Published online by Cambridge University Press: 27 June 2016
Le présent article décrit la constitution d’un corpus de français oral, baptisé les Récits du français québécois d’autrefois (RFQ), qui comprend des contes, des légendes et des entrevues recueillis auprès de locuteurs nés entre 1846 et 1895. Leur parler est celui du Québec rural du 19e siècle; il montre la variabilité inhérente et les structures vernaculaires caractéristiques des dialectes d’aujourd’hui. Nous examinons les avantages et les inconvénients de ces données diachroniques et montrons que, si elles sont utilisées judicieusement, elles représentent effectivement un stade antérieur du français québécois, avant son contact intense avec l’anglais. À ce titre, elles constituent un point de repère pour situer les traits linguistiques actuels. À partir d’une étude de cas de l’élision du ne, nous montrons comment une comparaison systématique entre les RFQ et le parler vernaculaire contemporain peut servir à repérer un changement linguistique, à le dater et à suivre son acheminement.
This article describes the construction of a corpus of spoken French with a time depth of a century and a half, which we call the Récits du français québécois d’autrefois (RFQ). The folktales, local legends, and interviews constituting the RFQ were produced by speakers born between 1846 and 1895. They spoke the French of 19th-century rural Québec, a variety which we show to be replete with the inherent variability and vernacular structures characteristic of contemporary dialects. We review the advantages and drawbacks associated with this type of diachronic material and argue that, exploited judiciously, it effectively represents an earlier, pre-contact stage of spoken Quebec French. As such it can be used as a benchmark against which to situate current linguistic developments. Illustrating with a case study of ne-deletion, we show how systematic comparison of the RFQ with contemporary vernaculars can help pinpoint the existence, date, and direction of language change.