Article contents
Le pluralisme juridique comme orthodoxie de la science du droit
Published online by Cambridge University Press: 02 January 2013
Abstract
In this article Jean-Guy Belley examines the dichotomy between individuals and organizations, considered explicitly in connection with the development of the idea of legal pluralism. This idea—not the concept, which came later—had appeared in the early twentieth century, thanks to militant jurists who challenged the dominance of formal positivism and had an interest in legal sociology and anthropology. Their approach fitted in with legal realism (broadly understood), but specifically questioned the central role of the state in the production of law. That initial form of legal pluralism fuelled the renewal of legal thinking and fostered the development of the sociology of law, but it did not lastingly challenge the dominant status of positivism among jurists. In contrast, the “new legal pluralism” that has been rapidly growing in the last decades presents itself as new legal orthodoxy: paradoxically, the idea of legal pluralism, which originally illustrated the quest for intellectual emancipation from the formalist straitjacket (perhaps even emancipation of social life vis-à-vis the state), has turned into a new orthodoxy in the second era of modernity. That legal doctrine is clearly in harmony with the impersonal domination of private legal orders (especially of large economic organizations) over contemporary society.
Résumé
Jean-Guy Belley se centre ici sur l'opposition individus/organisations, en la rattachant aux transformations de l'idée de pluralisme juridique. L'idée—mais non le concept, plus tardif—apparaît au début du XXème siècle, forgée par des juristes contestataires opposés au positivisme formaliste alors dominant, et attirés par la sociologie et l'anthropologie du droit. Cette démarche s'inscrit dans la mouvance du réalisme juridique, mais avec la particularité de remettre en question la centralité de l'État dans la production des règles de droit. Ce premier pluralisme juridique va contribuer au renouveau de la doctrine et favoriser le développement de la sociologie du droit, sans toutefois parvenir à ébranler durablement la position dominante du positivisme chez les juristes. Par contraste, le « nouveau pluralisme juridique » a vocation à s'ériger en nouvelle orthodoxie du droit: paradoxalement, l'idée de pluralisme juridique, née d'une recherche d'émancipation intellectuelle par rapport au carcan du formalisme (et parfois d'émancipation de la vie sociale elle-même par rapport à l'État), s'est transformée dans le cadre de la seconde modernité en nouvelle orthodoxie, celle d'une doctrine du droit en phase avec la domination impersonnelle qu'exercent sur la société contemporaine les ordres juridiques pluriels, lesquels émanent des grandes organisations, économiques en particulier.
Keywords
- Type
- Research Article
- Information
- Canadian Journal of Law and Society / La Revue Canadienne Droit et Société , Volume 26 , Issue 2 , August 2011 , pp. 257 - 276
- Copyright
- Copyright © Canadian Law and Society Association 2011
References
1 Belley, Jean-Guy, «L'État et la régulation juridique des sociétés globales. Pour une problématique du pluralisme juridique», (1986) XVIII Sociologie et sociétés 11–32CrossRefGoogle Scholar.
2 Belley, Jean-Guy, «Gouvernance et démocratic dans la société neuronale», Cardinal, dans Linda, Andrew, Caroline, La démocratie à l'épreuve de la gouvernance, Ottawa, Les Presses de l'Université d'Ottawa, 2001, p. 153–171Google Scholar.
3 Bourdieu, Pierre, «Esprit d'État: Genèse et structure du champ bureaucratique», (1993) 96–97 Actes de la recherche en sciences sociales 49–69Google Scholar.
4 A contrario, les juristes restés jusnaturalistes préconisent volontiers une certaine idée du pluralisme juridique. Sériaux, Alain, «Pluralisme juridique et droit naturel», (1993) Revue de la recherche juridique 585–590Google Scholar.
5 Arnaud, André-Jean, Pour une pensée juridique européenne, Paris, PUF, 1991Google Scholar; Mark van Hoecke and François Ost, eds., The Harmonization of European Private Law, Oxford, Hart, 2000; Gunther Teubner, ed., Global Law Without a State, Dartmouth, Aldershot, 1997; André-Jean Arnaud, Entre modernité et mondialisation, Paris, LGDJ, 1998; Oppetit, Bruno, Droit et modernité, PUF, 1998Google Scholar; Mockle, Daniel, dir., Mondialisation et État de droit, Bruxelles, Bruylant, 2002Google Scholar.
6 Dezalay, Yves, Marchands de droit. La restructuration de l'ordre juridique international par les multinationales du droit, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992Google Scholar; Arthurs, Harry W., «Globalization of the Mind: Canadian Elites and the Restructuring of Legal Fields», (1997) 12 Canadian Journal of Law and Society 219–246CrossRefGoogle Scholar.
7 Santos, Boaventura de Sousa, Toward a New Common Sense. Law, Science and Politics in the Paradigmatic Transition, New York, Routledge, 1995Google Scholar.
8 Dezalay, Yves, «Multinationales de l'expertise et dépérissement de l'État», (1993) 96–97 Actes de la recherche en sciences sociales 3–20Google Scholar.
9 Mockle, Daniel, Recherches surles pratiques administratives pararéglementaires, Paris, LGDJ, 1984Google Scholar.
10 Perrin, Jean-François, Les conventions déclarées de force obligatoire générale en tant que source de droit, Rapport à la société suisse des juristes, Helbing et Lichtenhahn Verlag AG, Bâle et Francfort-sur-le-Main, 1976Google Scholar; Jaffe, Louis L., «Law-Making by Private Groups», (1937) 51 Harvard Law Review 201–253CrossRefGoogle Scholar.
11 Mockle, Daniel, «Ordre normatif interne et organisations», (1992) 33 Les Cahiers de droit 965–1056CrossRefGoogle Scholar; Trudel, Pierre, «Les effets juridiques de l'autoréglementation», (1989) 19 Revue dé droit de l'Université de Sherbrooke 247–286Google Scholar; Gaillard, Emmanuel, Le pouvoir en droit privé, Paris, Economics, 1985Google Scholar; Centre de droit privé de l'Université Libre de Bruxelles, L'autorégulation, Bruxelles, Bruylant, 1995Google Scholar; Petersen, Hanne and Zahle, Henrik, Legal Polycentricity: Consequences of Pluralism in Law, Dartmouth, Aldersthot, 1995Google Scholar.
12 Teubner, Gunther, «Contracting Worlds: The Many Autonomies of Private Law», (2000) 9 Social and Legal Studies 399–417CrossRefGoogle Scholar; Teubner, Gunther, «After Privatization? The Many Autonomies of Private Law», (1998) 51 Current Legal Problems 393–424CrossRefGoogle Scholar; Miaille, Michel, dir., La régulation entre droit et politique, Paris, L'Harmattan, 1995Google Scholar.
13 Belley, Jean-Guy, «Paradigmes et innovation: les professeurs de droit et l'avenir des professions juridiques», (1994) 9 Revue canadienne droit et société 163–179CrossRefGoogle Scholar; Posner, Richard A., «The Decline of Law as an Autonomous Discipline: 1962-1987», (1987) 100 Harvard Law Review 761–780CrossRefGoogle Scholar.
14 Carbonnier, Jean, «Droit et non-droit», dans Flexible droit, Paris, LGDJ, 2e édition, 1971, p. 5–58Google Scholar; voir aussi du même auteur, «L'État dans une vision civiliste», (1992) 15 Droits 33–37Google Scholar; pour une critique jusnaturaliste de la théorie promue par Carbonnier, Sériaux, voir Alain, «Question controversée: la théorie du non-droit», (1995) Revue de la recherche juridique 13–30Google Scholar; pour sa mise à profit en droit commercial, voir Commission Droit et vie des affaires, L'hypothèse du non-droit, Faculté de droit, d'économie et de sciences sociales de l'Université de Liège, Liège, 1978Google Scholar.
15 Niort, Jean-François, «Jean Carbonnier: une philosophic juridique de la tolérance», dans Dumouchel, Paul et Melkevik, Bjarne, dir., Tolerance, pluralisme et histoire, Paris, L'Harmattan, 1998, p. 191–211Google Scholar.
16 Perrin, Jean-François, Sociologie empirique du droit, Bâle, et Francfort-sur-le-Main, , Helbing, & Lichtenhahn, , 1997, p. 52–64Google Scholar; Belley, Jean-Guy, dir., Le droit soluble. Contributions québécoises à l'étude de l'internormativité, Paris, LGDJ, 1996Google Scholar.
17 Pour une présentation critique de cette croyance, voir Perrin, Jean-François, Théorie de la connaissance juridique, Genève, Librairie Droz, 1979, p. 104Google Scholar s.
18 Pour des exemples d'analyse contextuelle prenant en compte l'imbrication et l'interaction du droit, de l'infra-droit et du non-droit, voir: Whittaker, Simon, «Public and Private Law-Making: Subordinate Legislation, Contracts and the Status of ‘Student Rules’», (2001) 21 Oxford Journal of Legal Studies 103–128CrossRefGoogle Scholar; Eisenberg, Melvin A., «Corporate Law and Social Norms», (1999) 99 Columbia Law Review 1253–1292CrossRefGoogle Scholar; Chouraqui, Alain, «Quelques difficultés actuelles d'articulation du juridique et du social», dans Chazel, François et Commaille, Jacques, dir., Normes juridiques et régulation sociale, Paris, LGDJ, 1991, p. 285–300Google Scholar; Morel, Christian, «Le droit coutumier social dans l'entreprise», dans Droit social, juil.-août 1979, p. 279–286Google Scholar.
19 Sur la notion d'«ordre privé», voir: Galanter, Marc, «Justice has many rooms: courts, private ordering and indigenous law», (1981) 19 Journal of Legal Pluralism 1–46CrossRefGoogle Scholar; Trebilcock, Michael J., The Limits of Freedom of Contract, Cambridge, Harvard University Press, 1993, p. 1–22Google Scholar; sur la notion voisine de «gouvernement privé» voir Macaulay, Stewart, «Private Government», dans Lipson, Leon et Wheeler, Stanton, eds., Law and the Social Sciences, New York, Russell Sage Foundation, 1986, p. 445–518Google Scholar.
20 Posner, Eric A., Law and Social Norms, Cambridge, Harvard University Press, 2000Google Scholar; Suchman, Mark C., «On Beyond Interest: Rational, Normative and Cognitive Perspectives in the Social Scientific Study of Law», (1997) Wisconsin Law Review 475–501Google Scholar; Adams, Richard H., «Comment: Accounting for Norms», (1997) Wisconsin Law Review 625–637Google Scholar; «Social Norms, Social Meaning, and the Economic Analysis of Law», (1998) XXVII The Journal of Legal Studies 537–823Google Scholar.
21 Posner, Eric A., «Symbols, Signals and Social Norms in Politics and the Law», (1998) XXVII The Journal of Legal Studies 765–798, p. 772Google Scholar s.
22 Gilson, Ronald J., «Value Creation by Business Lawyers: Legal Skills and Asset Pricing», (1984) 94 Yale Law Journal 239–328CrossRefGoogle Scholar; Ashford, Robert, «Socio-Economics: What is its Place in Law Practice?», (1997) Wisconsin Law Review 611–623Google Scholar.
23 Jacobs, Jane, Systèmes de survie. Dialogue sur les fondements moraux du commerce et de la politique, trad, de l'anglais par C. Teasdale, Montréal, Boréal, 1995Google Scholar.
24 Mockle, Daniel, La gouvernance, le droit et l'État. La question du droit dans la gouvernance publique, Bruxelles, Bruylant, 2007Google Scholar; Chevallier, Jacques, L'État, Paris, Dalloz, 1999, p. 114Google Scholar.
25 Jobert, Bruno et Muller, Pierre, L'État en action. Politiques publiques et corporatismes, Paris, PUF, 1987Google Scholar.
26 Morand, Charles-Albert, dir., L'État propulsif. Contribution à l'étude des instruments d'action de L'État, Paris, Publisud, 1991Google Scholar.
27 Daintith, Terence, ed., Law as an Instrument of Economic Policy: Comparative and Critical Approaches, Berlin, Walter de Gruyter, 1988Google Scholar; Issalys, Pierre, Répartir les normes: le choix entre les formes d'action Étatique, Québec, Université Laval, 2000Google Scholar.
28 Paul Amselek, «L'évolution générale de la technique juridique dans les sociétés occidentals», dans C.-A Morand, op. cit., p. 129–154; Willke, Helmut, «Diriger la société par le droit?», (1986) 31 Archives de philosophic du droit 182–214Google Scholar.
29 Gérard, Philippe, Ost, François, van de Kerchove, Michel, Droit négocié, droit imposé?, Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis, 1996Google Scholar.
30 Morand, Charles-Albert, Le droit néo-moderne des politiques publiques, Paris, LGDJ, 1998Google Scholar; Brian Bercusson, «Economic Policy: State and Private Ordering», in T. Daintith, op. cit., note 27, p. 359–420.
31 Ménard, Claude, L'économie des organisations, Paris, La Découverte, 1990Google Scholar.
32 Kessler, Friedrich et Sharp, Malcolm P., «Contrac t as a Principle of Order», in Schwartz, Richard D. et Skolnick, Jerome H., Society and the Legal Order. Cases and Materials in the Sociology of Law, New York, Basic Books, 1970, p. 155–160Google Scholar; Gordon, Robert W., «Macaulay, Macneil, and the Discovery of Solidarity and Power in Contract Law», (1985) Wisconsin Law Review 565–579Google Scholar; Supiot, Alain, «La contractualisation de la société», dans Michaud, Yves, dir., Qu'est-ce que l'humain?, vol. 2, Paris, Éditions Odile Jacob, 2000, p. 157–167Google Scholar.
33 Farjat, Gérard, Droit privé de l'économie, Paris, PUF, 1975, p. 66Google Scholar.
34 Deakin, Simon and Michie, Jonathan, eds., Contracts, Co-Operation, and Competition. Studies in Economics, Management, and Law, Oxford, Oxford University Press, 1997Google Scholar; Campbell, David and Vincent-Jones, Peter, eds., Contract and Economic Organization. Socio-Legal Initiatives, Dartmouth, Aldershot, 1996Google Scholar; Brousseau, Eric, «Les théorie s des contrats: une revue», (1993) 103 Revue d'économie politique 1–81Google Scholar; voir aussi le numéro collectif «Law, Private Governance and Continuing Relationships», (1985) Wisconsin Law Review 461–757Google Scholar.
35 Beaud, Olivier, «L'honneur perdu de l'État?», (1992) Droits 3–10Google Scholar.
36 Reve, Torger, «The Firm as a Nexus of Internal and External Contracts», dans Aoki, M. et al. , eds, The Firm as a Nexus of Treaties, New York, Sage, 1990, p. 133–161Google Scholar.
37 Giddens, Anthony, The Consequences of Modernity, Stanford, Stanford University Press, 1990, p. 177Google Scholar.
38 Sloterdijk, Peter, La mobilisation infinie. Vers une critique de la cinetique politique, trad. de l'all, par H. Hildenbrand, Paris, Christian Bourgois Éditeur, 2000, p. 31Google Scholar s.
39 Balandier, Georges, Le désordre. Éloge du mouvement, Paris, Fayard, 1988, p. 161Google Scholar.
40 Moles, Abraham A., «La pensée technique» dans Noiray, André, La philosophie, Paris, CEPL, 1969, p. 496–525Google Scholar.
41 Gottlieb, Gidon, «Relationism: Legal Theory for a Relational Society», (1983) 50 University of Chicago Law Review 567–612CrossRefGoogle Scholar.
42 Commaille, Jacques, L'esprit sociologique des his. Essai de sociologie politique du droit, Paris, PUF, 1994Google Scholar; Summers, Robert S., Essays on the Nature of Law and Legal Reasoning, Berlin, Duncker & Humblot, 1992, p. 13–92Google Scholar; Atiyah, Patrick S., «From Principles to Pragmatism: Changes in the Function of the Judicial Process and the Law», (1980) 65 Iowa Law Review 1249–1272Google Scholar.
43 Jean-François Perrin, Sociologie empirique du droit, op. cit., note 16, p. 65 s.; Jeammaud, Antoine, «Les règies juridiques et l'action», (1993) Recueil Dalloz-Sirey, Chronique LV, p. 207–212Google Scholar; Lascoumes, Pierre et Serverin, Evelyne, «Le droit comme activaté sociale. Pour une approche wébérienne des activités juridiques», (1988) 9 Droit et Société 165–187CrossRefGoogle Scholar.
44 Conley, John M. and O'barr, William M., Rules versus Relationships. The Ethnography of Legal Discourse, Chicago, University of Chicago Press, 1984Google Scholar; Nedelsky, Jennifer, «Reconceiving Rights as Relationships», (1993) 1 Review of Constitutional Studies 1–26Google Scholar.
45 Dans son texte de présentation du dossier spécial consacré à lœuvre de Niklas Luhmann, André-Jean Arnaud ramène ainsi la théorie autopoïétique à «l'étude du système en relation avec son environnement, l'adéquation du droit à la société» (p. 12). Voir «Aux racines sociales du droit: variations autour de quelques thèmes luhmanniens», (2001) 47 Droit et Société 9–182Google Scholar.
46 Teubner, Gunther, «The Two Faces of Janus: Rethinking Legal Pluralism», (1992) 13 Cardozo Law Review 1443–1462Google Scholar. Pour une étude critique, voir Coutu, Michel, «Le pluralisme juridique chez Gunther Teubner: la nouvelle guerre des dieux?», (1997) 12 Revue canadienne Droit et Société 93–113CrossRefGoogle Scholar.
47 Gunther Teubner, «After Privatization? The Many Autonomies of Private Law», op. cit., note 12.
48 Ladeur, Karl-Heinz, The Theory of Autopoïesis as an Approach to a Better Understanding of Postmodern Law. From the Hierarchy of Norms to the Heterarchy of Changing Patterns of Legal Inter-Relationships, Florence, European University Institute Working Paper, 1999Google Scholar. Voir aussi du même auteur «From Universalistic Law to the Law of Uncertainty: On the Decay of the Legal Order's “Totalizing Teleology” as Treated in the Methodological Discussion and Its Critique from the Left», in Joerges, Christian and Trubek, David H., eds., Critical Legal Thought: An American-German Debate, Baden-Baden, Nomos Verlagsgesellschaft, 1989, p. 567–590Google Scholar.
49 Eisenberg, Melvin A., «The Emergence of Dynamic Contract Law», (2001) 2 Theoretical Inquiries in Law 1–77CrossRefGoogle Scholar; Thibierge-Guelfucci, Catherine, «Libres propos sur la transformation du droit des contrats», (1997) Revue trimestrielle de droit civil, avril-juin, 357–385Google Scholar.
50 Frydman, Benoît, «Le droit à la lumière de la philosophie de l'action. Indécidabilité, coopération et révision», dans Livet, Pierre, dir., L'argumentation. Droit, philosophie et sciences sociales, Québec, L'Harmattan / Les Presses de l'Université Laval, 2000, p. 145–178Google Scholar; Belley, Jean-Guy, «Les incertitudes du contrat», dans Mackaay, Ejan, dir., Les incertitudes du droit. Uncertainty and the Law, Montréal, Les Editions Themis, 1999, p. 1–23Google Scholar.
51 Voir à ce sujet le numéro collectif suivant: «Relational Contract Theory: Unanswered Questions. A Symposium in Honor of Ian R Macneil», (2000) 94 Northwestern University Law Review 737–935Google Scholar.
52 Le contrat n'a pu acquérir ce statut qu'en prenant ses distances avec la vision classique qui le rattachait exclusivement à la sphère économique et ne lui faisait sewir qu'une fonction de coordination marchande. La théorie et la pratique du contrat relationnel réalisent cette émancipation en montrant que son instrumentalisation se constate dans une grande variété de contextes d'action extérieurs à la sphère économique et que le contrat y réalise des fonctions matérielles et symboliques qui remettent à l'honneur des formes contractuelles oubliées (traité, concordat, pacte d'alliance, contrat-statut, contrat social, contrat moral …). Sur la pluralisation contemporaine des fonctions du contrat, voir: Belley, Jean-Guy, Le contrat entre droit, économie et société, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 1998, p. 197–287Google Scholar; du même auteur, «Théories et pratiques du contrat relationnel: les obligations de collaboration et d'harmonisation normative», dans Conférence Meredith Lectures 1998–1999Google Scholar, La pertinence renouvelée du droit des obligations, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais, 2000, p. 137–157Google Scholar; voir aussi Gunther Teutner, «Contracting Worlds: The Many Autonomies of Private Law», op. cit., note 12; pour une étude critique, voir Coutu, Michel, «Contrat et auto-référence en droit suivant Gunther Teubner: une «méprise constructive »?», (1998) 40 Revue interdisciplinaire d'études juridiques 1–46Google Scholar.
53 Par exemple, les codifications transnationales du droit des contrats qui ont cours aujourd'hui tirent leur autorité, sinon leur juridicité, non pas de leur origine institutionnelle, mais du jugement que les opérateurs du commerce international portent sur leur pertinence et leur utilité. Voir en ce sens Rouhette, Georges, «Les codifications du droit des contrats», (1996) 24 Droits 113–124Google Scholar.
54 «Dans le phénomène du praticisme se réunissent toutes les mobilisations qui marquent la physionomie de la modernité dans les domaines économique, technologique, scientifique, militaire, juridique, informatif »: Peter Sloterdijk, op. cit., note 38, p. 206. Sur la fonction normative des «pratiques sociales», voir Jean-François Perrin, Pour une théorie de la connaissance juridique, op. cit., note 17, p. 133–138 et Sociologie empirique du droit, op. cit., note 16, p. 116–127.
55 Sur le narrativisme dans certains courants récents de la doctrine juridique américaine, voir Gaudreault-Desbiens, Jean-François, «La Critical Race Theory ou le droit étatique comme outil utile, mais imparfait, de changement social», (2001) 48 Droit et Société 581–612Google Scholar.
55 Sur les approches «gros plan» et «grand angle» en sociologie du droit, voir Jean-François Perrin, Sociologie empirique du droit, op. cit., note 16, p. 77–81. Sur le regard sociologique tourné vers le droit ou vers la société, voir Commaille, Jacques et Perrin, Jean-François, «Le modèle de Janus de la sociologie du droit», (1985) 1 Droit et Société 95–110CrossRefGoogle Scholar.
57 Sur les concepts de relevance, irrelevance et indifférentisme juridiques, voir Romano, Santi, L'ordre juridique, trad, de l'ital. par L. François et P. Gothot, Paris, Dalloz, 1975, p. 106–163Google Scholar; Jean-François Perrin, Sociologie empirique du droit, op. cit., note 16, p. 52–53; Chevalier, Jacques, «L'ordre juridique», dans Centre universitaire de recherches administratives et politiques de Picardie (C.U.R.A.P.P.), Paris, PUF, 1984, p. 7–49Google Scholar; Lenoble, Jacques, Introduction aux sources et aux notions générates du droit. La relativité des ordres juridiques, Louvain-la-Neuve, Université catholique de Louvain, Faculté de droit, 1983–1984, p. 51–72Google Scholar.
58 Weyrauch, Walter O. et Bell, Maureen A., «Autonomous Lawmaking: The Case of the “Gypsies”», (1993) 103 Yale Law Journal 323–399CrossRefGoogle Scholar; au niveau des pratiques individuelles et quotidiennes des membres des communautés, les contacts avec la juridicité dominante peuvent toutefois réaliser une certaine relevance juridique qui transgresse les frontières de l'ordre communautaire. Drummond, Voir Susan G., Legal Itineraries through Spanish Gitano Family Law: A Comparative Law Etnography, Doctoral Dissertation, Faculty of Graduate Studies and Research, McGill University, 2001Google Scholar; voir aussi Praagh, Shauna Van, «The Chutzpah of Chasidism», (1996) 11 Canadian Journal of Law and Society 193–215CrossRefGoogle Scholar.
59 La déviance des individus s'exerce aussi, parfois ouvertement, dans les interstices de la juridicité organisationnelle ou interorganisationnelle. Voir à ce sujet l'exemple analysé par Ellickson, Robert C., Order without Law. How Neighbours Settle Disputes, Cambridge, Harvard University Press, 1991, p. 258–264Google Scholar («the lawlesness of academic photocopying»).
60 Sur les alternatives critiques à la civilisation de la mobilisation technique infinie, voir Peter Sloterdijk, op. cit., note 38, pp. 81–144.
61 Kasirer, Nicholas, ed., La solitude en droit privé, Montréal, Les Éditions Thémis/Centre de recherche en droit privé et comparé du Québec, 2002Google Scholar.
62 Gurvitch, Georges, Eléments de sociologie juridique, Paris, Aubier, 1940, p. 158–162Google Scholar.
63 Ibid., p. 167–178.
64 Sur l'inaptitude des personnes physiques à participer à titre personnel au nouveau pluralisme juridique, voir Teubner, Gunther, Le droit, un système autopoïétique, Paris, PUF, 1993, p. 136Google Scholar s. (la communication juridique ne circule vraiment qu'entre des soussystèmes sociaux); du même auteur, «Contracting Worlds …», op. cit., note 12, p. 407 s. (le pluralisme juridique opère à travers des contrats entre langages ou discours plutôt qu'entre individus); Karl-Heinz Ladeur, The Theory of Autopoïesis …, op. cit., note 48, p. 24: «In post-modern societies this search process is no longer linked to individuals but has shifted to organizations whose strategic power does not allow for spontaneous self-coordination which is characteristic for experience».
65 Dumont, Fernand, Le lieu de l'homme. La culture comme distance et mémoire, Montréal, Bibliothéque québécoise, 1994 (lère éd., 1968)Google Scholar.
66 Ibid., p. 122.
67 Ibid., p. 191–192, 199, 207–208.
68 Jutras, Daniel, «The Legal Dimensions of Everyday Life», (2001) 16 Canadian Journal of Law and Society 45–65CrossRefGoogle Scholar.
69 Kleinhans, Martha-Marie and Macdonald, Roderick A., «What is a Critical Legal Pluralism?», (1997) 12 Canadian Journal of Law and Society 25–46CrossRefGoogle Scholar; voir aussi Vanderlinden, Jacques, «Vers une nouvelle conception du pluralisme juridique», (1993) Revue de la recherche juridique 573–583Google Scholar.
70 Voir à ce sujet, Gurvitch, Georges, Dialectique et sociologie, Paris, Flammarion, 1962, p. 258Google Scholar et s. S'il est vrai que les rapports actuels entre les psychismes obéissent à une dialectique d'antinomie plutôt que d'implication mutuelle, on pourrait y voir une manifestation du nouveau genre d'alienation que Gurvitch appréhendait dans des Sociétés où les œuvres de civilisation (notamment le droit) ne dominent plus les techniques mais sont au contraire dominees par elles (p. 271–272).
- 5
- Cited by