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Migrations et tournant global de l’histoire européenne

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2022

Elizabeth Buettner*
Affiliation:
University of [email protected]

Migrations et tournant global de l’histoire européenne

Le tournant global est au cœur de l’étude des nombreuses histoires migratoires de l’Europe – qu’il s’agisse de migrations extra-, intra- ou infra-européennes – et inclut les espaces transatlantiques, impériaux et post-impériaux ainsi que d’autres arènes mondiales. Bénéficiant d’un grand nombre de travaux novateurs souvent centrés sur des histoires au niveau macro, cet article prône un cadrage plus serré portant sur les interprétations et les expériences individuelles. Ce faisant, il soutient que les historiens peuvent ouvrir des perspectives nuancées, qui risquent cependant d’être submergées au sein d’études où, paradoxalement, les migrants réels se trouvent supplantés en raison de l’accent mis sur les phénomènes migratoires globaux. Focalisé sur la fin de l’ère contemporaine, l’article retrace les dimensions globales de deux vies s’étendant sur près de deux siècles afin de soulever des questions plus larges, notamment sur la race et l’ethnicité. Jacob A. Riis (1849-1914) et Gérald Bloncourt (1926-2018) étaient d’éminents photographes documentaires qui partageaient un profond engagement pour la réforme sociale et l’amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière. Ils ont tous deux enregistré des histoires de migration via leurs appareils photographiques et leurs écrits, permettant ainsi une analyse des représentations multimédias issues d’une même source. Le fait qu’ils soient eux-mêmes issus de la migration (Riis a quitté le Danemark pour les États-Unis, et Bloncourt Haïti pour la France métropolitaine) donne une résonance particulière aux images et aux textes qu’ils ont produits. Leurs propres origines et leurs vies mobiles se sont avérées cruciales pour leurs interprétations des flux de personnes plus larges qui ont relié l’Europe à différents contextes mondiaux – et qui continuent de le faire aujourd’hui.

Migration and european history’s global turn

Migration and European History’s Global Turn

The global turn is central to the study of Europe’s many migration histories—outwards, inwards, and internal—and encompasses transatlantic, imperial and post-imperial, and other global arenas. Benefitting from a wealth of pathbreaking scholarship that often focuses on macro-level histories, this article advocates zooming in on individual interpretations and experiences. By doing so, it argues, historians can open up nuanced perspectives that risk becoming submerged in studies where, rather paradoxically, actual migrants are displaced by an emphasis on overarching migration phenomena. Taking the late-modern era as its focus, it traces the global dimensions of two lives spanning almost two centuries to open out broader questions, not least about race and ethnicity. Jacob Riis (1849-1914) and Gérald Bloncourt (1926-2018) were both leading documentary photographers who shared a deep commitment to social reform and the amelioration of working-class conditions. Each recorded migration histories on camera and in writing, thereby enabling an analysis of multi-media representations emanating from the same source. That both were of migration backgrounds themselves—Riis having moved from Denmark to the United States and Bloncourt from Haiti to France—renders the images and texts they created particularly resonant. Their own origins and mobile lives proved crucial to their interpretations of the wider flows of people that have connected Europe with different global settings—and continue to do so today.

Type
L’histoire européenne après le tournant global
Copyright
© Éditions de l’EHESS

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Footnotes

Traduction de Laurent Perez

References

1 Entre autres travaux stimulants centrés sur la situation contemporaine (dont certains adoptent également une perspective historique), signalons Nina Glick Schiller, Linda Basch et Cristina Blanc-Szanton (dir.), Towards a Transnational Perspective on Migration: Race, Class, Ethnicity, and Nationalism Reconsidered, New York, New York Academy of Sciences, 1992 ; Andreas Wimmer et Nina Glick Schiller, « Methodological Nationalism, the Social Sciences, and the Study of Migration: An Essay in Historical Epistemology », International Migration Review, 37-3, 2003, p. 576-610 ; Steven Vertovec, « Transnationalism and Identity », Journal of Ethnic and Migration Studies, 27-4, 2001, p. 573-582 ; Nancy L. Green, « The Trials of Transnationalism: It’s Not as Easy as It Looks », Journal of Modern History, 89-4, 2017, p. 851-874.

2 Nicholas De Genova (dir.), The Borders of “Europe”: Autonomy of Migration, Tactics of Bordering, Durham, Duke University Press, 2017 ; Leo Lucassen, « Peeling an Onion: The ‘Refugee Crisis’ from a Historical Perspective », Ethnic and Racial Studies, 41-3, 2018, p. 383-410 ; Adrian Favell, Eurostars and Eurocities: Free Movement and Mobility in an Integrating Europe, Malden, Blackwell Publishing, 2008 ; Kathy Burrell et al., « Brexit, Race and Migration », Environment and Planning C: Politics and Space, 37-1, 2019, p. 3-40.

3 Donna Gabaccia, Dirk Hoerder et Adam Walaszek, « Emigration and Nation Building during the Mass Migrations from Europe », in N. L. Green et F. Weil (dir.), Citizenship and Those Who Leave: The Politics of Emigration and Expatriation, Urbana, University of Illinois Press, 2007, p. 63-90, ici p. 63.

4 Tara Zahra, The Great Departure: Mass Migration from Eastern Europe and the Making of the Free World, New York, W. W. Norton, 2016.

5 Parmi les études les plus essentielles publiées depuis les années 1990, signalons Klaus J. Bade, L’Europe en mouvement. La migration de la fin du xviii e siècle à nos jours, trad. par O. Mannoni, Paris, Éd. du Seuil [2001] 2002 ; Dirk Hoerder, Cultures in Contact: World Migrations in the Second Millennium, Durham, Duke University Press, 2002 ; Leslie Page Moch, Moving Europeans: Migration in Western Europe since 1650, Bloomington, Indiana University Press, 1992 ; Leo Lucassen, The Immigrant Threat: The Integration of Old and New Migrants in Western Europe since 1850, Urbana, University of Illinois Press, 2005 – sans parler des nombreux articles de Leo Lucassen et Jan Lucassen, entre autres, ni d’ouvrages de référence indispensables comme Klaus J. Bade et al. (dir.), The Encyclopedia of Migration and Minorities in Europe: From the Seventeenth Century to the Present, Cambridge, Cambridge University Press, 2011 et Christiane Harzig et Dirk Hoerder, avec Donna Gabaccia, What Is Migration History?, Cambridge, Polity Press, 2009. De nombreux articles des deux volumes supervisés par Donna Gabaccia (dir.), The Cambridge History of Global Migrations, Cambridge, Cambridge University Press, à paraître en 2023, témoigneront des évolutions récentes de ce domaine de recherche.

6 Romain Bertrand et Guillaume Calafat (dir.), dossier « Micro-analyse et histoire globale », Annales HSS, 73-1, 2018 et John-Paul Ghobrial (dir.), « Global History and Microhistory », Past & Present, 242, supplément 14, 2019 offrent des aperçus récents sur la microhistoire globale. Parmi les principales études consacrées à des cas individuels : Natalie Zemon Davis, Léon l’Africain. Un voyageur entre deux mondes, trad. par D. Peters, Paris, Gallimard, [2006] 2007 ; Mercedes García-Arenal et Gerard Wiegers, Entre el Islam y Occidente. Vida de Samuel Pallache, judío de Fez, Madrid, Siglo XXI, 1999 ; Linda Colley, The Ordeal of Elizabeth Marsh: A Woman in World History, Princeton, Princeton University Press, 2007 ; Miles Ogborn, Global Lives: Britain and the World, 1550-1800, Cambridge, Cambridge University Press, 2008 ; Maya Jasanoff, Le monde selon Joseph Conrad, trad. par S. Taussig, Paris, Albin Michel, [2017] 2020. Isabella Löhr, « Lives beyond Borders, or: How to Trace Global Biographies, 1880-1950 », Comparativ. Zeitschrift für Globalgeschichte und vergleichende Gesellschaftsforschung, 23-6, 2013, p. 7-21, fournit des éléments précieux, fondés sur des exemples plus modernes.

7 T. Zahra, The Great Departure, op. cit.

8 Une grande partie de l’œuvre photographique de Jacob A. Riis est réunie dans la collection Jacob A. Riis du musée de la ville de New York (https://collections.mcny.org/Explore/Highlights/Jacob-A-Riis). Un choix parmi les milliers d’images produites par Gérald Bloncourt est disponible en ligne sur le site https://www.bloncourt.net. Pour une réflexion stimulante sur l’utilisation de photographies comme sources historiques, voir Derek Sayer, « The Photograph: The Still Image », in S. Barber et C. Peniston-Bird (dir.), History beyond the Text: A Student’s Guide to Approaching Alternative Sources, Londres, Routledge, 2009, p. 49-71 (qui fait référence à Riis p. 50 et 55).

9 Jacob A. Riis, How the Other Half Lives: Studies among the Tenements of New York, New York, Charles Scribner’s Sons, 1890.

10 La réédition utilisée ici (Jacob A. Riis, How the Other Half Lives: Studies among the Tenements of New York, éd. par S. B. Warner Jr., Cambridge, Harvard University Press, [1890] 2010), d’abord publiée en 1970, remplace une grande partie des gravures par les photographies originales de Riis. La littérature secondaire est considérable. L’introduction d’Alan Trachtenberg à cette édition, en particulier, contient d’utiles remarques sur Riis et son œuvre photographique, de même que : Edward T. O’Donnell, « Pictures vs. Words? Public History, Tolerance, and the Challenge of Jacob Riis », The Public Historian, 26-3, 2004, p. 7-26 ; Bonnie Yochelson et Daniel Czitrom, Rediscovering Jacob Riis: Exposure Journalism and Photography in Turn-of-the-Century New York, Chicago, The University of Chicago Press, 2008 ; Tom Buk-Swienty, The Other Half: The Life of Jacob Riis and the World of Immigrant America, trad. par A. Buk-Swienty, New York, W. W. Norton, [2005] 2008.

11 J. A. Riis, How the Other Half Lives, op. cit., p. 116 et 118 ; voir aussi p. 130. Sur les ouvriers du vêtement dans une perspective comparatiste, voir en particulier Nancy L. Green, Du Sentier à la 7 e Avenue. La confection et les immigrés. Paris-New York 1880-1980, trad. par P. Ndiaye, Paris, Éd. du Seuil, [1997] 2001.

12 J. A. Riis, How the Other Half Lives, op. cit., p. 48-49.

13 Ibid., p. 54.

14 Ibid., p. 101.

15 Ibid., p. 93-94 et 142-143.

16 Parmi de nombreux travaux importants (dont les autres ouvrages des auteurs cités ici), voir David R. Roediger, Working toward Whiteness; How America’s Immigrants Became White: The Strange Journey from Ellis Island to the Suburbs, New York, Basic Books, [2005] 2018 ; Matthew Frye Jacobson, Whiteness of a Different Color: European Immigrants and the Alchemy of Race, Cambridge, Harvard University Press, 1999 ; Noel Ignatiev, How the Irish Became White, New York, Routledge, 1995 ; T. Zahra, The Great Departure, op. cit. ; Karen Brodkin, How the Jews Became White Folks and What That Says about Race in America, New Brunswick, Rutgers University Press, 1998 ; Jennifer Guglielmo et Salvatore Salerno (dir.), Are Italians White? How Race is Made in America, New York, Routledge, 2003 ; Thomas A. Guglielmo, White on Arrival: Italians, Race, Color, and Power in Chicago, 1890-1945, Oxford, Oxford University Press, 2003.

17 J. A. Riis, How the Other Half Lives, op. cit., p. 22.

18 Ibid., p. 28.

19 Jacob A. Riis, The Making of an American, New York, Macmillan, [1901] 1922, p. 37, 57, 111, 245, 265 et 274-276. L’ouvrage a été traduit en français quelques années après sa parution originale : id., Comment je suis devenu américain, trad. par L. Bazalgette, Paris, L. Michaud, 1908.

20 Ibid., p. 5, 267, 274 et 283-284.

21 Erika K. Jackson, Scandinavians in Chicago: The Origins of White Privilege in Modern America, Urbana, University of Illinois Press, 2019 ; Jørn Brøndal, « ‘The Fairest among the So-Called White Races’: Portrayals of Scandinavian Americans in the Filiopietistic and Nativist Literature of the Late Nineteenth and Early Twentieth Centuries », Journal of American Ethnic History, 33-3, 2014, p. 5-36 ; Russell A. Kazal, Becoming Old Stock: The Paradox of German-American Identity, Princeton, Princeton University Press, 2004.

22 J. A. Riis, How the Other Half Lives, op. cit., p. 100 et 138.

23 Ibid., p. 149.

24 Mary C. Waters, Ethnic Options: Choosing Identities in America, Berkeley, University of California Press, 1990 ; Gary Gerstle, American Crucible: Race and Nation in the Twentieth Century, Princeton, Princeton University Press, [2001] 2017. Voir aussi les références citées dans les notes 16 et 21, supra.

25 Dirk Hoerder signale qu’environ un tiers des immigrés arrivés aux États-Unis vers 1900 sont retournés en Europe : Dirk Hoerder « European Migrations », in R. H. Bayor (dir.), The Oxford Handbook of American Immigration and Ethnicity, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 34-52, ici p. 42. Aux travaux approfondis des auteurs cités dans ce paragraphe, on peut ajouter N. L. Green et F. Weil (dir.), Citizenship and Those Who Leave, op. cit.

26 Caroline B. Brettell, Men Who Migrate, Women Who Wait: Population and History in a Portuguese Parish, Princeton, Princeton University Press, 1987 ; ead., Gender and Migration, Cambridge, Polity Press, 2016 ; Marjory Harper et Stephen Constantine, Migration and Empire, Oxford, Oxford University Press, 2010 ; Donna Gabaccia, Foreign Relations: American Immigration in Global Perspective, Princeton, Princeton University Press, 2012 ; José C. Moya, Cousins and Strangers: Spanish Immigrants in Buenos Aires, 1850-1930, Berkeley, University of California Press, 1998.

27 Michael Goebel, « Gauchos, Gringos, and Gallegos: The Assimilation of Italian and Spanish Immigrants in the Making of Modern Uruguay 1880-1930 », Past & Present, 208, 2010, p. 191-229 ; Yuval Tal, « The ‘Latin’ Melting Pot: Ethnorepublican Thinking and Immigrant Assimilation in and through Colonial Algeria », French Historical Studies, 44-1, 2021, p. 85-118.

28 Le colonialisme de peuplement et différents thèmes associés ont fait l’objet de recherches universitaires novatrices, dont sont issus de nombreuses monographies et recueils d’articles. Parmi les exemples les plus remarquables, citons James Belich, Replenishing the Earth: The Settler Revolution and the Rise of the Anglo-World, 1783-1939, Oxford, Oxford University Press, 2009 ; Marilyn Lake et Henry Reynolds, Drawing the Global Colour Line: White Men’s Countries and the International Challenge of Racial Equality, Cambridge, Cambridge University Press, 2008 ; Lorenzo Veracini, The World Turned Inside Out: Settler Colonialism as a Political Idea, Londres, Verso, 2021 ; Robert A. Bickers (dir.), Settlers and Expatriates: Britons over the Seas, Oxford, Oxford University Press, 2010 ; Caroline Elkins et Susan Pedersen (dir.), Settler Colonialism in the Twentieth Century: Projects, Practices, Legacies, New York/Londres, Routledge, 2005 ; Nicola Foote et Michael Goebel (dir.), Immigration and National Identities in Latin America, Gainesville, University of Florida Press, 2014 ; Edward Cavanagh et Lorenzo Veracini (dir.), The Routledge Handbook of the History of Settler Colonialism, Londres, Routledge, 2016.

29 Elizabeth Buettner, Europe after Empire: Decolonization, Society, and Culture, Cambridge, Cambridge University Press, 2016, partie 2 ; Peter Gatrell, The Unsettling of Europe: The Great Migration, 1945 to the Present, Londres, Allen Lane, 2019.

30 Leo Lucassen et al., « Cross-cultural Migration in Western Europe 1901-2000: A Preliminary Estimate », IISH Research Paper, 52, Institut international d’histoire sociale, Amsterdam, 2014, https://pure.knaw.nl/ws/portalfiles/portal/777930/researchpaper_52_lucassen_lucassen_et.al_versie_voor_web140801.pdf, p. 35 et 47.

31 Matthew Frank et Jessica Reinisch (dir.), Refugees in Europe, 1919-1959: A Forty Years’ Crisis?, Londres, Bloomsbury Academic, 2017 ; Rita Chin, The Guest Worker Question in Postwar Germany, Cambridge, Cambridge University Press, 2007 ; Alena K. Alamgir et Christina Schwenkel, « From Socialist Assistance to National Self-Interest: Vietnamese Labor Migration into CMEA Countries », in J. Mark, A. M. Kalinovsky et S. Marung (dir.), Alternative Globalizations: Eastern Europe and the Postcolonial World, Bloomington, Indiana University Press, 2020, p. 100-124 ; Felipe Arocena, « From Emigrant Spain to Immigrant Spain », Race and Class, 53-1, 2011, p. 89-99 ; Pamela Ballinger, The World Refugees Made: Decolonization and the Foundation of Postwar Italy, Ithaca, Cornell University Press, 2020 ; Cristina Lombardi-Diop et Caterina Romeo, « Italy’s Postcolonial ‘Question’: Views from the Southern Frontier of Europe », Postcolonial Studies, 18-4, 2015, p. 367-383 ; Ruth Ben-Ghiat et Stephanie Malia Hom (dir.), Italian Mobilities, Londres, Routledge, 2016 ; Elizabeth Buettner, « Europeanising Migration in Multicultural Spain and Portugal during and after the Decolonisation Era », Itinerario, 44-1, 2020, p. 159-177.

32 Les données biographiques mentionnées ici proviennent pour la plupart des mémoires de Bloncourt, publiés en 2004 : Gérald Bloncourt, Le regard engagé. Mémoires d’un franc-tireur de l’image, Paris, Bourin, 2004, p. 70 et 91. Ses autres livres évoquent Haïti en 1946 (notamment Journal d’un révolutionnaire, Montréal, Mémoire d’encrier, 2013) et après la chute de la dictature haïtienne dans les années 1980, ainsi que l’art et la culture haïtiens.

33 Gérard Noiriel, Le creuset français. Histoire de l’immigration, xix e-xx e siècles, Paris, Éd. du Seuil, 1988 ; Patrick Weil, La France et ses étrangers. L’aventure d’une politique de l’immigration 1938-1991, Paris, Calmann-Lévy, 1991 ; Ahmed Boubeker et Abdellali Hajjat (dir.), Histoire politique des immigrations (post)coloniales. France, 1920-2008, Paris, Éd. Amsterdam, 2008 ; Benjamin Stora et Émile Temime (dir.), Immigrances. L’immigration en France au xx e siècle, Paris, Hachette, 2007.

34 Paul Gilroy, L’Atlantique noir. Modernité et double conscience, trad. par C. Nordmann, Paris, Éd. Amsterdam, [1993] 2020. Parmi de nombreux travaux remarquables en anglais, voir Charles Tshimanga, Didier Gondola et Peter J. Bloom (dir.), Frenchness and the African Diaspora: Identity and Uprising in Contemporary France, Bloomington/Indianapolis, Indiana University Press, 2009 ; Trica Danielle Keaton, T. Denean Sharpley-Whiting et Tyler Stovall (dir.), Black France/France Noire: The History and Politics of Blackness, Durham, Duke University Press, 2012 ; Michael Goebel, Paris, capitale du tiers-monde. Comment est née la révolution anticoloniale (1919-1939), trad. par P. Stockman, Paris, La Découverte, [2015] 2017.

35 Steven Vertovec, « Super-diversity and Its Implications », Ethnic and Racial Studies, 30-6, 2007, p. 1024-1054.

36 Marie Poinsot et Anne Volery, « Gérald Bloncourt par lui-même. Hommage », entretien avec Gérald Bloncourt réalisé en avril 2013, Hommes & Migrations, 1325, 2019, p. 137-144, ici p. 144.

37 G. Bloncourt, Le regard engagé, op. cit., p. 81.

38 Ibid., p. 201.

39 Gérald Bloncourt et Johann Petitjean, « L’œil, le monde et la colère. Gérald Bloncourt et ses images », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 132, 2016, p. 157-184, ici § 34 de l’édition en ligne : https://doi.org/10.4000/chrhc.5420.

40 G. Bloncourt, Le regard engagé, op. cit., p. 137-138.

41 Nuno Ferreira de Carvalho (éd.), Por uma vida melhor : O olhar de Gérald Bloncourt/Pour une vie meilleure. Le regard de Gérald Bloncourt, trad. par A. J. Silva Onoma, Lisbonne/Lyon, Fondation Berardo/Fage, 2008 ; Jennifer Marc, « Pictures Tell the Story of the Portuguese in France », The New York Times, 24 mai 2013, https://rendezvous.blogs.nytimes.com/2013/05/24/pictures-tell-the-story-of-portuguese-in-france/.

42 Marie Poinsot et Anne Volery, « Entretien : Gérald Bloncourt, Les Portugais », Hommes & Migrations, 1302, 2013, p. 152-153 ; G. Bloncourt et J. Petitjean, « L’œil, le monde et la colère », art. cit., § 32-35 ; G. Bloncourt, Le regard engagé, op. cit., p. 188-189 et 209-215.

43 G. Bloncourt, Le regard engagé, op. cit., p. 158-159.

44 Victor Pereira, La dictature de Salazar face à l’émigration. L’État portugais et ses migrants en France (1957-1974), Paris, Presses de Sciences Po, 2012 ; Marie-Christine Volovitch-Tavares, Portugais à Champigny. Le temps des baraques, Paris, Autrement, 1995. L’histoire des migrations des Portugais en France permet également de dépasser les lectures centrées sur les mobilités vers l’empire colonial portugais. Voir Cristiana Bastos, « Intersections of Empire, Post-Empire, and Diaspora: De-Imperializing Lusophone Studies », Journal of Lusophone Studies, 5-2, 2020, p. 27-54 ; Pedro Góis et José Carlos Marques, « Portugal as a Semi-peripheral Country in the Global Migration System », no spécial « Migration in the Lusophone World », International Migration, 47-3, 2009, p. 21-50.

45 Benjamin Stora, Ils venaient d’Algérie. L’immigration algérienne en France, 1912-1992, Paris, Fayard, 1992 ; Abdelmalek Sayad, La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Paris, Éd. du Seuil, 1999 ; Neil MacMaster, Colonial Migrants and Racism: Algerians in France, 1900-62, Basingstoke, Macmillan, 1997 ; Jim House et Neil MacMaster, Paris 1961. Les Algériens, la terreur d’État et la mémoire, trad. par C. Jaquet, Paris, Gallimard, [2006] 2021 ; Todd Shepard, 1962. Comment l’indépendance algérienne a transformé la France, trad. par C. Servan-Schreiber, Paris, Payot, [2006] 2008 ; Paul A. Silverstein, Algeria in France: Transpolitics, Race, and Nation, Bloomington, Indiana University Press, 2004.

46 Victor Pereira, « Portuguese Migrants and Portugal: Elite Discourse and Transnational Practices », in N. L. Green et R. D. Waldinger (dir.), A Century of Transnationalism: Immigrants and Their Homeland Connections, Urbana, University of Illinois Press, 2016, p. 56-83, ici p. 69 et 77.

47 Pour une analyse récente de grande envergure, voir Katharine M. Donato et Donna Gabaccia (dir.), Gender and International Migration: From the Slavery Era to the Global Age, New York, Russell Sage Foundation, 2015.

48 D. Hoerder, « European Migrations », art. cit. ; N. L. Green, « The Trials of Transnationalism », art. cit., p. 851.

49 Étienne Balibar, Nous, citoyens d’Europe ? Les frontières, l’État, le peuple, Paris, La Découverte, 2001 ; Elizabeth Buettner, « Postcolonial Migrations to Europe », in M. Thomas et A. Thompson (dir.), The Oxford Handbook of the Ends of Empire, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 601-620 ; Elizabeth Buettner, « What—and Who—Is ‘European’ in the Postcolonial EU? Inclusions and Exclusions in the European Parliament’s House of European History », BMGN-Low Countries Historical Review, 133-4, 2018, p. 132-148.

50 A. Wimmer et N. Glick Schiller, « Methodological Nationalism… », art. cit.

51 Peo Hansen et Stefan Jonsson, Eurafrica: The Untold History of European Integration and Colonialism, Londres, Bloomsbury, 2014, p. 259-262.

52 Ibid., p. 260. Voir aussi Martin W. Lewis et Kären E. Wigen, The Myth of Continents: A Critique of Metageography, Berkeley, University of California Press, 1997, p. 35-36 et 104-108.

53 L’Italie, société d’émigration devenue un pays principalement d’immigration, est un objet d’étude particulièrement dynamique. Son histoire migratoire s’étend non seulement à l’Atlantique et à l’Europe, mais implique également des mobilités transadriatiques et transméditerranéennes. Outre C. Lombardi-Diop et C. Romeo, « Italy’s Postcolonial ‘Question’ », art. cit., R. Ben-Ghiat et S. M. Hom (dir.), Italian Mobilities, op. cit., et P. Ballinger, The World Refugees Made, op. cit., voir Pamela Ballinger, « A Sea of Difference, a History of Gaps: Migrations between Italy and Albania, 1939-1992 », Comparative Studies in Society and History, 60-1, 2018, p. 90-118, ainsi que les recueils d’articles d’un intérêt majeur sur les questions de genre coordonnés par Donna Gabaccia et Franca Iacovetta (dir.), Women, Gender, and Transnational Lives: Italian Workers of the World, Toronto, University of Toronto Press, 2002, et par Loretta V. Baldassar et Donna Gabaccia (dir.), Intimacy and Italian Migration: Gender and Domestic Lives in a Mobile World, New York, Fordham University Press, 2011.

54 Adrian Favell, « Immigration, Migration, and Free Movement in the Making of Europe », in J. T. Checkel et P. J. Katzenstein (dir.), European Identity, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 167-189, ici p. 188-189.

55 Ibid., p. 172. Sur des thèmes proches, voir aussi N. De Genova (dir.), The Borders of “Europe”, op. cit. ; Gabriele Proglio, « Is the Mediterranean a White Italian-European Sea? The Multiplication of Borders in the Production of Historical Subjectivity », Interventions: International Journal of Postcolonial Studies, 20-3, 2018, p. 406-427.

56 Cité dans József Böröcz et Mahua Sarkar, « The Unbearable Whiteness of the Polish Plumber and the Hungarian Peacock Dance around ‘Race’ », Slavic Review, 76-2, 2017, p. 307-314, ici p. 312-313.

57 Ibid. Sur la Hongrie et son rapport à l’histoire des migrations, voir aussi, très récemment, Nora Berend, « Les récits de la migration dans la Hongrie médiévale », Annales HSS, 76-3, 2021, p. 457-488.

58 Jon E. Fox, « The Uses of Racism: Whitewashing New Europeans in the UK », Ethnic and Racial Studies, 36-11, 2013, p. 1871-1889, ici p. 1881-1882.