« Je me souviens d'une conversation vieille de plus de trente ans avec Lucien Febvre », écrit Claude Lévi-Strauss dans un article paru il y a quelques années. Et il continue : « [Febvre] souhaitait que les historiens se penchent sur des problèmes comme celui de l'origine et de la distribution du bouton. Il se rendait parfaitement compte que, par sa présence ou son absence, cet humble article de mercerie trace, dans les comportements humains, une ligne de démarcation majeure : entre le drapé et le cousu, deux styles vestimentaires exigeant plus l'un du corps, l'autre du matériau ; ce qui, dans les registres complémentaires de l'art textile et du maintien, mais aussi en correspondance avec d'autres registres, implique des conduites corporelles, des arts de vivre, des modes d'insertion dans le monde, propres à différencier des civilisations ».
Ces remarques énoncées par l'un des pères de l'histoire des Annales m'ont, il y a quelque temps, encouragé à croire que mes recherches sur l'histoire du vêtement et de ses couleurs dans le village souabe de Laichingen entre 1750 et 1820 pourraient amener à des résultats intéressants.