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Alexandre d'Aphrodise vs Jean Philopon: Notes sur quelques traités d'Alexandre “perdus” en grec, conservés en arabe

Published online by Cambridge University Press:  24 October 2008

Ahmad Hasnawi
Affiliation:
Centre d'histoire des sciences et des philosophies arabes et médiévales, 27 rue Damesme, C.N.R.S., 75013 Paris, France

Abstract

In this paper, are included new data about three treatises ascribed in Arabic to Alexander of Aphrodisias. These treatises were thought to have no Greek correspondent. The author shows that one of them, (D.8a), is an adapted version – following the norms of “al-Kindi circle” – of Quaestio I 21, along with the later and more exact version of this Quaestio by Abū ‘Uṭmān al-Dimašqi (d. 900). He shows also that the two other treatises (D.9 and D.16) are, in contradistinction to the first, adapted versions of passages belonging in the De Aeternitate mundi contra Proclum of John Philoponus: respectively IV, 4–6 and IX, 11. Philoponus’ book was known to have been translated, into Arabic. But, except for some short fragments in al-Bīrūnī (d. 1048), it seems that it is the first time that important adapted extracts of it are put in light. Some points are made about the historical position of the epitomator of these passages. In Appendix II, another treatise ascribed to Alexander (D.27g) appears – provisionally – as a composite text, mixing elements coming from Philoponus and others from neoplatonic texts in Arabic. In Appendix III is analysed the use of D.16 by Miskawayh (d. 1030), and the use of D.27g by ‘Abdallaṭīf al-Baġdādī (d. 1231).

Dans cet article, l'auteur fait état de nouvelles données à propos de trois traités attribués a Alexandre d'Aphrodise en arabe et dont on pensait qu'ils n'avaient pas de correspondant grec. II montre que le premier (D.8a) est une version adaptée – selon les normes du “cercle d'al-Kindi’ – de Quaestio I 21, à côte de la traduction plus tardive et plus exacte de cette même Quaestio due à Abù ‘Uṭmān al-Dimašqī (m. 900). II montre que les deux autres traités (D.9 et D.16), en revanche, ne sont pas d'Alexandre d'Aphrodise, mais qu'il s'agit de versions adaptées – toujours selon les normes du “cercle d'al-Kindi” – de passages du De Aeternitate mundi contra Proclum de Jean Philopon, empruntés respectivement à IV, 4–6 et IX, 11. On savait que cet ouvrage fut traduit en arabe. Mais, hormis quelques courts fragments dans al-Bīrūnī (m. 1048), c'est, semble-t-il, la première fois que l'on en met au jour des extraits adaptés de cette importance. Des jalons sont posés en vue de répondre à la question de la situation historique de l'epitomateur. Dans l'Appendice II, un autre traité attribué à Alexandre (D.27g) apparaît – provisoirement – comme un texte composite mêlant des éléments issus de Philopon et d'autres issus des textes néoplatoniciens en arabe. Enfin dans l'Appendice III, sont situées la manière dont Miskawayh (m. 1030) utilise D.16, et celle dont ‘Abdallaṭīf al-Baġdādī (m. 1231) utilise D.27g.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Cambridge University Press 1994

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References

1 Badawī, A., Arisṭū 'inda al-'Arab, Dirāsa wa nuṣūṣ ġayr manšūra, al-guz’ al-awwal (Le Caire, 1947), pp. 253308.Google Scholar

2 La liste en est dressée dans Aouad, M. et Goulet, R., “Alexandros d'Aphrodisias,” dans Dictionnaire des philosophes antiques, publié sous la direction de R. Goulet (Paris, 1989), t. I, pp. 125–39, aux pp. 135–7.Google Scholar

3 Les traités seront désignés dans la suite par le numéro d'ordre qu'ils portent dans la liste des œuvres d'Alexandre en arabe dans Dietrich, A., “Die arabische Version einer unbekannten Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Differentia specifica,” Nachrichten der Akademie der Wissenschaften in Göttingen (NAWG), Philologisch-historische Klasse (Göttingen, 1964/1962), pp. 93100. Sous D.2 et D.8, A. Dietrich range, à chaque fois, deux traités. Nous désignons dans le cas de D.2, le second des traités comme D.2b, et dans le cas de D.8, le premier des traités comme D.8a.Google Scholar

4 Ce point est signalé dans Zimmermann, F., “Proclus arabus rides again,” paraissant dans ce même numéro. Cf. ci.-dessous n. 12.Google Scholar

5 Philoponos, Johannes: De Aeternitate mundi contra Proclum, éd. Rabe, H. (Leipzig, 1899).Google Scholar

6 Cf. Endress, G., Proclus arabus, Zwanzig Abschnitte aus der Institutio Theologica in arabischer Übersetzung (Beyrouth, 1973); dans l'Avant-propos, pp. 78, l'auteur retrace les étapes de cet effort qui continue sous nos yeux, comme l'atteste l'article de F. Zimmermann dans ce numéro.Google Scholar

7 Endress, Proclus arabus, index p. 314, sous “Philopon,” et notamment pp. 229–31.Google Scholar

8 En dehors des fragments très courts cités par al-Bīrūnī dans son livre sur l'Inde: Taḥqīq mā li-al-Hind [Al-Bîrûnî's India, ed. by Sachau, E. (London, 1887)].Google ScholarSur la connaissance qu'avaient les Arabes du De Aet. mundi c. P., Endress, voir, Proclus arabus, pp. 17–18, où la bibliographie est rassemblée.Google Scholar

9 Endress, Voir, Proclus arabus, pp. 192, et 242. G. Endress parle d'un groupe de traducteurs dont al-Kindī (m. ca 866) serait le spiritus rector.Google ScholarZimmermann, F. évoque “the Kindi workshop,” plus couramment “the Kindi circle,” cf. “The origins of the so-called Theology of Aristotle,” dans Kraye, J., Ryan, W., Schmitt, C. (éd.), Pseudo-Aristotle in the Middle Ages (Londres, 1986), pp. 110240, notamment p. 112 et App. II, p. 136.Google ScholarOn consultera à propos du lexique de ce groupe de traducteurs, Proclus arabus, pp. 76–153; sur la technique de traduction (en particulier une méthode périphrastique de traduction) et certains traits stylistiques, pp. 153–84, plus spécifiquement sur la “phraséologie,” pp. 171–84.Google Scholar

Ces analyses sont conduites par l'auteur sur un corpus de textes, pris comme termes de comparaison avec le “Proclus arabus.” La composition de ce corpus est décrite aux pp. 63–76; il comprend treize traités d'Alexander d'Aphrodise, dont quatre conservés seulement en arabe, cf. pp. 64–7. (En réalité, il est tenu compte aussi de la “trilogie,” cf. plus bas n. 11). D.8a est pris en compte, mais non D.9, in D.16, malgré l'affirmation contraire de l'auteur [p. 66, k] pour ce qui concerne ce dernier. Il s'agit en fait de D.27g. On se convaincra aisément, en consultant les entrées du lexique, et la présentation de la “phraséologie” caractéristique des versions du corpus, de la parenté de nos traités avec les textes de celui-ci. Il convient d'insister, avec G. Endress, sur le degré de parenté variable des textes du corpus avec ce qui sert ici de terme de référence: le “Proclus arabus,” et par conséquent entre eux. Une idée concomitante est l'existence de différences dues à la personnalité des traducteurs appartenant à ce groupe; cf. pp. 185–93.

10 Nous reprenons ici l'excellente traduction que donnent M. Aouad et R. Goulet de ce titre que, par ailleurs, les biobibliographes arabes ne mentionnent pas. Ce traité a été édité par Badawī, 'A. dans Arisṭū, pp. 289–90, et traduit par lui dansGoogle ScholarLa transmission de la philosophie grecque au monde arabe, 2e édition, revue et augmentée (Paris, 1987), pp. 165–6.Google ScholarDietrich ne le réfère à aucun écrit grec d'Alexandre. Voir aussi Sharples, R.W., “Alexander of Aphrodisias: Scholasticism and innovation”, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, vol. II, 36.1 (Berlin, 1987): 1176–243, à la p. 1132 etGoogle ScholarAouad, M. et Goulet, R., DPhA I, p. 137, n° 32.Google Scholar

11 Badawī,Arisṭū, pp. 278–80. Cestrois Quaestiones sont regroupées sous le titre: kalām al-Iskandar al-Afrūdīsī, naql Sa'īd b. Ya'qūb al-Dimašqī [Discours d'Alexandere d'Aphrodise, traduction de Sa'īd b. Ya'qūb al-Dimašqī].Google ScholarGätje, H., “Zur arabischen Überlieferung des Alexander von Aphrodisias”, Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft, 116 (1966): 255–78, p. 262, est, semble-t-il, le premier à dégager nettement la traduction de Quaest. I 21 de ce qu'il a appelé une “trilogie” (Quaest. I 22 = Bad. 278–279, 5; Quaest. I 21 = Bad. 279, 5–16; Quaest. I 11a = Bad. 279, 16–280). Il rappelle, p. 261, l'historique de ce progressif désenchevêtrement.Google Scholar

12 Ceci n'est plus vrai depuis l'article de M. Zimmermann, ici même. Nous avons fait, pour notre part, cette découverte en 1990, lors d'un examen des Apories physiques d'Alexandre d'Aphrodise en arabe. M. Zimmermann a publié sa découverte avant nous. Nous n'avons paz pu cependant renoncer à faire état de quelquesunes des remarques que contenait notre dossier. Nous ne pouvons qu'être heureux d'une telle convergence.

13 Alexandri Aphrodisiensis praeter Commentaria scripta minora: Quaestiones. De Fato. De Mixtione, éd. Bruns, I., Supplementum Aristotelicum II. 2 (Berlin, 1892), pp. 34–5.Google ScholarOn pourra en consulter une traduction anglaise dans Alexander of Aphrodisias: Quaestiones 1.1–2.15, Transl. by Sharples, R.W. (Ithaca et New York, 1992), pp. 74–5. Pour les versions arabes, nous suivons l'édition de 'A. Badawī, en indiquant dans les notes au texte les cas où nous choisissons une autre lecture que lui. Nous avons utilisé une copie du MS de Damas, Ẓāhiriyya 'āmm 4871 (Z) [Pour la description des MSS utilisés dans cet article: Z, Escorial2 798 (E = G dans Endress), Carullah 1279 (C),Google ScholarEndress, voir, Proclus arabus, pp. 34–6.Google ScholarZ, Pour, Ragep, voir aussi J. et Kennedy, E.S., “A Description of Ẓāhiriyya (Damascus) MS 4871: A philosophical and scientific collection,” Journal for the History of Arabic Science, 5 (1981): 85108].Google Scholar Nos notes textuelles prétendent d'autant moins à l'exhaustivité que la copie consultée était fort peu lisible; en particulier les premiers mots des quatre dernières lignes du fol.114b où se trouve D.8a sont dérobés au regard par l'ombre d'un “timbre.”

Les mots ou passages omis dans D.8a sont signalés dans le texte grec par des crochets droits, et dans le texte arabe par des crochets droits contenant des points de suspension; ils sont entre crochets droits doubles lorsqu'ils sont omis aussi dans D.2b. Il est évident que si l'établissement de ces “correspondances” est possible dans la plupart des cas, il en est cependant où la correspondance ne saurait être parfaite (voir par exemple dans D.8a, Bad. 289, 16–17). Les mots ou passages qui sont des additions dans D.8a (ils sont rares dans D.2b) sont indiqués par des italiqués. Les mots ou passages que nous proposons de supprimer sont entre crochets droits gras. Les astérisques entourant des points de suspension indiquent un ou des mot(s) illisible(s) dans notre copie. Nous donnons notre traduction de ce traité dans l'Appendice I.

14 Ruland, H.-J., “Zwei arabische Fassungen der Abhandlung des Alexander von Aphrodisias über die Universalia (Quaestio I 11a),” NAWG (1979/10)Google Scholar, contient l'édition et la traduction de D.17 et D.3. D.3 a été déjà publié par Badawī, 'A. dans Arisṭū, 279, 16–280.Google Scholar

15 Ruland, H.-J., Die arabischen Fassungen von zwei Schriften des Alexander von Aphrodisias: Über die Vorsehung und Über das liberum arbitrium, Diss. (Saarbrücken, 1976), contient l'édition et la traduction de D. 18 et D. 15;Google Scholaret Thillet, P., Alexandre d'Aphrodise, Thèse pour le Doctorat d'État (Paris, 1979), vol. 4–5: Traité de la Providence. Version arabe d'Abū Bišr Mattā ibn Yūnus. Seuls quelques extraits de D.15 y figurent aux pp. 75–7, correspondant aux pp. 37, 155, 7 de l'édition Ruland (texte du bas).Google Scholar

16 L'un, Risālatun li-al-Iskandari fi al-faṣli (D.), a été édité et traduit par Dietrich, “Über die Differentia specifica,” pp. 122–9;Google Scholarl'autre, Maqālatu al-Iskandari al-Afrūdīsī fi al-fuṣūli (D.10), par Badawī danas Arisṭtū, pp. 295–308.Google ScholarSur les relations entre ces deux traités, voir la mise au point de van Ess dana, J.Über einige neue Fragmente des Alexander von Aphrodisias und des Proklos in arabischer Übersetzung,” Der Islam, 42 (1966): 148–68, aux pp. 154–9.Google Scholar

D.1 (Fī mabādi'i al-kulli: Des principes du Tout) et D.26 (Fī al-falaki: Sur les orbes célestes) n'ont pas la même relation entre eux que celle qui lie lea traités appartenant aux paires que nous venons d'évoquer. D.26 (C, fols 53b–54a5) est un extrait, comportant des variantes, de D.1.Comme l'indique Ruland, H.-J. (Über die Vorsehung, p. 107 n. 1;Google Scholarcf. Aouad, aussi M. et Goulet, R., DPhA I, p. 137 n° 37), il correspond à Badawī, Arisṭū: 253, 8 (ou 13) – 257, 5; mais avec deux lacunes, non signalées dans ces travaux, correspondant à Badawī 255, 2–15 et 256, 3–18.Google Scholar

17 Cf. Grant, R.M., “Greek literature in the treatise De Trinitate and Cyril Contra Julianum”, The Journal of Theological Studies, 15 (1964): 265–79, pp. 275–9; et aussi Ruland, Über die Vorsehung, pp. 234–5 et Thillet, Traité de la providence, pp. 9–10.CrossRefGoogle Scholar

18 Sur, al-Dimašqī, on consultera Endress, Proclus Arabus, pp. 58–61 et index p. 311. L'auteur propose, pp. 59–60, une explication de la notice qui se trouve dans le MS Z, à la fin de D.9, (Badawī, Arisṭū, p. 294, 17–18) et qui attribue la traduction de l'ensemble des traités précédents (c'est-à-dire sans doute de D.4 à D.9) à Abū 'Uṭmān al-Dimašqi. A tort. L'existence dana l'ensemble de ces traités des deux versions de Quaest. I 21, avec toutes les différences qu'ellesont entre elles, est un argument supplémentaire contre la véracité de cette notice. Les versions d'autres traités d'Alexandre sont attribuées dans lea manuscrits, là aussi vraisemblablement à tort, à Abū 'Uṭinān al-Dimašqī (cf. Endresa, p. 190): Maqāla… fi al-lawn (D.12),Google Scholarcf. Gätje, H., “Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über die Farbe”, NAWG (1967/1910), pp. 364, 4 et 374, 112 où le traducteur est nommé Isḥāq ibn 'Uṭmān, cf. les remarques de H. Gätje, p. 348 et n. 2;Google ScholarMaqāla… fī… al-nušū wa al-namā' [dans 'Badawī, A., Commentaires sur Aristote perdus en grec et autres épîtres (Beyrouth, 1971), p. 51, 3]Google Scholaret Ruland, H.-J., “Die arabische Übersetzung der Schrift des Alexander von Aphrodisias über das Wachstum (Quaest. I 5)”, NAWG (1981/2), qui tente, p. 61, une explication de cette attribution. Enfin, signalons le lapsus rectifié dans la suscription de Risāla fi al-'ināya (dana C), qui porte “tarĝamatu Abī 'Uṭmān Bišr Mattā ibn Yūnus” avec 'Uṭmān biffé. Cf. Ruland, Über die Vorsehung, p. 1, Apparat et p. 148.Google Scholar

19 Cf. Ruland, “Über die Universalia”, p. 250; et Dietrich, “Über die Differentia specifica”, pp. 136–7, qui pensait que les deux traités sur la différence spécifique sont des versions de deux traités différents d'Alexandre dues au même traducteur dont la technique de traduction aurait évolué; voir aussi van Ess, “Über einige neue Fragmente”, pp. 154–9.Google Scholar

20 On est tenté de considérer que le caractère incomplet, par rapport à notre texte grec de Quaest. I 21, de la version B est dû aux avatars de la transmission du texte arabe. Cette possibilité ne peut être écartée; mais trois observations peuvent nous amener à la mettre en doute:Google Scholar

– Le commencement de cette version B: “al-ḥarakatu infi'ālun” n'est pas nécessairement un reste du début manquant. Si c'était le cas, il correspondrait à αε πάθος (Bruns 34, 33). On remarquera que dana les deux autres cas où l'on a cette construction danas la même position Bruns 35, 1 = Bad. 279, 7 et Bruns 35, 13 = Bad. 279, 13, elle est rendue par fa-…iḍan. Certes, l'occurrence de άε en Bruns 35, 3 est rendue par fa- seulement (Bad. 279, 8) et fa (plus difficilement fa …iḍan) est une proie facile des accidents de la transmisssion. Il n'empêche que l'on doit envisager d'autres éventualités. La phrase “al- ḥarakatu infi'ālun” pourrait être alors soit un titre donné par le traducteur lui-même ou quelqu'un d'autre à l'ensemble de cette pièce, soit – comme nous le suggère M. Aouad – une addition destinée simplement à éviter l'attaque abrupte “wa djālika anna…”.

– Mais ceci ne prouve pas encore que l'absence du début n'est pas due aux avatars de la tradition du texte arabe. Toutefois la conjonction de cette absence avec la lacune commune (Bruns 35, 4–5) avec la version A tendrait à prouver que dans la Vorlage de B aussi le début de cette pièce manquait. Ceci, bien entendu, en tenant compte du fait qu'al-Dimašqī disposait du texte grec de Quaest. I 21, sans quoi sa version n'aurait paz eu le caractère de plus grande exactitude qui la distingue de A et n'aurait pas, surtout, été débarrassée, comme elle l'est, des additions propres à A.

–Enfin, il n'est pas nécessaire de supposer que la fin de B manque. Il suffit de supposer que οἶοε (Bruns 35, 15) n'ait pas été lisible sur l'exemplaire d'al-Dimašqī et qu'il y ait suppléé par un ει μ⋯. On ne comprendrait pas, sinon, l'absence d'un équivalent de οἶοε et surtout la formule “in lam yaqul” (“s'il ne dit pas”). La citation d'Aristote serait alors: “car s'il ne dit pas que la lumière est la couleur du diaphane etc…” Alexandre n'aurait retenu de la citation d'Aristote que ce qui est nécessaire à l'assertion de la position de ce dernier concernant la lumière; “il” dénoterait dans ce cas bien sûr un objecteur d'Aristote. Remarquons que οἶοε ne trouve pas d'équivalent dans A non plus.

Par ailleurs, il n'y a pas lieu de chercher une justification de la “fusion” de Quaest. I 22 et de Quaest. I 21 (resp. premier et deuxième traité de la “trilogie”), comme le fait Sharples, R.W., Quaestiones 1.1 – 2.15, p. 77, n. 231.Google Scholar Les deux traités sont nettement séparés par le signe ∴ dans le MS Z, tout comme le début du troisième traité, c'est-à-dire Quaest. I 11a est séparé de la fin de Quaest. I 21. La dernière phrase de D.2a telle qu'elle figure dans Z, rend d'ailleurs la dernière phrase de Quaest. I 22 (Bruns 36, 15–16)

21 Sur les additions, explications et lacunes caractéristiques de ces versions en général, on consultera Endress, Proclus arabus, pp. 194–5 et ses analyses de celles propres au “Proclus arabus”, pp. 195–241.Google Scholar

22 Nous ne parlons pas ici des omissions évoquées plus haut, qui peuvent s'expliquer comme des lacunes de la Vorlage.

23 L'opposition entre un mouvement achevé (τέλειος) et un mouvement inachevé (⋯τελ⋯ς) se rencontre chez Aristote en Physique V, 4, 228 b 11–15, dans la discussion portant sur l'unité du mouvement. C'est le mouvement achevé qui est un, le mouvement inachevé n'étant tel que s'il est continu. La traduction arabe de Isḥāq b. Ṭunayn oppose alors ḥaraka tāmma et ḥaraka ġayr tāmmaGoogle Scholar, voir Arisṭūṭālīs: al-Ṭabī'a éd. 'Badawī, A., 2 vol. (Le Caire, 19641965), t. II, p. 566, 11–15.Google Scholar

Dans un tout autre contexte, Proclus utilise l'expression τελεία κίεησις pour désinger l'activité du Noūς, et cette τελεία κίεησις est identifiable à une έεέργεια, au sens où celle-ci s'oppose à la κίεησις chez Aristote dans Méta. ⊖, 6, par example.de Groot, Voir J. Christensen, “Philoponus on De Anima II, 5, Physics III, 3 and the propagation of light”, Phronesis, 28 (1983): 177–96, aux pp. 192–3.CrossRefGoogle Scholar

24 La liste en est dressée dane Endress, Proclus arabus, pp. 180–3; les pp. 181–2 concernent l'occurrence de ces formules dans lea versions arabes d'Alexandre.Google Scholar

25 Une remarque de K. Deichgräber se lit ainsi dens Dietrich, “Über die Differentia specifica”, p. 95: “Behandelt die in Phys. 3, 2. 202a7f. formulierte Lehre: … διò ή κίεπσις έετελΧεια τоŪ κιεητó ε…, ε īδоς δ⋯ εί оìστεαί τι τò κιεоūε”. On observera simplement que l'idée d'une transmission de la forme, Passant du moteur au mû, n'occupe pas le premier plan dans FAM.

26 On peut se faire une idée de la manière dont est invoqué cet Aristote interprété par une citation de Ǧābir b. Ḥayyán, qui mentionne précisément FAM à côté de la Paraphrase de la Physique de Thémistius. “fa-aqūlu inna Arisṭūṭālīsa yaqūlu fi kitābihi fi al-Samā'i al-ṭbī'iyyi inna al-ṣūrata hiyya tamāmu al-ḥarakati wa kamāluhā. wa qad ḥakā ḍālika ‘anhu al-Iskandaru fi risālatihi wa ḥakā ḍālika Tāmisṭius fi tafsiri kitābi Arisṭāṭāalīsa fi al-Samā'i al-ṭabī'iyyi.” K. al-baḥt, cité par Kraus, P., Jābir ibn Ṉayyān: Contribution à l'histoire des idées scientifiques dans l'Islam, Jābir et la science gracque (Le Caire, 1942; réimpr. Paris, 1986), p. 321, n. 2: “Aristote affirme dans son livre de l'Akroasis physikē que la forme est l'achèvement du mouvement et sa perfection. Alexandra le rapporte dans son traité, et Thémistius rapporte cela dans sa paraphrase du livre de l'Akroasis physikē.Google Scholar

27 Cette notion d'entéléchie double est exposée dans la Paraphrase par Thémistius de la Physique, éd. Schenkl, H., Commentaria in Aristotelem Graeca V, 2 (Berlin, 1900), p. 69, 9–20Google Scholar et danas Philopon, in Physica, éd. Vittelli, H., CAG XVI-XVII (Berlin, 18871888), pp. 342, 17–343, 12, qui reproduit presque sans changement Thémistius. Ce passage du Commentaire de Philopon est paraphrasé dans lea scolies, datant du Xe-XIe siécle, qui accompagnent l'édition d'école de la traduction arabe, par IsṨāq b. Ṉunayn (m. 910/911), de la Physique d'Aristote. Voir al-⋯abī'a, pp. 171, 8–13; 176, 6–9, où Thémistius est cité d'après Philopon. Nous savons par al-Fihrist d'al-Nadīm (achevé en 988) que la traduction du Commentaire aux quatre premiers livres de la Physique par Philopon est due à Qusṭā b. Lūqā (m. vera 912). Voir al-Fihrist, éd. R. Taǧaddud, 3e éd. (s.l., 1988), p. 311, 1–3. Il n'est peut-être pas sans intérêt de noter que la traduction du méme Commentaire aux quatre derniers livres de la Physique est attribuée par al-Nadīm ā Ibn Nā'ima al-Ṉimṣi, celui-là même qui a traduit la Théologie d'Aristote pour al-Kindī. Les scolies portant sur ces livers, telles qu'elles nous sont parvenues, ont vraisemblablement été mises, du point de vue de la terminologie et du style, aux normes de “l'école” de Bagdad.Google Scholar

Nous citons ci-après les scolies relatives à la double entéléchie. Ces passages ne sont qu'un reflet, certes plus tardif, du contexte que nous évoquons et qui a pu trouver, plus tôt, d'autres voies de transmission, dont FAM porte justement témoignage.

– “Innamā ya'nī bi-al-kamāli fi hāḍa al-ma'nā al-Ṩrūĝa mimmā bi-al-quwwati ilā al-fi'li, lāal-tamāma fa-yabṭulu mā bi-al-quwwati ilā al-fi'li, lā al-tamāma fa-yabṭulu mā bi-al-quwwati wa yaḥṣulu mā bi-al-fi'li, bal 'alā anna al-quwwata ba'du tābitatun bāqiyatun ḍātiyyatun taf alu. fa-inna 'inda dālika takūnu al-Ṩarakatu”. (al-Ṭabī'a, p. 171, 8–10).

“Par perfection iI (sc. Aristote) désigne en cette occurrence (i.e. dana la défīnition du mouvement) la sortie de ce qui est en puissance vera l'acte, non pas l'achèvement – de telle sorte que s'annulerait ce qui est en puissance et que so réaliserait ce qui eat en acte –, mais plutôt [la perfection] telle que la puissance, étant encore stable, perdurable, essentielle, agisse. C'est alors en effet que le mouvement so produit.“

– “Al-kamālu kamālāni: awwalun wa aḫīrun. fa-al-aḫīru huwwa intihā'u mā bi-al-quwwati ilā al-fi'li, wa al-awwalu huwwa al-taṭarruqu ilā al-kamāli al-aḫīri wa alquwwatu takūnu ma'ahu maḥfūẓatan wa huwwa al-ḥarakatu.” (ibid., 11–13).

“La perfection eat double: première et dernière. La dernière eat l'arrivée à l'acte de ce qui est en puisssance, la premiére est le cheminement vers la perfection dernière, la puissance étant conservée avec ce cheminement; et c'est là le mouvement.”

– “Wa Ṯāmisṭiūs…yarā anna al-kamāla al-aḫīra huwwa ḥuṣūlu al-ṣūrati allatī taskunu 'indahā wa tabṭulu al-quwwatu, wa al-kamālu al-awwalu huwwa al-su1ūku ilā hāḏā al-kamāli.” (176, 6–10).

“Et Thémistius…considère que la perfection dernière est la réalisation de la forme auprès de laquelle la puissance entre en repos et s'annule; la perfection première est la progression vers cette perfection.”

28 Cette glose explicative vient juste après celle qui s'attache au mot “forme.” Ces deux gloses (ou ces deux parties d'une même glose) ne s'ajustent pas parfaitement. Dans la première, la forme est identifiée á léentéléchie; or dans la seconde, l'entéléchie est définie comme le passage de la puissance vers la perfection qui est, est-il précisé, la forme. Faut-il conclure que la glose attachée à anṭālāŝyā est une addition postérieure, une sorte de glose dans la glose? On peut le penser, et c'est pour cette raison que nous avons suggéré, dans les remarques textuelles sur D.8a, qu'il puisse s'agir d'une glose interpolée. Mais mê;me dans ce cas, le contexte philosophique auquel nous nous référons n'en demeure pas moins á l'arrière-plan de notre texte.

29 En disant cela, nous semblons assigner un thème unique à Quaest. I 21. Sharples, Quaestiones 1.1–2.15, p. 74, n. 220, évoque “the apparent diversity of topics” qui la caractérise. Il fait remarquer que le titre ne convient qu'á la premiere partie (cf. p. 3 et n.11, sea remarques sur les titres des Quaestiones en général, dont certains, comme celui de Quaest. 1 21, sont qualifiés d“inept or unhelpful”), et suggère, après Bruns, que “it may be that something has been lost from the text after 35, 8.” Soulignons que lea deux versions arabes seraient dans le même cas que le texte grec transmis.Google Scholar

A dire vrai, ce n'est pas seulement la transition entre la première et la seconde partie de cette Quaest. qui fait problème. L'objet de la discussion sur la lumière dans cette seconde partie n'est pas aisé à discerner, mais le résultat auquel elle semble aboutir, à savoir que la lumière est une passion, montrerait qu'il s'agissait de déterminer son statut catégorial, étant entendu qu'elle n'est pas par nature la forme du diaphane (sur ce point, voir pourtant Quaest. I 2, Bruns 7, 3–4 = Sharples p. 23). La lumière aurait, dans ce texte, le même statut catégorial que le mouvement. La transition entre la partie où l'on conclut que le mouvement est une passion et la question: “sous quelle catégorie l'energeia complète tombe-t-elle?”, n'est pas non plus aisée à saisir. Faut-il sous-entendre que l'energeia compléte dont il s'agit ici est la forme-résultat du mouvement? Mais dana ce cas, pourquoi la division des formes que sont lea energeiai complètes se limite-t-elle aux substances (les formes naturelles) et aux qualités (lea formes instituées par l'art)? Enfin, il semble qu'il y alt une équivocité de la notion de qualité qui s'applique d'une part, aux qualités que sent les formes produites par l'art, d'autre part à la qualité qui fait être telle une forme naturelle. D'une certaine manière, on peut interpréter cette Quaest. comme portant, en dernière instance, sur le statut catégorial de la lumière. Mais il n'est peut-être pas indifférent qu'on alt Pu la comprendre comme ayant pour objet principal la question de savoir de quelle catégorie relève le mouvement.

30 Voir Thémistius, Paraphrase de la Physique, p. 68, 16–30; Philopon, in Phys., 343, 22 – 344, 7; Simplicius, in Phys., 402, 9–406, 16. C'est l` l'origine de la discussion qui conduira, dans la philosophie naturelle du moyen-âge latin, à la distinction entre le mouvement comme forma fluens et le mouvement comme fluxus formae.Google Scholar Voir sur cette discussion Maier, A., Die Vorlaüfer Galileis in 14. Jahrhundert (Rome, 1949), pp. 925 et Zwischen Philosophie und Mechanik (Rome, 1958), pp. 61–143. L'arrièreplan grec de cette problématique n'est paz aperçu dans les études portant sur le contexte médiéval. Cf. notre communication au Symposium Averroϊcum III de Fés (Maroc) en mai 1992: “Le mouvement et les catégories selon Avicenne et Averroès,” à paraître.Google Scholar

31 Cf. in Phys., 349, 5–6, qui trouve un écho dans l'une des scolies sur la traduction arabe de la Physique: “Wa laysat (ay: al-ḥarakatu) isman muštarakan kamā ḏahaba ilayhi al-Iskandaru.” al-Ṭabī'a, p. 176, 4–5: “[Le mouvement] n'est pas, comme l'a professé Alexandre, un nom homonyme.” Notons que la référence à Alexandre ici vient du Commentaire de Philopon.

La position d'Alexandre, sur cette question, paraît plus complexe dans le compterendu de Simplicius, in Phys., éd. Diels, H., CAG IX-X (Berlin, 18821895), p. 403, 13–23 [la majeure partie de ce passage 403, 13–19 est traduite par I.Hadotdans Simplicius, Commentaire sur les Catégories, traduction commentée sous la direction deGoogle ScholarHadot, I., Fasc.. III (Leyde, New York, 1990), p. 75 et voir p. 76]. Alexandre y soutient que des réalités peuvent bien tomber sous un même genre et être cependant homonymes. Ainsi les divers types de mouvements tombent sous un genre unique: celui du relatif; mais en tant que mouvements se produisant dans des catégories différentes (substance, qualité, quantité, lieu), ils sont homonymes. Autrement dit le caractère univoque ou équivoque du mouvement dépend de la qualification sous laquelle on le considère.Google Scholar

32 Édité, dana Badawī, Arisṭū, pp. 293–4. Ce traité n'est pas mentionné par lea biobibliographes arabes.Google Scholar

33 Cf. Dietrich, “Über die Differentia specifica,” p. 95.

34 exposé pp. 55, 25–56, 26.

35 Outre celles que nous venons de relever, il est certaines omissions qui relèvent sans doute d'une volonté de simplification. Ainsi, Rabe 65, 8–10: notons l'omission de La qualification τοιοũτον dans la défnition du mouvement, parallèle à l'omission, dans D.8a, de διαφανέζ dans la défīnition de la lumière (Bruns 35,10); et Rabe 65, 20–22.

D'autres omissions pourraient concerner des mots ou des phrases qui font allusion à des développements précédents. Ainsi 65, 5–6: la suppression de πϱώτου et le rem- placement de ἕξιν par ai-fi'li. Philopon fait allusion ici à la premiére des deux sortes de transition qu7'il avait distinguées plus haut (cf. Rabe 61, 23–62, 11): la transition de la puissance prmière/ protera dunamis à l'hexis, et la transition de cette dernière, appelée puissance seconde/ deutera dunamis ou acte premier/ prōté energeia à l'acte second/ deutera energeia. Peut-être devrait-on faire la même remarque à propos de l'omission de 66, 20–22, où figure le mot diathesis.

En dehors des formules stéréotypées de transition et de conclusion, on relèvera trois additions importantes, à visée explicative, dans le corps du texte, c'est-à-dire compte non tenu de l'introduction ajoutée et de la phrase de conclusion. Une remarque cependant à propos des formules de conclusion: fa-(qad) istabāna / tabayyana (al-āna) (Wa ṣaḥḥa) (ayḍan). Des quatre occurrences qu'son en observe (Bad. 293, 10; 16; 294, 14; 15), deux ont un correspondant en grec: δ⋯δεικτα ἄρα (Rabe 68, 15 ≈ Bad. 294, 14), et оὔτω μὔν (Rabe 65, 11 ≈ Bad. 293, 10). Même remarque à propos des références à Aristote: Si l'on ne prend pas en compte la référence de l'introduction ajoutée, des trois autres références à la Physique qui émaillent le texte, deux se trouvent aussi chez Philopon (Rabe 65, 7–8 ≈ Bad. 293, 8–9; Rabe 67, 2 ≈ Bad. 294, 8, la référence en arabe ne mentionne pas le titre mais évoque “le livre que nous venons de nommer” et ne précise pas de quelle partie de la Physique il s'agit).

36 On citera les passages de la pièce intitulée κατ⋯ Aρισιоτελη τò ⋯ρ⋯ν γ⋯νεται (Alexandri Aphrodisiensis praet. comm. scripta minora: De anima liber cum mantissa, éd. Bruns, I., Suppl. Arist. II, 1 (Berlin, 1887), pp. 141–7), qui a été traduite en arabe par Isḥāq b. Ḥunayn sous le titre Maqālatu al-Iskandari al-Afrūdīsī fī kayfa yakūnu a1-ibṣāru 'alā moḍhabi Arisṭāṭālīs (D. 13). Cette traduction est donc postérieure à celle de D.9.Google Scholar Elle a été éditée et traduite par Gätje, H. dans Studien zur Überlieferung der aristotelischen Psychologie im Islam (Heidelberg, 1971), PP. 146–63.Google Scholar

– La lumière et les couleurs se produisent de manière soudaine (⋯θρóωζ = duf'atan), Bruns 143, 21 = Gätje 151, 55.

– La lumière et les formes des objets visibles se produisent de manière soudaine, Bruns 143, 26–27 = Gätje 151, 59–60.

– Aristote montre que la vision se produit sans un temps (⋯χρóνωζ = bi-lāzamānin), Bruns 143,29–30 = Gäte 153,62.

– Comparaison entre la saisie intellectuelle et l'illumination (et la coloration) soudaine du diaphane en puissance en présence d'une source de lumière, Bruns 144,36–145,3 = Gätje 155, 100–157, 1.

Sur les relations entre Philopon et Alexandre d'Aphrodise, à propos de l'apparition et de la propagation de la lumière et à propos de la perception, voir Christensen de Groot, “Philoponus and the propagation of light,” cité ci-dessus n. 23, Pp. 180–2.

37 Voir par exemple Quaest. III 7, Scripta minora, Suppl. Arist. II, 2, p. 93,2–9. Dans De Aet. mundi c. P. IV, 4, (= D.9, Bad. 293, 7–15), Phiopon reprend un développement de son in de anima, éd.Hayduck, M., CAG XV (Berlin, 1897), II, 5 (ad 417 a 14). Dans ce développement, nous retrouvons sous deux formes le titre de notre traité D.9:Google Scholar

– p. 296, 22–23: ⋯ [μ⋯ν] ⋯ν⋯ργεια καθоλικωτ⋯ρα ⋯στì κινήσΕως[ ⋯ δ⋯ κìνησιζ π⋯σχειν]. Notons en passant que le membre de phrase entre crochets rappelle, au remplacement de ποιεīν par π⋯σχειν près, la phrase du De gen. et corr. à laquelle renvoyait, avec remords, K. Deichgräber, cf. plus haut n. 33.

– p. 297, 27: …⋯πì πλ⋯оν ⋯ ⋯ν⋯ργεια κινήσεωζ…

L'opposition entre le mouvement comme atelēs energeia d'une part, et ]'energeia teleia comme l'expression instantanée de l'hexis d'autre part, se retrouve pratiquement dans les mêmes termes que dans le De Aet. mundi c. P.; cf. in de anima 296, 25–6 (avec renvoi à la Physique) et 297, 1–3). Enfin, on y relève les trois exemples d'energeia compléte: l'apparition de la lumière, p. 297, 4–6 (sans les exemples de source de lumière: feu et soleil); la perception sensible non restreinte à la vision comme dans De Aet. mundi c. P., p. 65, 18–19; de façon plus signifīcative, le développement complexe sur la dianoia, p. 297, 12–26, est remplacé dans De Aet. mundi c. P., p. 65, 22–24, par l'exemple du νоūζ.

C'est ce texte du in de anima que nous avons d'abord rencontré dans notre recherche de la source de D.9, quand nous nous sommes orienté vers la littérature exégétique portant sur De anima II, 5.

38 Signalons celle de 'Badawī, A., La transmission, pp.167–8.Google Scholar

39 Ce traité est attribué à Alexandre dans les notices que lui consacrent les biobibliographes arabes sous le titre: Kitābu al-raddi (dans Ibn Abī Uṣaybi'a: Maqāla fi al-raddi) 'alā man qāla innahu lā yakūnu šay'un illā min šay'in (Réfutation de qui affirme qu'une chose n'est engendrée qu'à partir d'une chose): al-Nadīm, al-Fihrist, p. 313, 19; Ibn al-Qifṭī (m. 1248), Ta'rīḫ al-ḥukamā, éd. Müller, A. et Lippert, J. (Leipzig, 1903), p. 54, 23;Google ScholarIbn Abī Uṣybi'a (m. 1270), '‘Uyūn al-anbā’ fi ṭabaqāt al aṭbbā’, éd. Müller, A., 2 vol. (Le Caire, Königsberg, 18821884), t. I, p. 70, 13–14. E. Gannagé prépare une édition et une traduction de D.16 et de D.27g (dénomination de F. Zimmermann). Il est maintenant possible d'établir aussi le glossaire grec-arabe de D.16. Nous tenons à remercier ici E. Gannagé d'avoir aimablement mis à notre disposition des copies de manuscrits arabes d'Alexandre d'Aphrodise.Google Scholar

40 La composition hylémorphique des êtres soumis à la génération et à la corruption impose que, si la génération les affecte dane leur totalité, la corruption les affectera de la même manière, lignes 9–14.

– Mais les anciens conviennent tous que la matière eat incorruptible, lignes 14–16.

– C'est la forme seule qui eat susceptible de se corrompre et done d'étre engendrée, lignes 16–24.

41 Nous donnons une traduction de ces extraits dana l'Appendice I.

42 Dans la présentation de Ia section IX, 11, P. 316, 7–12; six en vérité, à Ia p. 348, 9–20, qui sont récapitulés p. 359, 2–9; et ce sont bien sept cas possibles qui sont éliminés dans le courant de IX, 11.

43 Autant il est diffidile de supposer que les suppressions, dans D.9, des passages relatifs à Dieu soient accidentelles, autant une telle chose ne semble pas totalement mconcevable dans le cas de D.16, lorsque l'omission affecte des pages entières.

44 Les deux choses sont-elles intervenues en même temps? ll est plus “économique” de penser que oui. Le nom de Proclus aurait-il Pu être omis dans un but de “cohérence chronologique,” un traité attribué à Alexandre d'Aphrodise ne pouvant s'opposer à un Proclus né environ deux siècles plus tard? Ceci suppose deux choses: d'une part que notre traité a été attribué d'entrée de jeu à Alexandre (mais il faut tenir compte de l'éventualité que cette attribution soit intervenue plus tard); d'autre part que celui qui a procédé à une telle opération était en mesure de placer sur l'axe chronologique les coordonnées relatives d'Alexandre et de Proclus, ce qui n'est pas nécessairement le cas s'il s'agit d'un membre du milieu philosophique de Bagdad au IXe siècle. On se souviendra qu'une glose du Fihrist d'al-Nadīm (p. 313, n. 1) situe Proclus de façon erronée au temps de Dioclétien; et qu'une précision ajoutée à cette glose “au commencement de la trois-centième année de son [sc. Dioclétien] règne” ne tombe pas plus juste. On trouve dans le même Fihrist une date erronée de la composition du Commentaire sur la Physique de Philopon (p. 315, 8–10). Cf. Endress, Proclus arabus, p. 14 et n. 3.

45 Dans cette interprétation, il est à envisager que, par exemple, un classement thématique ait entraîné un regroupement des passages relatifs à la création du cosmos dans as totalité. C'est là évidemment pure hypothése.

46 De Aet. mundi c. P., Rabe 364, 5–365, 3. Ce fragment du in Tim. est traduit dans Proclus, Commentaire sur le Timée, traduction et notes par Festugière, A.J., tome cinquième, Livre V (Paris, 1968), p. 239.Google Scholar Voir aussi Wolff, M., Fallgesetz und Massebegriff: Zwei wissenschaftshistorische Untersuchungen zur kosmologie des Johannes Philoponus (Berlin, 1971), p. 132, n. 7.CrossRefGoogle Scholar

47 De Aet. mundi c. P., Rabe 345, 21–25. Il devait l'être, étant donné qu'il s'agit d'un extrait dana lea limites duquel la promesse de Philopon ne pouvait être tenue. Il aurait Pu cependant laisser une trace sous une forme quelconque. La concession provisoire de Philopon (Rabe 345, 16–18), que la matière “ni n'est engendrée ni ne se corrompt,” prend, dana la version arabe, du moms nous semble-t-il, une allure thétique.

48 Nous ne perdons pas de vue qu'il y a beaucoup d'Alexandre dans Philopon, nous avons essayé de le montrer plus haut à propos de D.9. Mais il y a des traits propres à Philopon. De ce point de vue, on prêtera une attention particulière à l'apparition, dans l'ancienne version arabe du De Providentia d'Alexandre (D. 15), de l'argument philoponien en faveur de La durée finie du monde, tiré du principe aristotélicien d'après lequel un corps fini, comme l'est le cosmos, ne peut être le siège d'une force infinie; cf. Ruland, Über die Vorsehung, p. 89, 7–91,4 (version imprimée en baa), trad. pp. 90–2 et la n. 3 de la p. 90. Ruland imprime dans le corps du texte arabe la Refutatio de ce passage qui figure dans la marge de gauche du fol.82a du MS E; cette incorporation est signalée dans l'apparat critique et dans la traduction. Cf. les Remarques préliminaires, p.VIII; et pp. 143–4. S. Fazzo et H. Wiesner notent la parenté de l'usage du principe aristotélicien par Phiopon et par D.15, mais en atténuent la portée; cf. “Alexander of Aphrodisias in the Kindi-circie and in al-Kindi's cosmology,” Arabic Sciences and Philosophy, 3 (1993): 119–53, à la p. 134, n. 38.

49 Par exemple IV, 9 et 11, pp. 57, 27–58, 5 et 58, 12–18; IX, 8, p. 315, 13–15.

50 Walzer, R., “New Studies on al-Kindi,” Oriens, 10 (1957): 203–32,CrossRefGoogle Scholar recueilli dansGreek into Arabic: Essays on Islamic Philosophy (Oxford, 1962), pp. 190–6;Google ScholarDavidson, H.A., “John Philoponus as a source of medieval Islamic and Jewish proofs of creation,” Journal of the American Oriental Society, 89 (1969): 357–91, aux pp. 370–3; id.,CrossRefGoogle ScholarProofs for Eternity, Creation and the Existence of God in Medieval Islamic and Jewish Philosophy (New York, 1987), pp. 106–16.

51 Jolivet, J., L'intellect selon Kindī (Leiden, 1971), pp. 5073.Google Scholar

52 IBN ROCHD, Talkhis al-nafs (Paraphrase du “de Anima”) suivi de quatre textes: 1. L'Union avec l'Intellect Agent d'Avempace. 2. L'Union avec l'Intellect Agent du fils d'Ibn Rochd. 3. Le “De Anima” d'Ishāq ibn Hunayn. 4. L'Intellect d'alKindi. Etablis et commentés par Ahmed Fouad El Ahwani (Le Caire, 1950). Ii s'agit du texte 3., aux pp. 128–75. L'attribution de cette version à Isḥāq est dans le MS (Escorial2, 649). Sur ce Compendium et les parallélismes avec le in de anima de Philopon, on consultera Endress, Proclus arabus, Pp. 71–3 et 199–200.

53 Voici comment il en décrit la composition: “In addition to *AP (version adaptée des Ennéades IV-VI ou de parties de celles-ci, issue du cercie d'al-Kindī et qui n'est plus conservée en tant que telle), it included (parts of?) Proclus's Elements of Theology and some metaphysical treatises of Alexander of Aphrodisias.” (“The Origins of the Theology of Arisotle,” p. 134). La désintégration de cette *Théologie devait conduire à la formation de la Théologie d'Aristote telle que nous la connaissons (appelée K par l'auteur), du Liber de causis et des *Extraits faits à partir de la Théologie (d'Aristote) (collection faite par al-Dimašqī à partir de la *Théologie comprenant des propositions des Éléments de théologie, sans doute davantage que celles conservées dans le MS C et éditées par G. Endress sous le titre Proclus arabus, et certaines pièces d'Alexandre provenant du cercie d'al-Kindī). [Mais, voir maintenant “Proclus arabus rides again,” ci-dessus p. 37 n. 65]. De plus, *GS (dont seules nous restent des citations sous le titre de Dits du Sage grec) et DS (La lettre sur la science divine) ont Pu être extraits de la *Théologie avant sa dispersion. L'auteur est évidemment le premier à souligner le caractère hypothétique de ses déductions.

L'intention qui a présidé à la constitution de cette “Théologie” originaire est ainsi décrite: “The original * Theology would therefore appear to have been something of an anthology: a reader in classical theology – that is, for those around Kindi, the theology elaborated by philosophers in the succession of Aristotle,” ibid., p. 130. [F. Z. apporte des retouches à ce tableau dans son article ci-dessus pp. 35–6 et 41–2].

A propos du thème de la création ex nihilo, voir App. XIII (d), pp. 174–5; App. XIV (2), p.177–8; App. X1X(a), p.198–200 où il est affirmé que la doctrine est implicite dans *AP.

54 S'il est vrai que les pièces d'Alexandre figurant dans le MS Z remontent à une copie d'al-Dimašqī, doit-on conclure alors qu'il n'a pas reconnu D.9 comme n'étant pas d'Alexandre? et d'autre part que ce serait un indice qu'il n'y avait pas encore de version plus complète du De Aet. mundi c. P.? Ce serait sans doute aller vite en besogne, car D.9 pouvait, sans problème majeur, être pris pour un traité d'Alexandre.

55 Voir sur ce point les remarques de Zimmermann, F., “The Origins of the Theology of Aristotle,” App. XVI, p. 188 et App. XVII, pp. 188–9. Il est peut-être difficile d'imaginer que le nom de Proclus fût supprimé en milieu grec.Google Scholar

56 On sait qu'il existait une version ancienne des dix-huit arguments en faveur de l'éternité du monde de Proclus, qui a précédé la traduction d'IsḤāq b. ḥunayn. Cette dernière nous est parvenue sous une forme inachevée, ne comportant que les neuf premiers arguments. L'ancienne version en question, dont deux manuscrits d'Istanbul nous conservent seulement huit arguments, semble être celle qui a servi à al-Šahrastānī (m. 1153) pour le résumé qu'il donne des “sophismes” de Proclus dans son Kitāb al-milal wa al-niḥal, composé en 1127–1128 (Livre des religions et des sectes), éd. M.F. Badrān, 2 vol. (Le Caire, 1947–1955), pp. 1025–32. La version utilisée par Šahrastānī était peut-être complète, en tout cas sans doute plus complète que celle contenue dans les deux manuscrits d'Istanbul. Nous empruntons ces indications à G. Endress, Proclus arabus, pp. 15–17. Voir aussi, pp. 106–7, ses remarques sur un point de vocabulaire. [On peut consulter maintenant la trad. fr. richement annotée de Jolivet, J., Shahrastani, Livre des religions et des sectes, t. II, Traduction avec introduction et notes par Jolivet, J. et Monnot, G. (Leuven, 1993), pp. 339–47.] L'existence d'une telle version, si elle est contemporaine de D.16, montrerait que le conflit, ou au moms la position de l'une des parties au conflit, était connue. Si, de surcroît, on savait qu'il s'agissait de Proclus, il devenait assez vain, de la part de l'épitomateur, de taire le nom de celui qui était la cible du texte dont il adaptait un passage. Ajoutons qu'al-Kindī n'hésitait pas à soutenir la création ex nihilo du monde et sa durée finie.Google Scholar

57 On ne peut passer sous silence un élément, que certains jugeront sans doute significatif, en faveur de l'attribution à un épitomateur de la période musulmane: le fait que ne soient pas repris dans D.16 des exemples à possible résonnance chrétienne figurant dans le passage de Philopon couvert par D.16. A la p. 346, 20–1 du De Aet. mundi c. P., Phiopon prend l'exemple du pain qui se change en chair. Cet exemple n'est pas repris dans D.16. On ne peut rien dire des exempies du même type, du pain qui se change en chair et du vin qui se change en sang, aux pp. 356, 16–7; 358, 14–7. On ne sait pas s'ils ont été concernés par l'adaptation dont D.16 nous conserve le témoignage. Il faut reconnaître que ces exemples peuvent être lus également comme des exempies biologiques d'assimilation des nutriments; cf. p. 358, 14–17:le pain se change en chair, mais aussi en os.

* M. Maroun Aouad et M. Jean Jolivet ont bien voulu relire ce travail et nous faire bénéficier de ieurs judicieuses remarques. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre vive reconnaissance.

58 Nous avons traduit fi'1 uniformément par acte, mais peut-être faut-il traduire ici par “action.” Fi'l retient l'ambiguïté du mot ⋯νέργεια entre acte et action. Dans la suite du texte, ⋯νεργоūν, en opposition avec π⋯σχоε est traduit par fā'il ou fa”āl (Rabe 66, 1 = Bad. 293, 18; et 66, 20 = 294,4), en opposition avec mafūl bihi ou maf'ūl (Rabe 66, 2 = Bad. 293, 19; 66, 19 = 294, 3). En revanche, πоíησιζ et πоιоūν sont rendue par ‘amal et ‘āmil (Rabe 68,16 = Bad. 294,15; γινóμενоν en face de πоιоūν traduit par ma'mūl). Le vocabulaire employé ici par Philopon eat celui de Physique III, 3.

59 “Le mouvement est dans le mû. Le mouvement, en effet, est la perfection du mû qui lui vient du moteur” (Physique III, 3, 202 a 13–4). Faut-il considérer la phrase, “le moteur est la puissance [qui produit] le mouvement,” comme rendant 202 a 16–17 avec la leçon τò δúνασθαι (cf. Ross, Apparat)? La phrase, “l'acte est l'acte de l'agent dans le mû,” pourrait être une manière de rendre 202 b 6–8. L'adaptateur aurait, dans ce cas, dépasse les limites du texte d'Aristote cité par Phiopon. Mais il se peut aussi qu'il résume tout simplement l'enseignement d'Aristote.

60 Ibn, al-Qifṭī, Ta'riḤ, p. 55, 1 cite un Kitābu al-kawni, maqāla (Livre de la génération, en un traité), qui pourrait évoquer le titre de D.27g. Mais il s'agit vraisemblablement d'un faux titre pour Kitābu al-lawni, maqāla (Livre sur la couleur, en un traité), mentionné par al-Nadīm, al-Fihrist, p. 313, 20. Cf. Gätje, Über die Farbe, p. 348, n. 1. On trouve aussi dans Ibn Abī Uṣaybi'a, ‘Uyūn al-anbā’, p. 70, 22, le titre suivant: Maqālatun fi ḥudūṭi al-ṣuwari lā min šay'in (Traité sur l'instauration des formes à partir du néant). Se réfè-t-il à D.27g? On pourrait être tenté de répondre par l'affirmative, en pensant à des phrases telles que celle-ci: “inna kulla mukawwanin innamā yakūnu min lā šay'in ya'nī bi-ālika anna al-ṣuwara alǧuz'iyyata hiyya al-wǎqi'atu taḥta al-kawni wa al-fasādi” (C, fol. 65a 4–5). “Tout engendré n'est engendré qu'à partir du néant, il entend par cela que les formes individuelles sont ce qui tombe sous la génération et la corruption.” Mais l'on rencontre des phrases parallèles dans D.16, par exemple: “… fa-lā maḥālata annahā [ay ṣūratu al-ašyā'i] Iam takun qabla ḥudūṭihā wa annahā ḥīna ḥadaṯat wa ṣārat mawǧūdatan innamā istaḥālat min laysa ilā aysa… [laysa MS].” (E, fol. 83b 15–18) “Nécessairement, [lea formes des choses] n'étaient pas avant leur instauration et passent seulement du non-être à l'être au moment où elles sont instaurées et où elles deviennent existantes.”Google Scholar

61 Cf. van Ess, “Über einige neue Fragmente,” p. 151, sous le n° 16 et p. 164, n. 5; Sorabji, R., Time, Creation and the Continuum (Londres, 1983), p. 248 et n. 77; Sharples, “Alexander of Aphrodisias,” p. 1192. Il faut considérer que ce que ces deux auteurs disent de D.16 s'applique en fait à D.27g. Tous deux trouvent des raisons de douter de l'authenticité de… D.27g.Google Scholar Voir aussi Aouad, M. et Goulet, R., “Alexandros d'Aphrodisias,” dans DPhA I, p. 133 (h) et p. 137 (35). Dans une communication au Colloque “Perspectives médiévales (arabes, latines, hébraïques) sur la tradition scientifique et philosophique grecques” (Paris, mars-avril 1993), S. Fazzo a signalé la divergence des deux traités, mais n'a pas remarqué la source phioponienne de D.16. [Pour la distinction entre D.16 et D.27g, voir aussi “Proclus arabus rides again,” cidessus p. 16 n.13].Google Scholar

62 Moraux, P., Le Commentaire d'Alexandre d'Aphrodise aux “Seconds Analytiques” d'Aristote (Berlin 1979), p. 21.CrossRefGoogle Scholar

63 Sans doute le point de départ, dans Aristote, pour de telles déclarations doit-il être recherché en Physique I, 8: en 191b 13–18 “… γίγνεσθαι μ⋯ν μηθ⋯ν [] ⋯κ μ⋯ ⋯ντоς [πὼς μ⋯ντоι γíγνεσθαι ⋯κ μ⋯ ⋯ντоς, κατ⋯ συμβεβηκóς] … ὡσαύτως δ⋯ оὐδ' ⋯ξ ⋯ντоς оὐδ⋯ τò ὂν γίγνσθαί, [πλήε κατ⋯ συμβεβηκός].” Ces déclarations de Physique I, 8, seraient prises dana D.27g sans lea qualifications qu'elles incluent. Signalons que Quaest. I 24 d'Alexandre (Bruns 37, 14–39, 7; trad. Sharples Quaestiones 1.1 – 2.15, pp. 79–82) traite de l'aporie de Physique I, 8. II en existe une version arabe portant la marque du “cercle d'al-Kindī” (D.20). Elle est éditée par ‘A. Badawī dans Commentaires sur Aristote, pp. 44–6.

Deux des arguments avancés, dans la première partie de D.27g, en faveur de la thèse selon laquelle rien ne vient de rien, pourraient avoir leur source ultime dans le Livre I de la Physique.

— Cette thèse s'applique aux contraires qui s'engendrent lea uns à partir des autres, cf. Physique I, 5, 188b 21–26.

— Dire qu'une chose provient d'une chose en puissance équivaut à dire qu'eile provient de sa propre privation. Cet argument semble unifier les deux manières de répondre à l'aporie relative à la génération soulevée en Physique I, 8. L'élément principal de cet argument gît dans l'affirmation que “la privation est une chose existante.” Aristote dit plutôt: la privation est “καθ αύτó μ⋯ ⋯ν” (Phys., I, 8, 191 b 15–16); même thèse dans Alexandre, Quaest. I 24, Bruns 37, 30–31; trad. Sharples, p. 80. Mais on trouve en Phys., II, 1, 193 b 19–20: “… ⋯ στέρνσις πώς ⋯στιν.” Simplicius, in Phys., p. 280, 12–22 [cité par Ross, W.D., Aristotle's Physics, a revised text with introduction and commentary (Oxford, 1936), p. 505–6]Google Scholar donne trois raisons justifiant que la privation soit, d'une certaine manière, une forme. Voir aussi Philopon, in Phys., pp. 217, 20–218, 6. On lit à la fin de Quaest. I 24, à propos de la privation, qu'eile est “ὂν πως (Bruns 38, 31). Il manque évidemment dans D.27g la qualification “ηώς.”

Remarquons aussi que c'est tine thèse de Proclus que: “… ⋯ν τоĩς ⋯πоτελ⋯σμασιν αἱ στερ⋯σεις ⋯ντα μέν πώς εἰσιν, εἴδη δ⋯ оὔκ εἰσι …” (Proclus, , The Elements of Theology. A revised text with translation, introduction and commentary by Dodds, E.R., 2nd ed. (Oxford, 1963), proposition 74, p. 70Google Scholar, 24–27, et Commentary pp. 230–1, sur la proposition 57). Les privations sont en quelque façon des êtres, bien qu'elles ne soient pas des formes. Cette thèse de Proclus eat présente dana le “Proclus arabus” (voir Endress, p. 26, 8–12 du texte arabe, trad. pp. 277–8, avec la n. 10 et lea remarques de l'auteur pp. 228–9).

64 De Aet. mundi c. P. IX, 11, p. 364; cf. n. 46.Google Scholar

65 “Je dis que les formes individuelles n'ont pas changé [en allant] d'un substrat vers un autre ni d'un sujet vers un autre; elles n'étaient pas non plus, d'aucune manière, existantes par soi et sans substrat, car si elles étaient ainsi, elles eussent été <des formes> spirituelles et non incorporées; elles n'étaient pas non plus éternellement stables et subssistantes dans l'Agent premier, mais celui-ci est plutôt leur insteaurateur par l'intermédiaire de la nature; elles n'existaient pas none plus, stables, dans la matière car, si elles étaient ainsi, une même chose eût été à la fois en puissance et en acte.”

66 “On dit que dans la matière il y a toutes les formes en puissance, c'est-à-dire qu'elle reçoit toutes les formes et en est le substrat, et qu'elle est capable <de recevoir> l'ensemble de celles-ci.”

67 Une formule proche se rencontre dans la Lettre sur la science divine; cf. Plotinus apud Arabes, éd. ‘Badawī, A., 3e ed. (Kuwait, 1977), p.168, 910: “… inna hāhunā fā'ilan yaf'alu al-ṣuwara, wa hāhunā ḥāmilan yaḥmilan al-ṣuwara”; trad.Google ScholarLewis, G. dans Plotini Opera, éd. Henry, P. et Schwyzer, H.R., 3 vol. (Paris, Bruxelles, Leyde, 1951, 1959, 1973), t. II, p. 415Google Scholar; voir aussi p. 177, 10–12: “wa al-'illatu al-ūlā qudratun… wa ammā al-qudratu fa-hiyya al-quwwatu allatī taqwā ‘alā ibdā'i al-ašyā'i, trad. Lewis, p. 327; et p. 180, 1: “Wa al-fā'ilu al-awwalu… huwwa quwwatu al-ašyā'i kullihā,” trad. Lewis, p. 337.

68 Sur l'idée que la matière est mstaurée avec la forme (thème de la concreatio) chez Philopon, voir les remarques de M. Wolff, Fallgesetz und Massebegriff, pp. 122–34, qui cite des passages de in Phys., 54, 9–55, 26 portant sur Physique, I, 3 à propos de la critique qu'adresse Aristote à Mélissos. Sur ce que M. Wolff appelle la “structure antinomique” de ce thème (considéré en conjonction avec d'autres thèses), c'està-dire le fait que puisse s'ensuivre aussi bien la thèse de la création ex nihilo (chez Philopon) que celle de l'éternité du monde (chez Proclus), voir ibid., pp. 134–7.Google Scholar

69 Cette affirmation est justifiée par le fait que la génération (et la corruption) affecte les formes individuelles, lesquelles sont issues du non-être.

70 Miskawayh, , al -Fawz al-aṣġar, (Le petit livre du salut), éd. 'Udayma, S., trad. fr. et notes par Arnaldez, R. (Tunis, 1987) ar., pp. 5860; trad., pp. 3031.Google ScholarCf. Altmann, A. and Stern, S.M., Isaac Israeli. A Neoplatonic Philosopher of the Early Tenth Century (Londres, 1958; réimpr. Westport, 1979), p. 73.Google Scholar Dana cette section Miskawlayh rapporte que (i) Galien a tenu un propos ou un discours (katām) au sujet du principe nihil a nihilo fit, (ii) qu'Alexandre “1'”a ré;futé dans un livre à part où il montre que tout ce qui est engendré est engendré à partir du néant: “Wa lli-Gālīnūsa al-ṭabībi fihi kalāmun wa li-al-Iskandari fi naqihi kitābun mufradun yubayyinu fihi anna almukawwana innamā yakūnu lā min šay'in,” p. 58.

Le premier pronom, “à son sujet,” fihi, se rapporte au principe, et il est possible que le second pronom dans la phrase, “Alexandre a dans sa réfutation…,” naq ihi, se réfère, par parallélisme de construction, au principe; auquel cas Miskawayh ne serait pas en train d'évoquer une réfutation de Galien par Alexandre à propos de la question de la création ex nihilo. Mais les choses ne sont pas si simples et il est tout aussi possible que le pronom se rérère à Galien. Nous savons, en tout cas, ce qu'il faut penser de cette affirmation. D.16, adaptation de De Aet. mundi c. P. 1X, 11 n'est pas, et pour cause, dirigé contre Galien. J.C. Bürgel (“Averroes “contra Galenum”,” NAWG (1967/1999), p. 283, n. 1) renvoyait, pour justifier l'idée que D.16 eat dirigé contre Galien, à von Müller, I., Über Galens Werk von wissenschaftlichen Beweis, Abhandlungen der königlichen Bayerisehen Akademie der Wissenschaften 20 (Munich, 1897), pp. 403–78Google Scholar, spécialement aux pp. 434–5. Celui-ci cite (p. 435, n. 39) un passage du De methodo medendi, dana lequel Galien mentionne comme des évidences de la raison, à côté de l'axiome: des choses égales à une même chose sont égales entre elles, du principe: rien ne se produit sans cause, et du principe du tiers exclu, lea vérités: toute chose se produit à partir de quelque être; rien ne se produit à partir de ce qui n'est absolument pas; rien ne se corrompt en ce qui présentement n'est pas. [Sur la traduction en arabe de ce traité par Ḥubayš b. al-A'sam voir, Ḥunayn ibn Isḥāq über die syrischen und arabischen Galen-Übersetzungen, herausgegeben und übersetzt von G. Bergsträsser AKM XVII, 2 (Leipzig, 1925) ar. pp. 1618; trad. pp. 1315].Google Scholar Deux remarques sur ce passage de Galien: 1) le principe nihil a nihilo fit n'y est mentionné qu'en passant, ce n'est sans doute pas là le propos de Galien auquel Miskawayh fait allusion. 2) Si le propos de Phiopon – “Alexandre” (D.16) est dirigé contre Galien, c'est uniquement indirectement, en tant que ce dernier fait partie des hellènes chez qui le principe en question a cours. Par ailleurs, c'est le lieu de rappeler, comme le note M. Frede, qu'il arrive à Philopon d'invoquer le témoignage de Galien: “Philoponus in De Aeternitate mundi (599, 23 ff.) even comments rather favorably on Galen's competence as a philosopher.” Cf.Frede, M., “On Galen's Epistemology,” recueilli dans id., Essays in Ancient Philosophy (Oxford, 1987), pp. 279–98, p. 280Google Scholar. Le même auteur note (cf. p. 297) le refus de Galien de prendre parti à propos des questions qui divisaient les écoles philosophiques de son temps, dont celle de l'éternité du monde.

70bin Une autre mention de D.16 figure dans un ouvrage, récemment édité, d'al Ṭūfī (m. 1316). Voir Naǧmaddin aṭ-Ṭūfi al-Ḥanbalī, ‘Atam al-ğa al fi ‘ilm al-ğadal: Das Banner der Fröhlichkeit über die Wissensehaft vom Disput, herausgegeben von Heinrichs, W., Bibliotheca Islamica, Bd 32 (Wiesbaden, 1987), pp. 42–3.Google Scholar (Nous devons cette référence à M. Aouad). Selon al-Ṭūfi, la possibilité de “faire exister une chose non à partir d'une chose” est admise par les “maîtres-philosophes, parmi lesquels Alexandre d'Aphrodise dans un traité à part [maqāla mufrada].” p. 42, 22–23. La polémique contre Galien n'est pas évoquée dane ce témoignage.

71 Ce chapitre est édité par Badawī, A. dans Plotinus apud Arabes, p. 199208Google Scholar. Voir Endress, Proclus arabus, pp. 40–1, où se trouvent présentées la structure de ce chapitre, les similitudes et les différences qui l'unissent et le distinguent des Extraits de la Théologie d'Aristote du MS C (ce chapitre comporte une adaptation des vingt propositions du “Proclus arabus,” moins une qui est placée à la suite de l'exposé du Liber de causis au chapitre 20, l'ordre de ces propositions étant modifIé par rapport à celui du MS C. Il comporte en outre quatre traités d'Alexandre d'Aphrodise et D.27g dans l'ordre suivant: Quaest. II 19 = vE 33, Quaest. II 3 = vE 34, Quaest. II 8 = vE 32, Quaest. II 11 = D.7; D.27g. On trouvera la concordance exacte entre les pp. et les ll. de Bad. et les fole et ll. de C dane van Ess, “Über einige neue Fragmente,” p. 159–63 pour lee propositions des Éléments de théologie et pp. 150–1 et 153 pour les quatre traités d'Alexandre et D.27g, marqué; ici D.16.

Sur l'ensemble du K. fi 'ilm mā ba'da al-ṭabī'a, cf. Neuwirth, A., ‘Abd al-Laṭīf al-Baġdādī's Bearbeitung von Buch Lambda der aristotelischen Metaphysik (Wiesbaden, 1976), pp. *1–4*.Google Scholar