Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
La démographie de l'ancienne France est à l'honneur. De longs articles y puisent leur matière, se répondent. Elle est l'objet d'une enquête collective, décidée par Fernand Braudel, dirigée par Pierre Goubert. Son puissant intérêt devait être rappelé au Congrès de Rome, en 1955, par la Sous-Commission française de Démographie historique, présidée par Louis Chevalier. Tous les animateurs battent le rappel des bonnes volontés. Nous apportons ces remarques inquiètes sur l'utilisation de la seule source sérieuse : les registres paroissiaux.
page 85 note 1. L'article de P. Goubert, « En Beauvaisis : Problèmes démographiques du xvne siècle », (Annale, 1952, p. 453-468) a été critiqué par L. Henry («Une richesse démographique en friche : les registres paroissiaux, Populatio, 1952, p. 281-290), auquel P. Goubert a répliqué (” Une richesse historique en cours d'exploitation : les registres paroissiaux », Annale, 1954, p. 83-93.
page 85 note 2. R. Baehrel, « L'exemple d'un exemple : Histoire statistique et prix italiens », Annale, 1954, p. 213-22.
page 85 note 3. Ce souci me vaudra, j'en suis sûr, l'absolution de Pierre Goubert ; c'est pour cette raison que cette amicale querelle n'a pas été vidée autrement ; de plus, une discussion en aparté nous eût privés des précieuses réactions que ces remarques ne manqueront pas de susciter. Ses articles seront souvent cités : derniers parus sur le sujet, ils permettent de dresser rapidement l'inventaire des principaux procédés actuellement employés.
page 85 note 4. Un ou plusieurs articles, non moins négatifs, devraient être consacrés à la nuptialité, à la natalité, à la fécondité, à la croissance démographique. Alors, sur le terrain ainsi déblayé, l'on pourrait essayer de bâti.
page 86 note 1. Même cet inventaire des différents moyens utilisés pour mesurer la mortalité sera incomplet. Nous laisserons de côté le procédé qui consiste à construire la courbe du nombre des morts (annuel, trimestriel ou mensuel) ; non qu'il échappe à la critique, mais, étant le plus élémentaire, il n'avait pas à être envisagé ici, notre propos visant les calculs apparemment plus perfectionnés. Nous passerons également sous silence le rapport des décès aux classes de naissance ; l'examen de cette méthode eût exigé un trop long développemen.
page 86 note 2. P. Goubert, art. cité, Annale, 1952 (p. 452, n. 3) : « Procédé de calcul : additionner l'âge de tous les morts, puis diviser par le nombre des morts » ; et Annale, 1954, art. cité,p. 89 : « … l'âge moyen au décès, donnée capitale… nous maintenons les âges moyens au décès que nous avons présentés… nous en avons d'ailleurs calculé bien d'autres ».
page 86 note 3. Arrondissement de Marseille, canton de Roquevair.
page 86 note 4. Et peu d'âges inconnus (6 % pour 1676-1680 et 1 %,our 1702-1706). Quand l'âge moyen au décès est calculé, il serait souhaitable que l'on indiquât si l'âge du défunt fut toujours enregistré, cas d'autant plus rare que la période étudiée sera plus longue et plus ancienne : plus la proportion d'âges cachés sera forte, plus cet âge moyen, qu'on veut parlant, mentira ; Pierre Goubert et Georges Bouchard ont exhumé l'étude du Dr Louis Noirot (Etudes statistiques sur la mortalité et la durée de la vie dans la ville et Varrondissement de Dijon depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jour, 1850) ; « travail admirable » aux yeux du premier (Annale, 1954, p. 83), « travail remarquable » d'après le second (Annales Bourgogn, 1953, p. 53). Effort louable en effet : honneur au courage malheureux. Ce médecin dijonnais, après avoir noté que 6 685 morts vécurent 169 554 années, obtint comme durée de la vie moyenne 25 ans 4 mois pour la période 1677-1694. Or, Ch. Oursel (Inventaire des archives communales de Dijo, V, p. vu) nous apprend qu'entre ces deux dates il mourut au moins 12 026 personnes. Le calcul du Dr Noirot ne repose donc que sur 55 % des décès. Faire mieux était impossible ; mais, dans ces conditions, que vaut le résultat ? S'il est acceptable, qu'on recommande de prendre au hasard un décès sur deux. Qui osera.
page 88 note 1. P. Goubert, art. cité (Annale, 1952, p. 454, n. 2 : « on note l'âge de tous les morts qui atteignirent au moins vingt ans ; on additionne ; puis on divise le total par le nombre de morts considérés ».
page 88 note 2. J. Bourgeois-Pichat, « Note sur l'évolution générale de la population française depuis le xviiie siècle », Populatio, 1952, p. 319-329 (p. 328). Nous n'ignorons pas combien il est arbitraire d'adopter un taux unique pour la mortalité des moins de cinq ans, mais cette simplification ne fausse en rien notre raisonnemen.
page 89 note 1. P. Goubert, art. cité (Annale, 1952, p. 456.
page 89 note 2. L. Henry et P. Vincent, « Rythme maximum d'accroissement d'une population stable », Populatio, 1947, p. 663-675 (p. 669.
page 89 note 3. A plusieurs reprises, dans la suite de cet article, nous devrons rappeler que les variations d'un quotient aont déterminées à la fois par celles du dividende et par celles du diviseur ; il sera donc souvent impossible de conclure sûrement. Il y a près de vingt ans, Corrado Gini a montré plaisamment comment les méthodes utilisées pour dégager 1’ « in-dice thoracique », cher aux médecins militaires, pouvaient conduire aux affirmations les plus contradictoires : Pierre le Petit était déclaré « nettement longiligne » et Paul le Grand « nettement bréviligne », après avoir été rangés tous deux, en vertu d'un autre mode de calcul, parmi les « parfaitement normaux ».
page 90 note 1. P. Goubert, art. cité, Annale, 1954 (p. 90 : « la mortalité devait atteindre et dépasser 40 pour 1 000 » et Idem,p. 93 : rapport % du nombre des « morts en temps de crise », à la « population probable ».
page 90 note 2. Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la Franc, Amsterdam, 5 vol., in-4°, t. V, 1768, p. 925 et sui.
page 90 note 3. Localités des arrondissements d'Arles, Aix, Marseille, Draguignan et Toulon ; Aix, F.yragues (canton de Châteaurenard), Les Baux (cant. Saint-Râmy), Allauch (cant. Marseille), Auriol et Roquevaire (cant. Roquevaire), Cuges et Gémenos (cant. Aubagne), Rians et La Verdière (cant. Rians), Mons et Tourettes (cant. Fayence), Brignoles et Tourves (cant. Brignoles), Saint-Maximin et Pourrières (cant. Saint-Maximin), La Roquebrussanne (chef-lieu canton ) et Collobrières (chef-lieu.
page 91 note 1. Bibl. Nat, Ms. fs. 8906, f°s 141 à 16.
page 92 note 1. P. Goubert, art. cité (Annale, 1952, p. 464-465.
page 93 note 1. P. Goubert, art. cité, Annale, 1952, p. 454 et 456 (p. 465 : « Cette classe d'âge [5 à 20 ans] forme parfois le quart du total des morts. En fin de compte, les jeunes surtout sont frappes. » On réfléchit : le pourcentage au total des morts augmentant, s'ensuit-il forcément que le pourcentage des morts de cet âge au total des vivants de cet âge croît lui aussi ?.
page 93 note 2. E. Labrousse, « Observations complémentaires sur les sources et la méthologie pratique de l'histoire des prix et des salairesau xvme siècle », Bévue d'hist. écon. et soc, 1938, p. 30.
page 96 note 1. J. Meuvret, « Les crises de subsistances et la démographie de la France d'Ancien Régime, Populatio, 1947, p. 643-650. (P. 645 : « Nous arrivons donc à considérer comme l'indice caractéristique de la crise, le rapport des décès aux conceptions. ».
page 96 note 2. P. Goubert, art. cité, Annale, 1952, p. 462 (figure 5 : baptêmes, sépultures, mariages à Beauvais de 1692 à 1696) ou J. Meuvret, « Les mouvements des prix de 1661 à 1715 et leurs répercussions », Journal de la Société de Statistique de Pari, 1944, p. 109-119 (graphique 4 : conceptions et décès d'août 1692 à août 1694, à Gien-le-Vieil.
page 96 note 3. L. Henry, art. cité,p. 289 : « partant d'un mariage unissant, par exemple, lé 10 octobre 1676, Pierre A., 26 ans, et Jeannette B., 22 ans, il faudra suivre le ménage ainsi formé et noter la date de tous les événements le concernant, consignés dans les registres paroissiaux »), et P. Goubert, art. cité, Annale, 1954 (p. 89, n. 2 : « Nous comptons en effet entreprendre des reconstituions de familles dans plusieurs paroisses ».
page 97 note 1. P. Goubebt (art. cité, Annale, 1954, p. 89), tout en acceptant d'appliquer la méthode préconisée par L. Henry, l'a critiquée en citant, non sans malice, Alfred Sauvy. A ce dernier, empruntons une définition à placer en épigraphe au nouveau réquisitoire que nous venons de présenter contre le calcul inutile ou trompeur. « La statistique, a écrit A. Sauvy, consiste à faire avec de l'inexact, de l'à-peu-près…. la rigueur est parfois l'ennemie. » Mais proclamons bien haut que l'historien n'est pas ainsi autorisé a faire n'importe quoi. Distinguer recettes statistiques (sus aux médianes mobiles ?) et esprit statistique. Question de doigté, comme en cuisine.
page 98 note 1. Post-Scdiptum. — Le lecteur aura compris que cet article fut remis aux Annales,vant la publication de l'ouvrage de Fleuhy, M. et Henry, L.(Des registres paroissiaux à l'histoire de la population, manuel de dépouillement et d'exploitation de l'état-civil ancie, Institut National d'Études démographiques, Paris, 1956, 84 Google Scholar p.) dont a parlé P. Goubsrt dans le Bulletin d'Histoire moderne et contemporaine du Comité des Travaux historiques et scientifiques,956, 19 p. Ce dernier écrit sur le sujet n'a pas ébranlé mes convictions premières. Bien au contraire. R. B.