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Conservatism, Liberalism, and Socialism in Canada: An Interpretation

Published online by Cambridge University Press:  07 November 2014

G. Horowitz*
Affiliation:
McGill University
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In the United States, organized socialism is dead; in Canada socialism, though far from national power, is a significant political force. Why this striking difference in the fortunes of socialism in two very similar societies?

Any attempt to account for the difference must be grounded in a general comparative study of the English-Canadian and American societies. It will be shown that the relative strength of socialism in Canada is related to the relative strength of toryism, and to the different position and character of liberalism in the two countries.

In North America, Canada is unique. Yet there is a tendency in Canadian historical and political studies to explain Canadian phenomena not by contrasting them with American phenomena but by identifying them as variations on a basic North American theme. I grant that Canada and the United States are similar, and that the similarities should be pointed out. But the pan-North American approach, since it searches out and concentrates on similarities, cannot help us to understand Canadian uniqueness. When this approach is applied to the study of English-Canadian socialism, it discovers, first, that like the American variety it is weak, and second, that it is weak for much the same reasons. These discoveries perhaps explain why Canadian socialism is weak in comparison to European socialism; they do not explain why Canadian socialism is so much stronger than American socialism.

Le conservatisme, le liberalisme et le socialisme au canada: une interpretation

Le Conservatisme, le Liberalisme et le Socialisme au Canada: Une Interpretation

Les socialismes américain et canadien-anglais ont ceci de commun qu'ils sont faibles par comparaison avec le socialisme européen. Mais le socialisme est beaucoup plus vigoureux au Canada anglais qu'aux Etats-Unis. Pour rendre compte de cette vitalité relative du socialisme au Canada anglais, nous utilisons dans cet article la théorie que Louis Hartz a exposée à l'effet que les nouvelles sociétés fondées par des Européens sont des fragments de sociétés détachés de l'Europe. L'argument essentiel est que la culture « fragmentaire » ne comprend qu'une partie de l'éventail idéologique de la mère patrie. Les Etats-Unis, par exemple, constituent un fragment bourgeois établi par des disciples du libéralisme ou de l'individualisme qui ont abandonné l'apport « tory » de l'éventail idéologique. Le socialisme naît seulement de la confrontation entre le libéralisme et les valeurs « tory ». C'est une synthèse des éléments rationalistes et égalitaires du libéralisme d'une part et de l'élément collectiviste du système « tory » d'autre part. Quand l'un ou l'autre de ces éléments fait défaut, le socialisme n'apparaît pas. Le socialisme n'apparaît pas aux Etats-Unis parce que l'élément « tory » n'existe pas. On peut concevoir le Canada anglais comme un fragment bourgeois analogue à celui des Etats-Unis: pas d'héritage féodal dans le système des valeurs, par conséquent pas de socialisme. C'est l'opinion de Kenneth McRae dans son étude publiée dans The Founding of New Societies de Hartz. McRae reconnaît que l'élément « tory » existe chez les Loyalistes qui ont fondé le Canada anglais et qu'il explique le développement ultérieur de caractéristiques non-américaines et non-libérales. La présence de cet élément « tory » expliquerait également une insistance moins marquée au début sur l'égalitarisme et moins marquée subséquemment sur le progrès du mouvement socialiste. Mais McRae ne mentionne ces caractéristiques que pour les écarter. Selon lui, les fondements du Canada anglais sont le libéralisme américain. Il existe bien des tendances « tory » et socialistes, mais celles-ci sont sans importance. Nous prétendons que les éléments non-libéraux d'origine britannique sont partie intégrante des fondements de la société canadienne anglaise tout autant que les éléments libéraux d'origine américaine. Nous ne nions pas que l'élément libéral prédomine, mais il est important de souligner que ce n'est pas le seul élément, qu'il est associé à des tendances vitales et légitimes de valeurs « tory » et socialistes qui sont liées d'aussi près que le libéralisme à l'essence ou au fondement du Canada anglais. Les caractéristiques non-américaines ne paraissent négligeables que si le Canada anglais est comparé à l'Europe. Mais quand le Canada anglais est comparé aux Etats-Unis, les différences sont très significatives au contraire.

Le parti conservateur canadien est, dans une grande mesure, un parti de libéralisme d'affaires comme le parti républicain. Mais il n'y a pas que cela dans l'histoire, car contrairement au parti républicain et suivant en cela le parti conservateur britannique, le parti conservateur canadien ne constitue pas un bloc libéral monolithique. Les vieilles tendances prélibérales ont laissé des traces bien marquées dans le parti conservateur britannique et des traces moins précises mais encore importantes dans le parti canadien. Bennett, Meighen et Drew ne sont pas seulement des répliques canadiennes de McKinley, Hoover et Taft. Dans le conservatisme canadien, on trouve un élément du système typiquement réactionnaire des valeurs britanniques « tory » (« tory » collectiviste plutôt qu'individualiste et libéral) et aussi un élément de la démocratie « tory » à la Disraeli, i.e., en somme, un souci de caractère paternaliste pour le bien du peuple et la mise en évidence du parti « tory » pour la défense de cette cause. Ce courant de conservatisme est manifeste dans le « new deal » de R. B. Bennett. Le conservatisme de Diefenbaker est un curieux amalgame d'idées populistes de l'Ouest et des idées traditionnelles de la démocratie « tory ». La pensée de George Grant présente une certaine affinité entre le conservatisme et le socialisme qu'il est impossible de déceler aux Etats-Unis.

Au Canada anglais, le socialisme est du type britannique et non-marxiste. De son côté, le socialisme américain a été le fait d'étrangers qui se sont dépouillés de leur socialisme, comme de plusieurs autres caractères européens, au cours de leur américanisation. Le fait que le marxisme a été la seule variété de socialisme qui a gagné des adeptes aux Etats-Unis confirme l'opinion de Hartz à l'effet que le caractère exclusivement libéral du fragment américain de société condamne tous les socialismes à disparaître sauf ceux qui ont l'appui d'immigrants non encore américanisés. Au Canada anglais, les socialistes ne sont pas des étrangers, mais des immigrants britanniques. Ils pouvaient conserver leur socialisme, non seulement parce que celui-ci convenait à un système politique de valeurs comprenant des éléments non-libéraux, mais aussi parce qu'ils n'avaient rien à subir qui ressemblât au processus d'américanisation. Leur socialisme était un aspect de leur caractère de britanniques plutôt qu'un trait étranger qui devait disparaître au cours d'une assimilation culturelle. Aux Etats-Unis, le socialisme a toujours été d'un autre monde et sectaire; au Canada anglais, il a été, britannique et non-marxiste, un parti politique authentique plutôt qu'une secte religieuse.

Les trois composantes du système des valeurs politiques canadiennes anglaises se sont développées en interaction les unes les autres. Les valeurs « tory » et le socialisme ont perdu de leur pureté au contact du libéralisme; le libéralisme de même, en comparaison avec la branche américaine, au contact du socialisme et des valeurs « tory ». Pour comprendre le parti libéral, il faut donc le considérer comme un parti du centre avec des adversaires puissants à la fois sur sa gauche et sur sa droite.

Hartz prétend que le libéralisme réformiste américain, en dépit de l'appui qu'il a donné en fait au pouvoir étatique dans le New Deal, n'a pas renoncé à son engagement idéologique envers l'individualisme libéral. Comme le libéralisme de Roosevelt n'avait pas d'adversaire socialiste sur sa gauche, il n'a pas subi l'influence de l'idéologie socialiste. Du même coup et de nouveau à cause de l'absence du socialisme, il pouvait se définir à gauche sans ambiguité. Il ne s'est pas donné une image ambivalente, à la fois conservatrice et radicale comme les libéraux réformistes européens, qui devaient alternativement attaquer le status quo puis le défendre contre leurs adversaires socialistes. Il était en mesure d'ignorer même toute idéologie et d'instaurer de profondes réformes sans devoir s'arrêter en deça du socialisme. Le libéralisme réformiste canadien, tel que représenté par Mackenzie King, avait bien, au contraire, un adversaire socialiste sur sa gauche. Il fut par conséquent marqué par l'idéologie socialiste, mais pour répliquer aux attaques socialistes, il devait se déplacer vers le centre plutôt que de prendre position à gauche comme Roosevelt. A cause de la présence d'un parti socialiste, King a été forcé d'adopter le modèle libéral européen de préférence au modèle réformiste américain.

Le parti libéral est encore un parti du centre plutôt qu'une parti de gauche. Contrairement au libéralisme réformiste américain, il ne s'identifie pas aux couches inférieures de la population en opposition avec les milieux dirigeants des affaires. Il s'identifie plutôt en pratique avec les milieux d'affaires et son idéologie est vraiment centriste; il fait appel à toutes les classes de la société plutôt qu'aux unes contre les autres. Un parti de gauche, comme les Démocrates libéraux américains, innove en faveur des couches inférieures de la société; un parti du centre, comme les libéraux canadiens, n'est pas un parti innovateur. Un tel parti attend que les innovations, proposées par la gauche, aient gagné la faveur générale, et c'est alors qu'il les réalise, à la manière de King. Que le parti libéral soit un parti du centre est confirmé par des études de scrutin montrant qu'il a l'appui de toutes les classes également (ce qui n'est pas le cas des Démocrates dont l'appui vient surtout des couches inférieures de la population).

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Canadian Political Science Association 1966

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References

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2 New York: Harcourt, Brace and World (Toronto: Longmans), 1964); hereafter cited as New Societies.

3 Hartz, , New Societies, 3.Google Scholar

4 Ibid., 25.

5 Ibid., 7.

6 Ibid., 34.

7 Ibid., 71.

8 Kenneth McRae, “The Structure of Canadian History,” in ibid., 239.

9 Ibid., 72.

10 Ibid., 34.

11 Ibid.

12 Ibid., 269-70.

13 Ibid., 269.

14 Ibid.

15 Ibid., 273.

16 In The First New Nation (New York, 1963), esp. chap. 7.Google Scholar

17 New Societies, 235–40.

18 Ibid., 234.

19 Ibid., 238.

20 Ibid., 235.

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23 Ibid., 244.

24 Ibid., 37.

25 Ibid., 243.

26 Lipset, The First New Nation, 251.

27 New Societies, 244–7.

28 Ibid., 245.

29 Ibid., 246.

30 Ibid., 247.

31 Ibid., 246.

32 Ibid., 15.

33 Ibid., 10.

34 Hartz, , Liberal Tradition, 11.Google Scholar

35 Hartz, , New Societies, 23.Google Scholar

36 Ibid., 119.

37 Ibid., 35.

38 Ibid., 119.

39 Ibid., 120.

40 Ibid., 267.

41 See Beer, Samuel, British Politics in the Collectwist Age (New York, 1965), esp. chaps. 3 and 913.Google Scholar

42 Historic toryism finds expression today in the writings of Conservatives like W. L. Morton, who describes America as a liberal society integrated from below, by a covenant of brothers, and Canada as a monarchial society held together at the top, integrated by loyalty to the Crown. ( The Canadian Identity (Toronto, 1961), 99114.Google Scholar) In another of his writings Morton stresses the tory belief in personal leadership, in loyalty to leaders and readiness to let them govern. (Canadian Conservatism Now,’ in Fox, Paul, ed., Politics: Canada (Toronto, 1962), 287.Google Scholar) He takes an organic view of society, stresses the values of authority and tradition, rejects the liberal values of individualism and egalitarianism. He calls for the rejection of the ”dangerous and improper idea of the electoral mandate” (ibid., 289). He calls for the “creation of a Canadian system of honours” (ibid., 290). And he exhorts Canadian Conservatives frankly and loyally to accept the welfare state, since “laissez faire and rugged individualism” are foreign to “conservative principles” (ibid., 289). Canadian and British tories are able to rationalize their parties' grudging acceptance of the welfare state by recalling their precapitalist collectivist traditions. Can one conceive of a respected spokesman of traditional Republicanism denouncing “rugged individualism” as un-Republican?

43 Graham, Roger, Arthur Meighen, vol. II (Toronto, 1963), 269.Google Scholar

44 Ibid., vol. III (Toronto, 1965), 71–4.

45 Grant, George, Lament for a Nation (Toronto, 1965), 71.Google Scholar See Horowitz, Gad, “Tories, Socialists and the Demise of Canada,” Canadian Dimension, May-06 1965, 1215.Google Scholar

46 Communism in American Unions (New York, 1959), 7.Google Scholar

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48 Ibid., 221.

49 Liberal Tradition, p. 228.

50 Ibid., 231.

51 Ibid., 234.

52 Ibid., 243.

53 Ibid., 229.

54 Hutchison, Bruce, The Incredible Canadian (Toronto, 1952), 6.Google Scholar Hutchison writes (p. 39) of Industry and Humanity: “In almost every respect this book repudiates the historic Liberalism of Canada, denounces the economic system which Liberal politics have nurtured, proposes a society of an entirely different sort, edges uncomfortably close to the theories of the Socialist CCF.” See also McGregor, F. A., The Fall and Rise of Mackenzie King: 1911–1919 (Toronto, 1962), 230–47.Google Scholar

55 Before the thirties there was no strong socialist party in Canada. I would therefore be on safer ground if I were to locate the socialist challenge and liberal response in the thirties rather than at the time of the First World War. Nevertheless, the King of Industry and Humanity and the platform of 1919 does manifest the kind of transition from individualism to socialized Liberal Reform that occurred in Europe. The socialist challenge was there, not in the form of a menace at the polls, but “in the air,” in the political culture as a legitimate ideology which evoked response—rejection and incorporation—from other ideologies, even though it was not yet a power at the polls. And from 1921—the time of Woodsworth's election to the Commons—the direct political influence of Woodsworth on King comes into the picture, even though Woodsworth in the twenties did not present a significant electoral danger. American liberalism did not have to answer socialist attacks not primarily because of the weakness of socialism at the polls but because of its weakness in the political culture—its alien, illegitimate, un-American character. I might also mention that British liberalism began to revise itself in response to the socialist challenge long before socialism became a significant electoral menace.

56 Scott, R R., “W.L.M.K.,” The Blasted Pine, ed. Scott, F. R. and Smith, A. J. M. (Toronto, 1962), 28.Google Scholar

57 Hartz, , Liberal Tradition, p. 263.Google Scholar

58 Ibid.

59 Ibid., 260.

60 Ibid., 271

61 Speaking in the Commons on February 27, 1933, King assured the socialists that their objectives were not alien to the spirit of Liberalism. His objection was to their “implied method of reform through dictatorship.” Rogers, Norman McL., Mackenzie King (Toronto, 1935), 186.Google Scholar

62 Hartz, , Liberal Tradition, p. 261.Google Scholar

63 Ibid., 262.

64 Ibid.

65 Ibid. 267.

66 Ibid.

67 Ibid., 270.

68 “The Canadian voter is in favour of progress and against social experimentation” (my emphasis). ( National Liberal Federation, The Liberal Party of Canada (Ottawa: National Liberal Federation, 1957), 15.Google Scholar) “Liberalism accepts social security but rejects socialism; it accepts free enterprise but rejects economic anarchy; it accepts humanitarianism but rejects Paternalism.” (Lester Pearson, Introduction to Pickersgill, J. W., The Liberal Party Toronto, 1962), x.Google Scholar) “Liberalism insists that the government must not stand by helpless in the face of … human suffering. … Liberals, however, do not believe in socialism, with its veneration of the powerful state; with its emphasis on bureaucracy; with its class consciousness.” ( Pickersgill, , The Liberal Party, p. 115.Google Scholar)

69 (New York, 1960), 43.

70 Ibid., 50.

71 Pickersgill, , The Liberal Party, 64.Google Scholar

72 Ibid., 68. David Marquand notes that the British Liberal party's “proudest boast is that they are not tied to the great power blocs of modern society, that they are a party of individuals and not of interests. … Their ideology … is characterized by a pervasive disdain for the unpleasant realities of social and political conflict and a refusal to admit that society is made up of opposing groups.” (“Has Lib-Lab a Future?” Encounter, April 1962, 64)

73 Pickersgill, , The Liberal Party, pp. 2627.Google Scholar

74 Pickersgill, J. W., The Mackenzie King Record (Toronto, 1960), 10.Google Scholar

75 Globe and Mail, Sept. 29, 1943.

76 Pickersgill, , Record, 571.Google Scholar

77 National Liberal Federation, The Liberal Party, 53.Google Scholar

78 Pickersgill, , Record, 601.Google Scholar

79 Ibid., 635.

80 Interview with M. J. Coldwell, March 28, 1962.

81 Seidler, M., Norman Thomas (Syracuse, 1961), 313.Google Scholar

82 Untitled manuscript, n. d., New Democratic Party Files, Ottawa.

83 The left-centre-right character of NDP, Liberals, and Conservatives appears very clearly in the distribution of the trade union vote among the three parties in the election of 1962:

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86 Scott, , The Blasted Pine, 27.Google Scholar

87 “It is just possible that the so-called Liberal party under Mr. Pearson will become at last a Rooseveltian party of the left. … If that happens, I predict that our trade unions will follow the Reuther example.” (F. H. Underhill to G. Horowitz, Feb. 18, 1962).