analyse comparée de deux croissances économiques », Annales (ESC) 21 (1966), 254–91Google Scholar.
12 Bourque et Frenette, « La structure nationale », 126. C'est nous qui soulignons.
13 Ibid., 127. C'est nous qui soulignons.
14 Ibid., 128. C'est nous qui soulignons.
15 Bourque, Classes sociales, 33–34, 155.
16 Bourque, Gilles et Legaré, Anne, Le Québec: La question nationale (Paris: Maspero, 1979Google Scholar), chapitre 2, plus particulièrement les pages 24–25.
17 Dhoquois, Pour l'histoire.
18 Moniére, « L'utilité », 490.
19 Le développement, 82.
20 Ibid., 82 et 98.
21 Ibid., 82. La parenthèse est de nous.
22 Monière, « L'utilité », 500–01. C'est nous qui soulignons.
23 Ibid., 490. C'est nous qui soulignons.
24 Le développement, 82.
25 Ibid., 83.
26 Monière, « L'utilité », 487.
27 Cette formule a pour avantage de souligner le caractère incomplet du M.P.P.P. L'expression « forme de production »insiste sur l'instance économique. Elle réfere à la manière de produire les biens matériels. Elle constitue un type particulier de production de ces mêmes biens. En somme, elle ne caractérise que l'organisation de l'activité économique productrice de biens. Sur les problèmes théoriques que pose l‘utilisation du concept de « mode de production » dans un tel contexte voir Charles Bettelheim, Problèmes deplanification, Ecole pratique des Hautes Etudes, Centre de planification socialiste, Paris, Sorbonne, no. 14, 174ss.
28 Monière, « L'utilité », 487.
29 Ibid., 490.
30 Ibid., 489.
31 Ibid., 497–98. Sur l'importance de l'extorsion du surtravail, voir Ouellet, Femand, « Libéré ou exploité! Le paysan québécois d'avant 1850 », Histoire sociale 13 (1980), 339–68Google Scholar.
32 Savaria, « Le Québec », 119. Bref, selon ce point de vue, c'est la Conquête qui introduit le M.P.C.
33 Ibid., voir le tableau de la page 119.
34 Ibid., 117.
35 Ibid., 118.
36 Ibid.
37 Sur les particularités des formes de production marchande simple, voir Charles Bettelheim, Calcul économique et formes de propriété (Paris: Maspéro, 1971), 40, 62–63.
38 L. R. Macdonald, « France and New France: The Internal Contradictions », Canadian Historical Review 52 (1971), 139.
39 Pour plus de détails, voir Althusser et Balibar, Lire le capital, 103ss. Dans ce texte, Balibar montre que dans le cas du mode de production féodal, le surproduit n'appartient pas de lui-même aux représentants de la classe dominante puisque le serf possède ses moyens de production ce qui lui permet d'assurer sa propre subsistance. Et ce, contrairement au M.P.C. où l'ouvrierest dépendant d'un salaire pour subsister. Alors que dans le M.P.C, le capitaliste s'approprie directement le surtravail, dans le M.P.F., cette appropriation passe par certaines prescriptions dictées par l'instance juridico-politique et ne se fonde pas directement sur le rapport économique seigneur-censitaire. Bref, pour que le seigneur puisse s'approprier le surtravail des serfs, l'existence explicite d'un rapport politique devient nécessaire, ce rapport prenant soit« la forme de la violence «pure», soit les formes aménagées et améliorées du droit » (103). Voir également Poulantzas, Nicos, Les classes sociales dans le capitalisme d'aujourd'hui (Paris: Seuil, 1974), 14–17Google Scholar.
40 Pour plus de détails sur les effets structured engendrés par la Conquête, voir Gérald Bernier, « Sur quelques effets de la rupture structurelle engendrée par la Conquête au Québec: 1760–1854 », Revue d'histoire de l'Amérique française (à paraître).
41 Voir Fernand Ouellet, « Propriété seigneuriale et groupes sociaux dans la vallée du Saint-Laurent (1663–1840) », in Cahiers du Centre de recherche en Civilisation canadienne-française (sous la direction de), Mélanges d'histoire du Canada français offerts au professeur Marcel Trudel (Ottawa: Editions de l'Université d'Ottawa, 1978), 183–213Google Scholar; du même auteur, « Libéré ou exploité…; Dualité économique et changement technologique du Québec (1760–1790) », Histoire sociale 9 (1976), 256–96Google Scholar.
42 Bernier, « Sur quelques effets de la rupture structurelle »; voir également Fernand Ouellet, « Le régime seigneurial dans le Québec: 1760–1854 », dans Claude Galarneau et Elzéar Lavoie (sous la direction de), France et Canada français du XVIe au XXe siècle (Québec: PUL, 1966), 167ss.Google Scholar; Ouellet, Histoire économique Tome 2, 351ss.; Le Bas-Canada 1791–1840: Changements strucluraux et crise (Ottawa: Editions de l'Université d'Ottawa, 1976), 229ssGoogle Scholar.
43 Voir entre autres les travaux de Ouellet déjà mentionnés et un article écrit en collaboration avec Jean Hamelin, « Les rendements agricoles dans les seigneuries et les cantons du Québec: 1700–1850 », dans Galameau et Lavoie, France et Canada français, 81–120; Hamelin, Jean et Roby, Yves, Histoire économique du Québec 1851–1896 (Montréal: Fides, 1971)Google Scholar; Easterbrook, W. T. et Aitken, Hugh G. J., Canadian Economic History (Toronto: Macmillan, 1956)Google Scholar; Cooper, J. I., « The Social Structure of Montreal in the 1850's », Société historique du Canada: Rapport annuel (1956), 63–73Google Scholar; Gerald Tulchinsky, « The Social and Political Significance of Business Groupings: The Montreal Business Community, 1837–1853 », dans Macmillan, David S. (sous la direction de), Canadian Business History (Toronto: McClelland and Stewart, 1972), 125–43Google Scholar; Ryerson, Le capitalisme et la confédération; Maurice Seguin, La nation « canadienne » et l'agriculture (1760–1850) (Trois-Rivières: Boréal Express, 1970)Google Scholar.
44 Il s'agit des commis, des marchands et des « tenants magasin » dans le secteur du commerce et des charpentiers, des menuisiers et des maçons dans le secteur de la construction.
45 Les pourcentages ont été compilés à partir des données brutes du recensement (Recensement des Canadas, 1851–52, vol. l, appendice no. 8(professions, métiers et occupations).
46 Cette définition s'inspire de Poulantzas, Les classes sociales, 10.
47 Voir à cet égard les données sur l'origine sociale et la profession des membres des Conseil Exécutif et Législatif en 1834 in Daniel Salée, « Transition, luttes et alliences de classes: une analyse du mouvement révolutionnaire de 1837–38 au Québec », Mémoire de maîtrise (science politique), Université de Montréal, 1980, 284–87.
48 Ouellet, « Propriété seigneuriale et groupes sociaux », 200, et « Libéré ou exploité », 349–50.
49 Ces pourcentages sont obtenus en recoupant les statistiques avahcées par Ouellet et Hamelin (« Les rendements », 114–15) et par Filteau, Gérard(Histoire des Patriotes [Montréal: L'Aurore, 1975], 60Google Scholar) au sujet de telles concessions évaluées respectivement à 2 et 3 millions d'acres et l'estimation de Séguin (La nation «canadienne » et l'agriculture, 45) qui fixe à 30 millions d'acres la part des terres arables au Québec.
50 Filteau, Histoire des Patriotes, 61.
51 Sur le territoire seigneurial« en 1851, 75.7% des occupants de terre ont moins de 100 acres et 26.7% moins de 50 » (Ouellet et Hamelin, « Les rendements », 107).
52 Ouellet, « Propriete seigneuriale et groupes sociaux », 203.
53 Etant donne l'imprecision du recensement, il est difficile d'effectuer la ponderation statistique pour ces composantes. Le recensement denombre 1,657 marchands en plus de 538 negociants et de 17 categories de marchands specialises. Sur les difficultes d'interpretation des premiers recensements canadiens eten particulier celui de 1851 voir Angers, F. A. et Allen, Patrick, Evolution de la structure des emplois au Canada, Service de documentation economique, Etude no. 7 (Montreal: Ecole des HEC, 1954), 5–34Google Scholar.
54 Sur le développement du capital financier voir Ryerson, Le capitalisme et la confédération, 330ss.; Easterbrook et Aitken, Canadian Economic History, 445–75.
55 Pour une étude détaillée de ce secteur voir Gerald Tulchinsky, The River Barons (Toronto: University of Toronto Press, 1977).
56 On trouvera des renseignements sur le développement du secteur manufacturier chez Ryerson, Le capitalisme et la confédération, 44–50, 318ss. et chez Cooper, « The Social Structure of Montreal ».
Les plus typiques de ces entreprises sont les scieries, les tanneries, les cordonneries et les meuneries. La taille de ces entreprises est fort modeste puisqu'en 1851 « un moulin à scie emploie en moyenne 5 hommes; un moulin à farine, 2 hommes; une tannerie de Québec, 4 hommes » (Hamelin et Roby, Histoire économique du Québec, 11). Ces auteurs présentent également un tableau (262) où il apparait qu'au Québec, en 1851, seulement 36 entreprises emploient plus de 25 ouvriers. Par ailleurs, le recensement de 1851–52 distingue 63 catégories de « fabricants », « constructeurs » et « faiseurs » de divers biens regroupant 479 individus.
57 Les effectifs des composants de cette classe sont appelés à diminuer sensiblement au fur et à mesure que se développe le capitalisme de la phase industrielle. Si dans le M.P.C. la petite bourgeoisie en tant que classe est dite « dominée », cela n'empêche pas certains de ses membres issus notamment des professions libérales et du clergé de participer—par l'exercice de certaines fonctions politiques ou par le rôle de diffuseurs de l'idéologie dominante—à l'organisation de la dominance exercée par les propriétaires fanciers et les niveaux supérieurs de la bourgeoisie. Ces agents constituent en quelque sorte des relais du pouvoir.
58 Une certaine prudence doit guider l'appréciation de ces chiffres en raison encore une fois des difficultés d'interpretation posées par le recensement de 1851–52. Ainsi les catégories « épiciers », « bouchers », « marchands » peuvent recouvrir à la fois des détaillants et des grossistes.
59 Certaines monographies récentes permettent de pernser que dans certains secteurs comme le cuir, le nombre de travailleurs salariés au sein des bottiers et cordonniers. peut être assez élevé (voir entre autres, Joanne Burgess, « L'industrie de la chaussure à Montréal: 1840–1870. Le passage de l'artisanat à la fabrique », Revue d'histoire de l' Amérique française 31 [1977], 187–210).
Ailleurs, nous avons conçu une mesure imparfaite qui consiste à départagerceux qui exercent leur métier dans les centres urbains de Montréal et de Québec de ceux qui l'exercent en milieu rural en présumant qu'une bonne proportion des premiers le font pour le compte d'un patron (Gérald Bernier, « Développement politique, dépendance et analyse historique. Un champ d'application: la société québécoise de 1837 à 1867 » [Thèse de doctorat, Université Laval, 1977], 196).
60 Cooper, « The Social Structure of Montreal ».
61 Albert Faucher, « La construction navale à Québec au XIXe siècle: apogée et déclin », dans Histoire économique et unité canadienne (Montréal: Fides, 1970), 227–54Google Scholar.
62 A ce sujet voir Linteau, Paul-André et Robert, Jean-Claude, « Propriété foncière et société à Montréal: une hypothèse », Revue d'histoire de l'Amérique française 28 (1974), 45–65CrossRefGoogle Scholar; Robert, « Les notables ».
63 Hamelin, L. E.,.« Evolution numérique séculaire du clergé catholique dans le Québec », Recherches sociographiques 2 (1961), 238CrossRefGoogle Scholar.
64 Les directives données aux énumérateurs stipulaient en effet que les fils de paysans domiciliés chez leurs parents devaient être recensés à titre de « journaliers ». Par ailleurs, les fils d'artisans ou d'ouvriers qualifies à l'emploi du père devaient être assimilés à la profession de ce dernier. Cette façon de procéder ajoute aux difficultés déjà nombreuses d'interprétation des résultats du recensement de 1851–52. La directive concemant l'enregistrement de la profession se lit comme suit: « Enter the TRADES, PROFESSIONS and CALLINGS of each person being careful to note that when a son works for the benefit of his parent, he is to be noted—if the parent be a farmer, as a labourer, but if his parent be of a trade, then of the same trade or calling » (David P. Gagan, « Enumerator's Instructions for the Census of Canada 1852 and 1861 », Histoire Sociale 7 [1974], 359)Google Scholar.
65 Ryerson, Le capitalisme et la confédération, 357.
66 Ouellet et Hamelin, « Les rendements », 118.
67 A nouveau, rappelons qu'il pourrait en être autrement si l'objet d'analyse était différent. Une analyse de la structure de classes se veut en quelque sorte un instantané de la morphologie sociale à un moment précis. La primauté va alors à la sphère économique. Cette problématique ne permet pas de rejoindre la mouvance, le dynamisme et la multidimensionnalité d'une analyse portant sur les antagonismes et alliances de classes et au sein de laquelle la dimension nationale constitue une composante de premier plan.
68 Rappelons également que cette configuration initiale issue de la Conquête sera exacerbée par les effets de l'oppression découlant du phénomène de colonialisme interne qui s'installe en 1760. Ces effets deviendront particulièrement sensibles après l'accession du Québec à la phase industrielle du développement du M.P.C.
69 D'ailleurs, la définition même de formation sociale implique la coexistence au sein d'une société de plusieurs types de rapport de production. Harnecker, Voir M., Les concepts élémentaires du matérialisme historique (Bruxelles: Editions contradictions, 1973), 129ssGoogle Scholar.
70 Ces questions tentent de souligner que le passage à la domination du M.P.C. ne se fait pas de manière mécanique et instantanée. Si la transition tend principalement à la dissolution des formes de production non-capitalistes et des rapports de production qui y sont afférents, elle tend secondairement à la conservation de ces mêmes éléments, bien que ceux-ci soient subordonnés au M.P.C. et restructurés en fonction des besoins de ce dernier. Voir Rey, Les alliances, 73ss.; Liepietz, Le capital, 29–45; Charles Bettelheim, « Remarques théoriques », dans Emmanuel, A., L'échange inégal (Paris: Maspero, 1975), 322–23Google Scholar.