Il y a six mois environ, les journaux de tous pays annonçaient à l'envi que la Croix-Rouge américaine allait envoyer des secours aux Arméniens, à la suite des massacres dont l'Asie Mineure venait d'être le théâtre, mais cette nouvelle était inexacte. Un élan charitable en faveur des populations chrétiennes d'Orient, cruellement éprouvées, s'était bien produit aux Etats-Unis, mais la Croix-Rouge de ce pays y était demeurée étrangère. La confusion qui s'est produite à cet égard a eu pour cause le choix, fait par les donateurs américains, de miss Clara Barton, présidente de la Croix-Rouge, pour porter et distribuer leurs offrandes aux malheureux auxquels ils les destinaient. Miss Barton ayant dirigé déjà maintes fois, avec un talent remarquable, des œuvres de bienfaisance du genre de celle qu'il s'agissait d'accomplir, il était tout naturel qu'on songeât à utiliser son expérience, ses capacités et son dévouement, au profit de l'expédition lointaine et délicate qu'on méditait, Miss Barton, de son côté, accepta le mandat dont on désirait la charger, mais en son nom personnel et sans que la Société de la Croix-Rouge y prît aucune part ou en assumât la responsabilité. Ce fut dans ces conditions qu'elle se mit en route, et nous eûmes le privilège de pouvoir la saluer à son passage à Genève, le 10 février dernier.