L’article se penche sur les ressorts des mobilisations combattantes en URSS pendant la « Grande Guerre patriotique » de 1941-1945, en questionnant l’existence d’un patriotisme russe ou soviétique des masses en 1941. Il analyse la pluralité des discours patriotiques déployés par les acteurs ainsi que leur résonance, ou non, parmi les populations. Pour ce faire, il envisage le patriotisme comme une forme d’organisation sociopolitique et examine dans cette perspective les reconfigurations des liens sociaux, en particulier familiaux, durant la guerre. Le lien familial est appréhendé comme une ressource et un levier de mobilisation et de désengagement, dont les transformations sont consubstantielles à l’émergence de communautés imaginées en armes. La relation entre guerre et nation est ainsi interrogée à la lumière du cas de la « mère patrie » russe ou soviétique des années 1940.