Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Depuis plus d’une vingtaine d’annèes, nombre d’historiens intègrent à leur travail la dimension discursive du monde social, dèrivèe à la fois du caractère discursif des moyens d’accès à celui-ci et de l’emprise des schèmes cognitifs et expressifs du rècit sur l’ècriture de l’histoire. Aussitôt s’est posèe la question de savoir si cette reconnaissance laisserait les historiens sans armes face aux offensives de tous les rèvisionnismes, et si elle les conduirait à une capitulation sceptique. Le « tournant critique », dont le diagnostic fut naguère proposè, se prèsentait comme une anticipation sur les effets relativistes d’un « tournant linguistique » dont le succès semblait manifeste. La prise de position sur le tournant critique invitait les chercheurs à fabriquer des instruments de vèrification adaptès à la prise en compte du primat de la discursivitè sur les phènomènes rèvèlès par elle, sans laisser libre cours à l’arbitraire. Il n’ètait cependant pas question d’instaurer un discours sur la vèritè des èvènements et de leur interprètation, ce que, pourtant, les magistrats semblent attendre des historiens placès en position d’experts.
À propos de Bouza, Fernando, Imagen y propaganda. Capítulos de historia cultural del reinado de Felipe II, Madrid, Akal, 1998 Google Scholar; ID., Comunicación, conocimiento y memoria en la Espan˜a de los siglos XVI y XVII, Salamanque, Sociedad espan˜ ola de historia del libro/Sociedad de estudios medievales y renacentistas, 1999; ID., Portugal no tempo dos Filipes. Políıtica, cultura, representaço˜es (1580-1668), Lisbonne, Edições Cosmos, 2000.
1. Appleby, Joyce, Hunt, Lynn et Jacob, Margaret, Telling the Thruth about History, New York-Londres, W. W. Norton & Company, 1994, pp. 198–237 Google Scholar.
2. «Histoire et sciences sociales: un tournant critique?», Annales ESC, 43-2, 1988, pp. 291–293 Google Scholar; «Tentons l’expérience», introduction collective au numéro, «Histoire et sciences sociales: un tournant critique», Annales ESC, 44-6, 1989, pp. 1317–1323 Google Scholar; dans le même numéro voir: Boureau, Alain, «Propositions pour une histoire restreinte des mentalités», pp. 1491–1504 Google Scholar et Chartier, Roger, «Le monde comme représentation», pp. 1505–1520 Google Scholar.
3. Lepetit, Bernard et Revel, Jacques, «L’expérimentation contre l’arbitraire», Annales ESC, 47-1, 1992, pp. 261–265 Google Scholar.
4. Thomas, Yan, «La vérité, le temps, le juge, l’historien», Le débat, 102, 1998, pp. 17–36 CrossRefGoogle Scholar.
5. Signalons, pour mémoire, la précoce réception de ces problématiques dans le débat intellectuel espagnol, notamment dans le segment anti-franquiste. Voir Pelayo, Manuel Garcia, Obras Completas, vol. II, Madrid, Centro de Estudios Constitucionales, 1991 Google Scholar.
6. Fogel, Michèle, Les cérémonies de l’information dans la France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1989 Google Scholar.
7. Merlin, Hélène, Public et littérature en France au XVIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, 1994 Google Scholar; Merlin-Kajman, Hélène, L’ absolutisme dans les lettres et la théorie des deux corps. Passions et politique, Paris, Champion, 2000 Google Scholar.
8. Jouhaud, Christian, Le pouvoir de la littérature. Histoire d’un paradoxe, Paris, Gallimard, 2000 Google Scholar.
9. Sabatier, Gérard, Versailles ou la figure du roi, Paris, Albin Michel, 1999 Google Scholar. On trouve un exemple d’analyse de programme pictural à propos de la galerie de Rubens consacrée à Marie de Médicis dans Cosandey, Fanny, La reine de France. Symbole et pouvoir, Paris, Gallimard, 2000, pp. 333–360 Google Scholar.
10. Dans une abondante littérature, récemment publiée en France, on signalera un article et un livre qui ont suscité des débats particulièrement féconds: Gauchet, Marcel, «L’État au miroir de la raison d’État: la France de la chrétienté», in Zarka, Y.-C. (ed.), Raison et déraison d’État. Théoriciens et théories de la raison d’État aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, PUF, 1994, pp. 193–244 Google Scholar; Sénellart, Michel, Les arts de gouverner. Du regimen médiéval au concept de gouvernement , Paris, Le Seuil, 1995 Google Scholar.
11. Voir l’essai convaincant de Cardm, Pedro, «Entre textos y discursos. La historiografía y el poder del lenguaje», Cuadernos de historia moderna, 17, 1996, pp. 123–149 Google Scholar.
12. Sur la question de la gravure et de ses fonctions politiques, voir le catalogue exceptionnel Los Austrias. Grabados de la Biblioteca Nacional, Madrid, Biblioteca Nacional-Julio Ollero, 1993, en particulier Fernando Bouza et Elena Páez Ríos, «Grabar la historia. Grabar en la historia», aux pp. 13-23.
13. Ruiz, Teófilo, «Une royauté sans sacre: la monarchie castillane du bas Moyen Age», Annales ESC, 39-3, 1984, pp. 429–453 Google Scholar.
14. Soria, José Manuel Nieto, Ceremonias de la realeza: propaganda y legitimacion en la Castilla Trastamara, Madrid, Nerea, 1993 Google Scholar. Pour la couronne d’Aragon, voir Aurell, Martin, «Messianisme royal de la Couronne d’Aragon (14e-15e siècles)», Annales HSS, 52-1, 1997, pp. 119–155 CrossRefGoogle Scholar.
15. Par comparaison avec Krynen, Jacques, L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France, xiiľ-xve siècle, Paris, Gallimard, 1993 Google Scholar, voir Soria, José Manuel Nieto, Orígenes de la monarquía hispánica: propaganda y legitimación (ca. 1400-1520), Madrid, Dykinson, 1999 Google Scholar.
16. Gomes, Rita Costa, A corte dos reis de Portugal no final da Idade Média, Lisbonne, IFEL, «Memoria e sociedade», 1995 Google Scholar.
17. Varela, Javier, La muerte del rey. El ceremonial funerario de la Monarquía española (1500-1885), Madrid, Turner, 1990 Google Scholar; Curto, Diogo Ramada, «Ritos e ceremonias da monarquía em Portugal (séculos XVI a XVIII)», in Bethencourt, F. et Curto, D. Ramada (dir.), A memoria da naçuo, Lisbonne, Sa da Costa, 1991, pp. 201–265 Google Scholar; Sabatier, Gérard et Édouard, Sylvène, Les monarchies de France et d’Espagne (1556-1713), Paris, Armand Colin, 2001 Google Scholar.
18. Dans une historiographie devenue immense depuis une vingtaine d’années, retenons quelques travaux d’un seul auteur: Cremades, Fernando Checa, pionnier de ce champ d’études en Espagne, Carlos V: la imagen del poder en el Renacimiento , Madrid, El Viso, [1989] 1999 Google Scholar; Reyes y mecenas. Los Reyes Católicos, Maximiliano I y los inicios de la Casa de Austria en España, Madrid, Ministerio de Cultura-Electa, 1992 Google Scholar; Felipe II mecenas de las artes, Madrid, Nerea, 1992 Google Scholar; Tiziano y la Monarquía Hispánica, Madrid, Nerea, 1994 Google Scholar; Cremades, Fernando Checa, Falomir, Miguel et Portus, Javier, Carlos V: retratos de familia, Madrid, Sociedad Estatal para la Conmemoracion de los Centenarios de Felipe II y Carlos V, 2000 Google Scholar.
19. Feros, Antonio, «“Vicedioses pero humanos”. El drama del rey», Cuadernos de historia moderna, 14, 1993, pp. 103–131 Google Scholar.
20. Sur ce point, on se reportera aux essais rassemblés dans Milhou, Alain, Pouvoir royal et absolutisme dans l’Espagne du xvi” siècle, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 1999 Google Scholar et ID., «Fronteras, puentes y barreras. Identidad hispano-cristiana y rechazo de lo semítico (siglos XV-XVII)», Cahiers du CRIAR, 18/19, Publications de l’université de Rouen, 2000, pp. 167-209.
21. Pour la France, voir un état des lieux du travail intellectuel en commun conduit par les historiens et les littéraires dans le dossier «Littérature et histoire» présenté par Jouhaud, Christian, Annales HSS, 49-2, 1994, pp. 271–457 CrossRefGoogle Scholar.
22. Bouza, Fernando, «La majestad de Felipe II. Construccion del mito real», in Millan, J. Martínez (dir.), La corte de Felipe II, Madrid, Alianza, 1994, pp. 37–72 Google Scholar.
23. BouzA, Fernando, Del escribano a la biblioteca. La civilizacion escrita europea en la alta Edad Moderna (siglos XV-XVII), Madrid, Síntesis, 1992 Google Scholar.
24. Bouza, Fernando, «Contrareforma y tipografía. ¿ Nada mas que rosarios en sus manos?», Cuadernos de historia moderna, 16, 1995, pp. 73–87 Google Scholar.
25. Bouza, Fernando, «¿ Para qué imprimir? De autores, público, impresores y manuscritos en el Siglo de Oro», Cuadernos de historia moderna, 18, 1997, pp. 31–50 Google Scholar.
26. Fumaroli, Marc, «Mémoires et histoire», in Hepp, N. et Hennequin, J. (dir.), Les valeurs chez les mémorialistes français du XVIIe siècle avant la Fronde, Paris, Klincksieck, 1978 Google Scholar.
27. Chartier, Roger, «Histoire et littérature», in ID., Au bord de la falaise. L’histoire entre certitudes et inquiétudes, Paris, Albin Michel, 1998, pp. 280–285 Google Scholar.
28. Fernando Bouza, «Corte es decepción. Don Juan de Silva, conde de Portalegre», in J. Martínez Millán (dir.), La corte de Felipe II, op. cit., pp. 451-502.
29. Bouza, Fernando, « Amor parat regna. Memoria visual dos afectos na política barroca», in Xavier, A. Barreto et alii, Festas que se fizeram pelo casamento do Rei D. Afonso VI, Lisbonne, Quetzal, pp. 7–26 Google Scholar.
30. de Diego, José Luis Rodríguez (ed.), Instrucción para el gobierno del Archivo de Simancas (año 1588), Madrid, Ministerio de Cultura, Centro de Publicaciones, [1989] 1998 Google Scholar; ID., «La formación del Archivo de Simancas en el siglo xvi. Función y orden interno», El libro antiguo español, IV, Coleccionismo y bibliotecas (siglos xv-xvill), Salamanque, Sociedad española de historia del libro/Sociedad de estudios medievales y renacentistas, pp. 519-557.
31. Hespanha, Antonio Manuel, «Les autres raisons de la politique. L’économie de la grâce», in Schaub, J.-F. (ed.), Recherche sur l’histoire de l’État dans le monde hispanique, 15e-20e siècle, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1993, pp. 67–86 Google Scholar.