Hostname: page-component-586b7cd67f-t7fkt Total loading time: 0 Render date: 2024-11-26T14:25:36.092Z Has data issue: false hasContentIssue false

Régimes de genre et Antiquité grecque classique (Ve-IVe siècles av. J.-C.)

Published online by Cambridge University Press:  20 January 2017

Violaine Sebillotte Cuchet*
Affiliation:
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR 8210 ANHIMA

Résumé

Le genre désigne à la fois des normes de comportement, des ensembles de caractéristiques et la place relative que prend la différence des sexes dans les relations entre individus. Dans le champ de l’Antiquité, ces trois définitions convergent généralement pour isoler un régime de genre unique, la polarité anêr (citoyen)/gunê (épouse de citoyen), lequel est étroitement articulé à la division mâle/femelle. Pourtant, diverses analyses, portant notamment sur la sexualité, ont montré que les sociétés grecques de l’Antiquité n’étaient pas systématiquement organisées en fonction de la différence des sexes. Ces conclusions isolées incitent à examiner les différents points de vue exprimés dans les documents élaborés dans les sociétés hellénophones de la Méditerranée antique. Contrairement à l’opinion commune, la division mâle/femelle apparaît bien moins structurante que celles qui distinguent les membres de la communauté des étrangers, les Grecs des Barbares, ou les mortels des immortels.

Abstract

Abstract

Gender studies use gender to characterize behavioral norms, personality traits and the relative importance given to differences between the sexes in individual relationships. Among classicists, these three definitions usually converge to isolate a single gender system: the polarity between anêr (male citizen) and gunê (wife of citizen), as strictly correlated to a male/female division. Yet a few studies, particularly those dealing with sexuality, have convincingly shown that ancient Greek societies were not systematically organized according to the difference between the sexes. These conclusions encourage researchers to examine the various points of view expressed in documents elaborated by the Greeks living on the shores of the Ancient Mediterranean. Contrary to common opinion, the male/female division often seems secondary to those opposing members of the community to foreigners, Greeks to Barbarians, or mortals to immortals.

Type
Régimes de genre
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1- Lire à ce propos les récits rassemblés dans Bach, Françoise et al. (éd.), Vingt-cinq ans d’études féministes. L’expérience Jussieu, Paris, Publications universitaires Denis-Diderot- Paris 7, 2001.Google Scholar

2- Duby, Georges et Perrot, Michelle (dir.), Histoire des femmes en Occident, 5 vol., Paris, Perrin, [1990-1992] 2002.Google Scholar

3- La thèse de Pantel, Pauline Schmitt, La cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, École française de Rome, 1992 Google Scholar, a été rééditée en 2011 avec une nouvelle introduction. Son travail dans le domaine de l’histoire culturelle et politique s’est poursuivi avec Hommes illustres. Moeurs et politique à Athènes au Ve siècle, Paris, Aubier, 2009.Google Scholar

4- À titre d’exemple, le livre de Herfst, Pieter, Le travail de la femme dans la Grèce ancienne, New York, Arno Press, [1922] 1979, constitue toujours une base d’informations utileGoogle Scholar.

5- Pantel, Pauline Schmitt, « La différence des sexes. Histoire, anthropologie et cité grecque dans les années 1980 » [(1982) 1984], in Schmitt Pantel, P., Aithra et Pandora. Femmes, genre et cité dans la Grèce antique, Paris, L’Harmattan, 2009, p. 2337, citation p. 27.Google Scholar

6- Duby, Georges et Perrot, Michelle, « Écrire l’histoire des femmes », in Duby, G. et Perrot, M. (dir.), Histoire des femmes en Occident, vol. I, L’Antiquité, op. cit., p. 818 Google Scholar, qui énoncent : « Nous admettrons l’existence d’une domination masculine – et donc d’une subordination, d’une sujétion féminine – à l’horizon visible de l’histoire […] Cette domination masculine est fort variable dans ses modalités, et c’est ce qui nous importe. » Et ils concluent : « cette histoire se veut celle du rapport des sexes plus que des femmes ». Une telle démarche est également développée dans l’historiographie germanophone par Beate Wagner-Hasel etThomas Späth, «Neue Fragen an ein altesThema: Frauenund Geschlechtergeschichte in den Altertumswissenschaften », in Wagner-Hasel, B. et Späth, T. (dir.), Frauenwelten in der Antike. Geschlechterordnung und weibliche Lebenspraxis, Stuttgart, J. B. Metzler, 2006, p. IXXXVI, particulièrement p. XXI.Google Scholar

7- J. Dover, Kenneth, Homosexualité grecque, trad. par S. Saïd, Grenoble, La Pensée sauvage, [1978] 1982 Google Scholar ; Foucault, Michel, Histoire de la sexualité, t. II, L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984 Google Scholar. Veyne, Paul écrit également, dans L’élégie érotique romaine. L’amour, la poésie et l’Occident, Paris, Éd. du Seuil, 1983, p. 179 Google Scholar : « L’amour n’était pas encore un péché en lui-même, mais c’était un plaisir dont une hygiène devait régler l’abus et l’usage », qui évoque les travaux de Michel Foucault et le titre du deuxième volume de l’Histoire de la sexualité.

8- Loraux, Nicole, « De quelques illustres inconnues », in Loraux, N. (éd.), La Grèce au féminin, Paris, Les Belles Lettres, [1993] 2003, p. XIXXXVI, citation p. XVIGoogle Scholar. La remarque est partagée par Pantel, Pauline Schmitt, « Un fil d’Ariane », in Duby, G. et Perrot, M. (dir.), Histoire des femmes en Occident, vol. I, L’Antiquité, op. cit., p. 2127 Google Scholar, citation p. 25 : « Ce regard d’homme a pour corollaire le peu d’informations concrètes sur la vie des femmes et la place privilégiée donnée aux représentations. » De même, Arrigoni, Giampiera, « Le donne dei ‘margini’ e le donne ‘speciali’ », in Arrigoni, G. (éd.), Le donne in Grecia, Rome/Bari, Laterza, [1985] 2008, p. XIXXX, en particulier p. XVIIIGoogle Scholar. La distinction entre une histoire des hommes, qui serait une histoire sociale, et une histoire des femmes, qui ne pourrait être qu’une histoire des représentations des femmes d’exception, est très nette dès le XIXe siècle : Blok, Josine, « Sexual Asymmetry: A Historiographical Essay », in Blok, J. et Mason, P. (éd.), Sexual Asymmetry: Studies in Ancient Society, Amsterdam, J. C. Gieben, 1987, p. 157.Google Scholar

9- Loraux, Nicole, Les enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Paris, La Découverte, [1981] 1984.Google Scholar

10- Voir, de ce point de vue, les articles consacrés à Nicole Loraux par Annick Jaulin, « L’imaginaire comme pratique politique », Catherine Marand-Fouquet, « Ce que guerre civile veut dire », Michèle Riot-Sarcey, « Distinguer ce qui se confond », et Éléni Varikas, « Inscrire les expériences du genre dans le passé », in no spécial « Les voies traversières de Nicole Loraux. Une helléniste à la croisée des sciences sociales », Espaces Temps.Les Cahiers, 87-88, 2005, de même que les contributions rassemblées dans « Les femmes, le féminin et le politique après Nicole Loraux », classics@, 7, 2011 : http://chs.harvard.edu/wa/pageR?tn=ArticleWrapper&bdc=12&mn=3369.

11- Le volume dirigé par J. Winkler, John et Zeitlin, Froma I., Nothing to Do with Dionysos? Athenian Drama in its Social Context, Princeton, Princeton University Press, 1990 Google Scholar, réunit précisément des hellénistes américains et parisiens. La personnalité de N. Loraux, et plus largement les problématiques (notamment la lecture des vases proposée par François Lissarrague) développées au centre Louis Gernet sous l’impulsion de Jean-Pierre Vernant, ont été des éléments très favorables pour ces échanges.

12- Nous mentionnons, à titre d’exemple, le volume édité par Munteanu, Dana Lacourse et al., Emotion, Genre and Gender in Classical Antiquity, Londres, Bristol Classical Press, 2011 Google Scholar, qui porte sur les relations entre les genres (masculin, féminin) et certains genres littéraires (poèmes épiques, tragédies, comédies, descriptions d’oeuvres d’art), à partir d’études sur l’expression des émotions (colère, pitié, peur, etc.).

13- Voir les éléments de cette argumentation rassemblés encore relativement récemment par Bard, Christine, « Une préférence pour l’histoire des femmes », in D. Fougeyrollasschwebel et al. (dir.), Le genre comme catégorie d’analyse. Sociologie, histoire, littérature, Paris, L’Harmattan, 2003, p. 99105.Google Scholar

14- « […] nous avons choisi de prendre de front et de traiter d’abord ce que nous renvoient les documents antiques : les discours masculins sur les femmes et plus généralement sur la différence des sexes, le ‘genre’ (gender) », annonce P. Schmitt Pantel dans «Un fil d’Ariane », art. cit., p. 25.

15- Boehringer, Sandra et Cuchet, Violaine Sebillotte, « Introduction », in S. Boehringer et V. Sebillotte Cuchet (dir.), Hommes et femmes dans l’Antiquité grecque et romaine. Le genre, méthode et documents, Paris, A. Colin, 2011, p. 1135 Google Scholar, ici p. 14. S. Boehringer trouvera sans peine trace de nos communes discussions dans les réflexions proposées dans cet article. Qu’elle trouve ici l’expression de toute ma gratitude pour sa générosité dans nos échanges.

16- Dans un article très novateur, écrit en 1982, Pauline Schmitt Pantel empruntait l’expression de « différence des sexes » à Geneviève Fraisse et, en lui donnant un sens différent de celui que j’utilise aujourd’hui, engageait à poursuivre des recherches sur ce thème, même sans se situer dans une démarche féministe : « Le pas est peut-être franchi si l’on démontre que ce que j’ai appelé ‘la différence des sexes’ – c’est-àdire l’existence de deux sexes différents et les relations qu’ils entretiennent – est une dimension essentielle de la société et de l’imaginaire grecs, que l’on décrive les effetsqu’une telle structure sociale et idéologique produit à tous les plans de la vie civique, ou que l’on en fasse une lecture politique dans le cadre de la cité », Schmitt Pantel, P., «La différence des sexes… », art. cit., p. 3637 Google Scholar. Les recherches menées actuellement au sein de l’UMR 8210 Anthropologie et histoire des mondes antiques (ANHIMA) doivent beaucoup aux pistes ouvertes à l’époque par P. Schmitt Pantel.

17- Paul Veyne notait l’intérêt heuristique des invariants en histoire, mais, en prenant l’exemple de la lutte des classes, il en montrait aussi le caractère très historique : Veyne, Paul, L’inventaire des différences. Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, Éd. du Seuil, 1976, p. 2223 et 44.Google Scholar

18- Déjà, en 1935, l’anthropologue Margaret Mead écrivait dans sa préface à Sex and Temperament in Three Primitive Societies : « Si l’on ne raisonne que par contraires – si l’on décide qu’une démarche de la vie sociale, pour n’être pas spécifiquement sacrée, est obligatoirement profane, que si les hommes sont forts, les femmes doivent être faibles –, on ne tient pas compte du fait que les sociétés jouissent d’une liberté de choix beaucoup plus grande à l’égard des aspects de la vie, qu’elles peuvent minimiser, souligner ou ignorer complètement », repris dans Mead, Margaret, Moeurs et sexualité en Océanie, trad. par G. Chevassus, Paris, Plon, 1963, p. 10 Google Scholar, mettant ainsi en exergue la banale insignifiance du sexe, un aspect qui a trop peu retenu l’attention de la recherche en histoire des femmes et du genre.

19- Voir l’introduction du dossier par Didier Lett, p. 566.

20- BrulÉ, Pierre, La fille d’Athènes. La religion des filles à Athènes à l’époque classique : mythes, cultes et société, Paris, Les Belles Lettres, 1987 Google Scholar, décrit parfaitement cet habitus des Athéniennes, incorporé par la répétition de gestes rituels et l’imaginaire de récits convoquant des héroïnes au comportement sanctionné par les divinités.

21- Eschine, , Discours, t. I, Contre Timarque, trad. par V. Martin et G. de Budé, Paris, Les Belles Lettres, 1927, 2832.Google Scholar

22- Cartledge, Paul, Millett, Paul et Reden, Sitta Von, Kosmos: Essays in Order, Conflict and Community in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 1998.Google Scholar

23- Sur la politique de la sexualité, la création de bordels publics pour protéger la vertu des filles des maisons citoyennes, et l’attribution de cette politique à Solon, voir Halperin, David M., « Le corps démocratique : prostitution et citoyenneté dans l’Athènes classique » [1989], in D. M. Halperin, Cent ans d’homosexualité et autres essais sur l’amour grec, trad. par I. Châtelet, Paris, EPEL, [1990] 2000, p. 121153 Google Scholar. Les sources citées ne sont pas antérieures à la fin du IVe siècle.

24- Marchiandi, Daniela, I periboli funerari nell’Attica classica: lo specchio di una « borghesia », Athènes/Paestum, Pandemos, 2011.Google Scholar

25- HÉrodote, , Histoires, trad. par P.-E. Legrand, Paris, Les Belles Lettres, 1932, I, 155 Google Scholar.

26- Le lâche, comme l’ennemi, est généralement traité de femme : HÉrodote, , Histoires, I, 37 ; III, 134 ; IX, 22 ; IX, 107Google Scholar ; Chaniotis, Angelos, War in the Hellenistic World: A Social and Cultural History, Oxford, Blackwell, 2005, p. 102114.CrossRefGoogle Scholar

27- Eschine, Contre Timarque, 111.

28- Winkler, John J., « Faire la loi. La supervision du comportement sexuel dans l’Athènes classique », in J. J. Winkler, Désir et contraintes en Grèce ancienne, trad. par S. Boehringer et N. Picard, Paris, EPEL, [1990] 2005, p. 95142 Google Scholar. Eschine interpelle Démosthène en lui demandant ce que les honnêtes Athéniens préféreraient : « Dix mille hoplites (hoplitas) semblables à Philon par la vigueur (diakeimenous) de leur corps et la tempérance (sôphronas) de leur âme, ou bien trente mille dépravés (kinaidoi) comme toi ? », Eschine, Discours, t. I, Sur l’ambassade infidèle, 151 (trad. légèrement modifiée).

29- Eschine accusant Démosthène de lâcheté devant Philippe de Macédoine : « Si tu es convaincu de mensonge, voici, Démosthène, la peine que je t’inflige : reconnais, devant ces juges, que tu n’es qu’une fille (androgunos), pas un homme libre (eleutherios) », Ibid., 127 (trad. modifiée). À titre d’exemple, Athénée, XII, 515B-F, évoquant la malakia des Mèdes, laquelle est liée au port de la stolê, au luxe des banquets et à un mode de vie féminin (le gunaikôn bion).

30- La notion d’excès signale le franchissement de la ligne jaune, depuis les insultes ou les écarts visibles aux règles de comportement en assemblée jusqu’au viol et aumeurtre, des typiques manifestations d’hubris. À chaque faute est adaptée une réponse différente, de l’amende à la peine capitale : Eschine, Contre Timarque, 35 et 16 (ici l’excès est désigné comme hubris). Cohen, David, Law, Sexuality, and Society: The Enforcement of Morals in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 1991 CrossRefGoogle Scholar, et Law, Violence, and Community in Classical Athens, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.Google Scholar

31- HÉrodote, , Histoires, VII, 147.Google Scholar

32- Sur la manière avec laquelle Hérodote compose les Histoires et le rôle joué par les traditions orales conservées dans les mémoires des familles ou des cités, voir la synthèse de Hornblower, Simon, « Herodotus and his Sources of Information », in E. J. Bakker, I. de Jong et H. Van Wees (éd.), Brill's Companion to Herodotus, Leyde, Brill, 2002, p. 373386 Google Scholar, et Sara Forsdyke, « Greek History c. 525-480 BC», ibid., p. 520-549 (sur le rôle des traditions civiques de Grèce de l’Ouest, auxquelles Hérodote a été directement confronté à l’occasion de son installation dans la cité de Thourioi, voir p. 548).

33- HÉrodote, , Histoires, VII, 151153 Google Scholar. Sur ce passage, voir Luraghi, Nino, Tirannidi arcaiche in Sicilia e Magna Grecia. Da Panezio di Leontini alla caduta dei Dinomenidi, Florence, L. S. Olschki, 1994, p. 120126 Google Scholar ; Cataldi, Silvio, « Tradizioni e attualità nel dialogo dei messaggeri greci con Gelone », in M. Giangiulio (éd.), Erodoteo e il « modello erodoteo ». Formazione e trasmissione delle tradizioni storiche in Grecia, Trente, Università degli studi di Trento, 2005, p. 123171, notamment p. 129.Google Scholar

34- À comparer avec Solon, fr. 6 West = Aristote, Constitution d’Athènes, trad. par G. Mathieu et B. Haussoulier, Paris, Les Belles Lettres, 1996, XII, 2Google Scholar ; Loraux, Nicole, « Solon au milieu de la lice », Aux origines de l’hellénisme. La Crète et la Grèce. Hommages à Henri Van Effenterre, Paris, Publications de la Sorbonne, 1984, p. 199214 Google Scholar. Solon tire également son autorité de sa proximité avec une déesse, la Mère des Olympiens, ou la Terre noire, qui prête d’ailleurs à différentes interprétations : HommewÉry, Louise-Marie L’, « Solon, libérateur d’Eleusis dans les Histoires d’Hérodote », Revue des études grecques, 107, 1994, p. 362380 CrossRefGoogle Scholar, et Blaise, Fabienne, « Solon. Fragment 36 W. Pratique et fondation des normes politiques », Revue des études grecques, 108, 1995, p. 2437.CrossRefGoogle Scholar

35- HÉrodote, , Histoires, VII, 153 (trad. modifiée).Google Scholar

36- Aristodèmos de Cumes est, avant de devenir tyran, à la fois malakos et le plus brave à la guerre : D’Halicarnasse, Denys, Antiquités romaines, trad. par V. Fromentin, Paris, Les Belles Lettres, 1998, VII, 2, 4Google Scholar. Harrell, Dans Sarah E., « Marvelous andreia: Politics, Geography, and Ethnicity in Herodotus’ Histories », in R. M. Rosen and I. Sluiter (éd.), Andreia: Studies in Manliness and Courage in Classical Antiquity, Leyde, Brill, 2003, p. 7794 Google Scholar, particulièrement p. 90, l’auteur rappelle que l’héroïsme grec s’accommode de la conjonction du masculin et du féminin et explique la caractérisation féminine de Télinès par son origine orientale (il vient d’Asie Mineure), p. 91-92.

37- CtÉsias, , La Perse. L’Inde. Autres fragments, trad. par D. Lenfant, Paris, Les Belles Lettres, 2004, La Perse F6b* (3).Google Scholar

38- Pour l’analyse de cette anecdote, voir, en dernier lieu, Boehringer, S. et Sebillotte Cuchet, V. (dir.), Hommes et femmes dans l’Antiquité grecque et romaine, op. cit., p. 6466 Google Scholar, ainsi que Vincent AZOULAY et Violaine Cuchet, Sebillotte, « Sexe, genre et politique. Le vêtement comme opérateur dans les Persica de Ctésias », in L. Bodiou et al., Parures et artifices. Le corps exposé dans l’Antiquité, Paris, L’Harmattan, 2011, p. 2548.Google Scholar

39- Polignac, François de, « Sexe et genre dans les rites funéraires grecs : quelques aperçus », in L. Baray, P. Brun et A. Testard (dir.), Pratiques funéraires et sociétés.Nouvelles approches en archéologie et en anthropologie sociale, Dijon, Éd. universitaires de Dijon, 2007, p. 349356 Google Scholar ; Delamard, Julie et Mariaud, Olivier, « Le silence des tombes ? Masculin et féminin en Grèce géométrique et archaïque d’après la documentation archéologique funéraire », in V. Sebillotte Cuchet et N. Ernoult (éd.), Problèmes du genre en Grèce ancienne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, p. 6582.Google Scholar

40- Cuozzo, Mariassunta, Reinventando la tradizione. Immaginario sociale, ideologie e rappresentazione nelle necropoli orientalizzanti di Pontecagnano, Paestum, Pandemos, 2003 Google Scholar, et Id., « Interpretazione delle necropoli e questioni di genere nell’archeologia italiana: il caso di Pontecagnano », in L. Prados Torreira et C. Ruiz LÓpez (éd.), Arqueología del género. 1er Encuentro Internacional en la UAM, Madrid, UAM Ediciones, 2008, p. 105138.Google Scholar

41- On peut se reporter aux travaux menés en histoire des sciences, notamment Delphine Gardey, et Löwy, Ilana (dir.), L’invention du naturel. Les sciences et la fabrication du féminin et du masculin, Paris, Éd. des archives contemporaines, 2000 Google Scholar, et au travail fondamental d’Anne Fausto-Sterling, Sexing the Body: Gender Politics and the Construction of Sexuality, New York, Basic Books, 2000.Google Scholar

42- Cantarella, Eva, Selon la nature, l’usage et la loi. La bisexualité dans le monde antique, trad. par M.-D. Porcheron, Paris, La Découverte, [1988] 1991 Google Scholar ; Winkler, J. J., Désir et contraintes…, op. cit. Google Scholar; Halperin, David, Cent ans d’homosexualité…, op. cit. Google Scholar ; Boehringer, Sandra, L’homosexualité féminine dans l’Antiquité grecque et romaine, Paris, Les Belles Lettres, 2007 Google Scholar. On ajoutera, même si l’interrogation sur le sexe s’efface au profit d’une étude sur les représentations multiformes d’Éros, Calame, Claude, L’Éros dans la Grèce antique, Paris, Belin, [1996] 2009 Google Scholar, et, pour la sexualité dans le monde romain, Florence Dupont, et Éloi, Thierry, L’érotisme masculin dans la Rome antique, Paris, Belin, 2001.Google Scholar

43- Sur la complexité et la circulation des catégories actif/passif dans la relation relevant d’Éros, voir Calame, C., L’Éros dans la Grèce antique, op. cit., p. 3152.Google Scholar

44- Foucault, Michel, Histoire de la sexualité, 3 vol., Paris, Gallimard, [1976] 1984 Google Scholar ; avec la lecture passionnante et critique de Davidson, James, « Dover, Foucault and Greek Homosexuality: Penetration and the Truth of Sex », Past and Present, 170, 2001, p. 351.CrossRefGoogle Scholar

45- Calame, C., L’Éros dans la Grèce antique, op. cit. Google Scholar; Boehringer, Sandra, « La sexualité a-t-elle un passé ? De l’érôs grec à la sexualité contemporaine : questions modernes au monde antique », Recherches en Psychanalyse, 10, 2010 Google Scholar : http://recherchespsychanalyse.revues.org/index1696.html. En ce qui concerne les relations entre femmes et la spécificité du discours qu’elles créent, voir S. Boehringer, , L’homosexualité féminine…, op. cit., p. 91119.Google Scholar

46- Hésiode, , Hesiodi Theogonia, Opera et dies, Scutum, Fragmenta selecta, éd. par R. Merkelbach et M. L. West, Oxford, Typographeo Clarendoniano, 1990, fragment 275Google Scholar ; Brisson, Luc, Le mythe de Tirésias. Essai d’analyse structurale, Leyde, Brill, 1976, p. 12.Google Scholar

47- Winkler, John J., « Faire la loi. La supervision du comportement sexuel dans l’Athènes classique », in J. J. Winkler, Désir et contraintes…, op. cit., p. 95142, particulièrement p. 105.Google Scholar

48- En travaillant sur la représentation des hommes et des femmes sur les images de banquet, P. Schmitt Pantel a retrouvé, sans grande surprise, la distinction classique, depuis les travaux sur la sexualité antique, des individus selon un double critère de statut et d’âge : « La hiérarchie est certes présente au banquet, dit-elle, mais elle sépare à mon sens les hommes adultes qui mènent le jeu et les autres, hommes jeunes et femmes », Schmitt Pantel, P., Aithra et Pandora…, op. cit., p. 145157 Google Scholar, en particulier p. 157. En étudiant les gestes accomplis dans les sanctuaires, elle observe, par ailleurs, que des hommes et des femmes lavent les statues des dieux, les habillent et les décorent de la même façon. Elle conclut : « quand nous disposons d’indices, aucune règle, aucun partage ne peut être repéré entre les hommes et les femmes », Ibid., p. 112-122, en particulier p. 121.De même, s’intéressant au partage des espaces, elle remarque que ceuxlà ont trop rapidement été découpés par les historiens et historiennes en « masculins » et « féminins ». Dans un article de synthèse intitulé « Des espaces partagés », Pauline Schmitt Pantel recense d’autres travaux récents qui concluent également à la nécessité d’articuler la question de la différence des sexes à d’autres caractéristiques sociales, comme le statut dans la cité et/ou dans la parenté, Ibid., p. 105-109.

49- Laqueur, Thomas, La fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident, trad. par M. Gautier, Paris, Gallimard, [1990] 1992.Google Scholar

50- Telles sont les deux définitions données par le Littré et toujours valables ; la troisième, « le beau sexe, absolument le sexe, les femmes », l’est moins : Littré, Émile, Dictionnaire de la langue française, Paris, Hachette, 1873, t. 4, s. v. « sexe ».Google Scholar

51- Sur les emplois de phusis et natura dans un sens sexuel (dans un registre de langage populaire), voir Winkler, John J., « Phusis et Natura dans le sens d’‘organes génitaux’ », in J. J. Winkler, Désir et contraintes…, op. cit., p. 403408.Google Scholar

52- Bourriot, Félix, Recherches sur la nature du « génos ». Étude d’histoire sociale athénienne, périodes archaïque et classique, Paris, Honoré Champion, 1976, p. 205209.Google Scholar

53- Hésiode, Théogonie, v. 590 ; voir aussi to thêlu génos, le « genre des femmes », utilisé à propos des Égyptiennes par Hérodote, Histoires, II, 85.

54- En tant que catégorie de classement, génos peut désigner soit l’humanité entière (par opposition aux immortels : génos anthropôn), soit une famille particulière (comportant des hommes et des femmes). Platon, , Le Politique, trad. par A. Diès, Paris, Les Belles Lettres, 2000, 262c-d.Google Scholar

55- Aristote, , Métaphysique, trad. par A. de Muralt, Paris, Les Belles Lettres, 2010 Google Scholar, A, 5, 986a 22 sq. ; Lloyd, Geoffrey Ernest Richard, Polarity and Analogy: Two Types of Argumentation in Early Greek Thought, Cambridge, Cambridge University Press, 1966, p. 16.Google Scholar

56- Ibid., p. 9-10.

57- Une césure bien mise en évidence par King, Helen, Hippocrate's Woman: Reading the Female Body in Ancient Greece, Londres/New York, Routledge, 1998 Google Scholar, mais dont elle ne signale pas suffisamment qu’elle ne vaut que dans le cadre de traités précisément orientés vers la description du fonctionnement de corps observés dans une seule intention, la reproduction. Sur l’analogie de la reproduction des mammifères pour décrire le vivant, voir Bretin-Chabrol, Marine, « Le sexe des plantes. Analogie et catégories du genre chez les agronomes romains », in P. Veyne (dir.), Le corps dans les cultures méditerranéennes, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2007, p. 1528.Google Scholar

58- Hall, Edith, Inventing the Barbarian: Greek Self-Definition through Tragedy, Oxford, Clarendon Press, 1989 Google Scholar ; Hall, Jonathan M., Ethnic Identity in Greek Antiquity, Cambridge, Cambridge University Press, 1997 CrossRefGoogle Scholar, et, tout récemment, Malkin, Irad, A Small Greek World: Networks in the Ancient Mediterranean, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 5.CrossRefGoogle Scholar

59- Platon, Le Politique, 262d, où l’Étranger explique qu’à Athènes, les gens « séparent la race hellénique (to hellênikon génos) de tout le reste, comme formant une unité distincte, et, réunissant toutes les autres races (tois allois genesin) sous la dénomination unique de barbares, bien qu’elles soient innombrables, qu’elles ne se mêlent pas entre elles et ne parlent pas la même langue, se fondent sur cette appellation unique pour les considérer comme formant une seule catégorie (génos) » (trad. A. Diès modifiée).

60- Platon, Le Politique, 262c-d.

61- Chantraine, Pierre, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots, Paris, Klincksieck, [1968] 1999.Google Scholar

62- Platon, Le Politique, 264d-265c.

63- Sauf nouvelle découverte, aucune référence aux Amazones n’a été relevée dans les documents en grec mycénien : Chadwick, John, Documents in Mycenaean Greek, Cambridge, Cambridge University Press, [1956] 1973.Google Scholar

64- Homère, , Iliade, éd. et trad. par P. Mazon, Paris, Les Belles Lettres, t. I, chants I-VI, [1937] 2009, III, 189Google Scholar : « Je fus moi-même parmi eux (les Phrygiens) enrôlés comme allié le jour où apparurent les mâles Amazones (amazones antianeirai) », dit Priam à Hélène qui identifie, pour le vieux roi, les héros Achéens massés devant les murailles de Troie. En VI, 186, Glaucos évoque son aïeul Bellérophon qui « massacra les Amazones, guerrières égales de l’homme (amazonas antianeiras) ». En II, 811, la tombe de Myrhinê, parfois considérée comme une Amazone, est citée comme lieu de rendez-vous de l’armée troyenne avec ses alliés.

65- « […] hê theos désigne d’abord un être divin, lequel se trouve de surcroît affecté d’un signe féminin », Loraux, Nicole, « Qu’est-ce qu’une déesse ? » in G. Duby et M. Perrot (dir.), Histoire des femmes en Occident, vol. I, L’Antiquité, op. cit., p. 3162, ici p. 36.Google Scholar

66- Blok, Josine H., The Early Amazons: Modern and Ancient Perspectives on a Persistent Myth, Leyde, Brill, 1995, p. 169170 Google Scholar : « The prefix [anti] is never used in the sense of ‘(fighting) against’ in epic diction. The figurative use ‘equivalent to’ is based on the image of a pair of scales in equilibrium: what lies on one side is ‘against’ [anti] what lies on the other side, and is thus equivalent. The local sense of [anti] as ‘opposite’ is not found in Homeric epic. The closest English equivalent is thus ‘equivalent to’. Things are [anti] one another if one is equivalent to the other, such as exchange, revenge, penalty. People are [anti] one another if they can be regarded as equals. » Sur la valeur héroïque – et non civique – du terme d’anêr dans l’épopée, voir Bassi, Karen, « The Semantics of Manliness in Ancient Greece », in R. M. Rosen et I. Sluiter (éd.), Andreia…, op. cit., p. 2558.Google Scholar

67- Severyns, Albert, Recherches sur la Chrestomathie de Proclos, Paris, Les Belles Lettres, 1938, p. IX Google Scholar ; Id., Texte et apparat. Histoire critique d’une tradition imprimée, Bruxelles, Palais des Académies, 1962, p. 1112 Google Scholar. Pour le texte, voir Davies, Malcolm (éd.), Epicorum Graecorum Fragmenta, Göttingen, Vandehoeck & Ruprecht, 1988, « Aethiopis », p. 47.Google Scholar

68- Dans le chant 24 de l’Odyssée, qui correspond sans doute à une écriture plus tardive de l’épopée, l’ombre d’Agamemnon éveillée des Enfers raconte les funérailles d’Achille aux bords de l’Hellespont (v. 80-84). Un Achilleion est mentionné dans Hérodote, Histoires, V, 94, comme un site appartenant aux Mytiléniens.

69- Selon Proclos, Thersite se serait moqué d’Achille à cause de l’erôs qui le liait à Penthésilée. Achille aurait tué Thersite pour cette raison, ce qui aurait causé une stasis (rébellion) dans le camp des Achéens : Proclos, Aethiopis (éd. Davies).

70- On trouve une discussion sur cette datation dans Blok, J. H., The Early Amazons…, op. cit., p. 151152 Google Scholar, qui relève les contradictions entre les sources : Hégias est tantôt décrit comme un auteur des Nostoi, une épopée du début du VIe siècle av. J.-C. ; dans les Nostoi, il n’y a aucune mention d’Amazones ; Hégias n’apparaît comme auteur des Nostoi qu’à partir du IVe siècle av. J.-C.

71- Pausanias, , Description de la Grèce, t. I, liv. 1, L’Attique, éd. par M. Casevitz et trad. par J. Pouilloux, commentaire de F. Chamoux, Paris, Les Belles Lettres, 1992, I, 2, 1.Google Scholar

72- Dans les années 450, Eschyle évoque dans les Euménides le fait que la colline de l’Aréopage a pris son nom en raison du campement qu’y installèrent les Amazones lors de leur passage en Attique et en raison du sacrifice qu’elles y réalisèrent pour Arès, Eschyle, , Euménides, trad. par P. Mazon, Paris, Les Belles Lettres, 1993, v. 685690.Google Scholar

73- ne telle interprétation est, en général, la seule retenue lorsqu’il s’agit des Amazones. Voir, par exemple, Tyrrell, William Blake, Amazons: A Study in Athenian Mythmaking, Baltimore, The Johns Hopkins University Press, [1984] 1989 Google Scholar. Elle prend racine, à la fin du VIe siècle, sur la Théséide, épopée qui met en scène la nouvelle Amazonomachie athénienne, cette bataille qui intervient en Attique et permet aux Athéniens d’affirmer, par leur victoire, une gloire collective. L’existence de ce récit est connue par Plutarque, , Vie de Thésée, 28 Google Scholar. Pour l’argument de la supériorité physique des hommes, voir Lysias, , Oraison funèbre, 1720 Google Scholar, brodant sur le thème de la lutte opposant hommes et femmes, déjà net chez Aristophane, , Comédies, vol. II, Lysistrata, trad. par H. van Daele, Paris, Les Belles Lettres, 2009, v. 672681.Google Scholar

74- Blok, Josine, « A Tale of Many Cities: Amazons in the Mythical Past of Greek Cities in Asia Minor », in E. Lunbeck et S. Marchand (éd.), Proof and Persuasion: Essays on Authority, Objectivity, and Evidence, Turnhout, Brepols, 1997, p. 8199 Google Scholar, cite les exemples de ces récupérations politiques des Amazones. Ils ne remontent guère avant la fin du VIe siècle. Pour le motif de l’Amazone symbole de la résistance symbolique à la domination athénienne, voir l’analyse de Hölscher, Tonio à propos du groupe statuaire érigé à Éphèse dans les années 430 : «Die Amazonen von Ephesos: ein Monument der Selbstbehauptung », in P. De Linant de Bellefonds, Agathos daimôn. Mythes et cultes. Études d’iconographie en l’honneur de Lilly Kahil, Athènes, École française d’Athènes, 2000, p. 205218 Google Scholar, et Id., « Images and Political Identity: The Case of Athens », in Boedeker, D. et Raaflaub, K. (éd.), Democracy, Empire and the Arts in Fifth-Century Athens, Cambridge, Harvard University Press, 1998, p. 153183.Google Scholar

75- Cette double dimension de l’imaginaire est au coeur de travaux menés depuis une dizaine d’années par Florence Dupont à l’université Denis-Diderot (Paris 7) et Claude Calame à l’EHESS, notamment dans leur séminaire «Antiquité au Présent ». Voir Dupont, Florence, L’invention de la littérature. De l’ivresse grecque au texte latin, Paris, La Découverte, 1998 Google Scholar ; Calame, Claude, Le récit en Grèce ancienne. Énonciations et représentations de poètes, Paris, Belin, [1986] 2000 Google Scholar, et Valette-Cagnac, Emmanuelle, La lecture à Rome. Rites et pratiques, Paris, Belin, 1997.Google Scholar

76- Blok, J. H., The Early Amazons…, op. cit., no 7.Google Scholar

77- Ibid., no 3 ; voir aussi no 2 ; Lexicon iconographicum mythologiae classicae (LIMC), Zurich, Artemis Verlag, 1981-1999, vol. II Google Scholar, Aphrodisias-Athena, s. v. « Achille ».

78- Lissarrague, François et Pantel, Pauline Schmitt, « Amazones, entre peur et rêve », in G. Leduc (dir.), Réalités et représentations des Amazones, Paris, L’Harmattan, 2008, p. 4364, particulièrement p. 43-46.Google Scholar

79- Loraux, Nicole, « Sur la race des femmes et quelques-unes de ses tribus », in N. Loraux, Les enfants d’Athéna…, op. cit., p. 75117 Google Scholar, notamment p. 78. Dans « Qu’estce qu’une déesse ? », N. Loraux prend en compte la remarque de Jean Rudhardt qui introduit l’idée qu’il ne s’agit peut-être de l’ancêtre que de « certaines » femmes ( Rudhardt, Jean, « Pandora : Hésiode et les femmes », Museum Helveticum, 43, 1946, p. 231246, particulièrement p. 237-239Google Scholar), mais sans en accepter les implications sur la représentation de la différence des sexes : Loraux, Nicole, « Qu’est-ce qu’une déesse ? », art. cit., p. 40.Google Scholar

80- Hésiode, , Théogonie, v. 551-616 et Les Travaux et les Jours, éd. et trad. par P. Mazon, Paris, Les Belles Lettres, 2002, v. 42105 Google Scholar. Pour la bibliographie, très abondante, voir en dernier lieu Schmitt Pantel, P., Aithra et Pandora…, op. cit., notamment p. 195215.Google Scholar

81- Hésiode, , Les Travaux et les Jours, v. 8082 Google Scholar : « Pandore, parce que ce sont tous les habitants de l’Olympe qui, avec ce présent (dôron), font présent du malheur (edôrêsan pêma) aux hommes qui mangent le pain. »

82- Hésiode, , Théogonie, v. 590.Google Scholar

83- Voir les remarques de Rudhardt, Jean, « Reflets de la féminité dans le miroir de la mythologie grecque » [1997], in P. Borgeaud et V. Pirenne-Delforge (éd.), Les dieux, le féminin, le pouvoir. Enquêtes d’un historien des religions, Genève/Paris, Labor et fides/Éd. du Cerf, 2006, p. 4172, en particulier p. 69-71.Google Scholar

84- Loraux, N., « Sur la race des femmes… », art. cit., p. 8386.Google Scholar

85- Euripide, , Fragments. Bellérophon-Protésilas, éd. et trad. par F. Jouan et H. Van Looy, Paris, Les Belles Lettres, 2002, Erechthée, fragment 22, v. 64.Google Scholar

86- Ésope, , Fables, éd. et trad. par D. Loayza, Paris, Flammarion, 1995 Google Scholar ; Desclos, Marie-Laurence, « Les origines de l’homme dans le corpus ésopique », in J.-M. Galy et A. Thivel (dir.), Les origines de l’homme d’après les Anciens, Nice, Université de Nice- Sophia-Antipolis, 1998, p. 7188 Google Scholar. Voir Lissarrague, également François, « Le portrait d’Ésope, une fable archéologique », in M.-L. Desclos (éd.), Biographie des hommes, biographie des dieux, Grenoble, Université Pierre Mendès France, 2000, p. 129144.Google Scholar

87- Cuchet, Violaine Sebillotte, « La sexualité et le genre. Une histoire problématique pour les hellénistes. Détour par la ‘virginité’ des filles sacrifiées pour la patrie », Mètis, N. S. 2, 2004, p. 137161.Google Scholar

88- Loraux, N., Les enfants d’Athéna…, op. cit., p. 40, 45 et 51Google Scholar. Les mythes sont saisis par N. Loraux comme des discours construits, réélaborés à partir de matériaux narratifs plus anciens, par une cité qui les « travaille » pour leur faire exprimer son propre « imaginaire », voire ses « fantasmes » : N. LORAUX, « L’imaginaire des autochtones » [1979], in Loraux, N., Les enfants d’Athéna…, op. cit., p. 725 Google Scholar, en particulier p. 15. Sur le « travail du mythe » dans la cité, notion qui éloigne le mythe d’une conception trop fonctionnaliste, voir Loraux, N., « L’autochtonie : une topique athénienne » [1979], in N. Loraux, Les enfants d’Athéna…, op. cit., p. 6970.Google Scholar

89- Loraux, Nicole, L’invention d’Athènes. Histoire de l’oraison funèbre dans la « cité classique », Paris, Mouton, 1981.Google Scholar

90- Loraux, N., Les enfants d’Athéna…, op. cit., citant Lycurgue et Démosthène p. 66 et 119-153Google Scholar, et citant Platon, Lysias et Démosthène p. 130-131.

91- Ibid., p. 60-61 ; N. LORAUX, « Et l’on déboutera les mères », in N. LORAUX, Les expériences de Tirésias. Le féminin et l’homme grec, Paris,Gallimard, 1989, p. 219-232, en particulier p. 225 ; Id., Né de la terre, mythe et politique à Athènes, Paris, Éd. du Seuil, 1996, p. 128-168.

92- Loraux, N., Les enfants d’Athéna…, op. cit., p. 131.Google Scholar

93- Loraux, N., Le mythe de Tirésias…, op. cit., p. 726 Google Scholar, en particulier p. 22.

94- Loraux, Nicole, La cité divisée. L’oubli dans la mémoire d’Athènes, Paris, Payot, 1997, p. 24 Google Scholar : « à l’étude de la cité une a succédé la réflexion sur la division des sexes, et la division des sexes a subrepticement introduit la cité comme cité divisée ».

95- En France, voir par exemple Detienne, Marcel et SISSA, Giulia, La vie quotidienne des dieux grecs, Paris, Hachette, 1989, p. 235236 Google Scholar. Aux États-Unis, la réaction de Patterson, Cynthia, « Hai Attikai: The Other Athenians », in M. Skinner (éd.), no spécial « Rescuing Creusa: New Methodological Approaches to Women in Antiquity », Helios, 13-2, 1987, p. 4967 Google Scholar. Plus récemment, la perplexité Jacquemin, d’Anne, dans «Un autre conte de deux cités ou… Athéniennes et fières de l’être », Ktema, 30, 2005, p. 337347 Google Scholar, devant le manque de prise en compte des arguments invoqués par C. Patterson, notamment p. 337-338 et note 7.

96- En dernier lieu, Vincent Azoulay, et Ismard, Paulin, « Les lieux du politique dans l’Athènes classique. Entre structures institutionnelles, idéologie civique et pratiques sociales », in P. Schmitt Pantel et F. de Polignac (éd.), Athènes et le politique. Dans le sillage de Claude Mossé, Paris, Albin Michel, 2007, p. 271309.Google Scholar

97- Sur l’importance civique de l’oikos et des rites qui s’y accomplissent et sur l’importance de la famille dans la cité, voir Gherchanoc, Florence, L’oikos en fête. Célébrations familiales et sociabilité en Grèce ancienne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2012 Google Scholar, et Damet, Aurélie, La septième porte. Les conflits familiaux dans l’Athènes classique, Paris, Publications de la Sorbonne, sous presse.Google Scholar

98- «The feminine politis appears in fact to have been coined in Athens at just this time, when politês was becoming an exclusive male term », Patterson, C., «Hai Attikai… », art. cit., p. 55.Google Scholar

99- Polignac, François de, La naissance de la cité grecque. Cultes, espace et société, VIIIe- VIIe siècles avant J.-C., Paris, La Découverte, [1984] 1995 Google Scholar. Voir aussi Manville, Philip B., The Origins of Citizenship in Ancient Athens, Princeton, Princeton University Press, 1990.Google Scholar

100- Pantel, Pauline Schmitt, La Cité au banquet. Histoire des repas publics dans les cités grecques, Rome, École française de Rome, 1992, en particulier p. 73 et 90.Google Scholar

101- « Les textes font ainsi ressortir l’importance des questions de résidence, de moyens de vivre, d’attachement personnel à la communauté, enfin de service rendu. Les préoccupations militaires doivent jouer leur rôle, mais elles sont plutôt sous-jacentes qu’exprimées dans nos textes. Au total, dans cette phase de la pré-politeia, la cité grecque paraît une entité souple et libre, bien éloignée encore de la rigide tyrannie qu’elle fera souvent peser, aux temps classiques, sur ses propres citoyens » (les italiques sont des auteurs), Effenterre, Henri Van et Ruzé, Françoise (éd.), Nomima. Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec, Rome, École française de Rome, 1994, vol. 1, p. 28.Google Scholar

102- Aristote, , Politique, éd. et trad. par J. Aubonnet, Paris, Les Belles Lettres, III, 1, 12 (1275b)Google Scholar : « La nature du citoyen ressort ainsi clairement de ces considérations : quiconque a la possibilité de participer au pouvoir délibératif et judiciaire (archês bouleutikês kai kritikês), nous disons dès lors qu’il est citoyen (politês) de cette cité, et nous appelons cité la collectivité des individus de ce genre en nombre suffisant pour vivre, en un mot, en autarcie. »

103- Depuis une petite dizaine d’années, les travaux de Blok, Josine déconstruisent ce que les historiens ont identifié (chez Aristote) comme la citoyenneté grecque, qui inclut (avec des niveaux de participation soigneusement distingués) les citoyennes : « Becoming Citizens: Some Notes on the Semantic of ‘Citizen’ in Archaic Greece and Classical Athens », Klio: Beiträge zur alten Geschichte, 87, 2005, p. 740 CrossRefGoogle Scholar ; et les deux conférences qu’elle a données les 11 et 25 janvier 2011 à Paris (INHA) sous le titre : « Définitions de la citoyenneté : proposition de révision » et « Pratiques de la citoyenneté : descendance, timai et archai ». Ces conférences annoncent la sortie prochaine de son ouvrage Citizenship, Cult and Community (Cambridge University Press)Google Scholar. Elle prolonge ainsi un courant de recherche qui s’est d’abord attaché à étudier la place des femmes dans les cultes civiques. Ainsi, Robin Osborne, «Women and Sacrifice in Classical Greece », in Buxton, R. (éd.), Oxford Readings in Greek Religion, Oxford, Oxford University Press, 2000, p. 294313.Google Scholar

104- Aristote, Politique, 1275b17-24.

105- Aristote, Politique, 1280b15-1281a9.

106- Voir, en particulier, le recueil posthume édité par Parker, Robert et Sourvinou-Inwood, Christiane, Athenian Myths and Festivals: Aglauros, Erechtheus, Plynteria, Panathenaia, Dionysia, Oxford/New York, Oxford University Press, 2010.Google Scholar

107- Une interrogation soulevée à la lecture de Ismard, Paulin, La cité des réseaux. Athènes et ses associations, VIe-Ier siècle av. J.-C., Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.Google Scholar

108- Schaps, David, « The Women of Greece in Wartime », Classical Philology, 77-3, 1982, p. 193213.CrossRefGoogle Scholar

109- Un autre exemple de confrontation de régimes de genre est fourni, sans être formulé ainsi, par Elizabeth Carney, D., « Women and Dunasteia in Caria », American Journal of Philology, 126-1, 2005, p. 6591 CrossRefGoogle Scholar. Dans ce cas, les régimes de genre relèvent aussi de genres discursifs : textes historiques d’un côté, inscriptions de l’autre.

110- Du moins, cela est probable. Voir d’ailleurs la première page du livre de John L. Myres qui plante le décor d’un Hérodote enfant découvrant la flotte d’Artémisia à son retour de la bataille de Salamine : Myres, John L., Herodotus: Father of History, Oxford, Clarendon Press, 1953.Google Scholar

111- Hérodote, Histoires, VII, 99 et VIII, 88-93.

112- Sur les situations d’interactions culturelles, notamment dans la cité d’Halicarnasse, voir Talamo, Clara, « Greci e Cari a Mileto », in M. G. Angeli Bertinelli et A. Donati (éd.), Il cittadino, lo straniero, il barbaro, fra integrazione ed emarginazione nell’Antichità, Rome, Giorgio Bretschneider, 2005, p. 105114 Google Scholar, et Thomas, Rosalind, « Ethnicity, Genealogy, and Hellenism in Herodotus », in I. Malkin (éd.), Ancient Perceptions of Greek Ethnicity, Cambridge, Center for Hellenic Studies, 2001, p. 213233.Google Scholar

113- Plutarque, , De la malignité d’Hérodote, 38 (869F).Google Scholar

114- À ce propos, le comportement d’Arétaphila est exemplaire : Plutarque, , Vertus de femmes, 257d. Sur les héroïnes de Plutarque : Pantel, Pauline Schmitt, « À propos des Vertus de femmes de Plutarque », in L. Bodiou et V. Mehl (éd.), La religion des femmes en Grèce ancienne. Mythes, cultes et société, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009 ; Id. Google Scholar, « Les femmes vertueuses sont-elles des héroïnes ? Femmes et tyrans dans les Gunaikon Aretai de Plutarque », in Carlier, P. et Lerouge-Cohen, C. (éd.), Paysage et religion en Grèce antique. Mélanges offerts à Madeleine Jost, Paris, De Boccard, 2009 Google Scholar ; Id., « Femmes et héroïsme : un manque d’étoffe ? », in Schmitt Pantel, P., Aithra et Pandora…, op. cit., p. 179192.Google Scholar

115- Mcinerney, Jeremy, « Plutarch's Manly Woman », in R. M. Rosen et I. Sluiter (éd.), Andreia…, op. cit., p. 319344.Google Scholar

116- Hérodote, Histoires, incipit : « Hérodote de Thourioi présente ici les résultats de son enquête afin que le temps n’abolisse pas les événements qui surviennent des hommes (ta genomena ex anthrôpôn) et que les grands et étonnants exploits (erga) accomplis tant par les Grecs et tant par les barbares ne soient pas sans gloire ; et il donne en particulier la raison du conflit qui les mit aux prises les uns avec les autres (allêloisi) » (trad. P.-E. Legrand modifiée). Le terme anthrôpoi choisi par l’historien ne renvoie pas à une identité de sexe. Tous les mortels sont a priori concernés.

117- J’ai présenté une partie de mes recherches sur Artémisia et sur la tradition attachée au personnage dans deux articles : Cuchet, Violaine Sebillotte, « Hérodote et Artémisia d’Halicarnasse, deux métis face à l’ordre des genres athéniens », Clio. Histoire, femmes, sociétés, 27, 2008, p. 1533 Google Scholar, et Id., « La fabrique d’une héroïne au Ve siècle : Hérodote et Artémise d’Halicarnasse », in Bodiou, L. et Mehl, V. (éd.), La religion des femmes en Grèce ancienne…, op. cit., p. 1932.Google Scholar

118- Munson, Rosaria V., « Artemisia in Herodotus », Classical Antiquity, 7-1, 1988, p. 91106.CrossRefGoogle Scholar

119- Widmer, Marie, « Pourquoi reprendre le dossier des reines hellénistiques : le cas de Laodice V », in F. Bertholet, A. Bielman Sánchez et R. Frei-Stolba (éd.), Égypte, Grèce, Rome. Les différents visages des femmes antiques, Bern, Peter Lang, 2008, p. 6392 Google Scholar : des travaux qui réhabilitent, souvent grâce à l’exploitation des sources épigraphiques, le rôle des femmes dans les dynasties antiques.