No CrossRef data available.
Published online by Cambridge University Press: 24 December 2009
Trois Sūtra du Samyuktāgama (Taishō Issaikyō (T), 99) traitant à des titres divers de la vacuité ont spécialement retenu l'attention de l'auteur du Mahāpraj˜āpāramitopadeśa (en abrégé Upadeśa, T, 1509), interpréte autorisé du Madhyamaka ou de la Philosophic du Milieu. II s'agit du Paramārthaśūnyatāsūtra ‘Sūtra de la vacuité au sens vrai du mot’, du Mahāśūnyatāsūtra ‘Sūtra de la grande vacuité’ et du Samrddhisūtra ‘ Sūtra de Samrddhi’ ainsi appelé du nom d'un disciple du Buddha. En voici des citations, accompagnées des explications que l'Upadeśa leur a consacrées.
1 Leurs citations sont introduites par la formule: Paramārthaśūnyatāyām uktam bhagavaiā, ou tout simplement Paramārthaśūnyatāyām.
2 Plusieurs d'entre eux ont déjà été relevés par L. de La Vallée Poussin dans sa traduction du Kośa, in, p. 57; v, p. 59; IX, p. 260.
3 Meme, nidāna dans Divya, p. 516Google Scholar; D, u, pp. 55, 290; II, I, p. 55; S, II, pp. 92, 107 (cf. Ch. Tripāthi, , Nidānasamyukta, p. 152, n. 7)Google Scholar. En revanche l'Ekottara (T, 125, p. 713 c 12) localise le Sūtra à Srāvasti, dans le jardin d'Anathapindada.
4 Formule scripturaire. Pour le libelle Sanskrit, cf. Mahāparinirvāna, ed. Waldschmidt, E., p. 296Google Scholar; Nidānasamynkta, p. 153; Mahāvyut., nos. 1280–9. Le libellé pāli est plus simple: So dhammam, deseti ādikalyānam, majjhe kalyānam pariyosānakalyānam sāttham savyañjanam kevalaparipunnam parisuddhatn brahmacariyam pakāseti (cf. Vin., I, p. 21; D, I, p. 62; M, I, p. 179; S, v, p. 352; A, I, p. 180).
5 cf. Mahāpariniruāna, pp. 120, 122, 126,170; Nidānasarnyukta, pp. 147, 153, 157. On a en pāli: tarn sunātha sādhukam manasikarotha bhāsissāmi (cf. D, II, p. 77).
6 Lecture attesteé dans le Kośabhāsya, ed. Pradhan, P., p. 299, 11. 12–13Google Scholar, et la Bodhicaryāvatārapa˜jikā, ed. de La Valleé Poussin, L, p. 582, 11. 1–2Google Scholar.
7 Lecture attestée dans Kośabhāsya, p. 299,11. 13–14, et, avec la variante prativigacchati, dans Pahjikā, p. 582,11. 2–3. Ma traduction s'inspire de celle de Gunabhadra dans sa version chinoise (T, 99, p. 92 c 17–18): , mais o n Peut comprendre: ‘Ainsi done l'oeil existe après avoir été inexistant et, après avoir existé, il disparaît’, et se servir de cette interpretation pour affirmer l'existence du passé (cf. Kośa, v, p. 59).
8 Lecture attestée dans Kośabhāsya, p. 129, 11. 9–11; p. 468, 11. 20–2, et Mahāyānasūtrālamkāra, éd. Levi, S., p. 158, II. 21–2Google Scholar. La, Pa˜jikā, p. 474, 11. 15–17Google Scholar, présente des variantes: iti hi bhiksavo ‘sti karma | asti phalarp, | kārakas tu nopalabhyate ya imān skandhān vijahāti | anyāmś ca skandhān upādatte | anyatra dharmasamketāt |.
II faut rapprocher ce texte d'un autre passage canonique figurant dans plusieurs sources.
Bimbasārasütra, dans Waldsehmidt, E., Bruchstücke buddh. Sūtras, p. 131Google Scholar, et Catusparimt, éd. Waldsehmidt, E., p. 358Google Scholar: ayam sa ātmā vd salvo (vā) pūrvavad yāvat pratisamvedako…na bhavisyati | yas tatratatra krtākrtānām kalyānapāpakānām karmanām vipākam pratisarnvedayisyati | iti ya imāms ca skandhām. niksipaty anyāmś ca skandhām pratisamdadhāty anyatra dharmasarnketāt |.
Mahāvastu, éd. Senart, E., in, p. 448, 11. 4–6Google Scholar: aham so atra kārako vā kārāpako vā utthāpako vā samutthāpako vā ādīyako vā nikṣepako vā yo imām ca samskārā niksipati anyām, ca upādīyati anyatra.
Tous ces textes nient l'existence de l'Ātman et de ses synonymes jīva, jantu, poṣa, pudgala, manuja, mānava, kartā, kāraka, janaka, samjanaka, utthāpaka, samutthāpaka, vadaka, vedaka, pratisarnvedaka. L'être (sattva) n'a pas d'existenee substantielle; ce n'est qu'un nom, une metaphore (sarnketa), pour designer les dharma issus des causes et conditions (pratītyasamutpanna, sarnskrta). La paramārthaśūnyatā dont le Sūtra parle ici n'est autre que la sattvaśūnyatā.
La Kośavyākhyā, ed. Wogihara, U., p. 707, 11. 13–16Google Scholar, commente trés bien le present passage: kārakas tu nopalabhyata iti vistarah | karmanah kārako nopalabhyate | kīdrśo ‘sāv iti | āha | ya imāmś c’ aihikān skandhān niksipati tyajaty anyāmś ca pāratrikān skandhān pratisamdadhāty upasamgrhnāti dravyasann avasthita iti | anyatra dharmasamketād iti pratltyasamutpādalaksanānt(ar)ena | ‘11 n'existe pas d'agent: il n'y a pas d'auteur d'acte. De quel genre serait-il ? Réponse: un agent qui rejette, qui abandonne, ces agrégats-ci, les agrégats de l'existence présente, et assume, prenne, d'autres agrégats, les agrégats de l'existence future: un agent qui se présenterait comme existant substantiellement. Sauf s'il s'agit là d'une métaphore: sauf oomme une (simple) désignation de la production en dèpendance’.
Dans le présent passage sarnketa signifie métaphore, désignation métaphorique, symbole. Les anciens tradueteurs ne s'y sont pas trompés et rendent tous de façon équivalente l'expression ‘excepté quand, selon l'usage mondain pour designer les dharma, on dit qu'ils sont une personne (pudgala)’.
9 Evam,… vācyam est un procédé d'abréviation fréquemment utilisé en Sanskrit bouddhique: of. Nidānasaniyukta, pp. 108, 171, 187.
10 La formule non abrégée du Pratītyasamutpāda en terme de ‘production‘ (samudaya) est bien connue.
On trouvera le libelle Sanskrit dans Catusparisat, pp. 102, 358–60; Śālistamba, éd. Sastri, N. A., p. 2Google Scholar; Avadānaśataka, éd. Speyer, J. S., n, pp. 105–6Google Scholar; Arthaviniścaya, éd. Samtani, N. H., p. 5Google Scholar; Mahāvastu, II, p. 285, et in, p. 448: asmin satīdam bhavaty asyotpādād idam utpadyate | yad utāvidyāpratyayāh samskārāh | samskārapratyayam vij˜ānam | vij˜ānapratyayam nāmarūpam | nāmarūpapratyayam sadāyatanam | sadāyatanapratyayah sparśah | sparśapratyayā vedanā | vedanāpratyayā trsnā | trsrtāpratyayam upādānam | upādānapratyayo bhavah | bhavapratyayā jātih | jātipratyayam jarāmaranam śokaparidevaduhkhadaurmanasyopāyāsā sambhavanti | evam asya kevalasya mahato duhkhaskandhasya samudayo bhavati |.
Pour le libellé pali voir, entre autres sources, Vin., I, p. 1; M, III, p. 63; S, II, pp. 1, 25, etc.
11 La formule non abrégée du Pratītyasamutpāda en termes de ‘destruction’ (nirodha) fait généralement suite à la précédente (voir les références ci-dessus): asminn asatīdam na bhavaty asya nirodhād idam nirudhyate | yad utāvidyānirodhāt samskāranirodhāh | samskāranirodhād vijnānanirodhah | vijnānanirodhān nāmarūpanirodhah | nāmarūpanirodhāt sadāyatananirodhah | sadāyatananirodhāt sparśanirodhah | sparśanirodhād vedandnirodhāh | vedanānirodhāt trsnānirodhah | trsnānirodhād upādānanirodhah | upādānanirodhād bhavanirodhah | bhavanirodhāj jālinirodhah | jātinirodhāj jarāmarananirodhah śokaparidevaduhkhadaurmanasyopāyāsā nirudhyante | evam asya kevalasya mahato duhkhaskandhasya nirodho bhavati|.
II faut noter que, dans le phrase evam asya kevalasya mahato duhkhaskandhasya samudayo… nirodho bhavati, le Kośabhāsya, p. 140, 11. 21–2, glose kevala ‘seul, complet’ par ātmiyarahita ‘privé de mien’, et mahat ‘grand’ par andāyanta ‘sans début ni fin’. La doctrine sous-jacente au Pratīyasamutpāda est essentiellement une doctrine du Non-moi.
12 Conclusion de régle à la fin des Sütra Sanskrits.
13 cf. S, III, pp. 22, 82, 84; iv, p. 1: yad aniccam, tarfi dukkharri, yarn dukkham tad anattā, yad anattā tam, netam, mama neso harp, asmi na meso attā ti.
14 li'abhiniveśa, mnon ‘par źen pa, chu , ou chih chu est une adhésion de l'esprit à des choses inexistantes.
15 Waldschmidt, E., ‘Identifizierung einer Handschrift des Nidanasamyukta’, ZDMO, CVII, 2, 1957, 379Google Scholar.
16 jiva ne doit pas être rendu par ‘Leben’, mais par ‘principe vital’ ou ‘être vivant’. ātman, sattva, jiva, posa, purusa, pudgala, mānuja, mānāva, kāraka, vedaka, jānaka, paśyaka, etc., sont antant de synonymes désignant le moi. Cf. Pa˜cavimśatisāhasrikā, ed. Dutt, K., p. 39, 11. 3–4Google Scholar; p. 99,1. 17; p. 115, 1. 18, etc.
17 Passage traduit dans le Traité de la grande vertu de sagesse, II, Louvain, 1949, pp. 1079–81Google Scholar, oil est déja signalée 1'étroite parenté entre le Mahāśūnyātdsūtra et l'Avijjāpaccayāsutta.
18 loka, dans l'acoeption de sattaloka ‘monde des êtres’.
19 of. Mahaniddesa, II, p. 439; Oullaniddesa, p. 279; Kathāvalthu, p. 67; Visuddhimagga, ed. Warren, H. C., p. 561Google Scholar.
20 Comparer la formule suńńam idatri attena vā attaniyena vā: cf. M, I, p. 297; II, p. 263; S, IV, p. 296; Patisambhidā, II, p. 36; Kathāvatthu, p. 579. Dans ce dernier passage: su˜˜am idarri sanikhārā attena vā attaniyena vā.
21 kiyatā, correspondant au pāli kittāvaiā, se rencontre dans le Nidānasamyukta, pp. 127, 168, 188.
22 Le Su˜˜asutta pāli, reproduit plus haut, disait simplement: cakkhum su˜˜am attend vā aitaniyena vā. Ici, la formule est plus développée, et la version ehinoise (T, 99, p. 56 b 24–5) la rend par , représentant en Sanskrit caksuh śūnyam, śāśvatenāvipariāmadharmena sūnyam, ātmīyena śūnyam. II s'agit d'une formule écourtée dont les sources pāli (Patisambhidd, I, p. 109; n, p. 178; Mahāniddesa, I, p. 222; Cullaniddesa, p. 279; Vimddhimagga, éd. Warren, C. H., p. 561)Google Scholar donnent le libellé complet: cakkhu su˜˜am attend vā aitaniyena vā niccena vā dhuvena vā sassatena vā aviparināmadhammena vā ‘L'œil est vide de moi, de mien, d'éternité, de solidité, de perpétuité ou d'inaltérabilité’. le, SelonCullaniddesa, pp. 278–80Google Scholar, et le Visuddhinidgga, pp. 561–2, on peut prendre la vacuité sous deux, quatre, six, huit, dix, douze, ou quarante-deux aspects. La Patisambhidā, II, p. 178, ajoute que le Su˜˜asunnam ‘le vide du vide’ est précisément la vacuitē aux six aspects dont il vient d'étre question. Selon le commentaire de la Patisambhidā, in, p. 632, le vide formé par le vide et qui n'est précisé par aucun autre mot accessoire est Su˜˜asu˜˜am (su˜˜asankhātam su˜˜am, na a˜˜ena upapadena visesitan 'ti su˜˜am su˜˜iam).
23 En chinois . Le terme prakrti (en tibétain ran bźin, en chinois hsing ) qui joue un r61e si important dans les systemes philosophiques brahmaniques et hindous, est, sous la signification d'essence, de nature (ou de matiére) originelle, pratiquement inconnu des vieilles Écritures canoniques, mais apparait fréquemment dans les Mahāyānasūtra, et notamment dans la littérature de la Praj˜āpāramitā.
La phrase tat kasya hetoh, prakrtir asyaisā qui figure ici aux §§ 6 et 8 du Samrddhisūtra, joue le rôle de refrain dans les définitions des seize, dix-huit, ou vingt śūnyatā proposées par les longs Sūtra de la Praj˜āpdramitā: cf. Astādaśasāhasrikā (Tib. Trip., xix, no. 732, p. 260, fol. 135 a 8–137 6 5; T, no. 220, ch. 488, p. 480 b 6–481 a 1); Pa˜cavimśatisdhasrikā, éd. Dutt, N., p. 195, 1. 12–p. 197,1. 20Google Scholar; Śatasāhasrikā, éd. Ghosa, P., p. 1407, 1. 10–p. 1411, 1. 14Google Scholar.
La présence de cette phrase dans le Samrddhisūtra du Samyuktāgama et son absence dans le Su˜˜asutta du Samyuttanikāya soulévent un probléme de critique textuelle, et je croirais volontiers que cette phrase ait été introduite dans le Samrddhisūtra par un interpolateur mahāyāniste. On sait jusqu' à quel point l'Ekottarāgama chinois, lui aussi, fut la victime de pareilles manipulations.
24 Sur cette finale, comparer Māhāparinirvāya, pp. 118, 152, 186; Nidānasamyukta, pp. 114, 176, 197.
26 Le Samrddhisūtra, cité immédiatement ci-dessus.
21 Texte amende de la Pa˜cavimśatisāhasrikā, p. 196,11. 9–10, et de la Śatasāhasrikā, p. 1408, 1. 20–p. 1409,1. 21: tatra katamā paramārthasunyatā | tatra paramārtha ucyate nirvdryim | yac ca nirvānani nirvānena śūnyam akūtasthāvināśitām upādāya | tat kasya hetoh | prakrtir asyaisā | iyam ucyate paramārthaśunyatā |.
27 Texte amendé de la Pa˜cavimśatisāhasrikā, p. 196,11. 7–8; Śatasāhasrikā, p. 1408, 11. 15–20: tatra katamā mahāśūnyatā | pūrvā dik purvayā diśā śūnyā | daksinā dig daksinayā diśā śūnyā | yāvad vidiśo vidigbhih śūnyā akūtasthāvināsitām upādāya | tat kasya hetoh | prakrtir asyaisā | iyam ucyate mahāśūnyatā |.