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Sur la marine marchande barbaresque au XVIIIe siècle

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Des Recherches Et Sondages qu'il poursuit depuis de longues années dans les Archives, M. Marcel Emerit a tiré quelques remarques importantes sur des aspects peu ou mal connus de l'histoire de l'Afrique du Nord. La plus importante de ses études est peut-être son récent article sur « La Marine marchande Barbaresque au XVIIIe siècle » que viennent de publier les Cahiers de Tunisie et dont nous voudrions ici dégager et interpréter les grandes conclusions à l'aide de quelques documents d'archives. Pourquoi, se demande M. Emerit, ces États Barbaresques dont les corsaires sont connus de tous n'ont-ils pas développé plus systématiquement leur marine marchande ? A cette carence, deux raisons principales sans doute :

— l'Inquisition, tout d'abord, redoutable aux équipages des bateaux barbaresques, et en particulier à leurs capitaines, ces raïs, souvent renégats d'origine chrétienne. M. Emerit cite plusieurs exemples qui attestent la ténacité répressive du Saint-Office en. Espagne.

Type
Essais
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1958

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References

page 87 note 1. N° 11, 3e trimestre 1955.

page 88 note 1. Pavillon de Monaco, ex. : 1717, Aff. Etr. BI 816 ; Pologne : 1686 Aff. Etr. BI 814 ; 1751, Aff. Etr. BI 820.

page 88 note 2. A la Royal Malta Library, la série des « Libri Bullarum » donne, entre autres (Archives n° 500 à 624 pour les années 1696-1798) les autorisations d'armer sous pavillon de Saint-Jean, soit pour le commerce, soit pour la Course, soit pour les deux a la fois « ad mercaturam et pyraticam exercendam ». Certaines années, la proportion des ad pyraticam est impressionnante :

Et l'on peut constater que cette activité est restée importante jusqu'aux dernières années de l'ordre. Les expressions mercatura et pyratica, far guerra o commercio indiquent une souplesse d'utilisation très remarquable. On s'adipte à la forme de « commerce » la plus rentable sur le moment. Cf. mon article sur le « Prix de l'homme », Annales, 1954, n° 2, p. 157-164.

page 89 note 1. Archives Nationales, Affaires Etrangères, BI 1092, Correspondance Consulaire, Tripoli de Barbarie, 31 décembre 1728.

page 89 note 2. Archives Nationales, Affaires Etrangères, BI 1093, Correspondance Consulaire, Tripoli de Barbarie.

page 89 note 3. Archives Nationales, Affaires Etrangères, BI 1093, Correspondance Consulaire de Tripoli, Mémoire anonyme du 25 février 1729.

page 90 note 1. Chevalier de Seytres-Caumont à Ministre de la Marine, 26 janvier 1790, AE BI, 324, fos 306-309.

page 90 note 2. Déclaration du Grand-Maître de Malte au chargé d'affaires français à Malte, 18 mars 1790 (AE BI, 824, f° 320-599). Des idées identiques sont exposées tout au long du siècle, par exemple dans un mémoire non daté, mais sans doute de la seconde moitié du XVIIIe, dans AE BIII 241, ou dans la lettre du bailly de Mesmes, chargé d'Affaires à Malte, du 19 janvier 1741, AE BIII, 484.

page 90 note 3. Affaires Etrangères, Correspondance Consulaire de Tripoli de Barbarie, BI 1094.

page 91 note 1. Archives Nationales, Affaires Etrangères, BIII 484, 30 juin 1665. Deux remarques s'imposent : 1. La lettre concerne autant et plus les mers du Levant que celles de Méditerranée occidentale, mais sa valeur démonstrative n'en est pas altérée pour autant. 2. Le « ton plaidoyer » de la lettre s'explique facilement : le Grand-Maître est alors l'Espagnol Nicola Cottoner (1663-1680), et la France n'a pas encore à Malte l'influence prépondérante qui sera la sienne au XVIIIe siècle.

page 91 note 2. Isnard, Hildebert, « Sur les destins de l'Afrique du Nord », Annales, n° 1, 1950, p. 124 Google Scholar.

page 91 note 3. Godechot, J. avec note de Emerit, M., « La Course maltaise le long des côtes barbaresques à la fin du XVIIIe siècle », Revue africaine, 1er trimestre 1952, p. 105113 Google Scholar. Voir aussi J . Mathiex, déjà cité.

page 91 note 4. A défaut des Archives turques encore inutilisées, les rapports des Consuls français ou étrangers, particulièrement quand les opérations ont un caractère de scandale : 22 octobre 1700, Bailli d'Escrainville, Malte, AE BI 814 ; — 31 mars 1735, Pouttion vice-consul à Bengazi, AE BI 206 ; — 5 avril 1738, Avernes de Bocage, Malte, AE BI 818 ; — vers 1746 (?), Mémoire pour servir au Directeur de la Compagnie Royale d'Afrique, AE BIII, 300, etc.

page 91 note 5. Dans un mémoire du 29 décembre 1728, le bailli de Froullay, général des galères à Malte, évalue à 1 300 le nombre des esclaves Tripolins pris « sous ce Magistère », seulement, c'est-à-dire depuis 1722, date de l'élection du Grand-Maître Antonio-Manoel de Vilhena, AE BIII, 484. II faut se souvenir qu'il y avait 9 000 esclaves musulmans à Malte lors de leur tentative de révolte en 1749.

page 92 note 1. J. Mathiex, « Le ravitaillement moghrebin de Malte au XVIIIe siècle », Cahiers de Tunisie, n° 6, 1954 (2e semestre).

page 92 note 2. « Les Corsaires africains affairés courent la mer pour assouvir leur avidité ; mais si le commerce réciproque peut satisfaire tous leurs désirs, ils abandonneront bien volontiers leur ancien système pour adopter le nouveau. Les Barbares ne sont pas si mauvais calculateurs qu'ils ne puissent reconnaître que la piraterie est un moyen incertain de se procureT des richesses, qu'il est souvent en défaut, toujours exposé à manquer son objet, et peut le faire tomber dans l'esclavage. Il est vrai qu'étant navigateurs- nés, ils ont un penchant invincible qui les porte à chercher uns occupation analogue à leur profession, et puisque tout le monde les chasse de ses ports, et que personne ne les invite à venir chez soi, la piraterie est la seule ressource qui leur reste » (p. 59).