On serait tenté de croire que la question de l’acquisition des mots composés dans les langues romanes et en français plus particulièrement ne semble pas se poser d’abord en termes de processus de maturation ni en termes de dispositif d’apprenance (“learnability”) du langage (DAP). Après tout, un enfant en bas âge n’articule pas des mots composés dès lors qu’il commence à balbutier. On a même l’impression que l’enfant n’a pas besoin d’être confronté à des données très particulières pour acquérir la capacité de comprendre et de réutiliser les mots composés de sa langue. On peut même entretenir l’illusion que les mots composés n’appartiennent ni à son voculaire fondamental ni même à son répertoire lexical de jeune locuteur. Quelques exceptions mises à part, comme loup-garou ou “jouer à cache-cache, à colin-maillard, à chat-perché, à pigeon vole, à saute-mouton, etc.”, un enfant n’a que rarement l’occasion, nous semble-t-il, d’entendre les mots composés de sa langue et surtout de les enregistrer dans son vocabulaire actif. En tout état de cause, les mots composés ne poseraient aucun vrai problème d’acquisition ni seraient d’une grande pertinence en regard du DAP.