Si la traduction peut bénéficier des enseignements de la linguistique théorique, il est possible qu’à son tour, de par son ancrage dans la pratique quotidienne des langues en contact, elle parvienne à éclairer certains problèmes de langage. C’est donc un regard de traducteur que nous jetons sur la ponctuation.
Longtemps celle-ci est demeurée l’affaire des grammairiens, des typographes et des pédagogues qui s’efforcèrent d’en régler l’usage, mais elle intéresse aujourd’hui les linguistes, habitués à observer, décrire, classer, expliquer, éventuellement désireux de rationaliser des habitudes fondées davantage sur la tradition que sur des principes explicites. La revue Langue française y consacre en effet une livraison, dirigée par Nina Catach, dont en guise d’introduction nous présenterons quelques articles susceptibles d’intéresser les traducteurs.
Les auteurs anciens et modernes ne s’entendent guère sur la définition de la ponctuation. Selon Nina Catach, il faudrait retenir deux définitions, l’une “extensive,” l’autre limitée aux signes “intérieurs au texte, en général explicites, discrets, formant système” (1980:19), et qui sont “communs au manuscrit et à l’imprimé” (1980:21). La “ponctuation de mots” (blanc, apostrophe, trait d’union, trait de division) et la “ponctuation de texte” (alinéas et paragraphes, par exemples) viendraient alors compléter la “ponctuation de phrases” (virgule, points, etc.). La ponctuation ainsi comprise s’inscrit dns le cadre de l’ “orthotypographie, qui recouvre tous les aspects de l’orthographe …relevant essentiellement de l’autorité des ateliers d’imprimerie, et qui sont explicitement traités comme tels dans les codes et manuels typographiques” (1980:20).