Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
Les historiens contemporains portent grand intérêt à la chute de la société féodale, ainsi qu'aux causes économiques, sociales et politiques dont l'action engendra le monde moderne. Rien d'étonnant qu'ils s'efforcent de comprendre pourquoi et comment les ordres sociaux établis traversent des périodes de crise et, finalement, s'effondrent. Même les médiévistes ne sauraient pas être à l'abri des influences du monde dans lequel ils vivent ; il est donc naturel de se demander si l'ordre féodal s'est désagrégé accidentellement, remplacé peu à peu par l'organisation sociale, économique et politique du capitalisme ; ou bien, si sa désagrégation n'a point été accélérée par plusieurs crises sans rapport entre elles et qui influèrent sur des aspects différents de la société ; ou bien encore s'il y eut une crise générale de la société due à des faiblesses qui lui étaient inhérentes — crise générale dont les crises séparées qu'analysent les historiens n'auraient été que des expressions particulières.
[Les Annales donnent avec plaisir l'hospitalité à la communication que M. Hilton flt l'été dernier, au Congrès International des Sciences Historiques. Elles sont dans leur rôle en apportant aux historiens des sujets de réflexion, de discussion et de trouble. Comme tient à le proclamer l'auteur, il s'agit, en effet, d'une suite d'hypothèses, et partant, d'une incitation à la critique. « Notre investigation, écrit-il, s'est bornée à l'Europe occidentale : grave défaut, car on ne doit pas découper en morceaux l'Europe féodale. Mais ce défaut est la conséquence malheureuse d'une éducation qui prétend que les jeunes Anglais n'ont pas besoin de connaître et de comprendre les peuples qui habitent cette moitié de l'Europe qui s'étend à l'Est de l'Allemagne. J'ai donc été incapable de discuter, par exemple, les guerres hussites ou la révolte de Thessalonique. » Puis-je ajouter qu'il y a autre chose encore à discuter dans l'article de M. Hilton que ses limitations Spartiates — et que, je l'espère bien, son travail donnera lieu à de fécondes réflexions ? — L. F.]
page 23 note 1. Voir par ex. ch. II et III des Studies in the Development of capitalism de M. E. Dobb ; — M. M. Postan « The Fifteenth Century. The Rise of a Money Economy » et « Some Economie Evidence of Declining Population » dans l'Economie History Review ; — Perroy, E., « Les crises du XIVe siècle » dans Annales, t. IV Google Scholar ; — Sweezy, P. et Dobb, M., « The Transition from Feudalism to Capitalism » dans Science and Society, t. XIV (2)Google Scholar.
page 25 note 1. Les révoltes urbaines d'Italie et de Flandre sont assez bien connues. Pour la révolte dans les villes françaises, voir Ph. Wolff, « Les luttes sociales dans les villes du midi français », dans Annales, oct.-déc. 1947. L'histoire des révoltes urbaines anglaises se trouve dispersée dans des monographies ; — des indications bibliographiques dans A. S. Green, Town Life in the Fifteenth Century.
page 25 note 2. Voir notre article « Peasant Movements in England before 1381, » Economic History Revieiv, 2° série, t. II, p. 2.
page 27 note 1. Discutant notre communication au'Congrès, M. Perroy a précisé qu'il n'avait pas voulu laisser entendre que les profits résultant de l'expansion du XIIIe siècle étaient nécessairement investis.
page 29 note 1. Men, Machines and History (1948).
page 29 note 2. L'expa nsion économique belge au moyen âge (1946).