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Une minorité chîite en Anatolie : les Alevî

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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« Têtes-Rouges », Bektachî, Alevî (Alides ou Alaouites dans les références françaises), c'est sous ces vocables aux définitions souvent fluctuantes qu'on désigne la minorité religieuse d'obédience chiite en Turquie. En 1826, date des massacres qui mirent fin au corps des janissaires — étroitement associés à l'ordre des Bektachî—, l'Empire ottoman comptait sept millions de ces hétérodoxes. Aucune source statistique de l'ère républicaine ne fournit aujourd'hui des indications fiables permettant une évaluation démographique de cette minorité : l'État fondé par Atatùrk en 1923 est d'un laïcisme militant, et la loi de novembre 1925 abolit les ordres religieux de toute obédience ; elle est suivie d'une modification constitutionnelle d'avril 1928 qui supprime toute référence à l'islam en tant que religion d'État. L'identité religieuse est ainsi niée comme catégorie juridique, politique, sociale et statistique.

Summary

Summary

The Alevis constitute a religious minority which comprehends more than one-fifth of the Turkish population. The doctrine, cult and pantheon of the Alevis — a branch of the Muslim shi'ite tradition — have been considered heretical throughout the entire history of the Turks in Anatolia. In the first instance, the reasons for this ostracism derive from a doctrinal antagonism. Political hostility follows ; the Alevi lineage brotherhoods which continue the Oghouz-Turkoman traditions of chiefdom are the polar opposite of the strongly centralized Ottoman political rationality. Modem Kemalist ideology is secular and emphasizes Turkishness. As followers of specifically Turkish traditions and as the victims of sunnite persecution, the Alevis became unconditional followers of Ataturk's ideas.

Type
Les Formes du Social
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1980

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References

1. Claude Cahen, « Le problème du shi'isme dans l'Asie Mineure turque préottomane », dans Le shi'isme imàmite, Paris, Puf, 1970, p. 127.

2. J. K. Birge, The Bektashi order of dervishes, Luzac-Londres, 1937, p. 106.

3. R. Blachère, Introduction au Coran, Paris, Maisonneuve, 1969, p. 3.

4. H. Leisegang, La gnose, Paris, « Petite bibliothèque Payot », 1971, pp. 34-36.

5. A. Goi.Pinarli, Tùrkiyede mezhepler ve tarikatlar (Sectes et ordres religieux en Turquie), Istanbul, Gerçek y., 1969, pp. 145-147.

6. J. K. Birge, op. cit., p. 118.

7. Altan Gokaip. Pour une analyse détaillée voir : Hizir, llyas, Hidrellez : les Maîtres du temps , le temps des hommes, dans Quand le crible était dans la paille, Mélanges en l'honneur de P. •N. Boratav, Paris. Maisonneuve et Larose, 1978, pp. 211-231.

8. Il s'agit ici d'une version collectée par nous-mêmes auprès des nomades de l'ouest anatolien. Des brochures de littérature de colportage Alevî sont rédigées dans les mêmes termes.

9. Pour Épiphane de Salamine, Leisegang, op. cit., pp. 131-137. Pour l'histoire des Pauliciens, Lemeri.E et al., Travaux et mémoires, 4, Centre de recherches d'histoire et civilisation byzantines, Paris, 1970 ; pour la période ottomane, Meukoff, I, « Le problème kizilbas », dans Turcica, revue d'études turques, t. VI, 1975, p. 55.

10. Birge, op. cit., p. 81.

11. Birge, op. cit., pp. 84-85.

12. A titre d'illustration on peut citer le quatrain suivant attribué à Kaygusuz Abdal, un des maîtres communs aux Bektachî et aux Alevî :

« Toi qui bâtis un pont (plus étroit que le fil) d'un cheveu pour conduire tes fidèles (au paradis ou à l'enfer) le jour du jugement dernier, laisse-nous donc nous mettre de côté pour un instant, si tu es brave, passes-y donc le premier ô Dieu. »