Article contents
Penser la tradition juridique occidentale
Une lecture de Yan Thomas
Published online by Cambridge University Press: 20 January 2017
Résumé
L’oeuvre de Yan Thomas a profondément marqué la recherche récente dans le domaine de l’histoire du droit. Deux convictions essentielles articulent son travail: d’une part, une aversion profonde pour les lectures doctrinales et un intérêt d’une intensité égale pour la casuistique; de l’autre, la certitude que la fiction, technique qui caractérise le droit romain, est la clef de lecture de la tradition juridique occidentale. L’article propose un cheminement en compagnie des travaux du juriste récemment disparu où l’on reprend les thèmes majeurs d’une réflexion qui permit d’assigner au droit une place consciente de sa spécificité dans le cadre d’un dialogue renouvelé avec les sciences sociales.
Abstract
Yan Thomas's work has had a profound impact on recent research in the field of legal history. Two core beliefs drive his work: first, a deep aversion to doctrinal readings and an equally deep commitment to casuistry; second, his belief that fiction, a technique characteristic of Roman law, is the key to understanding the Western legal tradition. This article traces a path through Thomas's work, addressing his major lines of thought that highlight both the specificity of law, and the possibility of a renewed dialogue with the social sciences.
- Type
- Histoire des savoirs
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 2012
Footnotes
L’élaboration de ce texte n’a été possible que grâce à l’appui des amis, collègues et disciples de Yan Thomas. Je tiens à remercier tout particulièrement Paolo Napoli et Pierre Thévenin. Ma vive reconnaissance va également à Emanuele Conte, Miguel Méndez et, en particulier, à Valerio Marotta, pour leurs suggestions. Vittorio Minardi avait lu et commenté une première version de cet article. Il n’a malheureusement pas pu en voir la version finale avant sa mort.
References
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3 - Ibid., p. 6.
4 - Il a fallu, pour donner à cet article une dimension acceptable, limiter l’analyse à un certain nombre de thèmes majeurs. Je laisse donc de côté une partie des travaux de Yan Thomas. Il en va ainsi de celui dans lequel il formule une critique de l’omniprésence du sujet dans la lecture proposée par la pandéctique: Thomas, Yan, « Acte, agent, société. Sur l’homme coupable dans la pensée juridique romaine », Archives de philosophie du droit, 22, 1977, p. 63-83Google Scholar, et de ceux qui contiennent les résultats de ses recherches sur la sanction et la notion d’inviolabilité: « Sanctio: les défenses de la loi », L’écrit du temps, 19, 1988, p. 61-84 et « De la ‘sanction’ et de la ‘sainteté’ des lois à Rome. Remarques sur l’institution juridique de l’inviolabilité », Droits. Revue française de théorie juridique, 18, 1993, p. 135-151. Je n’ai pas non plus commenté son travail sur l’ornement qui a été analysé par Patricia Falguières dans une communication donnée lors du col-loque organisé à sa mémoire (actuellement sous presse).
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20 - Codex 6.26.11.
21 - Digeste 38.16.8.
22 - Yan Thomas, « La mort du père », chap. IV, « L’enfant à naître, l’héritier sien’ et le pouvoir du mort ».
23 - Ibid.
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34 - Le projet sur la majesté doit être lu en dialogue avec les textes publiés en 1986 et 1990 par Jacques Chiffoleau, « Sur la pratique et la conjonction de l’aveu judiciaire en France du XIIIe siècle au XVe siècle », in L’aveu. Antiquité…, op. cit., p. 341-380, et Id., « Dire l’indicible. Remarques sur la catégorie de nefandum du XIIe au XVe siècle », Annales ESC, 45-2, 1990, p. 289-324; le texte a été repris et modifié dans « Avouer l’inavouable: l’aveu et la procédure inquisitoire à la fin du Moyen Âge », in R. Dulong (dir.), L’aveu…, op. cit., p. 37-97.
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36 - Y. Thomas, « L’aveu, de la parole au corps… », art. cit., p. 34.
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50 - Ibid., p. 170.
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98 - Y. Thomas, « Le droit entre les mots et les choses… », art. cit., p. 102.
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110 - Ibid., p. 211.
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- 4
- Cited by
Linked content
Translation available: Interpreting the Western Legal Tradition: Reading the Work of Yan Thomas*