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Violente amnistie
La réconciliation athénienne de 403 av. J.-C.
Published online by Cambridge University Press: 23 July 2020
Abstract
- Type
- Démocratie athénienne
- Information
- Copyright
- © Éditions de l’EHESS
References
1 Thucydide, La guerre du Péloponnèse, I, 1, 3.
2 Les sources anciennes évoquent tantôt 1 500, tantôt 2 500 victimes des Trente : Isocrate, Aréopagitique (VII), 67 ; Eschine, Contre Ctésiphon (III), 235 ; Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXV, 4. Les chiffres varient en réalité beaucoup selon les sources : voir Luciano Canfora, La guerra civile ateniese, Milan, Rizzoli, 2013, p. 112-121.
3 Ce résumé de la guerre civile athénienne s’inspire librement du témoignage de Xénophon aux livres I et II des Helléniques. Pour une chronologie plus précise de la séquence, voir Peter Krentz, The Thirty at Athens, Ithaca, Cornell University Press, 1982. Sur les interprétations successives auxquelles donna lieu, au cours de l’histoire, la défaite athénienne en 404, voir le riche dossier de la revue Ktèma, 42, 2017, p. 7-205.
4 Xénophon, Helléniques, II, 4, 43.
5 Sur la traduction de mē mnēsikakein, voir les remarques de Giorgio Agamben, La guerre civile. Pour une théorie politique de la stasis, trad. par J. Gayraud, Paris, Éd. Points, 2015, p. 27-28 : « Dans la formation des composés verbaux de ce type en grec, le second terme est en général actif. Mnēsikakein ne signifie pas tant ‘avoir de mauvais souvenirs’ que plutôt ‘faire du mal avec la mémoire, faire un mauvais usage des souvenirs’. » Il existe toutefois des exceptions à cette règle, en particulier pour les noms composés ayant un verbe comme premier terme (verb-first compounds) : voir Olga Tribulato, « Compound Nouns », in G. K. Giannakis (dir.), Encyclopedia of Ancient Greek Language and Linguistics, vol. 1, Leyde, Brill, 2014, p. 344-347. Pour respecter la polysémie du verbe, nous suivons ici la traduction proposée par David Cohen, « The Rhetoric of Justice: Strategies of Reconciliation and Revenge in the Restoration of Athenian Democracy in 403 BC », European Journal of Sociology/Archives européennes de sociologie, 42-2, 2001, p. 335-356, ici p. 335 et 339 : « mē mnēsikakein signifie ‘ne pas garder rancune’ (not to hold a grudge), c’est-à-dire, dans une société de la vengeance comme Athènes, ‘ne pas chercher à se venger’ ».
6 Après celle conclue à Mégare en 424 (Thucydide, La guerre du Péloponnèse, IV, 74). L’amnistie athénienne visait à interdire la poursuite devant les tribunaux de tous les crimes commis à l’époque des Trente, voire auparavant. Toutefois, selon Edwin Carawan, The Athenian Amnesty and Reconstructing the Law, Oxford, Oxford University Press, 2013, l’amnistie aurait eu une portée limitée à un groupe de dispositions écrites (sunthēkai) que le serment serait simplement venu renforcer. Voir les critiques décisives de Christopher Joyce, « μή μνησικακεĩν and ‘All the Laws’ (On the Mysteries 81-2): A Reply to E. Carawan », Antichthon, 48, 2014, p. 37-54 ; Id., « Oaths (ὅρκoι), Covenants (συνθῆκαι) and Laws (νóμoι) in the Athenian Reconciliation Agreement of 403 BC », Antichthon, 49, 2015, p. 24-49.
7 Loraux, Nicole, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997 Google Scholar. Le sous-titre choisi par l’autrice exprime bien cette tension.
8 Sur la nécessité de réitérer le souvenir de l’oubli par divers moyens, y compris épigraphiques, voir Shear, Julia L., Polis and Revolution: Responding to Oligarchy in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 214-217 Google Scholar.
9 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
10 Rhodes, Peter J., A Commentary on the Aristotelian Athenaion Politeia, Oxford, Clarendon Press, 1981, p. 2-5 Google Scholar.
11 Sur la biographie de Xénophon et son rôle dans la guerre civile, voir par exemple Azoulay, Vincent, Xénophon et les grâces du pouvoir. De la charis au charisme, Paris, Publications de la Sorbonne, 2004, p. 11-12 CrossRefGoogle Scholar (avec bibliographie).
12 Eschine, Contre Ctésiphon (III), 187 et 195.
13 Voir Bearzot, Cinzia, « L’image ‘noire’ de Thrasybule dans le Contre Ergoclès de Lysias », in Queyrel Bottineau, A. (dir.), La représentation négative de l’autre dans l’Antiquité. Hostilité, réprobation, dépréciation, Dijon, Éd. universitaires de Dijon, 2014, p. 299-312.Google Scholar
14 Démosthène, Contre Timocrate (XXIV), 135.
15 Plutarque, Sur la gloire des Athéniens, 345D et 350B. Relayant le propos de Cratippos de Pergame, Plutarque signale Archinos parmi les soixante-dix hommes qui, « de Phylè », se dressèrent contre l’oligarchie.
16 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
17 Démosthène, Contre Timocrate (XXIV), 135.
18 Serna, Pierre, La République des girouettes. 1789-1815, et au-delà : une anomalie politique, la France de l’extrême centre, Seyssel, Champ Vallon, 2005 Google Scholar.
19 Aristophane, Les grenouilles, v. 367-368 (nous traduisons). La même attaque avait été menée par deux autres poètes au moins, Platon le Comique et Sannyrion (fr. 9 K.-A.) : « Cela se réfère à Archinos et, probablement aussi à Agyrrhios. Platon mentionne ces individus dans ses Skeuai [« Costumes »] et Sannyrion dans sa Danaé, car ces hommes, alors qu’ils étaient en charge de la banque publique [dēmosias trapezes], diminuèrent la paye des poètes comiques après avoir été ridiculisés » (scholie à Aristophane, Les grenouilles, v. 367).
20 Aristophane, Les grenouilles, respectivement v. 359-360 et 369-370.
21 Aristophane, Lysistrata, v. 577-578.
22 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIV, 3.
23 Voir à ce propos Bearzot, Cinzia, « Teramene tra storia e propaganda », Rendiconti dell’Istituto Lombardo, 113, 1979, p. 195-219 Google Scholar.
24 Id., Vivere da democratici. Studi su Lisia e la democrazia ateniese, Rome, « L’Erma » di Bretschneider, 2007, p. 52 Google Scholar et 97.
25 Andocide, Sur les mystères (I), 81. Sur la patrios politeia en 404, voir Caire, Emmanuèle, Penser l’oligarchie à Athènes aux ve et ive siècles. Aspects d’une idéologie, Paris, Les Belles Lettres, 2016, p. 265-275 Google Scholar.
26 Sur ces trois formes de continuité, voir Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, respectivement XXXIX, 4 ; XXXIX, 6 et XL, 3 ; XXXIX, 2.
27 Voir Bertoli, Marcello, « Archino tra oratoria e politica : l’epitafio », Rendiconti dell’Istituto Lombardo, 137, 2003, p. 339-366 Google Scholar.
28 Le dialogue évoque en effet la guerre civile et la réconciliation (243e), mais l’ironie platonicienne est telle que le Socrate de Platon évoque l’histoire d’Athènes jusqu’en 387, soit plus de dix ans après la mort du Socrate historique.
29 Platon, Ménexène, 234b.
30 Photius, Bibliothèque, VIII, 487b32-40 : « On accusera peut-être [Isocrate] de larcin du fait que, dans son Panégyrique, il a emprunté certaines données qui ont été exprimées par Archinos, Thucydide et Lysias dans leurs éloges funèbres [tous epitaphious logous]. » Voir toutefois les doutes émis par Nicole Loraux, L’invention d’Athènes. Histoire de l’oraison funèbre dans la « cité classique », Paris, Mouton/Éd. de l’Ehess, 1981, p. 8 et 351, n. 53.
31 Xénophon, Helléniques, II, 4, 22.
32 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
33 Sous les Trente, ces exécutions sommaires, effectuées avec l’accord du Conseil, furent nombreuses. Outre Théramène (Xénophon, Helléniques, II, 3, 51), les Éleusiniens en furent victimes (Helléniques, II, 4, 8-10). Toutefois, le parallèle le plus saisissant se situe après la destitution des Trente et l’installation des Dix à la tête de l’oligarchie : « Mais les Dix, après leur entrée en fonctions, ne firent rien de ce pour quoi ils avaient été élus, et ils envoyèrent une ambassade à Lacédémone pour solliciter un emprunt. Comme les citoyens supportaient difficilement ces actes, les Dix, craignant d’être renversés et voulant épouvanter les autres (ce qui arriva d’ailleurs), arrêtèrent et firent mettre à mort Démarétos, l’un des principaux citoyens [de la Ville] » (Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 1-2 ; nous soulignons).
34 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
35 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIX, 6 et XL, 3.
36 Si l’auteur du traité aristotélicien n’impute pas explicitement cette mesure dérogatoire à Archinos, il cite cependant ce dernier, dans les lignes qui précèdent, comme l’architecte de cette politique d’apaisement.
37 Sur ce manquement à l’application de l’accord de réconciliation, voir Thomas Clark Loening, The Reconciliation Agreement of 403/402 B.C. in Athens: Its Contents and Application, Stuttgart, F. Steiner, 1987, p. 85-88, selon qui cette décision intervint avant 399 et constitue bien une « infraction » au traité de réconciliation.
38 Démosthène, Contre Leptine (XX), 11-12 y voit une mesure de concorde civique.
39 Les Athéniens considéraient comme un grand avantage de prendre la parole en premier au tribunal : Démosthène, Sur la Couronne (XVIII), 7. Voir Calhoun, George M., « Διαμαρτρíα, παραγραή and the Law of Archinus », Classical Philology, 13, 1918, p. 169-185 CrossRefGoogle Scholar ; T. C. Loening, The Reconciliation Agreement…, op. cit., p. 29 et 57-58.
40 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 2-3. Sur la date de la réforme (peu après 403/402, et non plus tardivement, comme cela a été parfois soutenu), voir Whitehead, David, « Athenian Laws and Lawsuits in the Late Fifth Century B.C. », Museum Helveticum, 59, 2002, p. 71-96 Google Scholar, ici p. 83-86 ; Carawan, Edwin, « Paragraphē and the Merits », Greek, Roman, and Byzantine Studies, 51, 2011, p. 254-295 Google Scholar.
41 On peut aussi y ajouter le raccourcissement autoritaire des délais prescrits pour l’inscription des oligarques souhaitant quitter la Ville : Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 1 et infra.
42 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2 (nous soulignons).
43 Le juriste nazi élabora deux définitions successives de la souveraineté, qui ne se recoupent qu’imparfaitement. Au début des années 1920, il reliait la souveraineté à l’instauration de l’état d’exception : « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle » ( Schmitt, Carl, Théologie politique, trad. par Schlegel, J.-L., Paris, Gallimard, [1922] 1988, p. 16)Google Scholar. Dans La notion de politique, paru dix ans plus tard, Carl Schmitt donnait un contenu spécifique à la décision prise en des circonstances exceptionnelles : est souverain celui qui a la capacité de décider, en cas de conflit, de l’identité des amis et des ennemis ( Schmitt, Carl, La notion de politique, trad. par Steinhauser, M.-L., Paris, Flammarion, [1932] 1994, p. 81)Google Scholar. Pour une discussion plus approfondie de l’adaptation (problématique) de la conception schmittienne du politique à l’histoire grecque, voir Azoulay, Vincent, « Repolitiser la cité grecque, trente ans après », Annales HSS, 69-3, 2014, p. 689-719 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 697-701.
44 Sur la suspension de la légalité caractéristique des Trente – qui remirent sans cesse à plus tard la rédaction d’une politeia en bonne et due forme –, voir E. Caire, Penser l’oligarchie…, op. cit., p. 318.
45 Andocide, Contre Alcibiade (IV), 3. Cet ajout est, sinon certain, du moins probable. Sur les dix clauses connues du serment des bouleutes, il en est au moins deux qui furent ajoutées en 403/402 : voir Lysias, Contre Philon (XXXI), 2 et Andocide, Sur les mystères (I), 91, avec les commentaires de Alan H. Sommerstein et Andrew J. Bayliss, Oath and State in Ancient Greece, Berlin, De Gruyter, 2013, p. 40-43.
46 Sur la notion elle-même, voir Teitel, Ruti G., Transitional Justice, Oxford, Oxford University Press, [2000] 2002 Google Scholar, qui évoque le cas athénien en passant (p. 52 et 58) ; plus généralement, Andrieu, Kora, La justice transitionnelle. De l’Afrique du Sud au Rwanda, Paris, Gallimard, 2012 Google Scholar.
47 Elster, Jon, Closing the Books: Transitional Justice in Historical Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 2004, p. 3-23 CrossRefGoogle Scholar. S’il fait allusion aux travaux de Nicole Loraux (p. 15), Jon Elster s’appuie surtout sur les livres Ostwald, de Martin, From Popular Sovereignty to the Sovereignty of Law, Berkeley, University of California Press, 1986, p. 488-500 CrossRefGoogle Scholar et Hansen, de Mogens H., La démocratie athénienne à l’époque de Démosthène. Structure, principes et idéologie, trad. par Bardet, S., Paris, Les Belles Lettres, [1991] 1993 Google Scholar. Dans un effet de boucle saisissant, certains spécialistes de l’Antiquité grecque ont à leur tour reconsidéré la réconciliation athénienne sous cet éclairage juridique nouveau pour mieux en faire ressortir la singularité : voir Lanni, Adriaan, « Transitional Justice in Ancient Athens: A Case Study », University of Pennsylvania Journal of International Law, 32-2, 2010, p. 551-594 Google Scholar ; et D. Cohen, « The Rhetoric of Justice… », art. cit. Professeur de droit à Stanford et spécialiste de l’Antiquité grecque, David Cohen fut personnellement impliqué dans les processus de justice transitionnelle au Cambodge et au Timor-Oriental : la référence athénienne a donc nourri non seulement sa réflexion historique, mais aussi sa pratique juridique concrète.
48 Agamben, Giorgio, État d’exception. Homo sacer, II, 1, trad. par J. Gayraud, Paris, Éd. du Seuil, 2003, p. 11-12 Google Scholar et, déjà, C. Schmitt, Théologie politique, op. cit., p. 25. On ne discutera pas ici de l’affirmation tout à fait problématique de Giorgio Agamben – qui s’inspire d’une citation décontextualisée de Walter Benjamin – selon laquelle l’état d’exception serait aujourd’hui devenu la règle. Sur ces glissements, voir Paugam, Guillaume, « L’état d’exception : sur un paradoxe d’Agamben », Labyrinthes, 19, 2004, p. 43-58 CrossRefGoogle Scholar.
49 Sur la procédure de création des lois (nomothesia) après 403, voir Canevaro, Mirko, « Nomothesia in Classical Athens: What Sources Should We Believe ? », The Classical Quarterly, 63-1, 2013, p. 139-160 CrossRefGoogle Scholar.
50 Herrenschmidt, Clarisse, « L’écriture et quelques questions juives et grecques », in Bottéro, , Herrenschmidt, C. et Vernant, J.-P. (dir.), L’Orient ancien et nous. L’écriture, la raison, les dieux, Paris, Albin Michel, 1996, p. 174 Google Scholar.
51 Pebarthe, Christophe, « La liste des archontes athéniens (IG I3 1031). Réflexions sur la datation d’une inscription », Revue des études anciennes, 107, 2005, p. 11-28 Google Scholar propose la date de 410 (mais, à vrai dire, l’inscription pourrait tout aussi bien avoir été gravée en 403).
52 Théopompe de Chios, FGrHist 115 F 155 ; Douris de Samos, FGrHist 76 F 66 J.
53 On pense au premier chef au décret de Cléarque, quelle que soit sa date (vers 425 ou 414 av. J.-C. ?), dont des fragments ont été retrouvés en différents endroits de l’Empire athénien et qui imposait aux cités alliées l’usage des « monnaies, poids et mesures des Athéniens » (IG I3 1453).
54 D’Angour, Armand J., « Archinus, Eucleides and the Reform of the Athenian Alphabet », Bulletin of the Institute of Classical Studies, 43, 1999, p. 109-130 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 128 ; Ferrandini Troisi, Franca, « La cosiddetta ‘riforma euclidea’ », Epigraphica, 65, 2003, p. 19-26 Google Scholar.
55 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2.
56 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 1 (nous soulignons). Sur cette manipulation et son calendrier probable, voir J. L. Shear, Polis and Revolution…, op. cit., p. 209. Il s’agit là d’une violation flagrante du traité de réconciliation (contra T. C. Loening, The Reconciliation Agreement…, op. cit., p. 68-69).
57 Sur cette articulation, voir Wolpert, Andrew, Remembering Defeat: Civil War and Civic Memory in Ancient Athens, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, 2001, p. 42-43 Google Scholar. Toutefois, il nous paraît difficile, comme le fait l’auteur, de voir dans cette politique conservatrice une « victoire de la faction démocratique » (p. 48) : ce serait faire fi des dissensions au sein même des anciens « résistants » du Pirée.
58 Aristophane, Lysistrata, v. 1137-1144 ; Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXV, 1-2.
59 Dilts, Mervin R. (éd.), Heraclides Lembi, Excerpta Politiarum, Durham, Duke University, 1971, p. 16-17 Google Scholar (Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, § 6).
60 Son père pourrait avoir été Chariklès, de la tribu Pandionis, dont le nom est gravé sur un obituaire public du dernier quart du ve siècle ( Raubitschek, Antony E., « Greek Inscriptions », Hesperia: The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, 12-1, 1943, p. 12-88 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 45 [inscription n ° 8, fr. K, l. 2]). Sur sa magistrature de parèdre des hellénotames, voir Davies, John K., Athenian propertied families 600-300 BC, Oxford, Clarendon Press, 1971, p. 67-68 Google Scholar, n ° 2254.
61 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 3-4 (nous soulignons).
62 Rien ne permet de penser qu’il faille distinguer deux collèges des Dix – l’un exclu de l’amnistie, l’autre en bénéficiant. Sur cette invention aristotélicienne, voir infra et P. J. Rhodes, A Commentary…, op. cit., p. 459-460.
63 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIX, 6 (nous traduisons et soulignons). Certains ont prétendu que cette clause n’aurait concerné que les oligarques réfugiés à Éleusis : cela paraît peu probable, dans la mesure où la Constitution des Athéniens évoque la possibilité de partir à Éleusis après la reddition de comptes. Voir Carawan, Edwin, « The Athenian Amnesty and the ‘Scrutiny of the Laws’ », The Journal of Hellenic Studies, 122, 2002, p. 1-23 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 9.
64 Rhinon continua à exercer des fonctions importantes dans les années qui suivirent, puisqu’il fut désigné trésorier (tamias) d’Athéna en 402/401, une fonction qui témoignait de sa richesse tout en lui donnant un certain contrôle sur les finances de la cité : IG II2 1370 + 1371, l. 10 : Rhin[-]. Notons toutefois qu’il s’agit a priori là, non d’une magistrature élective, mais d’une fonction tirée au sort parmi les plus riches Athéniens (les pentacosiomédimnes, selon la classification fiscale attribuée à Solon : Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XLVII, 1).
65 Lysias, Au sujet de l’examen d’Évandros (XXVI), 17 (nous soulignons).
66 Lysias, Au sujet de l’examen d’Évandros (XXVI), 20.
67 Rhodes, Peter J., « Oligarchs in Athens », in Brock, R. et Hodkinson, S. (dir.), Alternatives to Athens: Varieties of Political Organization and Community in Ancient Greece, Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 119-136 Google Scholar, ici p. 135, cite le cas de Chariadès, épistate de l’Érechtheion en 409/408, hellénotame en 406/405, qui resta à Athènes sous les Trente, et qui servit pourtant de trésorier d’Athéna dès 404/403.
68 Xénophon, Helléniques, II, 4, 36.
69 Sur les confusions possibles entre plusieurs Mélétos, voir la mise au point Nails, de Debra, The People of Plato: A Prosopography of Plato and Other Socratics, Indianapolis, Hackett, 2002, p. 199-202 Google Scholar.
70 Sur Képhisophon (Kephisophon I Paianieus), voir Johannes Kirchner, Prosopographia Attica, vol. 1, Berlin, 1901, n ° 8401 = 8400? = 8415? = 8416? ; J. K. Davies, Athenian propertied families, op. cit., n ° 148. Sur cette identification probable, voir György Nemeth, Kritias und die dreissig Tyrannen. Untersuchungen zur Politik und Prosopographie der Führungselite in Athen 404/403 v. Chr., Stuttgart, F. Steiner, 2006, p. 123.
71 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, LV, 2.
72 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, LIV, 3.
73 D’après la Constitution des Athéniens, rédigée peu après 335 av. J.-C., la fonction de secrétaire de la prytanie (grammateus kata prutaneian) était autrefois (proteron) désignée par élection (LIV, 3). C’était encore très probablement le cas en 403 : outre Képhisophon, on connaît le nom d’un autre secrétaire désigné au cours de la même année. Or celui-ci se révèle être un homme politique important, Agyrrhios de Kollytè (voir infra). Il paraît statistiquement peu probable que, la même année, deux citoyens jouant les premiers rôles dans la cité aient été tirés au sort pour accomplir cette fonction. Voir Rhodes, Peter J., The Athenian Boule, Oxford, Clarendon Press, 1972, p. 134-136 Google Scholar et Stroud, Ronald S., The Athenian Grain-Tax Law of 374/3 B.C., Princeton, American School of Classical Studies at Athens, 1998, p. 18 Google Scholar. Sur le rôle du secrétaire de la prytanie, voir Osborne, Michael J., « Secretaries, Psephismata and Stelai in Athens », Ancient Society, 42, 2012, p. 33-59 Google Scholar.
74 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, LIV, 3.
75 MAcr 1333. IG I3 127 = IG II2 1.
76 R. S. Stroud, The Athenian Grain-Tax Law…, op. cit., p. 18-19.
77 Voir supra. Sur Agyrrhios, voir la discussion approfondie dans Franco Sartori, « Aristofane e Agirrio nel 405 av. J.-C. », Festschrift für Hermann Bengtson zum 70. Geburtstag, Stuttgart, F. Steiner, 1983, p. 56-77, ici p. 60-66.
78 Démosthène, Contre Timocrate (XXIV), 134. Si Agyrrhios était resté dans la Ville, on peut penser qu’Andocide, son adversaire, n’aurait pas manqué de le stigmatiser comme l’un des Trois-Mille dans le plaidoyer Sur les mystères (133-136).
79 Blanshard, Alastair, « The Problems with Honouring Samos: An Athenian Document Relief and its Interpretation », in Newby, Z. et Leader-Newby, R. (dir.), Art and Inscriptions in the Ancient World, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 19-37 Google Scholar. Sur la difficulté d’articuler les différents registres, voir Elsner, Jaś, « Visual Culture and Ancient History: Issues of Empiricism and Ideology in the Samos Stele at Athens », Classical Antiquity, 34-1, 2015, p. 33-73 CrossRefGoogle Scholar.
80 Xénophon, Helléniques, II, 3, 48.
81 Voir Azoulay, Vincent, Périclès. La démocratie athénienne à l’épreuve du grand homme, Paris, Armand Colin, [2010], 2016, p. 132 Google Scholar.
82 Irwin, Elizabeth, « The nothoi Come of Age? Illegitimate Sons and Political Unrest in Late Fifth-Century Athens », in Sänger, P. (dir.), Minderheiten und Migration in der griechisch-römischen Welt: Politische, rechtliche, religiöse und kulturelle Aspekte, Paderborn, Schöningh Wissenschaftsverlag, 2015, p. 75-122 Google Scholar, ici p. 77. D’abord émises dans le milieu plutôt élitaire des metroxenoi – les bâtards de mères étrangères, marginalisés en 451 par la loi de Périclès –, ces critiques furent plus tard reprises dans les cercles philosophiques oligarchiques et, en particulier, par Platon, qui se moque des revendications autochtones des Athéniens dans la parodie d’oraison funèbre du Ménexène.
83 Sur la mortalité causée par l’épidémie, voir Thucydide, La guerre du Péloponnèse, II, 47 ; II, 52, 4 ; III, 87, 3. Des évaluations chiffrées ont été proposées par Hansen, Mogens H., « Athenian Population Losses 431-403 BC and the Number of Athenian Citizens in 431 BC », Three Studies in Athenian Demography, Copenhague, Munksgaard, 1988, p. 14-16 Google Scholar (15 000 citoyens adultes morts entre 430 et 426, auxquels s’ajoutent au bas mot 10 000 autres citoyens tués en Sicile entre 413 et 411).
84 Hellanicos de Lesbos, FGrHist 323A F 25 ; Aristophane, Les grenouilles, v. 190-191 et 693-694 ; Diodore de Sicile, XIII, 97, 1.
85 Lysias, Contre une proposition tendant à détruire le gouvernement transmis par les ancêtres (XXXIV), 3 (pour les Eubéens) ; IG I3 127 (pour les Samiens). C’est également à ce moment-là que les Athéniens, aux abois, votèrent un décret autorisant le retour des bannis : Andocide, Sur les mystères (I), 73. Sur l’epigamia des Eubéens, voir Oranges, Annabella, « La concessione dell’epigamia agli Eubei », in Bearzot, C. et Landucci, F. (dir.), Tra mare e continente : l’isola di Eubea, Milan, Vita e Pensiero, 2013, p. 173-189 Google Scholar (qui date la mesure d’un peu avant 412, date à laquelle les Eubéens firent défection de la ligue de Délos).
86 Isocrate, Sur la paix (VIII), 88.
87 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 2. Xénophon se contente d’affirmer que Thrasybule aurait promis l’isoteleia (l’égalité fiscale) aux étrangers qui auraient pris part à la bataille de Mounychie (Helléniques, II, 4, 25).
88 Pseudo-Plutarque, Vie des dix orateurs attiques [Lysias], 835F. La graphē paranomōn d’Archinos est déjà citée par Eschine, Contre Ctésiphon (III), 195 et par le P. Oxy. XV, 1800, fr. 6-7.
89 Rhodes, Peter J. et Osborne, Robin, Greek Historical Inscriptions: 404-323 BC, Oxford, Oxford University Press, n° 4, p. 20-26 Google Scholar ; Eschine, Contre Ctésiphon (III), 187-190. « Ceux de Phylè » ne comprenaient que les résistants de la première heure – pas plus d’une centaine d’hommes –, alors que « ceux du Pirée » comptaient, à la fin de la guerre civile, un millier d’individus.
90 Eschine, Contre Ctésiphon (III), 191 et 195.
91 Démosthène, Contre Leptine (XX), 148 (sur l’ateleia qui lui est accordée). Aristophon prit encore la parole à l’Assemblée en 346, lors des débats sur la paix de Philocratès (Théopompe de Chios, FGrHist 115 F 166).
92 Démosthène, Contre Leptine (XX), 149.
93 Démosthène, Contre Euboulidès (LVII), 30 ; Isée, Sur la succession de Kiron (VIII), 43. Voir Verilhac, Anne-Marie et Vial, Claude, Le mariage grec du vie siècle avant J.-C. à l’époque d’Auguste, Paris, École française d’Athènes, 1998, p. 56-59 Google Scholar. Si Athénée (XIII, 577B) mentionne Aristophon en tant que proposant du décret, il existe une autre tradition, relayée par le péripatéticien Eumélos (scholie à Eschine, I, 39), selon laquelle un certain Nikoménès, inconnu par ailleurs, en aurait plutôt été l’initiateur.
94 Diogène Laërce, II, 26 : « […] quand les Athéniens, à cause du manque d’hommes, voulurent accroître leur population, ils votèrent qu’il fallait épouser une Athénienne, mais avoir des enfants aussi d’une autre : d’où vient que Socrate aussi le fit ». D’autres ont voulu y voir l’institution d’une sorte de bigamie légale : voir Roussel, Pierre (éd.), Isée. Discours, Paris, Les Belles Lettres, [1922] 1926, p. 106 Google Scholar.
95 Démosthène, Contre Euboulidès (LVII), 31-34.
96 Voir Hansen, Mogens H., The Athenian Ecclesia: A Collection of Articles, vol. 1, 1976-1983, Copenhague, Museum Tusculanum Press, 1983, p. 188 Google Scholar.
97 SEG 28.46, l. 4-6.
98 Woodhead, Arthur Geoffrey, The Athenian Agora: Results of Excavations Conducted by the American School of Classical Studies at Athens, vol. XVI, Inscriptions: The Decrees, Princeton, American School of Classical Studies at Athens Google Scholar, 1997, n° 106A.
99 Matthaiou, Angelos P., « The Theozotides Decree on the Sons of those Murdered in the Oligarchy », in Tὰ ἐν τῆι στήληι γɛγραμμένα: Six Greek Historical Inscriptions of the Fifth Century B.C., Athènes, Hellēnikē Epigraphikē Hetaireia, 2011, p. 71-81 Google Scholar, selon qui l’inscription aurait été gravée vers 410/409. Sa démonstration se fonde notamment sur la mention, dans l’inscription, des hellénotames (l. 18) – des magistrats liés à la gestion de l’empire athénien et qui disparurent, selon toute vraisemblance, avec la défaite d’Athènes en 404. S’y ajoute le fait que le nombre estimé de morts dans le décret (entre 35 et 45, d’après Angelos Matthaiou), bien inférieur au nombre de victimes attribuées aux Trente (1 500), correspondrait mieux à ce que l’on sait de la révolution oligarchique de 411 (Thucydide, La guerre du Péloponnèse, VIII, 70).
100 L’hypothèse de deux décrets successifs proposés par Théozotidès, l’un en 410/409 (attesté par l’épigraphie), l’autre en 403 (contesté devant les tribunaux avec l’appui de Lysias), est formulée par A. P. Matthaiou, « The Theozotides Decree… », art. cit., p. 77-78, n. 9, contra Blok, Josine, « The diōbelia: On the Political Economy of an Athenian State Fund », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 193, 2015, p. 87-102 Google Scholar, ici p. 95-96, selon qui le plaidoyer de Lysias aurait été aussi prononcé en 410/409. Toutefois, l’argument principal avancé (la mention de la diobélie) n’emporte pas entièrement l’adhésion, d’autant qu’il ne prend pas en compte la chronologie probable de l’activité logographique de Lysias.
101 Lysias, Contre Théozotidès, fr. 6 Gernet (= fr. 128-150 Carey).
102 Lysias prétend n’avoir jamais composé de discours avant la chute des Trente : Contre Ératosthène (XII), 3. Il s’agit toutefois là d’un cliché rhétorique, dont il est difficile d’évaluer la véracité. Sur la logographie comme activité honteuse, voir Pseudo-Aristote, Rhétorique à Alexandre, 1444a16 sq.
103 S’il doit probablement être identifié avec le père de deux disciples de Socrate (Platon, Apologie de Socrate, 33e), Théozotidès ne fait au demeurant pas partie des féroces opposants au philosophe, puisque Platon invoque le nom de ses enfants pour prouver que Socrate ne corrompt nullement la jeunesse. Dans un autre registre, Théozotidès aurait aussi été à l’initiative d’un amendement à un décret honorifique au bénéfice d’une famille dont il aurait soutenu les intérêts (SEG 14.36, révisant IG II2 5).
104 A.-M. Verilhac et C. Vial, Le mariage grec…, op. cit., p. 59.
105 M. H. Hansen, La démocratie athénienne…, op. cit., p. 182. Il est difficile de préciser la date exacte de son instauration : en 392, Aristophane signale que son montant avait déjà été relevé à deux reprises, pour atteindre trois oboles (Assemblée des femmes, v. 182-188 et 289-293).
106 Gauthier, Philippe, « Sur l’institution du misthos de l’assemblée à Athènes (Ath. Pol. 41, 3) », in Pierart, M. (éd.), Aristote et Athènes, Fribourg/Paris, Séminaire d’histoire ancienne de l’Université de Fribourg/De Boccard, 1993, p. 231-250 Google Scholar, date la mesure des années 403-400 (p. 232).
107 Gauthier, Philippe, « Quorum et participation civique dans les démocraties grecques », in Nicolet, C. (dir.), Cahiers du centre Glotz, 1. Du pouvoir dans l’Antiquité : mots et réalités, Genève, Droz, 1990, p. 73-99 Google Scholar, ici p. 78-79.
108 Aristophane, Assemblée des femmes, v. 300-303. L’objectif d’assurer la ponctualité aux séances de l’Assemblée ne semble donc pas avoir été rempli, du moins dans les premiers temps.
109 Faut-il, dans ce contexte, s’étonner de retrouver le nom d’Agyrrhios (en tant que secrétaire) sur le décret réitérant, en 403, l’octroi de la citoyenneté athénienne aux Samiens ? Là encore, le paradoxe n’est qu’apparent. Cette décision correspondait surtout à une mesure honorifique puisque la plupart des Samiens ne furent intégrés ni dans une phratrie ni dans une tribu – condition sine qua non pour pouvoir rendre effective la citoyenneté qui leur avait été accordée. Les références, dans le décret, à la constitution des Samiens et à leur autonomie, indiquent bien que la mesure n’avait pas vocation à être mise en œuvre de façon massive. Toutefois, elle n’était pas non plus purement symbolique : le peuple vota un amendement en 405/404 (IG I3 127 = IG II2 1, l. 32-40) qui permettait aux Samiens présents à Athènes de profiter réellement de leur citoyenneté athénienne en les distribuant, s’ils le souhaitaient, au sein des tribus de la cité.
110 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIV, 3.
111 Platon, Ménon, 90a.
112 Archippos, Poissons, fr. 30 K.-A. ; Theopompos, Les femmes-en-armes (Stratiōtides), fr. 57 K.-A.
113 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXVII, 5.
114 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXVII, 5 . Cette dernière allégation est probablement fausse, comme l’a montré Lenfant, Dominique, « Anytos et la corruption massive de juges dans l’Athènes démocratique », Historia, 65-3, 2016, p. 258-274 Google Scholar. Cette accusation de corruption aurait pour seule base des moqueries de poètes comiques, prises a posteriori pour argent comptant.
115 Lafargue, Philippe, Cléon. Le guerrier d’Athéna, Bordeaux, Ausonius, 2013 Google Scholar.
116 Xénophon, Helléniques, II, 3, 42.
117 Lysias, Contre Agoratos (XIII), 78.
118 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 23-4. Sur le personnage, voir D. Nails, The People of Plato…, op. cit., p. 37-38 (avec bibliographie).
119 Dans un passage décrivant la situation politique athénienne en 395 av. J.-C., les Helléniques d’Oxyrhynchos font d’Anytos l’un des chefs de file des « hommes modérés et propriétaires de biens » (hoi epieikeis kai tas ousias echontes), opposés aux démocrates plus radicaux (hoi polloi kai demotikoi). Voir Strauss, Barry S., Athens after the Peloponnesian War: Class, Faction and Policy 403-386 B.C., Ithaca, Cornell University Press, [1986] 1987, p. 90-91 Google Scholar et 94-96 ; Goukowsky, Paul et Feyel, Christophe, Le profil d’une ombre. Études sur les Helléniques d’Oxyrhynchos, Nancy, Association pour la diffusion de la recherche sur l’Antiquité, 2019, p. 237-239 Google Scholar.
120 Lysias, Contre une proposition tendant à détruire à Athènes la constitution des ancêtres (XXXIV), 2.
121 Denys d’Halicarnasse, Lysias, 32.
122 Sur la remarquable fluidité de la vie politique athénienne à l’époque classique, voir les remarques fondatrices Sealey, de Raphael, « Athens after the Social War », The Journal of Hellenic Studies, 75, 1955, p. 74-81 CrossRefGoogle Scholar, en particulier p. 80-81 et, plus récemment, Luraghi, de Nino, « Stratokles of Diomeia and Party Politics in Early Hellenistic Athens », Classica & Mediaevalia, 65, 2014, p. 191-226 Google Scholar.
123 Comme expliqué supra, nous préférons continuer à dater le plaidoyer de Lysias de l’année 403/402, et non de 410/409, même si le (premier ?) décret de Théozotidès fut sans doute voté en 410/409.
124 Lysias, Contre une proposition tendant à détruire le gouvernement transmis par les ancêtres (XXXIV), 1-2.
125 Eschine, Contre Ctésiphon (I), 64. Si le chiffre est probablement exagéré ( Whitehead, David, « The Political Career of Aristophon », Classical Philology, 81-4, 1986, p. 313-319)CrossRefGoogle Scholar, il n’en est pas moins révélateur d’un activisme certain.
126 Sur la violence de la séquence 403-399, parfois sous-estimée, voir A. Wolpert, Remembering Defeat…, op. cit., p. 48-71 et, surtout, T. C. Loening, The Reconciliation Agreement…, op. cit., p. 151-154, annexe I (avec la liste des vingt-trois procès connus en lien avec le traité de réconciliation).
127 Lysias, Contre Andocide (VI) ; Contre Agoratos (XIII) ; Pour un citoyen accusé de menées contre la démocratie (XXV) ; Andocide, Sur les mystères (I) ; Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII). Il faut y ajouter deux autres plaidoyers de Lysias, bien postérieurs à 403, mais où la référence aux Trente reste décisive : Au sujet de l’examen d’Évandros (XXVI) et Pour Mantithéos (XVI). Voir J. L. Shear, Polis and Revolution…, op. cit., p. 217-224.
128 Eschine, Contre Timarque (I), 173. Voir Ismard, Paulin, L’événement Socrate, Paris, Flammarion, 2013, p. 115-127 Google Scholar.
129 N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 237-254.
130 Voir Carastro, Marcello, « Les liens de l’écriture. Katadesmoi et instances de l’enchaînement », in Cartry, M., Durand, J.-L. et Koch Piettre, R. (dir.), Architecturer l’invisible. Autels, ligatures, écritures, Turnhout, Brepols, 2009, p. 263-291 CrossRefGoogle Scholar.
131 SEG 13.46-47.
132 Une autre lamelle retrouvée à proximité immédiate est ainsi explicitement reliée au monde du tribunal : Jordan, David R., « New Greek Curse Tablets (1985–2000) », Greek, Roman, and Byzantine Studies, 41, 2000, p. 5-46 Google Scholar, n° 12 (kai hoi alloi antidikoi) ; Faraone, Christopher A., « Binding and Burying the Forces of Evil: The Defensive Use of ‘Voodoo Dolls’ in Ancient Greece », Classical Antiquity, 10-2, 1991, p. 165-220 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 190. Sur le contexte culturel plus large des malédictions judiciaires à l’époque classique, voir Faraone, Christopher A., « An Accusation of Magic in Classical Athens (Ar. Wasps 946-48) », Transactions of the American Philological Association, 119, 1989, p. 149-160 CrossRefGoogle Scholar.
133 Costabile, Felice, « Defixiones dal Kerameikòs di Atene II », Minima epigraphica et papyrologica, III-4, Rome, L’Erma di Bretschneider, 2000, p. 37-122 Google Scholar, ici p. 99-108 et fig. 35-47.
134 Lysias, fr. 6 Gernet (= fr. 128-150 Carey).
135 Son nom se retrouve également sur une autre tablette non publiée, venant du Céramique : Inv. n° JB 45. Voir F. Costabile, « Defixiones dal Kerameikòs… », art. cit., p. 101 et 108.
136 Cloché, Paul, La restauration démocratique à Athènes en 403 av. J.-C., Paris, Leroux, 1915, p. 365 Google Scholar.
137 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 38 (trad. Cuf modifiée ; nous soulignons).
138 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 47.
139 Sur le siège de la place, voir Lysias, Pour un citoyen accusé de menées contre la démocratie (XXV), 9 ; sur l’élimination des stratèges d’Éleusis, Xénophon, Helléniques, II, 4, 43. Cet assassinat déloyal ne peut manquer de faire écho, dans l’œuvre de Xénophon, au meurtre des stratèges grecs qui eut lieu exactement à la même date (en septembre 401), à l’issue de la bataille de Counaxa. Pris en traître dans la tente de Tissapherne, les généraux furent également exterminés d’un coup (Xénophon, Anabase, II, 5, 31-II, 6, 1). Démocrates athéniens et élites impériales achéménides partagent ainsi, aux yeux de l’auteur, le même comportement perfide.
140 Xénophon, Helléniques, III, 1, 4.
141 Krentz, Peter (éd.), Xenophon: Hellenika I-II.3.10, Warminster, Aris & Phillips, 1989, p. 191-192 CrossRefGoogle Scholar ; Dillery, John, Xenophon and the History of his Times, Londres, Routledge, 1995, p. 24 Google Scholar.
142 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XL, 4.
143 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 46 (nous soulignons).
144 N. Loraux, La cité divisée…, op. cit., p. 154.
145 Xénophon, Helléniques, II, 4, 8-20.
146 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVI, 1-2 et XXXVII, 2. Voir P. J. Rhodes, A Commentary…, op. cit., p. 422.
147 Xénophon, Helléniques, II, 3, 47.
148 Lysias, Contre Ératosthène (XII), 64 (nous soulignons).
149 Contra Hurni, Frédéric, Théramène ne plaidera pas coupable. Un homme politique engagé dans les révolutions athéniennes de la fin du ve siècle av. J.-C., Bâle, Schwabe, 2010, p. 346 Google Scholar sq., dont le propos est biaisé par la volonté de réhabiliter la figure de Théramène.
150 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 1-2. Vingt ans après les événements, en 382 av. J.-C., Lysias reprenait à son compte cette vision enchantée, en faisant comme si « ceux de la Ville » avaient toujours voulu se réconcilier avec leurs adversaires démocrates. Ainsi, dans Au sujet de l’examen d’Évandros (XXVI), 19, le plaideur s’écrie : « Il y a des gens qui ne s’expliquent pas comment la petite troupe du Pirée a pu vaincre des ennemis nombreux : la seule explication, c’est que les citoyens dont je parle [ceux de la Ville] se firent battre de propos délibéré ; ils aimèrent mieux partager le gouvernement de la cité avec les exilés rentrés à Athènes, qu’être les esclaves des Lacédémoniens avec les Trente. »
151 Xénophon, Helléniques, II, 4, 28-29. Voir la démonstration détaillée faite, dès 1915, par P. Cloché, La restauration démocratique…, op. cit., p. 120-132.
152 Xénophon, Helléniques, II, 4, 28-29.
153 Xénophon, Helléniques, II, 4, 35.
154 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 45 (trad. Cuf modifiée).
155 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 1-4.
156 P. J. Rhodes, A Commentary…, op. cit., p. 459-460 ; Piovan, Dino, Memoria e oblio della guerra civile : strategie giudiziarie e racconto del passato in Lisia, Pise, Edizioni ETS, 2011, p. 62 Google Scholar.
157 Xénophon, Helléniques, II, 4, 29 ; Lysias, Contre Ératosthène (XII), 54-59.
158 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 5 et 17.
159 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 49.
160 Rhinon faisait, en effet, certainement partie des Dix quand ceux-ci, « craignant d’être renversés et voulant épouvanter les autres (ce qui arriva d’ailleurs), arrêtèrent et firent mettre à mort Démarétos, l’un des principaux citoyens » (Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 2). Comme le souligne P. Cloché, La restauration démocratique…, op. cit., p. 118-119 et 181-182, il est peu probable que Rhinon se soit opposé à cette mesure drastique et, semble-t-il, illégale.
161 Isocrate, Contre Callimakhos (XVIII), 5.
162 P. Cloché, La restauration démocratique…, op. cit., p. 119.
163 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIX, 6.
164 Pour une discussion approfondie, voir P. Cloché, La restauration démocratique…, op. cit., p. 268-272. J. Elster, Closing the Books…, op. cit., p. 14 fait de ce dispositif l’exemple d’une « justice des perdants » (loser justice) destinée à protéger les vaincus de la guerre civile.
165 Bearzot, Cinzia, « Sull’orientamento politico di Androzione », in Bearzot, C. et Landucci, F. (dir.), Storie di Atene, storia dei Greci : studi e ricerche di attidografia, Milan, Vita e Pensiero, 2010, p. 113-128 Google Scholar. L’autrice montre, à partir d’une analyse d’un certain nombre de fragments d’Androtion rarement pris en compte, que celui-ci avait une orientation politique « modérée » et que son œuvre exerça très probablement une grande influence sur la Constitution des Athéniens (voir FGrHist 324 F 10, sur la décarchie remplaçant les Trente).
166 Il assista à son procès (Platon, Apologie de Socrate, 33e). Voir Goulet-Cazé, Marie-Odile, « Aischinès de Sphettos », in Goulet, R. (dir.), Dictionnaire des philosophes antiques, t. 1, Paris, Cnrs Éditions, 1989, p. 89-94 Google Scholar.
167 Diogène Laërce, II, 61.
168 Voir, par exemple, Rossetti, Livio et Lausdei, Claudio, « P. Oxy. 2889 e il Milziade di Eschine Socratico », Rheinisches Museum Für Philologie, 124-2, 1981, p. 154-165 Google Scholar.
169 Archippos avait déjà remporté le concours aux Dionysies entre 415 et 412 av. J.-C. De son œuvre nous sont parvenus soixante et un fragments et six titres. Outre le Rhinon, il composa un Amphitryon, un Ploutos, ainsi qu’une pièce intitulée Les poissons (Ichthyes), qui met en scène une cité de poissons, sur le modèle de la cité des Oiseaux d’Aristophane.
170 Lind, Hermann, Der Gerber Kleon in den ‘Rittern’ des Aristophanes. Studien zur Demagogenkomödie, Francfort, Peter Lang, 1990, p. 239-241 Google Scholar ; Sommerstein, Alan H., « Platon, Eupolis and the ‘Demagogue-Comedy’ », in Harvey, D. et Wilkins, J. (dir.), The Rivals of Aristophanes. Studies in Athenian Old Comedy, Swansea, Classical Press of Wales, 2000, p. 437-451 Google Scholar. Dans la lignée des Cavaliers d’Aristophane, Platon le Comique composa trois pièces (Hyperbolos, Peisandros et Cléophon) s’attaquant chacune à un supposé « démagogue ». Il faut y ajouter le Teisaménos, une œuvre de Theopompos visant un « modéré », comme Rhinon, et qui fut sans doute jouée également en 403 ou peu après.
171 Archippos, Rhinon, fr. 41 K.-A. (= Athénée, XV, 678E) (nous traduisons).
172 Démosthène, Sur la couronne (XVIII), 125 ; Id., Sur les forfaitures de l’ambassade (XIX), 258 et 284 ; Lycurgue, Contre Léocrate, 79 et 144.
173 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXVIII, 4 ; Lysias, Au sujet de l’examen d’Évandros (XXVI), 20. Le propos de l’orateur est assurément exagéré, dans la mesure où les megistai timai consistaient en l’octroi de la sitēsis au Prytanée et de la proédrie (une place d’honneur lors des concours) – des distinctions nullement attestées en ces circonstances.
174 Démosthène, Sur la couronne (XVIII), 118.
175 Eschine, Contre Ctésiphon (III), 187.
176 Si la caricature des hommes politiques était fort banale à Athènes et qu’elle prenait souvent pour cibles des hommes influents et populaires – comme Périclès et Cléon –, le souvenir de la guerre civile toute proche devait donner aux attaques lancées contre Rhinon une résonance particulière. Sur la portée différenciée des injures comiques en fonction du contexte politique, voir V. Azoulay, Périclès…, op. cit., p. 325-326.
177 Cette hypothèse a été récemment reprise et développée par Julia Shear (Polis and Revolution…, op. cit., p. 286-312), selon qui les Athéniens auraient officiellement réinterprété le régime des Trente comme un moment de guerre extérieure (polemos), et non de guerre civile (stasis). Voir Ninon Grangé, Oublier la guerre civile ? Stasis, chronique d’une disparition, Paris, J. Vrin/Éd. de l’Ehess, p. 64-69. Toutefois, comme l’a noté Matt Simmonton dans son compte rendu de l’ouvrage de Shear (Bryn Mawr Classical Review, 2012, bmcr.brynmawr.edu/2012/2012-02-12.html), l’absence du mot stasis dans les inscriptions de l’époque ne prouve en rien que l’idée de guerre civile était alors bannie de la mémoire athénienne. Dans ces mêmes décrets, l’emploi du terme « oligarchie » implique ainsi l’idée de division et de discorde, sans chercher à masquer cette réalité déplaisante.
178 Xénophon, Helléniques, II, 4, 35-38.
179 À ce propos, voir A. Wolpert, Remembering Defeat…, op. cit., p. 27-28. Sur le rôle crucial de Sparte dans le processus de réconciliation, voir M. Ostwald, From Popular Sovereignty…, op. cit., p. 488-500.
180 Lysias, Contre une proposition tendant à détruire le gouvernement transmis par les ancêtres (XXXIV), 6. Voir Todd, Stephen C. (éd.), Lysias, Austin, University of Texas Press, 2000, p. 337-338 Google Scholar, selon qui la pression était d’autant plus intense que Pausanias faisait l’objet d’un procès à Lacédémone pour avoir accepté un accord de réconciliation trop favorable aux Athéniens du Pirée.
181 Dans un tout autre contexte, voir Mellet, Paul-Alexis et Foa, Jérémie, « Une ‘politique de l’oubliance’ ? Mémoire et oubli pendant les guerres de Religion (1550-1600) », Astérion, 15, 2016 Google Scholar, DOI : 10.4000/asterion.2829.
182 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XXXIX, 2 ; Andocide, Sur les mystères (I), 83. Voir Catherine Psilakis, « Dynamiques et mutations d’une figure d’autorité : la réception de Solon aux ive et ve siècles avant J.-C. », thèse de doctorat, université Lille 3, 2014.
183 Critias, fils de Callaischros, était descendant de l’archonte Dropidès, parent et ami du législateur Solon : Platon, Critias, 113a-b ; Timée, 20e. Sur la famille de Critias, voir les données prosopographiques rassemblées par D. Nails, The People of Plato…, op. cit., s. v. Critias IV, ainsi que Rosenmeyer, Thomas G., « The Family of Critias », American Journal of Philology, 70-4, 1949, p. 404-410 CrossRefGoogle Scholar ; sur les liens entre Critias et Solon, Wilson, Peter, « The Sound of Cultural Conflict. Kritias and the Culture of mousikê in Athens », in Dougherty, C. et Kurke, L. (dir.), The Cultures within Ancient Greek Culture: Contact, Conflict, Collaboration, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 181-206 Google Scholar, ici p. 187.
184 Pseudo-Aristote, Constitution des Athéniens, XII, 5. Voir Loraux, N., « Solon au milieu de la lice », in La tragédie d’Athènes. La politique entre l’ombre et l’utopie, Paris, Éd. du Seuil, 2005, p. 145-160 Google Scholar, ici p. 146.
185 N. Loraux, « Solon au milieu de la lice », art. cit., p. 147.
186 Pour la première branche de l’alternative, voir M. Ostwald, From Popular Sovereignty…, op. cit. et M. H. Hansen, La démocratie athénienne…, op. cit., p. 343-347, qui parle de « démocratie, sinon modérée, du moins réformée ». Pour la seconde, voir Harris, Edward M., « From Democracy to the Rule of Law ? Constitutional Change in Athens during the Fifth and Fourth Centuries BCE », in Tiersch, C. (dir.), Die Athenische Demokratie im 4. Jahrhundert. Zwischen Modernisierung und Tradition, Stuttgart, F. Steiner, 2016, p. 71-84 Google Scholar.
187 C’est l’un des apports principaux de l’article – publié dans ce même numéro – Canevaro, de Mirko, « La délibération démocratique à l’Assemblée athénienne. Procédures et stratégies de légitimation », Annales HSS, 74-2, 2019, p. 339-381CrossRefGoogle Scholar.
188 Sur cette réécriture uniformisée du passé athénien au ive siècle – en fort contraste avec les vifs débats du ve siècle –, je me permets de renvoyer à Azoulay, Vincent, Les tyrannicides d’Athènes. Vie et mort de deux statues, Paris, Éd. du Seuil, 2014, p. 122-153 CrossRefGoogle Scholar ; dans une autre optique, voir Rhodes, Peter J., « Appeals to the Past in Classical Athens », in Herman, G. (dir.), Stability and Crisis in the Athenian Democracy Stuttgart, F. Steiner, 2011, p. 13-30 Google Scholar.