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Martyre et Ritualité Dans L'Antiquité Tardive Horizons de l'écriture médiévale des rituels
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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Pourquoi un rituel ? Les rites (on se penchera ici surtout, mais pas uniquement, sur ceux de la mort) sont cruciaux pour la structuration d'une communauté. Non pas tant à cause d'une force immanente, attachée aux rythmes et scansions du devenir biologique humain, qu'à cause d'un mouvement de va-et-vient permanent entre la praxis stratégique et le travail réflexif des individus. Conscients de la valeur que la culture politique dans laquelle ils naissent en tant qu'acteurs du jeu social attache à un rituel, les individus l'utilisent à leurs fins, et ce faisant la reproduisent et la transforment. Lorsqu'ils se construisent comme adversaires, deux groupes engendrés par une mme matrice culturelle vont donc nécessairement diverger dans l'interprétation qu'ils donnent des rites les plus importants de la société mre. C'est donc moins la performance du rituel que la lecture qu'ils en proposent qui est cruciale tant dans leur lutte pour le pouvoir que dans leurs efforts pour définir leurs identités.
Summary
The Early Middle Ages owed their understanding of political rituals to Late Antique constructions. Early Christian narratives could imagine martyrdom as the take over by their community of a civic ritual central to the dominant political culture, public execution in the arena. This interpretative assertion of Christian superiority was built on the gentile understanding that ceremonies are foundational as well as on gentile forms of legitimization and opposition. Good, consensual ritual became the perquisite of the new group; pagan rituality became anti-ritual or structurally disorderly order. The post-Constantinian writers adopted this dichotomy to characterize, polemically, secular political potestas or heretical groups, as well as to give meaningfulness to time and place in a changed world.
- Type
- Rites, Mémoire et Prophéties dans les Sociétés Médiévales
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1997
References
* Je remercie ici Dominique Allibert, Pascal Boulhol, Brad Gregory, Igor Gorevitch, Mary K. Jaeger, Ian Morris, Aron Rodrigue, Niki Shepardson, et Laura Smoller, ainsi que le Early Médiéval History Seminar à King's Collège London, où j'ai présenté ce texte en mars 1995.
1. Voir en dernier lieu pour le monde antique Ian MORRIS, Death-Ritual and Social Structure in Classical Antiquity, Cambridge, UK, 1992, et Simon F. R. PRICE, « From Noble Funerals to Divine Cuit », dans David Cannadine et S. F. R. PRICE, Rituals of Royalty. Power and Cérémonial in Traditional Societies, Cambridge, UK, 1987, pp. 56-105 ; pour le monde altomédiéval Guy Halsall, « Social Change Around A. D. 600 : An Austrasian Perspective », dans CARVER, M. O. H., The Age ofSutton Hoo : The Seventh Century in North-Western Europe, Woodbridge, UK, 1992, pp. 265–278, pp. 268-270, 275.Google Scholar
2. Sahlins, Marshall, Islands of History, Chicago, 1985 Google Scholar, a fourni la plus belle étude de la transformation historique des structures. Pour le concept de « culture politique », voir Baker, Keith Michael, « Introduction », The Political Culture of the Old Régime, Oxford, 1987, pp. XI–XXIV,Google Scholar ici XII.
3. Cf. Bowersock, Glen W., Martyrdom and Rome, Cambridge, UK, 1995, pp. 44, 54-55.Google Scholar
4. Cf. Stockmeir, Peter, « Christlicher Glaube und antike Religiosität », dans Wolfgang HAASE, Aufstieg und Niedergang der römischen Welt,vol. 2.23.2, Berlin, 1980, pp. 871–909 Google Scholar ici 899-900, sur la dialectique entre distinction et communication.
5. L'importance de la culture politique dominante explique le phénomène constaté par G. W. BOWERSOCK, Martyrdom…, op. cit. : que le martyre se construise sur un modèle romain de la devotio suicidaire, et non sur des modèles vétéro-testamentaires (appartenant à la culture dominée) ou même évangéliques.
6. C'est l'approche retenue, au dangereux carrefour entre théorie et empirisme, par Geoffrey G. KOZIOL, Begging Favor and Pardon. Ritual and Political Order in Early Médiéval France. Ithaca, NY, 1992. Or ni les textes ni les intentions des «indigènes médiévaux” ne sont transparents, et il n'est pas certain que « les membres d'une communauté soient souvent moins au courant de la signification de leurs rites que les érudits qui leur rendent visite » (p. 308). De plus, les médiévistes américains ressentent encore souvent le besoin d'étayer toute étude impliquant un rituel par des références à l'anthropologie (Victor Turner ou Clifford Geert/ sont un must), ainsi David WARNER, « Henry II at Magdeburg : Kingship, Ritual and the Cuit of the Saints », Early Médiéval Europe, 3, 2, 1994, pp. 135-166. Peter ARNADE, « Crowds. Banners, and the Marketplace : Symbols of Défiance and Defeat during the Ghent War of 1452-1453 », Journal for Médiéval and Renaissance Studies, 24, 3, 1994, pp. 471-497, n. 3 donne une liste d'études s'inspirant de Geertz. Voir aussi infra, notes 89 et 110-111, pour l'importance primordiale des fins dans l'analyse.
7. Cf. Mommsen, Theodor, Le droit pénal romain, trad. frse, vol. 3, Paris, 1907, pp. 229–266.Google Scholar
8. Hopkins, Keith, « Murderous Games », dans son Death and Renewal. Sociological Studies in Roman History, Cambridge, UK, 1983, pp. 1–30,Google Scholar ici pp. 9-10. Carlin R. BARTON, «The Scandai of the Arena », Représentations, 27, 1989, pp. 1-36, repris dans son The Sorrows of the Ancient Romans. The Gladiator and the Monster, Princeton, 1993, pp. 11-46, propose i\ l'opposé que c'était pour recouvrir leur liberté aristocratique anéantie par le principat que des sénateurs ou chevaliers se faisaient gladiateurs.
9. « Fatal Charades : Roman Executions Staged as Mythological Enactments », Journal of Roman Studies, 80, 1990, pp. 44-73. Cf. aussi la lecture foucaldienne, inspirée de chapitres de Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, Paris, 1975, que donne David POTTER, « Martyrdoni and Spectacle », dans Ruth SCODEL, Theater and Society in the Classical World, Ann Arbor, 1993, pp. 53-88.
10. Martial, , De spectaculis, 5 (cité ici), 7, 8, 12-13, 16 (cité ici), 21b, KER éd, Walter C. A.., vol. 1, Cambridge, Ma.-Londres, 1968, pp. 6 Google Scholar, 6-8, 8, 10, 12, 16. Cf. STRABON, Géographie. 6.2.6, François LASSERRE éd., Paris, 1967, p. 164 : 15-23 ; tous ces textes sont finement analysés par K. M. COLEMAN, « Fatal Charades », pp. 60-66. Sur Martial, voir Wistrand, Magnus, Entertainment and Violence in Ancient Rome. The Attitudes of Roman Writers of the First Century AD, Goteborg, 1992, pp. 22 Google Scholar, 69.
11. Apologeticum,\5A-5, Waltzing éd., p. 36.
12. C'est ce que semble vouloir dire le Digeste, 48.19.8.11 (Ulpien), Theodor MOMMSEN. Paul KRUEGER et Alan WATSON éds, vol. 4, Philadelphie, 1985, pp. 847 : 31 -848 : 1 : Quicunquc in ludum venatorium fuerint damnati, videndum est an servi poenae efficiantur ; soient enim iuniores hac poena adfici. Utrum ergo servi poenae isti efficiantur, an retineant libertatem. videndum est. Et magis est ut hi quoque servi efficiantur : hoc enim distant a caeteris, quoil instituuntur venatores, aut pyrrichiani, aut in aliam quam voluptatem gesticulandi, vel aliter se movendi gratia. (Il faut voir si toutes les personnes condamnées aux chasses deviennent esclaves de leur châtiment ; car ce sont les jeunes qui sont frappés de ce châtiment. Il faut donc voir si ces derniers deviennent esclaves de leur châtiment ou s'ils gardent leur liberté. Et il vaut mieux qu'ils soient faits esclaves de leur châtiment, car ils diffèrent des autres [condamnés] en ce qu'ils sont faits chasseurs, ou danseurs de danses guerrières ou [attribués] par grâce à un autre spectacle public impliquant la gesticulation en quelque autre forme de mouvement.) Cf. 48.19.12, p. 849 : confestim poenae servi fiunt (Ils deviennent immédiatement esclaves de leur châtiment), et 48.14.29, p. 852, avec T. MOMMSEN, Droit pénal, vol. 3, pp. 289- 292. D. POTTER, « Martyrdom and Spectacle », art. cité, p. 65, lit ces textes de la même manière
13. Cf., inspiré par l'anthropologie marxiste, Monique CLAVEL-LéVéQUE, «L'espace des jeux à Rome : champs de lutte et lieux d'obtention du consentement », Mélanges Roland Fietier, Annales littéraires de l'Université de Besançon 287, Paris, 1984, pp. 197-226, élaboré dans son L'empire enjeux. Espace symbolique et pratique sociale dans le monde romain, Paris, 1984; et l'approche praxéologique d'Egon FLAIG, «Repenser le politique dans la République romaine », Actes de la Recherche en Sciences sociales, 105, 1994, pp. 13-25, ici pp. 18-25, développé dans son « Entscheidung und Konsens. Zu den Feldern der politischen Kommunikation zwischen Aristokratie und Plebs », dans Martin JEHNE et al, Demokratie in Rom ? Die Rolle des Volk.es in der Politik der rômischen Republik, Stuttgart, « Historia Einzelschriften 96 », 1995, pp. 77-127, ici p. 100 ss.
14. Juvénal, , Satire,10, vv. 78-81, De Labriolle, P. et Gérard éds, J., Paris, 1921, p. 127 Google Scholar ; cf. Veyne, Paul, Le pain et le cirque, Paris, 1976, p. 84 Google Scholar ss.
15. Ioannis Malalae Chronographia, 7.4-5, L. Dindorf, B. G. NIEBURH et al. éds, Bonn, «Corpus scripturarum historiae byzantinae 26», 1831, pp. 176-177, cf. la trad. australienne de Elisabeth Jeffreys et ai, The Chronicle of John Malalas, Melbourne, 1986, pp. 92-94.
16. CLAUDIEN, Panegyricus dictus Honorio Augusto sextum Consuli, 61 1-617, John Barrie HALLéd., Leipzig, 1985, pp. 287-288 : O quantum populo secreti numinis addit imperii praesens genius, quantamque rependit maiestas alterna vicem, cum regia circi conexum gradibus ve neratur purpura vulgus assensuque cavae sublatus in aethera vallis plebis adoratae reboat fragor unaque totis intonat Augustum septenis arcibus écho ! (O combien de divinité invisible le génie du pouvoir impérial, par sa présence, ne confère-t-il pas au peuple ? Et combien la majesté impériale ne reçoit-elle pas en retour lorsque la pourpre royale vénère le peuple rangé en cercles sur les gradins du cirque ? Le fragor de la plèbe adorée s'élevant dans les airs résonne alors de l'assentiment de[s spectateurs dans] la cavea et un même écho fait retentir par toutes les sept collines [le nom d’] Auguste ? Cf. Cameron, Alan, Claudian. Poetry and Propaganda at the Court of Honorius, Oxford, 1970, pp. 382–383)Google Scholar.
17. Suétone, , Augustus,44.1-5, Ailloud, Henriéd., Paris, 1931, vol. 1, pp. 101–102.Google Scholar
18. Apulée, , Apologia,73.3, Valette, Paul éd., Paris, 1924, p. 87 Google Scholar ; plus haut, 72.4, p. 86. Pontianus agit callide. Cf. Roueché, Charlotte, « Acclamations in the Later Roman Empire : New Evidence from Aphrodisias », Journal of Roman Studies, 74, 1984, pp. 181–199,Google Scholar ici p. 188.
19. Cf., pour l'idéal romain, Andrew WALLACE-HADRILL, Journal of Roman Studies, 72, 1982, pp. 32-48. Grégoire Le Grand, Moralia in lob, 21.13.20, Marcus Adriaen éd., CCSL 143A, Turnhout, 1979, p. 1081 : 14-19 ; voir également les rites horizontaux chez les Carolingiens, Janet L. NELSON, dans D. Cannadine et S. F. R. Price, Rituals of Royalty…, op. cit. , pp. 137-180, ici pp. 156, 169-171, dont Dion Cassius, Epitoma, 65.10.4-6, 65.11.1, 68.13, Ernest CARY éd., Cambridge, Ma., 1955, vol. 8, pp. 278-281 et 370-371 (sur Vespasien et Trajan), nous donne l'analogue antique. Un anthropologue dira que le bon prince pratique un « rôle distancing » modéré ; de la tombe, Suétone et Grégoire pourront rétorquer à ce professionnel qu'il n'a rien inventé. Cf., pour le concept, Erving Goffman, Encounters, New York, 1961, pp. 107-108, 135, 141-142, et pour une application, George E. Marcus, « Three Perspectives on Role Distance in Conversation between Tongan Nobles and their “ People ” », dans Donald L. Brenneis et Fred R. Meyers, Dangerous Words. Language and Politics in the Pacific, New York, 1984, pp. 243-265.
20. DION, Epitoma, 73.10.2-3, 14.1, 17.1-22.3, E. CARY éd., vol. 9, pp. 92-93, 98-99, 104- 117.
21. SUÉTONE, Divus Titus, 6.2 et 8.3-5, H. AILLOUD éd., vol. 3, Paris, 1932, pp. 71 et 74 (cité ici) : Quin et studium armaturae Thraecum prae se ferens saepe cum populo et voce et gcstu ut fautor cavillatus est, verum maiestate salva nec minus aequitate. (Souvent même, comme il ne cachait pas ses sympathies pour les gladiateurs thraces, il échangea avec le peuple, qui lui reprochait de les favoriser, des ripostes plaisantes accompagnées de gestes, mais sa dignité n'y perdait rien, non plus que la justice.) Le paragraphe suivant, 8.6, montre que le dialogue tient de la popularitas ; comme le remarque J. L. NELSON, « Carolingian Royal Ritual », art. cité, p. 156, n. 50, il aura servi de modèle aux bains que Charlemagne, selon Eginhard, partage (en marque de familiaritas) avec son aristocratie, c'est-à-dire le populus carolingien : Ne quid popularitatis praetermitteret, nonnumquam in thermis suis admissa plèbe lavit. (Ne voulant rien négliger pour plaire au peuple, il laissa quelquefois la plèbe pénétrer dans ses thermes et se baigna en sa présence.)
22. Jeune, Pline Le, Panegyricus Traiani, 51.3, Marcel DURRY éd., Lettres de Pline, Paris, 1947, p. 140.Google Scholar
23. Suétone, Domitianus, 13.2-3, H. Ailloud éd., vol. 3, p. 92. Attitude extrême, celle de Tibère, qui ayant été forcé (coactus) par le peuple d'affranchir un comédien, se montre rarement aux spectacles, ne quid exposceretur, Suétone, Tiberius 47.1, H. Ailloud éd., Paris, 1931. vol. 2, p. 37. Dion Cassius, Historiae, 59.13.3-4, E. CARY éd., vol. 7, pp. 298-301, sur Gaius Caligula, décrit une situation où les communications ne passent plus.
24. Dion, Epitoma, 69.6.1-2, E. Cary éd., vol. 8, 434: Hadrien imite Domitien, voulant interagir « selon sa dignité et non en flattant» le peuple. Cf. ibid. , 69.16.3, pp. 454-455, où l'empereur refuse d'aller à rencontre du droit pour satisfaire les clameurs populaires. Sur ces épisodes, Traugott BOLLINGER, Theatralis Ucentia. Die Publikumsdemonstrationen an den ôffentlichen Spielen, thèse de doctorat de l'Université de Bâle, Winterthur, 1969, pp. 66, 43.
25. Cf. C. R. BARTON, « Scandai », art. cité, pp. 13, 15, ou Sorrows, op. cit. , pp. 34-36.
26. Les sources jusqu'à 238 se trouvent répertoriées et analysées dans BollingerT., Theatralis licentia, op. cit.
27. Cicéron, , Pro Sestio,50.106, 54.115-59.127, Cousinéd, Jean., Paris, 1965, pp. 105 Google Scholar, 199- 226 ; Bollinger, T., Theatralis Ucentia, op. cit.,pp. 25-27 ; Hopkins, K., « Murderous Games ». art. cité, p. 14 Google Scholar ; Nicolet, Claude, Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Paris, 1988. pp. 480–487.Google Scholar
28. Jean COLIN, Les villes libres de l'Orient gréco-romain et l'envoi aux supplices par acclamations populaires, Bruxelles, Collection Latomus 82, 1965, ici pp. 117-130, dont l'essentiel est repris dans son « Les jours de supplice des martyrs chrétiens et les fêtes impériales », Mélanges André Piganiol, vol. 3, Paris, 1966, pp. 1565-1580. Exemple dans les sources chrétiennes, CYPRIEN DE CARTHAGE, Ep. 59.6.1, Dom BAYARD éd., vol. 2, Paris, 1961, p. 174 : … totiens ad leonem petitus in circo, in amphitheatro dominicae dignationis testimonio honuratus … clamore popularium ad leonem denuo postulatus in circo … (… combien de fois n'a-t-on pas demandé au cirque qu'il soit [livré] au lion, [combien de fois] n'a-t-il pas été honoré dans l'amphithéâtre par son témoignage de l'honneur du Seigneur… puis de nouveau demandé au cirque pour le lion par le slogan des classes populaires ?), ou les Martyrs de Lyon, 38, A. A. R. BASTIAENSEN éd., Atti e passioni dei martiri, Rome, 1987, p. 75 : 5-6, où le dêmos réclame et obtient les châtiments qu'il veut voir subir aux condamnés.
29. C. ROUECHé, « Acclamations… », art. cité, pp. 183-184.
30. Les minutes des acclamations sénatoriales demandant l'exécution d'ennemis publics nous donnent une vague idée de ce que pouvait être le répertoire populaire, par exemple Scriptores Historiae Augustae (Iulus Capitolinus), Maximinus 16.3-7, Ernst Hohl et al. éds, vol. 2, Leipzig, 1965, pp. 15 : 26-16 : 11. Pour les laudes médiévales, voir Ernst Kantorowicz, Laudes regiae. A Study in Liturgical Acclamations and Médiéval Ruler Worship, Berkeley, 1946, avec Reinhardt Elze, « Die Herrscherlaudes im Mittelalter », Zeitschrift der Savigny- Siiftung fiir Rechtsgeschichte, Kan. Abt. 40, 1954, pp. 201-223, rééd. dans son Päpste-Kaiser- Könige und die mittelalterliche Herrschaftssymbolik, Londres, 1982, ici p. 207, où Elze doute que les laudes aient eu un pouvoir constitutionnel.
31. C. ROUECHé, « Acclamations… », art. cité, pp. 189-190.
32. Dion, Epitoma, 74.2.3, trad. E. CARY, vol. 9, pp. 126-127 ; cf. Cameron, Alan, Circus Factions. Blues and Greens at Rome and Byzantium, Oxford, 1976, p. 236 Google Scholar.
33. DION, Epitoma, 65.8.5, trad. E. CARY, vol. 8, pp. 270-273.
34. DION, Epitoma, 65.15.5, trad. E. CARY, vol. 8, pp. 290-291.
35. DION, Epitoma, 73.13.3-4, E. CARY éd., vol. 9, pp. 96-99. Pour les événements, cf. Whittaker, C. R., « The Revolt of Papyrius Dionysius, A. D. 190 », Historia 13, 1964, pp. 348–369,Google Scholar T. BOLLINGER, Theatralis licentia, op. cit. , pp. 34-35, 38, et A. CAMERON, Circus Factions…, op. cit. , pp. 185-186.
36. Digeste, 48.19.38.2 (Paul), T. MOMMSEN et al. éds, vol. 4, p. 853 : Adores seditionis et tumultus populo concitato pro qualitate dignitatis aut in furcam tolluntur aut in bestiis obiiciuntur aut in insulam deportantur. (Les initiateurs de séditions et de révoltes impliquant l'agitation du peuple seront, selon leur rang social, soit mis en croix soit jetés aux bêtes soit déportés dans une île.)
37. DION, Epitoma, 79.4.4-5, trad. E. CARY, vol. 9, pp. 346-349. Sur cet épisode, voir Igor GOREVICK (que je remercie pour la référence), O Kritike Antropologii Zhivotnikh, t. 2 : Zvyeri i Anektoti (Vers une critique de l'anthropologie animale), Kaboul et Kishinev, 1987, vol. 2, pp. 303-305.
38. Cf. C. R. BARTON, « Scandai », art. cité, ou Sorrows, op. cit. , ch. 1.
39. Dionysius à Novatus, dans Eusèbe, Histoire écclésiastique, 6.45, Gustave Bardy éd., Paris, 1984, vol. 2, p. 161.
40. Passio Montani et Lucii, 14, Herbert MUSURILLO éd., pp. 226-229. Cf. aussi les Actes de Pionius, 12-14, A. A. R. BASTIAENSEN éd., pp. 172-181.
41. Passio Cypriani (selon les deux recensions) 3.5, A. A. R. Bastiaensen éd., pp. 216 : 22 et 225 : 20.
42. Cyprien, De lapsis, 5, Maurice Bévenot éd., Oxford, 1971, 8 ; cf. Alföldi, Andras, « Zu den Christenverfolgungen in der Mitte des 3. Jahrhunderts », rééd. dans son Studien zur Geschichte der Weltkrise des 3. Jahrhunderts nach Christus, Darmstadt, 1967, pp. 285–311,Google Scholar ici pp. 305-306.
43. Cf. Nicholls, David, « The Theatre of Martyrdom in the French Reformation », Past and Present, 121, 1988, pp. 49–73,Google Scholar ici p. 68 (qui utilise les martyrologes protestants comme s'ils ne pouvaient que livrer un récit objectif reproduisant wie eigentlich gewesen les événements), et D. Potter, « Martyrdom and Spectacle », art. cité, pp. 70-71 et n. 3, prenant acte du potentiel oppositionnel « réel » des exécutions. Pour l'époque de la Réforme, mon collègue Brad Gregory penche pour l'adéquation fondamentale des récits de martyre à la réalité quant aux descriptions d'exécutions publiques. Cf. B. Gregory, The Anathema of Compromise : Christian Martyrs in the Reformation and Counter-Reformation, thèse de doctorat, Princeton University, 1996, ch. 6.
44. Comme le souligne Averil Cameron, Christianity and the Rhetoric of Empire. The Development of Christian Discourse, Berkeley, 1991, pp. 122-123.
45. Hans Armin Gärtner, « Die Acta Scillitanorum in literarischer Interprétation », Wiener Studien, 102, 1989, pp. 149-167, ici pp. 156-157. G. W. BOWERSOCK, Martyrdom…, op. cit. , pp. 36-38, tient pour l'authenticité foncière des parties des Acta à tonalité judiciaire. Cf. aussi Lanata, Giuliana, Gli atti dei martiri corne documenti processuali. Milan, 1973, p. 15ss, pp. 38–40.Google Scholar
46. EUSèBE, Histoire ecclésiastique, 9.5.1-2 et 9.7.1, G. BARDY éd., vol. 3, pp. 50-52.
47. Cf. Cari ANDRESEN, « Altchristliche Kritik am Tanz — ein Ausschnitt aus dem Kampf der Alten Kirche gegen heidnische Sitte », dans Heinzgiinter FROHNES et Uwe W. KNORR, Kirchengeschichte als Missionsgeschichte. I : Die Alte Kirche, Munich, 1974, pp. 344-376, ici pp. 356-357, qui considère que l'idée de rendre un culte avec le corps comme avec l'esprit était païenne (ou hérétique) et étrangère à la Grande Église.
48. Cf. K. M. Coleman, « Fatal Charades… », art. cité, p. 59, sur le martyre de Saturus, dont les nombreuses péripéties ne sont rapportées que pour souligner qu'il mourra de la façon qu'il a choisie.
49. Prudence, Peri Stephanon Liber, Hymne II, vv. 373-396, Maurice Lavarenne éd., Paris, 1963, p. 43. Cf. Igor Gorevich (que je remercie pour la référence), O Kritike Antropologii Zhivotnikh, op. cit. , t. 1 : Prichasheniye i Shashlik, vol. 1, pp. 5-8.
50. Martyre de Polycarpe 9.2, A. A. R. Bastiaensen éd., 16 : 10-13.
51. Passio Perpetuae et Felicitatis 10.1-15, A. A. R. Bastiaensen éd., pp. 128-130. Cf. récemment Robert, Louis, « Une vision de Perpétue martyre à Carthage en 203 », Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Paris, 1982, pp. 228–276 Google Scholar ; Brent D. Shaw, « The Passion of Perpetua », Past and Present, 139, 1993, pp. 3-45.
52. Cf. C. R. Barton, « Scandai », art. cité, p. 9, n. 54 (p. 30), ou Sorrows, op. cit. , p. 25, n. 48, et Bowersock, Martyrdom, op. cit. , pp. 52-54 : « A performance orchestrated by God ».
53. Cf. Tertullien, Apologeticum, 42.5, Waltzing éd., p. 91 : Non in publico Liberalibus discumbo, quod bestiariis supremam cenantibus mos est. (Je ne m'allonge pas en public au banquet de Liber, ce qui est la coutume de ceux qui luttent contre les bêtes lors de leur dernier repas.) Werner WEISSMANN, « Gladiator », Reallexikon für Antike und Christentum, Theodor Klauser et al. éds, Stuttgart, 1981, pp. 23-45, ici p. 32.
54. Passio, 17.1, A. A. R. Bastiaensen éd., p. 138 : 1-3 : Pridie quoque cum illam cenam ultimam, quam libérant vocant — quantum in ipsis erat, non cenam liberam sed agapem — cenarent…
55. Passio, 17.2, A. A. R. Bastiaensen éd., p. 138 : 7-10.
56. Passio, 18.4-5, A. A. R. Bastiaensen éd., p. 140.
57. Supra, à la n. 35. Cf. aussi DION, Epitoma, 74.13.4-5, trad. E. Cary, vol. 9, pp. 148- 149 : « invoquant les dieux et maudissant les soldats ». 58. Passio, 18.9, A. A. R. Bastiaensen éd., p. 140.
59. Franz Dölger, « Gladiatorenblut und Martyrerblut. Eine Szene der Passio Perpetuae in kultur- und religionsgeschichtlicher Bedeutung », Vorträge der Bibliothek Warburg, 3, 1926, pp. 196-214, ici pp. 196-203.
60. Cf. D. Potter, « Martyrdom and Spectacle », art. cité, pp. 70-71. Mais il est quasiment impossible, étant donné l'enjeu que représentaient pour les deux camps l'exécution/martyre, la pauvreté des sources, et l'absence de paires de récits portant sur un même événement mais produits par des points de vues différents, de reconstruire chaque événement et même de prouver sa réalité.
61. Cf. Waszink, Jan H., « Pompa Diaboli », Vigiliae Christianae, 1, 1947, pp. 13–41.Google Scholar
62. Robert A. Markus, The End of Ancient Christianity, Cambridge, 1990, pp. 107-110, pense qu'après un premier départ autour de 200, cette construction ne s'est produite que de manière progressive et tardivement, entre 400 et 600.
63. Tertullien, Apologeticum, 38.2, 39.1, 39.14-19, Waltzing éd., pp. 80 et 81. Cf. P. Stockmeir, « Christlicher Glaube », art. cité, pp. 896-897.
64. Tertullien, Apologeticum, 35.2, Waltzing éd., p. 75.
65. Passio Perpetuae, 13.6, A. A. R. Bastiaensen éd., p. 134 : 12-14 : Dixerunt [martyres episcopo] Optato : Corrige plebem tuam, quia sic ad te conveniunt quasi de circo redeuntes et de factionibus certantes. ([Les martyres dirent à l'évêque] Optatus : mets de l'ordre dans ton peuple, car ils viennent à toi comme s'ils revenaient du cirque et se disputaient au sujet de ses factions.)
66. De Spectaculis, 16.4: 12-15 et 16.7 : 25-26, Marie, Turcan, éd., Sources chrétiennes, 332, Paris, 1986, pp. 234–236.Google Scholar
67. De Spectaculis, 25.5 : 17-22, M. Turcan éd., p. 290.
69. Macmullen, Ramsey, Enemies of the Roman Order, Cambridge, Ma., 1966, pp. 145–152,CrossRefGoogle Scholar 154 ss, citation pp. 145-146. L’Oratio Constantini est rapportée par Eusèbe de Césarée, Vita Constantini, 3.12, I. A. Heikel éd., Eusebius Werke, vol. 1.7, Leipzig, 1902, p. 179 ss ; PL, 8, cols. 449 ss, Alfons Kurfess, Sibyllinische Weissagungen, Berlin, 1951, p. 208 ss.
70. Cf. Caspary, Gerard, Politics and Exegesis. Origen and the Two Swords, Berkeley, 1979.Google Scholar
71. Stratégie similaire, sur le plan textuel et imaginaire, à l'incorporation effective des rituels d'un autre groupe dans les siens propres. Voir Bloch, Maurice, Front Blessing to Violence. History and Ideology in the Circumcision Ritual of the Merina in Madagascar, Cambridge, UK, 1986, p. 117.Google Scholar
72. Reich, Hermann, Der Mimus. Ein literar-entwicklungsgeschichtlicher Versuch, 2 vols, Berlin, 1903, pp. 762–765.Google Scholar
73. Sous sa plume, les morts que ses adversaires honoraient comme des martyres deviennent les suicides de frénétiques aussi désordonnés que les citoyens de Carthage aux fêtes impériales chez Tertullien : Augustin, Contra Gaudentium, 1.28.32, Michael Petschenig éd., CSEL, 53, Vienne, 1910, pp. 230 :30-231 : 5 : […] cum idololatriae licentia usquequaque ferveret,[…] isti paganorum armis festa sua frequentantium irruebant. Vovebant autem pagani iuvenes idolis suis quis quot occideret. At isti gregatim hinc atque inde confluentes tamquam in amphitheatro a venatoribus more immanium bestiarum venabulis se oppositis ingerebant, furentes moriebantur, putrescentes sepeliebantur, decipientes colebantur. (… à l'époque où la licence de l'idolâtrie faisait toujours rage… ces hommes se précipitaient sur les armes des païens rassemblés en grand nombre à leurs fêtes. Car la jeunesse païenne vouait à ses idoles tous ceux qu'elle tuait alors. Mais ces hommes, convergeant en troupeau de diverses directions, comme à l'amphithéâtre se jetaient, à la manière de bêtes sauvages, sur les épieux qui leur étaient opposés. Ils mouraient possédés par la furie ; ils étaient enterrés déjà pourrissants ; et trompeurs, recevaient un culte.) Voir Claude Lepelley, « Iuvenes et circoncellions : les derniers sacrifices humains de l'Afrique antique », Antiquités africaines, 15, 1980, pp. 261-271, ici p. 264.
74. Contra Vigilantium, 4 et 7, PL, 23, cols. 342c-343a et 346a.
75. De civitate dei, 4.32, B. Dombart et A. Kalb éds, CCSL, 47, Turnhout, 1955, p. 126 : 8-14.
76. Infra, n. 86.
77. De civitate dei, 4.27, B. Dombart et A. Kalb éds, p. 121 : 15-16.
78. Augustin, , De diuersis quaestionibus octoginta tribus,31,Mutzenbecher, A. éd., CCSL, 44, Turnhout, 1970, p. 42 Google Scholar : 25-26 : Religio est quae superioris cuiusdam naturae, quam diuinam uocant, curam cerimoniamque offert, reprenant Cicéron, De inventione. (La religio est ce qui apporte un culte et des cérémonies à quelque nature supérieure, que l'on appelle divine.)
79. De civitate dei, 4.31, B. Dombart et A. Kalb éds, p. 125 : 15-20.
80. De civitate dei, 6.4, B. Dombart et A. KALB éds, p. 169 : 16-18 : les communautés sont premières dans l'ordre du temps et instituent leur religion, sauf dans le cas de la « vraie religion » qui, première, a institué la civitas céleste (Vera autem religio non a terrena aliqua civitate instituta est, sed plane caelestem ipsa instituât civitatem). (La vraie religio n'a pas été instituée par quelque cité terrestre, mais il est clair qu'elle a elle-même institué la cité céleste.) Cf. Tite-Live, , Ab urbe condita,1.19, Foster, B. O. éd., vol. 1, Cambridge, Ma., 1919,pp.66–68.Google Scholar
81. Prudence, Peri Stephanon, 10, vv. 402-403, Lavarenne éd., p. 133: Inventa regum pro salute publica Pompiliorum nostra carpunt secula. (Notre époque déchire ce que les rois de la lignée de Pompilius inventèrent pour le salut public.) Pour Tertullien, De prescriptione hereticorum, 40.6, R. F. Refoulé et P. De Labriolle éds, SC, 46, Paris, 1957, p. 146, les rites attribués à Numa n'étaient que la copie, inspirée par le diable, des coutumes (morositas) de la Loi juive.
82. De civitate dei, 7.34-35, surtout 34 in fine, B. Dombart et A. Kalb éds, pp. 214 : 29- 215 : 37.
83. De doctrina Christiana, 2.23.36, G. M. GREEN éd., CSEL. 80, Vienne, 1963, pp. 59 : 30-60: 16.
84. De civitate dei, 6.11, B. Dombart et A. Kalb éds, p. 83, fait référence à la défense des cérémonies dans le Contra Faustum.
85. De civitate dei, 1.21, B. Dombart et A. Kalb éds, p. 23 : 4-9.
86. Augustin, , Contra Faustum20.3, Joseph ZYCHAéd., CSEL,25 : 1, Vienne, 1891, p. 537 Google Scholar : 4-8 (position de Fauste qu'Augustin accepte) : Schisma, nisifallor, est eadem opinantem atque codem ritu colentem quo ceteri, solo congregationis delectari discidio. Secta vero est longe alla opinantem quam caeteri, alio etiam sibi ac longe dissimili ritu divinitatis intuisse culturam. ( Si je ne me trompe pas, un schisme consiste à prendre plaisir seulement à se séparer de sa congrégation tout en croyant les mêmes choses que les autres et en pratiquant les mêmes rites cultuels. Mais la secte consiste en une croyance forte distincte de celle de la communauté et en une pratique du culte divin établi sur un rite bien distinct et bien dissemblable.) Cf. R. A. Markus, End…, op. cit. , p. 102.
87. Augustin, Contra Faustum, 19.11, J. ZYCHA éd., p. 510 : 1-7 : In nullum autem nomen religionis, seu verum seu falsum, coagulari homines possunt, nisi aliquo signaculorum vel sacramentorum visibilium consortio conligentur, quorum sacramentorum vis inenarabiliter valet plurimum, et ideo contempta sacrilegos facit. Inpie quippe contemnitur, sine qua non potest perfici pietas.
88. Cf. Bossy, John, « Some Elementary Forms of Durkheim », Past and Present, 95, 1982, pp. 3–18 Google Scholar, pour les ancêtres de Durkheim à l'époque moderne. 89. Il faut donc se méfier de tout texte médiéval présentant des rituels manipulés. Ainsi, inspiré par l'anthropologie, Gerd Althoff, « Königsherrschaft und Konfliktsbewältigung im 10. und 11. Jahrhundert », Frühmittelalterliche Studien, 23, 1989, 265-290, élude ce qu'Althoff lui-même appelle (ailleurs) la causa scribendi : les sources semblent montrer que les rois saliens traitent de moins en moins ceux qui se rendent à leur merci selon les règles et rituels qui semblent régir le fonctionnement du pardon au 10e siècle. Selon Althoff, cette manipulation des règles du jeu explique en partie la crise politique qui explose à la fin du 1 Ie siècle. Mais n'est-ce pas plutôt à cause de cette crise que des auteurs hostiles aux Saliens les dépeignent en tant que manipulateurs de rituels ? J'aborderai l'analyse de ces tactiques dans The Dangers of Ritual : Politics ofAnthropology in the Middle Ages (à paraître, Princeton University Press).
90. R. A. Markus, End…, op. cit., passim.
91. AASS, Anvers-Bruxelles, 1643 ss, Ian. I, 31 ; Premier martyrologe de Bède, J. Dubois et G. Renaud éds (IRHT Bibliographies, Colloques, Travaux Pratiques 12) Paris, 1976, p. 5 ; cf. PL, 123, cols. 205d-207a. Cf. Hippolyte Delahaye, «Saint Almachius ou Télémaque », Analecta Bollandiana, 33, 1914, pp. 421-428, qui identifie trop facilement l'Almachius des martyrologes latins avec le Grec Télémaque de Theodoret, Histoire ecclésiastique, 5.26, arguant que « un chrétien zélé qui vient déranger la foule dans ses plaisirs et trouve la mort au milieu des gladiateurs, cela ne s'est pas vu deux fois à Rome vers le commencement du Ve siècle#x0022;# (pp. 423-424).
92. Jean Malalas, Chronographia, 12.49-50, L. Dindorf et B. G. Nieburh éds, pp. 314- 315, trad. E. Jeffreys et al, The Chronicle…, op. cit. , pp. 170-171 ; Werner Weismann, «Gelasinos von Heliopolis, ein Schauspieler-Märtyrer », Analecta Bollandiana, 93, 1975, pp. 39-66 ; nombreuses versions de la légende de Genet, cf. idem, « Die Passio Genesii mimi (BHL 3320) », Mittellateinisches Jahrbuch, 12, 1977, pp. 22-43, et Joseph Van Der Straten, Les manuscrits hagiographiques d'Orléans, Tours et Angers, Subsidia Hagiographica 64, Bruxelles, 1982, pp. 288-292. W. Weismann a relevé les récits parallèles dans son Kirche und Schauspiele. Die Schauspiele im Urteil der lateinischen Kirchenväter, Würzburg, 1972, ainsi Ardalion, AASS Apr. II, Anvers, 1675, p. 215.
93. Prudence, Peri Stephanon…, op. cit., 2, vv. 1-16, 429-520, M. Lavarenne éd., pp. 32, 44-47. Sur la christianisation du temps, voir en dernier lieu R. A. Markus, End…, op. cit. , pp. 97-106.
94. Voir Sabina, Mccormack, , « Loca sancta : The Organization of Sacred Topography in Late Antiquity », dans Ousterhout, Robert, The Blessings of Pilgrimage, Urbana, 1990, pp. 7–40 Google Scholar; R. A. Markus, End…, op. cit. , pp. 139-155 ; et pour une époque ultérieure Amy G. Remensnyder, Remembering Kings Past. Monastic Foundation Legends in Médiéval Southern France, Ithaca, NY, 1995, pp. 69-74, 197-198. R Krautheimer, ichard, Three Christian Capitals. Topography and Politics, Berkeley, 1983, Peter Brown, The Cuit of the Saints, Chicago, 1981, pp. 8, 42–43 Google Scholar, et Gilbert Dagron, Constantinople imaginaire, Paris, 1984, ont posé la problématique de la nouvelle topographie civique.
95. Sur l'intersection entre « monumental space and monumental time » dans l'Empire romain, voir l'ouvrage de Mary K. JAEGER consacré à la memoria et au monument chez Titelive intitulé Livy's Written Rome, Ann Arbor, Michigan University Press, 1997.
96. Conversion collective dans l'amphithéâtre, Vita secunda Faustini et Iovitae martyrum, AASS Feb. II, cols. 813-817, ici col. 816 ; dans le stade, avec destruction des idoles, Passio Bonifatii, 2.8 (BHL 1413), AASS Mai. III, cols. 280-283, ici col. 282 (factus est ploratio a turba et vociferatio magna dicentium, Magnus est deus Christianorum ; magnus est deus sanctorum martyrum ; Christe fili Dei, salva nos ; universi enim in te credimus et ad te confugimus ; pereant universa simulacre gentium. Et impetum fecit omnis plebs et destruxh aram, et iudicem lapidaverunt) (La foule se mit à pleurer et à clamer avec force, disant : Grand est le dieu des chrétiens ! Grand est le dieu des saints martyrs ! O Christ, fils de Dieu, sauvenous ! Nous tous en effet croyons en toi et nous réfugions en toi ! Que toutes les idoles des païens périssent ! Et toute la plèbe attaqua et détruisit l'autel, et lapida le juge.) ; reconnaissance collective du dieu chrétien dans l'amphithéâtre, Acta Martinae, 5.42, ÀASS Ian. I, cols. 15- ld, ici col. 16. Conversion partielle de l'assistance dans l'amphithéâtre, Acta sancti Primi et Fcliciani, 6, AASS Jun. II, cols. 152-154, ici col. 154 (1 500 hommes avec toutes leurs familles hors d'un total de 12 000 exceptis pueris et mulieribus), Passio Potiti, 4.16-20, Ian. I, col. 754-757, ici col. 757 (2 000 sur 30 000), Passio Viti 2.14-16, AASS Jun. II, cols. 1021-1026, ici col. 1025 (1 000 hommes sur 5 000 virorum absque mulieribus et infantibus, quorum erat multitudo inaestimabilis) (5 000 hommes [sans compter les femmes et les enfants, dont la multitude était sans nombre]).
97. Division du public qui avait été convoqué ad spectaculum (du martyre et de l'arène), ainsi Passio Firmini et Rustici, 1.8, AASS Aug. II, cols. 419-422, ici col. 421 (BHL 3023) : Haec videntes populi qui aderant versi in stuporem dixerunt, Magnus est deus christianorum ; alii autem a diabolo caecati qui ex parte Anulini stabant coeperunt clamare dicentes, Toile magos atque maleficos, ne filii nostri seducantur ab eis … Populi vero cum vidissent mirabilia quae facta sunt dixerunt ad Anulinum, Quid hoc fecisti ut adduceres hue magos istos ? Civitas Veronensis in perditione est ; toile eos a nobis. (Voyant ceci le peuple qui était là tourna à la stupéfaction, et dit: Grand est le dieu des chrétiens ! D'autres cependant, aveuglés par le diable, qui se trouvaient du côté d'Anulinus se mirent à pousser des slogans qui disaient : Débarrasse-nous de ces magiciens et sorciers ou ils séduiront nos enfants. […] Mais le peuple, voyant réaliser ces prodiges, dit à Anulinus : Qu'a-tu fait d'amener ici ces magiciens ? La cité de Vérone est perdue ; débarrasse-nous d'eux.)
98. Passio Maximi Cumae, 10, 30 x, AASS Oct. XIII, cols. 319-325, ici col. 322 : Haec audiens praeses tremefactus est et ne seditio fieret in populo iussit infantem caedi (Entendant ces nouvelles le gouverneur trembla et ordonna que le petit enfant soit tué pour éviter qu'une révolte populaire n'ait lieu) ; voir aussi les Acta sancti Justi et Pastoris, 2, AASS Aug. II, col. 154.
99. Cf. pour Julien, , Marcellin, Ammien, Res gestae libri, Seyfarth, Wolfgang et al. éds, vol. 1, Leipzig, 1978, p. 252 Google Scholar : 8-10, Mamertin, Gratiarum actio Iuliano, 6.3-5, Edouard Galletier éd., Panégyriques latins, vol. 3, Paris, 1955, p. 21 : Voces gaudentium oppres serat miraculi magnitudo. (L'ampleur du prodige avait étouffé les acclamations de ceux qui se réjouissaient).
100. Homélie 18, Sur Gordios le martyr, PG, 31, cols. 489-508. Cf. M. K. Jaeger, Livy's Wrltten Rome, op. cit. , ch. 2 sur l'enlèvement des Sabines, à la n. 23 : « The narrative, a story of political conflict resolved into political union, becomes a story about the shaping of the urban landscape ».
101. Voir W. Weismann, Kirche und Schauspiele, op. cit. , p. 108 ss, Suzanne Poque, « Spectacles et festins offerts par Augustin d'Hippone pour les fêtes des martyrs », Pallas, 5, 1968, pp. 103-125, en particulier pp. 110-111.
102. Homélie 19, PG, 31, cols. 507-526, ici cols. 508c-509a. Quintillien, Institutio Oratoria, 6.2.29-32, Ludwig Radermacher éd., vol. 1, Leipzig, 1907, pp. 327 :18-328 : 10, explique comment la rhétorique permet au public de visualiser un événement (ainsi, un crime violent). Cf. Woodman, A. J., Rhetoric in Classical Historiography, Londres, 1988, et Roos MEIJERING, Literary and Rhetorical Theories in Greek Scholia, Groningen, 1987, pp. 20–30.Google Scholar
103. Nous ne reviendrons pas sur un aspect parfaitement étudié par Rudolf Schieffer, « Vom Mailand nach Canossa. Ein Beitrag zur Geschichte der christlichen Herrscherbusse von Theodosius d. Gr. bis zu Henrich IV », Deutsches Archiv, 28, 1972, pp. 333-370.
104. Cf. Little, Lester K., Benedictine Maledictions, Ithaca, NY, 1994.Google Scholar
105. Paulin, , Vita Ambrosii,34, PL, 14, cols. 39b-c ; Pellegrino, Michèle éd., Vita di S. Ambrogio (Verba Seniorum N.S. 1), Rome, 1961, pp. 49–129,Google Scholar ici p. 100.
106. James, Edward, « Beau pacifici : Bishops and the Law in Sixth-Century Gaul », dans Bossy, John, Dispute and Settlements. Law and Human Relations in the West, Cambridge, 1983, pp. 25–46 Google Scholar, 36 ; L. Wenger, « Asylrecht », Reallexikon fur Antike und Christentum, vol. 1. Leipzig, 1950, cols 836-844, ici col. 841.
107. Paulin, Vita Ambrosii, 31, PL, 14, col. 38a ; M. Pellegrino éd., p. 96 : 20-22. 108. Les bêtes se soumettent aux saints : Acta sancti Primi et Feliciani, 6, AASS Jun. II, cols. 152-154, ici col. 154 (Et dixerunt beati martyres: Praeses iniquitatis, ecce ferae cognoscunt creatorem suum) (Et les saints martyrs dirent : O gouverneur injuste, regarde ! les bêtes sauvages reconnaissent leur Créateur !); Passio Viti, 2.14-16, AASS Jun. II, cols 1021- 1026, ici col. 1025 ; Passio Potiti, 4.16-20, lan. I, col. 754-757, ici col. 757. Les bêtes dévorent certains des persécuteurs: Acta Martinae, 5.42, AASS lan. I, cols 15-16, ici col. 16; Vita prima sancti Faustini et Iovita, AASS Feb. II, col. 810 (ministri et prêtres de Saturne mangés quand ces derniers amènent leurs idoles dans l'arène pour convertir les saints).
109. De Tours, Grégoire, Libri historiarum,5.17 et 5.30, 2e édition Krusch, Bruno, MGH Scriptores rerum Merovingicarum, vol. 1.1, Hanovre, 1951, pp. 216 : 13-14 et 235 : 5–12 Google Scholar ; cf. Heinzelmann, Martin, Gregor von Tours (538-594). « Zehn Bûcher Geschichte ». Historiographie und Gesellschaftskonzept im 6. Jahrhundert, Darmstadt, 1994, pp. 48, 52, 126.Google Scholar
110. Koziol, Geoffrey G., « England, France, and the problem of Sacrality in Twelfth- Century Ritual », dans Thomas N. BISSON éd., Cultures of Power : Lordship, Status and Process in Twelfth-Century Europe, Philadelphie, 1995, pp. 124–148.Google Scholar
111. G. G. Koziol, Begging…, op. cit. , p. 306 : les rituels sont « a currency for measuring power ».
112. Je m'expliquerai sur ceci plus en détail dans mon The Dangers of Ritual.
113. Ambroise, Exhortatio virginitatis liber unus 1.8, PL, 16, cols. 335-364b, ici col. 338cd : Circumfundebamur a ludaeis cum sacrae reliquiae eveherentur ; aderat populus ecclesiae cum plausu et laetitia. Dicebant ludaei: «Flores visi sunt in terra [Cant. 2.12]” cum vidèrent martyres. Dicebant Christiani : « Tempus incisionis adest [Cant. 2.12], iam et qui metit mercedem accipit [Ioan. 4.36]. Alii seminaverunt et nos metimus martyrum fructus ». Iterum audientes ludaei voces plaudentis ecclesiae, dicebant inter se « Vox turturis audita est in terra nostra [Cant. 2.12] ». Unde bene lectum est, Dies diei éructât verbum et nox nocti indicat scientiam [Ps. 18.3] : Dies diei Christianus Christiano, nox nocti Iudaeus ludaeo. Indicabant eigo ludaei quod habebant scientiam martyrum, sed non scientiam verbi, id est non secundum i/lam solius boni et solius veri scientiam. Ignorantes enim dei iustitiam et volentes se iustificare iustitiam dei non receperunt (Alors que l'on sortait de terre les saintes reliques, nous étions entourés par les juifs ; le peuple de l'Église était aussi présent, avec ses applaudissements et sa joie. Voyant les martyrs, les juifs disaient : « On a vu des fleurs sur la terre » [Cant. 2.12]. Les chrétiens disaient : « Le temps de la moisson est arrivé [Cant. 2.12], maintenant celui qui a semé reçoit son salaire [Ioan. 4.36]. D'autres semèrent, et nous moissonnons les fruits des martyrs ». Puis les juifs, entendant les acclamations de l'Église applaudissant, disaient entre eux : « La voix de la tourterelle s'est fait entendre dans notre terre [Cant. 2.12] ». C'est pourquoi la lecture [divine] est apte : Le jour prophétise le Verbe au jour et la nuit montre le savoir à la nuit [Ps. 18.3]. Le jour au jour, entendez, le chrétien au chrétien ; la nuit à la nuit, le juif au juif. Aussi les juifs montraient-ils qu'ils avaient connaissance des martyrs, mais non pas la connaissance du Verbe, c'est-à-dire, pas selon la connaissance du seul Bien et de la Seule Vérité. Car ignorant la justice de Dieu et voulant se faire justes ils ne reçurent pas la justice de Dieu.) [Rom. 10.3]. La lettre pseudo-ambrosienne, Ep. 3, PL, 17, cols 747-749, ici cols 747c-748a, intensifie un peu la confrontation, car selon elle les juifs ne participent pas a l'allégresse mais déplorent (lugentes) le triomphe chrétien. Elle ajoute aussi un répons chrétien
113. Ambroise, Exhortatio virginitatis liber unus 1.8, PL, 16, cols. 335-364b, ici col. 338cd : Circumfundebamur a ludaeis cum sacrae reliquiae eveherentur ; aderat populus ecclesiae cum plausu et laetitia. Dicebant ludaei: «Flores visi sunt in terra [Cant. 2.12]” cum vidèrent martyres. Dicebant Christiani : « Tempus incisionis adest [Cant. 2.12], iam et qui metit mercedem accipit [Ioan. 4.36]. Alii seminaverunt et nos metimus martyrum fructus ». Iterum audientes ludaei voces plaudentis ecclesiae, dicebant inter se « Vox turturis audita est in terra nostra [Cant. 2.12] ». Unde bene lectum est, Dies diei éructât verbum et nox nocti indicat scientiam [Ps. 18.3] : Dies diei Christianus Christiano, nox nocti Iudaeus ludaeo. Indicabant eigo ludaei quod habebant scientiam martyrum, sed non scientiam verbi, id est non secundum i/lam solius boni et solius veri scientiam. Ignorantes enim dei iustitiam et volentes se iustificare iustitiam dei non receperunt (Alors que l'on sortait de terre les saintes reliques, nous étions entourés par les juifs ; le peuple de l'Église était aussi présent, avec ses applaudissements et sa joie. Voyant les martyrs, les juifs disaient : « On a vu des fleurs sur la terre » [Cant. 2.12]. Les chrétiens disaient : « Le temps de la moisson est arrivé [Cant. 2.12], maintenant celui qui a semé reçoit son salaire [Ioan. 4.36]. D'autres semèrent, et nous moissonnons les fruits des martyrs ». Puis les juifs, entendant les acclamations de l'Église applaudissant, disaient entre eux : « La voix de la tourterelle s'est fait entendre dans notre terre [Cant. 2.12] ». C'est pourquoi la lecture [divine] est apte : Le jour prophétise le Verbe au jour et la nuit montre le savoir à la nuit [Ps. 18.3]. Le jour au jour, entendez, le chrétien au chrétien ; la nuit à la nuit, le juif au juif. Aussi les juifs montraient-ils qu'ils avaient connaissance des martyrs, mais non pas la connaissance du Verbe, c'est-à-dire, pas selon la connaissance du seul Bien et de la Seule Vérité. Car ignorant la justice de Dieu et voulant se faire justes ils ne reçurent pas la justice de Dieu.) [Rom. 10.3]. La lettre pseudo-ambrosienne, Ep. 3, PL, 17, cols 747-749, ici cols 747c-748a, intensifie un peu la confrontation, car selon elle les juifs ne participent pas a l'allégresse mais déplorent (lugentes) le triomphe chrétien. Elle ajoute aussi un répons chrétien
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