Hostname: page-component-cd9895bd7-jkksz Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T07:18:12.888Z Has data issue: false hasContentIssue false

« Des menottes sur des pansements » : La décriminalisation de la tentative de suicide dans les tribunaux du Québec entre 1892 et 19721

Published online by Cambridge University Press:  15 May 2013

André Cellard
Affiliation:
Professeur titulaire Département de criminologieUniversité d’OttawaTél. : 613-562-5800, poste 1792 Courriel : [email protected]
Élise Chapdelaine
Affiliation:
Professeur titulaire Département de criminologieUniversité d’OttawaTél. : 613-562-5800, poste 1792 Courriel : [email protected]
Patrice Corriveau
Affiliation:
Professeur titulaire Département de criminologieUniversité d’OttawaTél. : 613-562-5800, poste 1792 Courriel : [email protected]

Abstract

From the time when suicide was considered equivalent to premeditated murder by the Canadian justice system to the decriminalization of attempted suicide in 1972, there was a dramatic reversal in how suicidal behaviors were viewed by society. Through an analysis of cases involving suicide attempts in Quebec between 1892 and 1972, we will examine the shift in the legal interpretation of attempted suicide. The law and medical science occasionally compete with one another to impose their own explanations of attempted suicide. These views are not mutually exclusive, though they are, at times, mutually reinforcing. Furthermore, the social reaction toward suicidal behaviors began to migrate from the criminal to the medical within the context of the courts, resulting in de facto decriminalization before such measures were inscribed into law.

Résumé

Depuis l’époque où le suicide était traité par la justice canadienne au même titre qu’un meurtre prémédité jusqu’à la décriminalisation de la tentative de suicide en 1972, l’évolution de la réaction sociale à l’endroit du comportement suicidaire a connu un renversement spectaculaire. À l’aide d’une analyse des procès pour tentative de suicide au Québec entre 1892 et 1972, nous analyserons dans cet article le déplacement de l’interprétation de la tentative de suicide dans les cours de justice. Nous verrons que si le droit et la science médicale s’opposent à l’occasion pour imposer leur explication de la tentative de suicide, ils ne s’excluent pas mutuellement, se renforçant parfois l’un l’autre. En outre, nous constaterons que la réaction sociale au comportement suicidaire avait commencé à migrer du judiciaire au médical au sein même des cours de justice appelées à juger les personnes accusées de tentative de suicide, procédant ainsi de facto à une décriminalisation avant l’heure.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Law and Society Association / Association Canadienne Droit et Société 2013 

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

Références

Baechler, Jean. 1975. Les suicides, Paris: Calmann-Lévy.Google Scholar
Clarke-Finnigan, Mary, et Fahy, T. J.. 1983. « Suicide rates in Ireland ». Psychological Medecine 13: 385–91.Google Scholar
Cellard, André, et Thifault, Marie-Claude. 2007. Une toupie sur la tête. Visages de la folie à St-Jean-de-Dieu. Québec: Boréal.Google Scholar
Cellard, André, et Pelletier, Gérald. 1999. « La construction de l’ordre pénal au canada, 1892–1927: approches méthodologiques et acteurs sociaux ». Déviance et société 23 (4): 367–93.CrossRefGoogle Scholar
Charron, M. F. 1981. Le suicide au québec: analyse statistique. Québec: Services des études épidémiologiques, Ministère des affaires sociales.Google Scholar
Clain, Oliver. (2005). « Entretien ». Synapse 215: 914.Google Scholar
Corriveau, Patrice. 2006. La répression des homosexuels au Québec et en France. Du bûcher à la mairie. Sillery (QC): Septentrion.Google Scholar
Corriveau, Patrice. 2007. « Discours religieux et médical au coeur du processus de légitimation du droit pénal. La gestion des moeurs homoérotiques au Québec (1892–1969) ». Champ pénal 4. http://champpenal.revues.org/2282.Google Scholar
Derome, Wilfrid. 1919. « Étude sur le suicide ». Union médicale du Canada XVLIII (11): 562–70.Google Scholar
Douglas, Jack D. 1967. The social meanings of suicide. Princeton: Princeton University Press.Google Scholar
Durkheim, Émile. 1897. Le suicide, étude sociologique. 2e éd. Paris: PUF.Google Scholar
Foucault, Michel. 1976. Histoire de la sexualité I. La volonté du savoir. Paris: Gallimard.Google Scholar
Foucault, Michel. 1999. Les anormaux: cours au Collège de France (1974–1975). Paris: Gallimard/Seuil.Google Scholar
Grenier, Guy. 1999. Les monstres, les fous et les autres: la folie criminelle au Québec. Montréal: Éditions Trait d’union.Google Scholar
Halbwachs, Maurice. 1930. Les causes du suicide. Paris: Félix Alcan.Google Scholar
Lacroix, Luc. 1990. « Le suicide et les politiques sociales au Québec ». Santé mentale au Québec XV (1): 4661.Google Scholar
Laplante, Jacques. 1989. Prison et ordre social au Québec. Ottawa: Les presses de l’Université d’Ottawa.Google Scholar
Laplante, Laurent. 13 janvier 1968. « Les sursauts excessifs ». L’Artisan 61 (18): 4.Google Scholar
Landreville, Pierre. 1983. Normes sociales et normes pénales: notes pour une analyse socio-politique des normes. Montréal: Les cahiers de l’école de criminologie, Université de Montréal.Google Scholar
Leenaars, Antoon A., dir. 1998. Suicide in Canada. Toronto: University of Toronto Press.Google Scholar
Lefebure de Bellefeuille, G. 1929. « Le suicide et la responsabilité ». Union médicale du Canada VLIII (12): 729–38.Google Scholar
Martel, Joanne. 2001. « Examining the foreseeable: assisted suicide as a herald of changing moralities ». Social and Legal Studies 10 (2): 147–70.CrossRefGoogle ScholarPubMed
Martel, Joanne. 2002. Le suicide assisté: héraut des moralités changeantes. Ottawa: Les presses de l’Université d’Ottawa.CrossRefGoogle Scholar
Neeleman, Jan, et Wessely, Simon. 1997. « Changes in classification of suicide in England and Wales: time trends and associations with coroner’s professional background ». Psychological Medicine 27: 467–72.CrossRefGoogle Scholar
Perreault, Isabelle. 2009. Psychiatrie et ordre social. Analyse des causes d’internement et des diagnostics donnés à l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu dans une perspective de genre, 1920–1950. Thèse de doctorat en histoire. Ottawa: Université d’Ottawa.Google Scholar
Pescosolido, Bernice A., et Mendelsohn, Robert. 1986. « Social causation or social construction of suicide? An investigation into the social organization of official rates ». American Sociological Review 51: 80100.CrossRefGoogle Scholar
Pires, Alvaro. 2004. « La recherche qualitative et le système pénal. Peut-on interroger les systèmes sociaux ». dans Sociologie pénale: système et expérience, Kaminski, Dan et Kokoreff, M., dir., 173. Ramonville Saint-Agne: Éditions Érès.Google Scholar
Radio-Canada, . 1981. « La décriminalisation du suicide au canada ». http://archives.radio-canada.ca/emissions/379-6386/page/1/.Google Scholar
Shneidman, Edwin S. 1985. The definition of suicide. New York: Wiley.Google Scholar
Taschereau, H. E. 1888. The Criminal Statute Law of the Dominion of Canada. Toronto: Carswell.Google Scholar
Taschereau, H. E. 1893. The Criminal Code of the Dominion of Canada. Toronto: Carswell.Google Scholar
Volant, Éric, dir. 1990. Adieu la vie... étude des derniers messages laissés par des suicidés. Montréal: Bellarmin.Google Scholar