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Messianisme Royal de la Couronne D'Aragon (14e-15e Siècles)
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Depuis une dizaine d'années, l'historiographie du politique retrouve un second souffle. Sous son impulsion, le thème de la genèse médiévale de l'État moderne mobilise les chercheurs. Une vaste enquête collective approfondit les principaux éléments du nouveau système de gouvernement, dont sont redevables, encore de nos jours, les sociétés occidentales : renforcement des institutions monarchiques, fiscalité accrue, apparition des assemblées représentatives, triomphe de la royauté sur le Saint-Siège, découverte de l'aristotélisme politique… Ce profond bouleversement, qui intervient autour des années 1280-1360, ne va pas sans heurts : la guerre, monopole royal, justifiant des prélèvements fiscaux obligatoires, contribuant à l'éclosion du patriotisme, est la toile de fond sur la scène de la naissance des structures étatiques, où épidémies et disettes ne sont pas de moindres comparses. Les cavaliers de l'Apocalypse — conflits, peste et famine — se jettent, à bride abattue, sur l'Occident.
Summary
During the end of the Middle Ages, while modem State was growing, kings spread political propaganda to support the increasing of their power and their wars against other countries. For Catalan-Aragonese monarchy, heiress of Frederik II, prophecy was a good mean of fighting against papacy and Angevins for the supremacy in Southern Italy. The religious dissidence of the kings of Aragon induced them to receive many spiritual Franciscans persecuted under John XXII and to create some insular utopias based on poverty in their own kingdoms. These friars were fond of joachite theories announcing that the end of the world was soon arriving. They believed on an emperor who would found universal monarchy with a peaceful millenium, after having annihilated decadent clerics, beaten Muslims and conquered Jerusalem. This kind of Antichrist or exterminator angel was personified in the king of Aragon, who took paradoxically advantage of the apocalyptic metaphors of the winged dragon, the bat, the eagle, the fire or the smoke. These negative images were used in Catalonia to affirm a primitive national identity, fighting behind the royal dynasty.
- Type
- Rites, Mémoire et Prophéties dans les Sociétés Médiévales
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1997
References
* Cet article doit beaucoup aux travaux de l'URA 1011 du CNRS (” L'institution ecclésiale à la fin du Moyen Age »), dirigée par André Vauchez, et à son équipe du Livre révélateur ( 1356) de Jean de Roquetaillade. Que tous ses membres en soient sincèrement remerciés, tout comme les participants au séminaire « Les pouvoirs (XIIIe-XVe siècle) », sous la direction de Philippe Contamine et de Françoise Autrand, où une version provisoire de cette étude a été présentée en janvier 1994. Enfin, l'aide du groupe d'historiens de la péninsule Ibérique, animé par Bernard Vincent et par Adeline Rucquoi à l'EHESS nous a été précieuse.
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25. J. M. Pou, Visionarios…, op. cit. , pp. 408-409 et 416-445.
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27. Pour une vision globale du problème des rapports conflictuels entre le prophétisme et les intellectuels universitaires, cf. A. Vauchez, « Les théologiens face aux prophéties à l'époque des papes d'Avignon et du Grand schisme », Mélanges de V École française de Rome, 1990, pp. 577-588, et A. de Libera, Penser au Moyen Age, Paris, 1991, pp. 133-136.
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29. Dans un contexte certes différent sur le plan social et institutionnel, cf. des remarques concordantes sur ces « marginaux de l'entre-deux », dans Schmitt, J.-C., Mort d'une hérésie. L Eglise et les clercs face aux béguines et aux beghards du Rhin supérieur du XIVe au XVe siècle, Paris, 1978, pp. 35 Google Scholar et 203.
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45. Sur ce personnage, cf. Bignami-Odier, J., « Jean de Roquetaillade (de Rupescissa) », Histoire littéraire de la France, t. XLI, Paris, 1981, pp. 75–240 Google Scholar, ainsi que les travaux des participants à l'URA 1011, et notamment S. Barnay, «L'univers visionnaire de Jean de Roquetaillade », Cahiers de Fanjeaux, 1992, pp. 171-190.
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55. P. Bohigas, « Profecies catalanes… », art. cité, p. 34, n° 14-15.
56. Cf. le travail excellent de M. Boilloux, Étude d'un commentaire prophétique du XIVe siècle: Jean de Roquetaillade et l'Oracle de Cyrille (v. 1345-1349), thèse inédite de l'École des chartes, Paris, 1993, pp. 35-36, 49-51, 139-148, 158-159.
57. En attendant l'imminente parution de son édition par C. Morerod-Fattebert et R. Lerner dans la collection « Spicilegium Friburgense », l'on se reportera à J. Bignami-Odier, « Jean de Roquetaillade… », art. cité, pp. 124 et 228.
58. BC, ms 490, f. 100 v.
59. M. Aurell, « La fin du monde, l'enfer et le roi : une prophétie catalane du XVe siècle », Revue Mabillon, 1994, p. 153, 161, 166.
60. Fernandus super galeam vespertilionem gerit insigne armorum et tune clarum esset quod Me, ex pâtre Aragonensi et ex matre Castellana, esset vespertilio destructor sarracenorum, cité dans M. Aurell, « Prophétisme et messianisme… », p. 353, n. 116.
61. Vi star un rey, portant sobre. I cap timbre : / vibra respant, de rat-penat les aies, cité dans de Riquer, M., Heràldica catalana des de l'any 1150 al 1550, Barcelone, 1983,1.1, p. 24 Google Scholar.
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63. Alain Milhou décèle, dans le terme latin vespertilio qui désigne ici ce chiroptère, un emprunt au vesper occidentalis, dérivé du hesperos grec, l'étoile du soir des prophéties byzantines et musulmanes des années 1200, annonçant l'avènement imminent d'un roi blond d'Occident à Constantinople, en Egypte et en Terre sainte, « La chauve-souris, le nouveau David et le roi caché », Mélanges de la Casa de Velazquez, 1982, p. 65.
64. Il est encore copié, en 1494, alors que Charles VIII descend l'Italie pour reprendre Naples au roi d'Aragon, par un grammairien toscan, R. Rusconi, « “ Ex quodam antiquissimo libello ”. La tradizione manoscritta délie profezie nell'Italia tardomedioevale », The Use and Abuse…, op. cit. , pp. 446-447.
65. J. Bignami-Odier, « Jean de… », art. cité, pp. 134-141.
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79. M. Aurell, « Prophétie et messianisme… », art. cité, p. 328 ; « La fin du monde… », art. cité, pp. 153 et 161.
80. Arnaud de Villeneuve, père du prophétisme catalan, étudie et enseigne la médecine à Montpellier dont est issue sa femme Agnès Blasi. Une importante communauté juive, très active sur le plan intellectuel, demeure dans cette ville. Or, Arnaud est l'auteur, en 1292, d'une Allocutio super significationem nominis Tetragrammaton, au titre et à la méthode significatifs de ces influences, J. Carreras éd., Sefarad, 1949, pp. 75-105.
81. P. Bohigas, « Profecies catalanes…», pp. 25 et 48, nº 1 et 41 ; M. E. Reeves, The Influence…, op. cit. , p. 299 ; H. Lee, M. E. Reeves, G. Silano, Western…, op. cit. , p. 317.
82. P. Bohigas, « Profecies de Merli… », art. cité, p. 256. La nuance eschatologique en moins, ces vers rappellent l'étymologie qu'un troubadour anonyme proposait à l'adresse du jeune Frédéric III, amateur de pauvreté spirituelle : « Frédéric veut dire “ Frein des riches ” », de Bartholomaeis, V., Poésie Provenzali Storiche relative all'Italia, Rome, 1931 Google Scholar, n° 184, vers 31-32.
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84. Ce passage du Livre des secrets a été publié par J. Bignami-Odier (” Jean de Roquetaillade… », art. cité, pp. 132-133), qui identifie, par mégarde, les parents de Louis de Trinacrie à Pierre III et Constance de Hohenstaufen, au lieu de Pierre (1337-1342) et sa femme Isabelle de Carinthie.
85. Nomine hujus erit de forga ferri […]. Alfonsus qui, in tempore, ascensor infumum alias in sumum et ad imperium assendens, BC, ms 490, f. 100 V.-101 r. ; axi com lo nom del molt ait senyor dénota, qui es dit Alfonsus, muntador enfutn, M. Aurell, « La fin du monde… », p. 167.
86. Lo quai es lo fill del dit senyor [Alphonse V], qui sera son nom per forge de ferro, ço es ferro ferrando, qui es antecrist mistich, ibid. , p. 161.
87. Biblioteca de la Universitat de Barcelona, ms 82, f. 6 v., prophétie indiquée par P. Bohigas, « Profecies catalanes… », art. cité, p. 43, n° 33, qui l'attribue au règne d'Alphonse V (t 1458), alors que l'allusion de l'union des couronnes d'Aragon et de Castille en un seul roi qui épouse une infante nous semble, plutôt qu'une prédiction politique, une constatation a posteriori, déguisée en vaticination, du mariage de Ferdinand et Isabelle, contracté en 1469. Les oracles sur Ferreus, trop mélioratifs, renvoient à Ferdinand le Catholique et non pas à Ferdinand, roi de Naples, peu populaire en Catalogne.
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94. Baculi seu virge rubee super nova stanza Ecclesie fraet et percusiet ipsas ecclesias, BC, ms 490, f. ; Les vergues del mots ait excellent senyor rey d'Arago, XI vespertilio, les dévelopquals molt fort o agrament, gitaran foch e ftama, batent-se ella, exint impietats d'aquells e ccssara conseil dels grans prelats e la ley dels sacerdots, M. Aurell, « La fin du monde… », p. 161 ; e ab verga e basto e hauran innumerables persequtions e molts e grans inflictes de la sua ma eper aquest seran los ecclesiastichs oppresos eperseguits, Biblioteca de la Universitat de Barcelona, ms 82, f. 8 v.
95. P. Bohigas, « Profecies de Merlí… », art. cité, pp. 258-261.
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121. Ya les dixe ay profecia / de antiguos libros sacada / que Fernando se diría / aquel que conquistaría / Jhemsalen y Granada, Pedro Marcuello, Cancionero, J. M. Blecua éd., Saragosse, 1987, p. 29. Le notable aragonais Pedro Marcuello (t 1502), qui compose son chansonnier à la gloire des rois catholiques, était neveu du chambrier de Ferdinand II.
122. El abad Johachín, calabrés, diso que había de salir de España quien havía de redificar la casa del monte Sion, de Lollis, C. éd., Raccolta di documenti e studi pubblicati dalla reale commissione colombiana, Rome, 1894, p. 83 Google Scholar.
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