Le concours ouvert par le Comité internalional, pour une étude sur les moyens de prévenir et de réprimer l'emploi abusif du signe et du nom de la Croix-Rouge, est arrivé à son terme le 30 septembre 1889.

Kriegerheil. Organ der deutschen Vereine vom rothen Kreuz (mensuel), 1889, nos 7 et 8. — Berlin, 40.

Le 22 août dernier, jour où la Convention de Genève comptait vingt-cinq années d'existence, n'a donné lieu à aucune manifestation spéciale pour célébrer cet anniversaire. Le Comité central de la Société autrichienne n'a cependant pas voulu laisser passer cette date inaperçue, et, à cette occasion, il a adressé au Comité international la lettre suivante:

Au Comité international de la Croix-Rouge, à Genève.

A l'occasion du 25me anniversaire de la Convention de Genève, qui sera célébré dans la seconde moitié du mois d'août 1889, le Comité central autrichien se fait un devoir agréable d'exprimer au Comité international, au nom de la Société autrichienne, toute son estime et sa reconnaissance pour les services humanitaires d'une si haute valeur rendus jusqu'à ce jour sous la bannière de la Convention de Genève, en favorisant le développement de l'assistance volontaire à la guerre, et de l'assurer de sa sincère sympathie et de sa considération distinguée.

Un avis inséré dans le numéro du mois d'août dernier du journal «Das rothe Kreuz» informe ses lecteurs, qu'ensuite de décision de l'assemblée générale de la Société autrichienne, ce journal, qui servait d'organe à cette société, cessera de paraître sous sa forme actuelle. La direction de la Société autrichienne enverra dorénavant gratis, suivant les besoins, soit dix à douze fois par an, aux Sociétés d'hommes et de femmes, aux Sociétés filiales, aux membres du Comité central, aux délégués et aux commandants de colonnes de transports, une circulaire, soit feuille officielle, qui portera à leur connaissance tous les avis nécessaires.

Le champ d'action de la Société badoise des dames est immense, car il embrasse presque toutes les branches de la bienfaisance et de la philanthropie. Le rapport de son comité pour l'année 1888 montre que l'importance de la Société s'est accrue, et que, dans tous les domaines où elle exerce son activité, elle a fait du bien et soulagé beaucoup de maux. Le nombre de ses sections s'est encore augmenté de 8; il est actuellement de 132. En ce qui concerne spécialement la Croix-Rouge, la Société a continué à collaborer à diverses œuvres avec la Société badoise de secours des hommes. Les deux sociétés réunies, qui viennent d'adopter la dénomination générale de « Société badoise de la Croix-Rouge », ont travaillé principalement à l'élaboration d'un plan de mobilisation. En exécution de ce plan, elles se sont occupées de la préparation d'une certaine quantité de matériel de pansement et d'articles de lazaret, dont la livraison devrait pouvoir être faite dix jours après la mobilisation. Il a été adressé à toutes les sections la demande d'indiquer, d'après une liste qui leur a été remise, la nature des objets que chacune d'elles pourrait fournir, et de déterminer quelle quantité elle pourrait en livrer le dixième jour de la mobilisation. La désignation des modèles et le catalogue des objets à fournir ont été faits par le directeur du dépôt, M. le Dr Gutsch. Le résultat de cet appel a été en général satisfaisant, mais il a révélé divers points sur lesquels des améliorations devraient être faites. Un rapport a été présenté à l'assemblée générale sur ce sujet et la collection des modèles a été exposée. Le rapport a été imprimé et un nouvel appel adressé aux sections. Les fournitures promises sont déjà d'une très notable importance.

La Société congolaise et africaine vient de donner un premier signe de vie, en commençant la publication d'un Bulletin trimestriel. Sa première livraison (12 pages 40) nous apprend que son œuvre trouve de l'écho en Belgique, patrie de ses membres. A la date du 15 août, onze sous-comités avaient déjà été créés dans les villes de Namur, Dinant, Andenne, Walcourt, Bruges, Anvers, Gand, Liége, Mons et Bruxelles, cette dernière en possédant deux. Anvers a aussi un comité de dames. Plusieurs de ces groupes ont organisé des fêtes de bienfaisance pour se procurer des ressources et attirer l'attention publique sur leur œuvre.

L'association congolaise et africaine, afin de dissiper les doutes qui pourraient s'élever sur l'interprétation de l'article premier de ses statuts, l'a modifié de telle sorte que l'on comprenne bien qu'elle ne songe nullement à agir au mépris des autorités locales, européennes ou indigènes, dans les régions de l'Afrique qui ne font pas partie de l'Etat indépendant du Congo.

Voici les premiers alinéas de cet article d'après sa nouvelle rédaction. Les mots en italique sont ceux qui out été ajoutés à l'ancien texte.

L'année qui vient de s'écouler fait époque dans les annales de la Croix-Rouge: le 26 octobre 1888, il y eut 25 aus qu'un petit comité d'hommes de bien prit l'initiative des idées dont le résultat fut la Convention de Genève du 22 août 1864, la neutralisation du personnel et du matériel du service militaire de santé, et la formation, dans toute l'Europe et dans plusieurs pays des autres parties du monde, de sociétés de la Croix-Rouge, reconnues par leurs Etats respectifs et agissant de concert avec les autorités militaires, dans le but de seconder, en temps de guerre, le service militaire de santé.

Le Comité du Loiret se composait, à la fin de l'année 1888, de 1276 membres, il a gagné 35 adhérents depuis 1887. Les noms des membres qui ne payaient pas leur cotisation ayant été rayés des listes, les 1276 membres actuels sont tous des adhérents sérieux sur lesquels on peut compter.

Le Comité a, pendant l'année 1888, assisté 127 victimes des anciennes guerres et leur a distribué une somme de 5255 fr. Bien que le nombre des assistés ait diminué, la somme dépensée reste à peu près la même, car le chiffre des secours a été augmenté. Cette somme de 5255 fr. comprend 289 fr. distribués aux blessés et aux malades rapatriés du Tonkin.

L'épidémie de choléra qui sévit à Marseille en 1884–1885 et les expéditions de Madagascar et du Tonkin, sont les principaux objets auxquels l'activité du Comité des Bouches-du-Rhône a été consacrée depuis 1884. En ce qui concerne la préparation des secours, ce Comité s'est occupé de l'installation d'infirmeries de gares dans sa région. La première de ces infirmeries a été organisée à Aix, elle est prête à fonctionner si les circonstances l'exigeaient. La deuxième est installée à Tarascon. Elles ont été toutes deux pourvues de matériel, tel que brancards, caisses de secours contenant des modèles de linge de pansement, etc.

Parmi les innombrables congrès internationaux qui se sont tenus à Paris pendant la durée de l'exposition universelle de 1889, il en est un dont le souvenir nous semble devoir être consigné dans ce Bulletin, quoique les sociétés de la Croix-Rouge n'y aient pas pris une part directe et que l'on y ait traité diverses matières qui s'écartent un peu de leur programme. Nous voulons parler de celui qui a réuni des représentants des diverses œuvres d'assistance en temps de guerre. Voici en quels lermes la pensée de ce congrès a été exposée par son Comité d'organisation:

« Des conférences internationales, auxquelles prennent part les représentants des gouvernements signataires de la Conveńtion de Genève et les délégués des sociétés de secours légalement constitutuées, se réunissent à des intervalles réguliers (?) pour étudier les questions communes: c'est ainsi qu'ont été successivement fixés les principes de la Croix-Rouge, réglés les rapports des sociétés entre elles, résolus d'importants problèmes d'ordre scientifique et technique. Sans vouloir empiéter sur le rôle attribué, par les gouvernements et les sociétés intéressés, à ces conférences périodiques, on a pensé que l'exposition universelle de 1889 pourrait être l'occasion d'une réunion spéciale et utile. L'assistance en temps de guerre comprend des questions qui ne sont pas d'ordre strictement sanitaire : les victimes de la guerre moderne ne sont pas seulement les blessés et les malades militaires; bien d'autres souffrances sont causées par l'état de guerre et réclament un soulagement. On a pensé qu'il serait possible de profiter du mouvement d'hommes et d'idées créé par l'exposition de Paris, pour provoquer l'étude de ces questions. A cet effet, M. le ministre du commerce, commissaire général de l'exposition, nous a chargés d'organiser un congrès, où tous les hommes signalés par leur compétence charitable ou professionnelle seraient invités à venir échanger leurs idées, mettre en commun leur dévouement et leurs lumières, au grand profit de la science et de la confraternité humaine. »

Il résulte du rapport du Comité de la Société hellénique que celle-ci possède le matériel nécessaire pour installer à bref délai trois hôpitaux permanents et trois ambulances. Ges dernières ont été organisées de manière à s'adapter à la nature du terrain, aux voies de communications et, en général, aux conditions spéciales du pays où elles devront être employées. Il a été spécialement tenu compte du fait que la Société de la Croix-Rouge sera appelée à prêter son concours à l'armée, non pas sur le champ de bataille même, mais en s'en tenant aussi près que possible.

Nous avons eu l'honneor, l'année dernière, de porter à votre connaissance que S. E. le ministre hongrois de l'intérieur s'était déclaré prêt à prendre des mesures, dans les limites fixées par les lois, pour protéger le titre et l'emblème de la Société de la Croix-Rouge, et que S. E. avait prié la direction soussignée de préparer l'ordonnance ministérielle qu'il faudrait édicter à ce sujet.

L'activité de la Société hongroise s'est, pendant l'année 1888, concentrée principalement sur trois objets: elle a entretenu des relations amicales avec le Comité international de Genève, elle a continué à faire les préparatifs nécessaires pour remplir les devoirs qui lui incomberaient en cas de mobilisation, et elle a consacré toute son attention aux travaux qui doivent être faits en temps de paix.

Il est un certain nombre d'associations se rattachant à la Croix-Rouge, qui, pendant la période de paix que nous traversons, font peu parler d'elles, mais qui se préparent avec persévérance et activité à remplir leur tâche si l'occasion s'en présentait. Beaucoup de ces associations n'ont pas pour but exclusif de prendre soin des blessés, mais s'occupent des pauvres, des malades, de l'enfance abandonnée, de l'instruction populaire et d'autres œuvres philanthropiques. On comprend qu'en temps de paix ces branches de leur activité prennent un développement prépondérant et que ce qui concerne spécialement les blessés ait relativement moins d'importance. Il en résulte que, souvent, les rapports de ces sociétés roulent en entier sur des sujets étrangers à la Croix-Rouge, et que, quoi qu'il s'agisse de sociétés très vivantes et florissantes, nous ne puissions rien. en dire dans le Bulletin sans sortir du cadre que nous nous sommes tracé.

Depuis sa reconstitution en 1886, tous les efforts de la Société suisse ont tendu à augmenter le nombre de ses membres. Des appels rédigés dans les trois langues nationales ont été répandus dans toute la Suisse; des circulaires spéciales ont été adressées aux communes et aux autorités, ainsi qu'à des personnes influentes, pour les engager à recruter des adhérents à la Société. Les listes d'adhésion sont rentrées lentement; le résultat général a cependant été encourageant, car la Société qui, à la fin de 1886, ne comptait que 700 membres environ, avait reçu, en automne 1887, plus de 3,500 adhésions; ce nombre s'est encore accru depuis cette époque. Il faut reconnaître que les craintes de guerre qui s'étaient manifestées en 1886 et 1887 contribuèrent à ce résultat, et que le recrutement a été plus lent depuis que la politique européenne est entrée dans une phase plus pacifique. Le Comité central a continué activement sa propagande et il ne cesse d'insister vivement sur ce qu'il faut faire tous les préparatifs et s'organiser complètement en temps de paix.

Nous devons dire quelques mots, dans ce Bulletin, d'un incident administratif qui s'est produit au sein du Comité central du Croissant-Rouge et anquel le Comité international a été mêlé. Cet incident ayant pris fin, nous n'en parlerions pas, si l'affaire n'avait eu un certain retentissement dans la presse turque et étrangère, et si le rô1e qu'y a joué le Comité international n'avait été mal compris. Il nous importe de bien établir la nature de notre intervention dans cette circonstance, afin de dissiper les doutes qui pourraient s'élever, et qui même se sont déjà élevés à son sujet. Voici les faits.