Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Un des pièges de l'histoire des idées et des croyances réside dans la distance qui sépare les systèmes des théoriciens des dégradations et déformations qu'ils subissent dans Vesprit des utilisateurs moins savants. La note de Christine Thouzellier et la mise au point d'Hervé Rousseau peuvent utilement relancer ce problème à l'occasion du « nihilisme » des cathares. Il est certes malaisé de prouver, à côté du catharisme « théorique », l'existence d'un catharisme « populaire et mythique » sensiblement différent et surtout d'en définir le contenu. Herbert Grundmann (« Ketzerverhôre des Spûtmittelalters als quellenkritische Problème », in Deutches Archiv für Erforschung des Mittelalters, 1965, 519-575) et Yves Dossat (« Les Cathares d'après les documents de l'Inquisition », in « Cathares en Languedoc », troisième des excellents Cahiers de Fanjeaux, dont nous reparlerons, 1968, 71-104) ont récemment appelé à la prudence dans l'utilisation des « confessions » d'hérétiques.
1. Voir nos éditions : Un traité cathare inédit du début du XIIIe siècle… (Bibl. de la Revue d'hist. ecclés., 37), Louvain, 1961 ; le traité : pp. 85-113 ; cf. pp. 28-29 ; Une somme anti-cathare, le « Liber contra Manicheos » de Durand de Huesca (Spicilegium sacrum lovaniense, 32), Louvain, 1964, pp. 76-79 et notes, p. 210. Y. Dossat, Un évêque cathare originaire de l'Agenais : Vigouroux de la Bacone, communication au Comité des travaux historiques et scientifiques, dans Bulletin philologique et historique (année 1965), sous presse.
2. Bourbon, Etienne de, De septem donis Spiritus Sancti, éd. A. Lecoy de La Marche, Anecdotes historiques, Paris, 1877, pp. 275–277 Google Scholar. J. Duvernoy, Le registre d'inquisition de Jacques Fournier (1318-1325) (Bibl. mérid… fac. lettres de Toulouse, 9e série, 41), Toulouse, 1965, t. I, p. 280 ; 285-286 (n. 125) ; 375 (n. 159) ; t. II, pp. 196-197 ; 404 ; 458 ; 475 ; 484 ; 504 ; il y est souvent question du « librum de fide », probablement l'Évangile.
3. Moneta de Crémone, Adversus catharos et valdenses, éd. Th.-A. Ricchini, Rome, 1743 ; Thierry, p. 12, n. 31, p. 61, 71, 79 ; Didier, pp. 248, 347, 357.
4. Duvernoy, J., Un traité cathare du début du XIIIe siècle, dans Cahiers d'études cathares, t. XIII, 1962, pp. 22–54 Google Scholar ; cf. p. 29 ; rééd. dans R. Nelli, F. Niel, J. Duvernoy, D. Roche, Les cathares, Paris, 1965, pp. 112-132.
page 130 note 1. Supra, p. 129, n. 3 et 1. Ces notes, sans être exhaustives, pourraient même servir à dresser un tableau des textes utilisés par les théologiens dans la première moitié du XIIIe siècle.
page 130 note 2. Douais, C., La Somme des autorités à l'usage des prédicateurs méridionaux au XIIIe siècle, Paris, 1896 Google Scholar.
page 130 note 3. Supra, p. 129, n. 4.
page 130 note 4. Cahiers cathares, t. XIII, 1962, pp. 27-28 et pp. 45-46 ; Les cathares, pp. 124-125.
page 130 note 5. Contra Manicheos, pp. 217,20 - 218,3.
page 131 note 1. Ibid., 219-220 et notes.
page 131 note 2. Alain de Lille, Summa quot modis, s.v. Nihil (Migne, Patrol. lat., 210 , 874 C).
page 131 note 3. Origène, Commentaire sur S. Jean, II, xiv, § 100-101, éd. C. Blanc (Sources chrétiennes, 120, Paris, 1966), pp. 270-273 ; cf. aussi pp. 8, 17. Duvernoy, J., dans Cahiers cathares, t. XIII, 1962, p. 28 Google Scholar.
page 131 note 4. Origène, op. cit., II, xm, § 91, pp. 264-265 ; § 96-99, pp. 268-271.
page 131 note 5. Contra Amaurianos, éd. C. Baeumker (Beitrage zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, 24, 5-6), Munster, 1926, pp. 11, 5-16. Salvo BURCI, Liber supra Stella, éd. part. Ilarino da Milano (Aevum XIX, 1945), pp. 333, 334. Cf. ci-dessus n. 2.
page 132 note 1. Traité cathare, ch. XIII, pp. 102-103. Voici le texte latin : De hoc nomine « nichil » opinio perfidorum. Quia vero illud quod est in mundo, id est de mundo, nichil esse dicatur, Apostolus déclarât cum dicit : Scimus quia nichil est ydolum in mundo*. Et iterum : Si habuero prophetiam, et noverim misteria omnia, et omnem fidem ita ut montes transferam, caritatem autem non habeam, nichil sumb. Unde patet quod, si Apostolus sine caritate nichil esset, omne quod est sine caritate nichil est. Hinc etiam Ysayas ait : Omnes gentes quasi non sint, sic sunl coram eo et quasi nichilum et inane reputate sunt ei«. Et Psalmista : Ad nichilum deduces omnes gentes. Et alibi : Ad nichilum deductus est in conspectu eius malîgnusd. Et in Ezechiele dictum est principi Tyri : Nichil foetus es et non eris in perpetuum®. Et Isayas : Ecce vos estis de nichilo et opus vestrum ex eo quod non est ; abhominatio est qui elegit vosl. Et Iohannes in evangelio : Sine ipso factum est nichilg.
Si omnes mali spiritus et mali homines et omnia que possunt videri in hoc mundo nichil sunt quia sunt sine caritate, ergo sineDeo facta sunt. Non ergo Deus fecit ea, quia sine ipso factum est nichilh, et teste Apostolo : Si non habuero caritatem, nichil sumi. — a) I Cor. 8,4; b) I Cor. 13, 2 ; c) Is. 40, 17 ; d) Ps. 58, 9 ; Ps. 14, 4 ; e) Ez. 28, 19 ; cfr 27, 36 ; f) Is. 41, 24 ; g) Ioh. 1, 3 ; h) ibid. ; i) I Cor. 13, 2.
page 132 note 2. Assez désinvolte avec les textes, J. Duvernoy ajoute par deux fois, dans cette citation, la traduction de « et omnem scientiam et si habuero = et que j'aurais une parfaite science de toutes choses », Cahiers cathares, XIII, 1962, p. 46 ; Les Cathares, p. 124 ; cette section est omise dans la phrase du cathare et nous en avions déjà signalé la carence, Traité cathare, p. 61.
page 133 note 1. Traité cathare, ch. XII, p. 101, 6-9 ; ch. XIV, pp. 103-104.
page 133 note 2. IMd., ch. XII, p. 102,4-5. Voir notre étude Catharisme et Valdéisme en Languedoc à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle (Publication de la Fac. des Lettres et Se. hum. de Paris, série « Recherches », t. XXVII), Paris, 1966, pp. 416-417.
page 133 note 3. Duvernoy, J., dans Cahiers cathares, XIII, 1962, p. 46 Google Scholar, n. 3 ; Les cathares, p. 125, n. 1 ; Le registre d'inquisition, t. I, p. 375, n. 159 ; t. II, p. 213, n. 317. Voir la remarque déjà faite au sujet de Moneta, p. 129, n. 4.
page 133 note 4. Voir la note dans l'édition du Traité cathare, p. 103 a-b : Eekbert de Schônau, Ps.-Bonacursus, Prévostin, Ermengaud de Béziers, Alain de Lille, Salvo Burci, Moneta de Crémone, Georgius, ajouter les Sommes d'autorités, etc.
page 133 note 5. Douais, C., Documents pour servir à l'histoire de l'Inquisition dans le Languedoc, t. II, Paris, 1900, p. 92 Google Scholar : « Cum dictus frater Guillelmus Garsias loqueretur de illa auctoritate : « Sine ipso factum est nichil (Ioh. 1, 3) » cum Petro Garcia prenominato, ipse dixit quod illud nichil supponebat pro rébus visibilibus que sunt nichil… Dixit etiam idem Petrus hominem esse peccatum et nichil » ; p. 102 : « Sine ipso factum est nichil, dixit idem Petrus visibilia nichil esse, et hominem esse peccatum et nichil » p. 111 : « dixit… quod omnia visibilia nichil erant et quod homo erat specialiter peccatum et nichil. »
page 134 note 1. Clédat, L., Le Nouveau Testament traduit au XIIIe siècle en langue provençale suivi d'un rituel cathare (Photolithographie. Biblioth. de la Fac. Lettres de Lyon, IV), Paris, 1888, p. 155bGoogle Scholar, l. 5-in : 470b. Ce n'est pas l'avis de J. Duvernoy, dans Cahiers cathares, t. XIII, 1962, p. 29, ni de R. NELLI, dans Cahiers du Sud, 1966, p. 188.
page 134 note 2. Duvernoy, J., Le registre d'inquisition, t. II, pp. 213, 214Google Scholar : « Et tune Petrus quesivit ab ipso loquente (Arnaldo) « Seitis vos quid vult dieere : Omnia per ipsum faeta sunt, et sine ipso factum est nichil ? » Et ipso respondit quod dicta Verba volebant dieere quod omnia que sunt faeta sunt per Deum, et quod nichil factum est sine eo, et dictus Petrus dixit quod dicta verba non significabant hoc quod ipse loquens dixerat seu (= sed) significabant quod omnia erant faeta per Ipsum, et quod etiam omnia erant faeta sine Eo ; cui ipse loquens respondit « Et quomodo hoc protestis dieere ? Non intelligitis latinum, cum sensus quem datis sit contrarius verbis Evangelii, et etiam cum alibi legatur in Scriptura quod Deus fecit celum et terram, mare et omnia que in eis sunt ? » Et dictus Petrus respondit quod ille intellectus erat Scripture ‘ sine ipso factum est nichil ‘, id est omnia faeta sunt sine Ipso, quem intelleetum ipse Petrus dederat. »
page 135 note 1. Nelli, R., Le phénomène cathare (Nouvelle Recherche, 21), Toulouse, 1968, p. 20 Google Scholar. Ch. Thouzellier, , Un traité cathare, p. 84 Google Scholar.
page 135 note 2. Nelli, R., op. cit., p. 21 Google Scholar.
page 135 note 3. Ibid., pp. 37, 39.
page 135 note 4. Ibid., p. 41.
page 135 note 5. Ibid., pp. 67-68 ; mêmes idées dails Écritures cathares,Vaxis, 19682, pp. 194-195, notes.
page 135 note 6. (Mythes et religions, 47) Paris, 1963, ch. VIII, pp. 105-118 ; cf. p. 111, n. 2.
page 135 note 7. Ibid., p. 111. Georgius, Disputatio inter Catholicum et Paterinum haereticum, éd. E. Mariène et U. Durand, Thésaurus noms anecdotorum, t. V, Paris, 1717, col. 1706 D : « Respondet Paterinus. Deum créasse omnia coneedo. Intellige bona ; sed mala, et vana, et transitoria, et visibilia ipse non fecit ; sed minor creator, scilicet Lucifer ; et ideo dicitur a Iohanne (1, 3) : « Sine ipso factum est nihil », id est transitoria quae nihil sunt. »
page 136 note 1. H. Rousseau, « Les cathares, le mal et le néant », dans Critique, n° 213, février 1965, pp. 145-153 ; cf. pp. 147-148, 149.
page 136 note 2. Ibid., pp. 150-151.
page 136 note 3. Nelli, R., Le phénomène cathare, p. 30 Google Scholar.
page 136 note 4. Rousseau, H., Les cathares, pp. 152–153 Google Scholar.
page 136 note 5. Nelli, R., « Les cathares et le problème du mal », dans Cahiers du Sud, nos 387-388, 1966, pp. 177–195 Google Scholar ; cf. pp. 179-180.
page 136 note 6. Ibid., p. 182.
page 136 note 7. Raymond V., Epist., dans Gervais de Canterbury, Chronicon, éd. W. Stubbs (Rer. brit. med. aev. script., 73, 1), Londres, 1879, p. 270 : « … et quod dici nefas est, duo etiam principia introducuntur » ; cf. Ch. Thouzellier, , Catharisme et Valdéisme, p. 19 Google Scholar.
page 136 note 8. Durand de Huesca, Liber Antiheresis, éd. part. Ch. Thouzellier, Controverses vaudoises cathares, dans Arch. d'hist. doctr. et litt. du m. âge, t. XXVII, 1960, p. 215 : « credant similiter duos esse deos sine inicio, unum bonum et alterum malum » ; cf. pp. 172-173 ; rééd. dans Hérésie et hérétiques, sous presse, p. 176, et p. 126.
page 136 note 9. Alain de Lille, Summa quadripartita, ms. Vat. lat. 903, lra : « Dicunt heretici nostri temporis quod duo sunt principia rerum : principium lucis et principium tenebrarum… (l1*)… ergo cum Deus principium sit bonorum, aliud est principium malorum » ; P.L. 210, 308 C. Voir Catharisme et Valdéisme, p. 83.
page 136 note 10. Contra Manicheos (supra, p. 129, n. 1), p. 105, 7-10 : t Credant duo esse principia, principium boni videlicet et principium mali, id est deum bonum et deum malum, coeternos et creatores, quod credunt corde in tractatu suo probare conati sunt… »
page 137 note 1. Traité cathare, ch. III-V, pp. 90-93 ; ch. XI, p. 100 « De duplici creatione » ; p. 102, 11-12.
page 137 note 2. Nelli, R., Les cathares (Cahiers du Sud), p. 185.Google Scholar
page 137 note 3. Ibid., pp. 187, 188.
page 137 note 4. Cf. supra, p. 130-132.
page 137 note 5. Nelli, R., Les cathares, p. 189.Google Scholar
page 137 note 6. Cf. supra, p. 132 et n. 1 (latin).
page 137 note 7. Cf. supra, p. 134 et n. 2.
page 137 note 8. Nelli, R., Le phénomène cathare, ch. I, La philosophie du catharisme, pp. 17–71 Google Scholar ; Les cathares, p. 179, ci-dessus p. 136. Rousseau, H., Les cathares (Critique, 1965), p. 152.Google Scholar
page 137 note 9. Selon le compte rendu de Le Goff, J., dans Annales, 1966, n° 2, p. 402 Google Scholar.