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Il faut rendre grâce à Mme Henriette Psichari et à la maison d'édition Calmann-Lévy : par leurs efforts conjugués, voici Renan rendu à la génération d'à présent. Depuis longtemps, ses œuvres demeuraient épuisées. A nos contemporains jeunes, elles n'étaient accessibles que dans les bibliothèques. Et des livres qu'on ne peut rencontrer que dans des bibliothèques, on les consulte peut-être, on ne les lit point. J'ai peur que beaucoup de Français cultivés d'aujourd'hui — ou du moins qui se croient tels — n'entretiennent pas grand commerce avec l'auteur des Origines du Christianisme. On ne dira jamais assez combien la crise actuelle de l'impression et de l'édition — ou, plus précisément (car on imprime, hélas, et on édite, hélas, de nos jours comme autrefois) — combien les difficultés qu'opposent à la réimpression et à la diffusion des grandes œuvres la rareté du papier et la hausse vertigineuse des prix, créent une rupture profonde dans la tradition culturelle de notre pays.
page 200 note 1. Un second volume a paru en 1948.
page 201 note 1. Questions Contemporaines, Préface, p. c., p. II.
page 201 note 2. Ibid., p. 13.
page 201 note 3. Ibid., p. 14
page 201 note 1. Discours prononcé au Collège de France pour l'inauguration du médaillon de MM. Michelet, Quinet, Mickiewicz le 13 avril 1884. Ibid., p. 876. Voir aussi, p. 859, le Discours à la conférence Scieitia (1885).
page 202 note 2. Je faisais, il y a quelques mois, avec un petit nombre de Français de bonne qualité, le pèlerinage d'Amohit : Amchit, le ipetit village libanais, perchlé sur le haut d'ur.e colline pierreuse, où repose, « près de la sainte Byblos, non loin du fleuve Adonis où les femmes des mystères antiques venaient mêler leurs larmes », la soeur de Renan, Henriette. Le lieu est beau. Entrevue de partout à travers les oliviers, les palmiers, les orangers, la mer étend jusqu'à l'horizon sa nappe di'un bleu exaltant. Henriette repose dans un ipetit mausolée endos d'un carré de murs, au centre desquels a poussé un magnifique ohêne vert. Et la population veille fidèlement sur cette dernière demeure — comme veillent sur les souvenirs de Renan les (propriétaires libanais de la grande maison où il eut sa chambre et où il travailla. Seulement, appliquée au mur du mausolée, une inscription nous a gêné : pourquoi ne pas le dire ? Elle évoque aine visite de Maurice Barrés qui aurait passé en ces lieux « quelques-unes des heures les plus généreuses de sa vie »… D'une façon générale, généreux n'est peut-être pas l'épithète qui vient à l'esprit quand on ipense, sans préjugé, à Maurice Barrés. Mais ici, l'équivoque est pénible. Pourquoi généreuses, ces heures f Et voudrait-on nous faire croire que, grand et magnanime, l'auteur de Huit jours chez M. Benan — cette gaminerie — et de bien d'autres textes postérieurs de la même veine, avait besoin d'être « généreux » envers un homme qu'il n'a pas compris et qu'il a de son mieux dénigré ? Modestement, l'inscription demeure à ras de terre. C'est une consolation. Mieux eût valu encore qu'elle demeurât dans l'encrier de ceux qui la composèrent. Peut-être sans trop d'arrière-pensée, en tout cas sans bonheur spécial…
page 202 note 3. Ibid., p. 450 : « Une de nos faiblesses, à nous antres Français de la vieille école, est de croire que les délicatesses du galant homme passent avant tout devoir, avant toute passion, avant toute croyance, avant la patrie, avant la religion. Gela nous fait du tort — car on ne nous rend pas toujours la pareille, et comme toue les délicats, nous jouons le rôle de dupes au milieu d'un monde qui ne nous comprend plus. »
page 203 note 1. Bien curieuse, entre autres, cette conférence, pleine de méfiance et, disons, de mépris pour l'Islam consildléré comme foncièrement hostile à la science d'Occident. Elle permet de voir combien rapidement changent d'optique les problèmes humains à fondement historique — el c'est un beau thème de méditations.