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Méthode historique et Science sociale1

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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Les inquiétudes de méthode qui se manifestent à beaucoup de signes, aujourd'hui, parmi les historiens tiennent pour une bonne part, semblet- il, aux relations de voisinage, de rivalité et — disons-le tout de suite — de conflit que, de plus en plus, soutiennent entre elles l'histoire traditionnelle et la nouvelle science sociale. En quoi donc, au juste, méthode historique et science sociale ont-elles affaire ensemble ?

Prise dans son essence, la méthode dite historique n'est que le processus de la connaissance expérimentale indirecte, c'est-à-dire d'une connaissance de fait obtenue par l'intermédiaire d'un autre esprit (elle peut être indirecte dans l'espace ou indirecte dans le temps —- le processus logique est le même dans les deux cas).

Type
Débats et Combats
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1960

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Footnotes

1

Les Annales publient aujourd'hui un débats et combats qui a cinquante ans d'âge : l'article classique de François Simiand, emprunté à la Revue de Synthèse historique de 1903 (avec l'autorisation de l'actuelle Revue de Synthèse), est bien connu de tous ceux qui firent leur apprentissage avant 1939. Nous le publions surtout à l'intention des jeunes historiens, pour leur permettre de mesurer le chemin parcouru en un demi-siècle, et de mieux comprendre ce dialogue de l'Histoire et des Sciences sociales, qui reste le but et la raison d'être de notre Revue (N.D.L.R.).

References

page 84 note 1. Cf. Langlois et Seignobos, Introduction aux études historiques, 1re partie.

page 84 note 2. Seignobos, dans l'ouvrage cité à la note ci-dessous, donne à « sciences sociales » un sens restreint qui, ni en fait ni en droit, ne paraît suffisamment justifié et ne sera pas retenu ici. Au reste les observations qu'il présente s'appliquent aux sciences sociales au sens large autant qu'aux sciences économiques et démographiques.

page 84 note 3. Cf. partie V, paragraphe a.

page 84 note 4. Lacombe, , De l'Histoire considérée comme science, Paris, 1894 Google Scholar. — Seignobos, , La Méthode historique appliquée aux sciences sociales, Paris, 1901 Google Scholar.

page 85 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 124 Google Scholar, 174 et passim.

page 88 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 214 Google Scholar et passim.

page 89 note 1. C'est par cette même illusion métaphysique que Seignobos (p. 229) nie Vobjectivité d'une évolution sociale propre et cherche l'unique continuité objective dans l'évolution du corps physique des individus. Comme si la continuité des éléments matériels était intelligible en dehors de l'esprit qui la pense ! Comme si la continuité de l'esprit même n'était pas la vraie continuité réelle que nous connaissions.

page 89 note 2. Seignobos, , op. cit., p. 224 Google Scholar et passim ; et. Histoire politique de l'Europe contemporaine. Introd., p. XI.

page 91 note 1. Seignobos, Cf., op. cit., p. 220224 Google Scholar. Seignobos se trompe, du reste, sur le sens de certaines de ses remarques. Le fait qu'un même individu appartient à plusieurs groupes sociaux à la fois (groupe religieux, groupe économique, groupe politique), bien loin d'être un inconvénient, est, au contraire, un grand avantage : c'est une abstraction toute préparée et propre à mettre en évidence des relations spécifiques.

page 92 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 231 Google Scholar par exemple, et passim.

page 93 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 270 Google Scholar : « … En langage scientifique, les conditions d'un fait sont les faits nécessaires pour que ce fait se produise : elles ne diffèrent donc en rien des causes », et p. 275 : « Ces deux exemples… montrent pourquoi on ne peut pas expliquer les phénomènes humains uniquement par… Ce sont des conditions indispensables, mais insuffisantes à la production d'un phénomène. »

page 96 note 1. Lacombe, , op. cit., p. 249 Google Scholar et suiv.

page 96 note 2. Lacombe, Cf., op. cit., p. 8 Google Scholar et 9 et chap. XIV, passim.

page 96 note 3. Seignobos, , Hist. pol., p. 805 Google Scholar.

page 98 note 1. Seignobos, passim.

page 99 note 1. Cf. Seignobos, op. cit., p. 200-212. La plupart des remarques faites à ce sujet par l'auteur sont très contestables et ne paraissent tenir un compte suffisant ni des vraies conditions de la mesure scientifique ni du véritable caractère de la statistique sociale.

page 102 note 1. Far exemple est-il division plus factice et plus secondaire que la division, adoptée d'un historien récent de la IIIe République en France, par présidences ? Une division quinquennale ou décennale ou tout à fait arbitraire aurait été presque aussi bien appropriée à la nature des choses.

page 102 note 2. J'avais, dans mon exposé oral, cité comme exemple le travail (d'ailleurs si érudit et si considérable) de M. Fagniez, L'économie sociale de la France sous Henri IV, qui délimite une étude sur la vie économique d'une société « par deux coups de poignard ». M. Hauser a répondu que « la connaissance des faits précis démontre que M. Fagniez a pu ainsi délimiter son champ de travail : le règne de Henri IV se place entre deux phénomènes sociaux importants (guerres civiles du XVIe siècle, troubles du XVIe siècle) : c'est une période de repos, un moment de reconstruction entre deux périodes de dislocation ». — C'est là, je crois, simplement confirmer mon observation. Les guerres civiles du XVIIe siècle, les troubles du x v n e siècle sont des « phénomènes sociaux » si l'on veut dire par là qu'ils se sont passés dans la société : mais au regard de la construction scientifique, au regard de l'histoire économique (et même peut-être de toute histoire), ils sont événements, ils sont accidents, et ce n'est pas une bonne division que d'aller d'une contingence à une autre contingence. C'est comme si on étudiait l'estomac d'un individu entre le moment où cet individu s'est cassé une jambe et celui où il s'est cassé un bras. Quelle est la relation spécifique, quelle est l'évolution propre d'une institution économique que cette limitation a suivie ou a posée, dont ces contingences soient les causes explicatives et non simplement les causes occasionnelles ? Pour ma part, j'aperçois ceci : « Dans une période de repos et de sécurité, la prospérité économique d'un pays se développe ; dans une période de guerres et de troubles, cette prospérité est compromise. » Malgré mon aversion des vues aprioriques, je n'aurais pas cru qu'un appareil aussi savant fût nécessaire pour établir cette relation. Aussi bien, n'est-ce point là ni le but ni le mérite de l'oeuvre de M. Fagniez. Mais la défense présentée par M. Hauser me paraît en réalité souligner la critique.

page 103 note 1. Skignobos, , op. cit., p. 136 Google Scholar et 137.

page 103 note 2. Hauser, , op. cit., p. 414 Google Scholar et 415.

page 103 note 3. « Tandis que chaque science sociologique particulière traite d'une espèce déterminée de phénomènes sociaux, le rôle de la sociologie générale serait de reconstituer l'unité du tout décomposé par l'analyse… Il y aurait notammsnt à se demander comment une société, qui n'est pourtant qu'un assemblage de parties relativement indépendantes et d'organes différenciés, peut former néanmoins uns individualité douée d'une personnalité analogue à celle des personalités particulières… » ( Durkheim, , Année sociologique, t. V, p. 168 Google Scholar.)

page 104 note 1. Hauseb, op. cit., p. 415.

page 106 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 138140 Google Scholar, et Hauser, , op. cit., p. 4648 Google Scholar.

page 107 note 1. Cette omission inconcevable est renouvelée par H. Hauser.

page 109 note 1. On dira peut-être que des sociologues ont présenté des classifications aussi critiquables. Mais ne pouvait-on attendre justement des historiens plus de précision, et, disons-le, plus de sens de la réalité historique ? Et n'est-ce pas leur faire un fâcheux compliment que de les découvrir… mauvais sociologues ? (Ainsi en est-il de la division faite par Ratzel en pays ayant du fer et pays n'ayant pas de fer, que M. Hauser m'a opposée comme un exemple d'une division « essentiellement sociologique » établie par un géographe : — sociologique, soit ; mais d'un simplisme et d'un arbitraire qui en font de la sociologie essentiellement mauvaise).

page 109 note 2. Observation à la suite de toute cette communication : « C. Seignobos dit qu'une seule question de méthode lui paraît avoir été posée : Sous quelle forme doivent être présentés les matériaux de l'histoire économique ? »

page 109 note 3. Seignobos, , op. cit., p. 191 Google Scholar.

page 110 note 1. Seignobos, , op. cit., p. 192195 Google Scholar.

page 111 note 1. Cf. Congrès de l'Institut international de statistique, session de Chicago, 1893, Résolutions votées sur le rapport de M. Bertillon (Bull, de Vint, int., VIII, fasc. 1), et tous les recensements professionnels, toutes les statistiques industrielles France, Belgique, Allemagne, etc.

page 111 note 2. Cf. ex. Boissonnade, Histoire économique de la France au moyen âge, Revues générales, présentées dans la Revue de Synthèse historique ; Albert Milhaud, Projet de bibliographie économique, présenté à la Société d'histoire moderne et contemporaine, etc.

page 111 note 3. Pourquoi les mines et carrières sont-elles groupées avec l'agriculture et non avec l'industrie, dont elles ont la plupart des caractères économiques, sinon encore pour une de ces distinctions verbales et superficielles dont nous avons déjà rencontré des exemples î Au moins faudrait-il une section ou sous-section bien distincte.

page 113 note 1. Cf. par exemple l'éclectisme avec lequel H. Hauser, Ouvriers du temps passé, fait appel d'une part à la « loi naturelle de l'offre et de la demande », ce cheval de retour de l'économie orthodoxe (p. 96, 108), et d'autre part à la lutte de classes (p. 54).

page 114 note 1. Lacombe, , op. cit., p. XXI Google Scholar.

page 116 note 1. Lacombe, , op. cit., p. 366368.Google Scholar

page 118 note 1. Ashley, Histoire des doctrines économiques de l'Angleterre, trad. franc., 2 vol.

page 118 note 2. « Expliquer le début par le milieu, m'a objecté H. Hauser, le passé par le présent, c'est mettre du finalisme dans l'histoire, c'est commettre l'erreur d'Augustin Thierry, qui, tandis qu'il étudiait Etienne Marcel, était frappé de sa ressemblance avec certains hommes de 1830 et en arrivait à créer dans l'histoire une filiation qui est peut-être un mythe. » — A l'exemple cité par H. Hauser, j'en ajouterais volontiers beaucoup d'autres (et récents et tout proches, plus proches que ne paraît le croire H. Hauser) d'une mauvaise application par des historiens de cette méthode que je dis nécessaire : mais cela prouverait-il rien contre la bonne application, sinon qu'elle est difficile ? Et les préoccupations finalistes, en effet très fréquentes et en effet condamnables, prouvent-elles rien, sinon que la distinction n'est pas toujours faite ni comprise entre l'explication finaliste, d'une part, et, d'autre part, l'explication de l'embryon par l'adulte, du préformé et de l'incomplet par le cas type, laquelle peut et doit ne rien contenir que de purement causal ?