Published online by Cambridge University Press: 15 October 1995
L'association d'un prédateur à l'élevage de tilapias pour en contrôler la reproduction indésirable est aujourd'hui effectuée par un nombre croissant de pisciculteurs africains. Dans ce cadre, les Siluriformes (Clarias ou Heterobranchus sp.) sont souvent considérés comme ayant une double fonction : prédation et polyculture. Les résultats d'élevage associés Clarias gariepinus-Oreochromis niloticus montrent qu'un nombre important d'individus de Clarias gariepinus est nécessaire au contrôle total de la reproduction des juvéniles d'O. niloticus mis en charge et qu'ils exercent une compétition vis-à-vis des ressources alimentaires disponibles (aliment et/ou engrais) dans l'étang. Pour contrôler une population de 1 200 tilapias (mâles et femelles) en étang de 10 ares, une population de 260 Clarias gariepinus de poids moyen initial supérieur à 150 g est nécessaire et la croissance des tilapias est inférieure à celle d'un élevage identique dans lequel C. gariepinus est remplacé par un prédateur strict (Hemichromis fusciatus). Ces résultats, confirmés avec un autre Siluriforme, Heterobranchus isopterus, conduisent à privilégier dans le Centre Ouest de la Côte d'Ivoire la pratique d'une polyculture basée sur 3 espèces: O. niloticus, un prédateur strict (Hemichromis fasciatus ou Parachanna obscura) et un siluriforme, Heterohranchus isopterus dont la vocation n'est pas de contrôler la reproduction des tilapias mais de contribuer quantitativement et qualitativement à la production finale. H. longifilis, quant à lui, présente un taux de croissance trop élevé pour ce type d'association, entraînant rapidement un écart de taille avec les tilapias mis en charge sur lesquels il exerce une prédation de même que sur les carnassiers stricts sans contrôler efficacement la prolifération d'alevins de tilapias. Les rendements en H. isoprerus (0,l individu.m−2) peuvent atteindre 1 t.ha−1.an−1 et un poids moyen de 500 g après un cycle de 6 mois d'élevage. Sur la base de ces résultats, obtenus en vraie grandeur, cette logique de polyculture s'est déjà imposée auprès de nombreux pisciculteurs ivoiriens et semble pouvoir constituer un système d'élevage à vulgariser pour l'avenir.